Cambriolage

Pouf ! Réception parfaite, sans bruit et avec style. Une effraction en bonne et due forme. Mischa se tint tout de même quelques secondes immobile, oreilles aux aguets. Le calme de la nuit n’avait pas été troublé, son entrée ne paraissait avoir dérangé personne. Pas étonnant ! Elle était une professionnelle du cambriolage. Les seules âmes qui vivent qu’elle aurait pu déranger étaient d’éventuels animaux domestiques. Elle n’aimait pas du tout tomber sur une maison dont les propriétaires possédaient des compagnons poilus. Ceux-ci avaient l’odorat et l’ouïe beaucoup plus développés que les humains. Et ils étaient prompts à prévenir leurs maîtres, si ils ne lui lançaient pas la chasse eux-mêmes.

A cette pensée, elle fronça le nez. Mischa chassa très rapidement toute idée d’animaux de compagnie et se concentra de nouveau sur sa mission. Quelque chose de valeur se trouvait dans cette maison et elle devait mettre la main dessus. Elle examina les lieux autour d’elle. La pièce était une salle à manger. Un antique vaisselier encombrait un mur et un vieux tapis râpé et emmietté se trouvait sous la grande table. Mischa détourna les yeux ; elle ne devait pas se laisser distraire pendant qu’elle travaillait. Elle devait rapidement trouver son précieux artefact et quitter l’endroit le plus rapidement possible. Rester trop longtemps s’avèrerait trop dangereux.

A petits pas précautionneux, elle s’approcha de l’escalier. Ce faisant, Mischa passa devant la cuisine et jeta machinalement un coup d’oeil à l’intérieur. En apercevant une gamelle de croquettes, elle se figea brièvement. Des animaux résidaient dans cette maison. Elle allait devoir redoubler d’attention. En prenant soin de marcher à pas de velours, Mischa grimpa l’escalier. Elle s’immobilisa de nouveau en remarquant une ombre en haut. Un chat dormait sur la dernière marche, blotti contre le mur. Redoublant de précautions, elle prit son courage à deux mains et passa à côté de lui le plus discrètement possible, le coeur battant à tout rompre. Le chat ne bougea pas.

Elle se trouvait à présent à l’endroit le plus critique. En plus du chat de l’escalier, toute une famille dormait à cet étage. Faisant, une nouvelle fois, montre de tout son art, Mischa glissa dans le couloir, s’arrêtant à chaque porte pour tendre l’oreille et vérifier que sa présence n’avait alerté personne. Elle parvint à sa porte-objectif sur un sans-faute. Mischa se rengorgea, fière d’elle. Mais il restait encore à récupérer l’artefact et à s’enfuir avec son butin. Le tout en continuant de passer inaperçue.

Une nouvelle fois, Mischa repoussa ses pensées ; elle avait atteint la porte de son objectif et elle devait se concentrer. Elle frémit de joie en constatant que ladite porte était entrouverte. Elle la poussa un peu pour pouvoir passer et se coula dans l’interstice, telle une ombre. Dans son lit, le dormeur inspirait et expirait paisiblement. Mischa s’approcha de lui en catimini. Elle savait qu’il gardait son bien-aimé artefact tout près de lui. Elle examina la table de chevet et son nez se fronça de déplaisir. Celui-là faisait partie de ceux qui, comme souvent finalement, gardaient leurs précieux biens sous leur oreiller.

Elle se fraya un passage sous le coussin, prenant garde de ne pas réveiller le dormeur, et s’empara avidement de ce qui était caché dessous. Puis, elle déposa la pièce qui lui servait de carte de visite et pouffa intérieurement en imaginant la tête déconfite de ce petit humain lorsqu’il verrait que sa dent tombée avait été volée par la plus grande cambrioleuse du monde.

(Voilà, il y a quelques temps, Marine m’avait proposé de faire une nuit de travail de la Petite Souris.)