NaNoWriMo 2018 enfin la fin !

Glorieuses salutations !

Ce NaNoWriMo 2018 s’est déroulé dans la douleur, le sang et les larmes ! Bon, je suis peut-être un tout petit peu mélodramatique, là. N’empêche que, si mon NaNo 2017 était mon plus brouillon, celui de 2018 aura été le plus douloureux de tous. Déjà, le projet étant une suite et pas un roman tout neuf, ça s’annonçait plus difficile que d’habitude. Et puis, j’avais déjà fait des sessions alors que je travaillais et une session pendant que j’étais Municipal Liaison du NaNoWriMo pour la région Auvergne-Rhône-Alpes et je n’avais pas eu trop de souci à réussir mes défis et, la plupart du temps, avec de l’avance. Mais je n’avais jamais fait les deux en même temps que le NaNoWriMo. Sans oublier que je me suis aussi tirée une balle dans le pied en acceptant un évènement au milieu, plus quelques imprévus classiques et un début chaotique là où j’aurais dû prendre de l’avance pour passer une expérience moins stressante.

Dans tous les cas, ce NaNoWriMo s’est quand même terminé (le roman je pense pas, mais le mois de novembre oui ^^) et il m’a donné de la matière pour continuer les aventures dans mon univers d’Arkhaiologia, ça m’a débloqué certaines choses et ça m’a obligée à réfléchir à plein de trucs. Il y en a peut-être une partie qui remontera dans le tome 1 et ça va me demander beaucoup de boulot pour terminer un premier jet potable du tome 2. Ce qui est chouette, c’est que j’ai très envie de me lancer dans le retravail de tout ce glorieux désordre (Entropie devrait être mon deuxième prénom), donc j’attends janvier avec impatience. Là je ne suis plus capable de rien faire, alors je vais essayer de me reposer un peu, malgré la sportitude habituelle du mois de décembre.

En janvier il faudra aussi que je tente de relancer les micro-nouvelles de l’Auberge du Loup d’Argent, d’autant plus que tout Le Cœur de l’Hiver sera disponible sur YouTube, alors il faudra bien que je mette du contenu en plus. Et puis j’ai encore cinquante millions de trucs à faire à côté de ça. J’ai beaucoup trop de projets à mener !

En attendant je vous souhaite une bonne nuit et à bientôt pour de nouvelles aventures 🙂

NaNoWriMo 2018 : Arkhaiologia Tome 2, jour 30

– Je trouve ça plus effrayant que vraiment fabuleux, lâcha la blondinette.
– Cela dépend de quel point de vue l’on se place, je suppose. Quoiqu’il en soit, cette magicienne a bien évidemment disparu après qu’elle ait enclenché son voile noir destructeur de magie. Il ne reste d’elle que cette colonne. Je pense que nous pouvons considérer qu’elle a exterminé des centaines de milliers d’espèces magiques, comme ces fées que l’on trouve de partout, et provoqué l’exil de beaucoup d’autres, comme les nains sous les menhirs.
– C’est horrible, comment a-t-elle pu faire une chose pareille ? s’horrifia Clay.
– Elle était probablement désespérée, suggéra Simon. Si vous voulez, je vous raconterai plus tard les hypothèses de nos deux amis dieux sur le sujet. Bref. Vous avez peut-être pu remarquer un autre dispositif à côté de la colonne. »

Les deux anciens Faucheux hochèrent affirmativement de la tête. « Bien, poursuivit le professeur Derrington. Cela a été rajouté bien après, lors de l’époque de cette bibliothèque.
– J’ai beaucoup de mal à imaginer qu’il y ait eu des époques encore plus lointaines que celle des gens de la bibliothèque, mentionna Clay en se grattant la tête.
– Je te comprends, déclara l’archéologue avec un sourire. Ce sont des choses difficiles à appréhender, même pour moi. Où en étais-je ? Ah, oui, le dispositif rajouté. Il y avait deux raisons à cette installation supplémentaire. Première raison : amplifier l’effet du voile noir pour éradiquer définitivement toute forme de magie. Deuxième raison : si l’éradication n’était pas totale, relancer l’effet de la colonne dès que la magie revient.
– Pourquoi ça ne s’est pas lancé ? demanda Tina. De la magie, y en a partout là.
– Parce que, pour une raison inconnue, la programmation n’a pas été enclenchée, expliqua le professeur Derrington. L’opération de destruction totale de la magie n’a pas été lancée non plus, d’ailleurs.
– Ben alors, qu’est ce qu’elle fait là cette installation ? reprit la blondinette.
– Je ne sais pas avec certitude, déplora Simon. Je pense que quand il a été amené dans la montagne, les personnes ont ensuite été interrompues lors de l’installation. Ou peut-être se sont-elles reprises avant de la mettre en route ? Il est difficile de le savoir sans témoins. »

Ils restèrent tous silencieux un moment ; les deux anciens Faucheux digéraient les informations. Les dieux aussi s’étaient tus et les contemplaient de leurs yeux brillants, dans l’expectative. « D’après nos deux amis, la colonne a été mise en route bien après que le dispositif d’amplification soit installé. Je suppose donc qu’il n’a jamais servi et que la personne qui a activé le voile noir ne savait pas ce que c’était. » Simon s’interrompit, jeta un bref coup d’oeil à Chaahk et Yingana, puis reprit :

« Je crois qu’ils ne m’ont pas tout dit. J’aimerais bien savoir ce qu’ils m’ont caché, mais je me contenterai de ce que je vous ai rapporté pour le moment.
– Du coup, l’idée c’est de relancer cette machine qui supprime la magie ? demanda Tina.
– Si nous voulons sauver notre civilisation de l’invasion magique, c’est la chose à faire, confima l’archéologue. Mais…
– Si nous avons juste à trouver la montagne, c’est facile, l’interrompit la blondinette. Elle doit savoir où elle se trouve si elle s’en souvient. » Précisa-t-elle en désignant Yingana d’un mouvement de menton.

« Je crains que cela ne soit pas aussi simple, lui dit le professeur Derrington.
– Pourquoi ?
– Parce que cette grotte, qui est bien plus ancienne que la magicienne qui a fabriqué cette colonne destructrice de magie, est magique également. Elle change d’endroit à chaque fois que la magie revient. Madame Yingana se souvient donc de la dernière fois qu’elle a vu cette machine, mais c’était avant sa dernière mise en route. Maintenant que la magie est revenue, la grotte a dû changer d’endroit. »

[Je suis à peu près sûre qu’il faut que je donne plus d’explications sur cette grotte mouvante]

Le professeur Derrington but quelques gorgées de thé ; son visage affichait une mine songeuse. « Bien sûr, retrouver cette montagne et cette colonne magique ne seraient valables que si nous voulons réellement supprimer la magie, précisa-t-il.
– Que voulez-vous dire ? s’enquit Clay qui n’avait pas trop su quoi dire jusque là.
– Et bien, hésita l’archéologue. Bien sûr, au départ, je pensais que cette bibliothèque était ce qui allait nous sauver de ces phénomènes surnaturels. Mais maintenant que je sais que cela éradique toute la magie, même si ce n’est pas définitif tant que l’on n’active pas le dispositif supplémentaire, je ne suis plus aussi certain du bien fondé de trouver cette grotte.
– Pourquoi ? s’étonna Tina.
– Parce qu’il ne s’agit pas juste de freiner des désagréments surnaturels, expliqua Simon. Supprimer la magie, c’est aussi tuer Chaahk et Yingana. Ils reviennent certes à la vie quand la magie revient, mais qu’est ce qui nous permet de choisir qu’ils doivent disparaître ? N’ont-ils pas voix au chapitre ? Pourquoi répéter le génocide magique de cette magicienne ? »

Un lourd silence tomba après cette grave question. « Je n’avais pas pensé à ça, déclara Clay.
– Moi non plus, avoua Tina.
– Beaucoup de créatures magiques sont pourtant dangereuses, émit le jeune homme. Mais… Et bien, je ne me vois pas tuer les dieux.
– C’est également mon avis, acquiesça le professeur Derrington. Je pense donc qu’il est très important de retrouver cette grotte, mais pas forcément pour activer le processus de destruction de la magie. De même, il faut que je réfléchisse à comment présenter la chose à mes pairs…
– Et la bibliothèque ? s’enquit Clay.
– Oui ?
– Nous allons arrêter là l’étude de la civilisation antique pour nous occuper de cette grotte ? précisa l’ancien Faucheux.
– Bien sûr que non ! protesta Simon. Je reste archéologue avant tout et cette civilisation a besoin d’être étudiée ! Cette tache risque d’être plus facile maintenant que nous avons des témoins direct, mais je ne l’abandonnerai pas.
– Et la grotte alors ? demanda à son tour Tina.
– J’y venais. Je suis toujours convaincu que cet endroit est la clef de tout. C’est ici que nous trouverons des indications pour découvrir cette mystérieuse grotte !
– Comment vous le savez ? continua la blondinette.
– A ton avis, pourquoi Chaahk a-t-il essayé de détruire la partie de la bibliothèque Yingana voulait me montrer ? »

L’archéologue fit un clin d’œil aux deux anciens Faucheux. « Bon ! déclara soudainement le professeur Derrington. Fini les bavardages, nous avons du pain sur la planche, occupons-nous de découvrir l’emplacement de cette grotte magique qui détruit la magie. »

 

1104 pour ce dernier jour, j’ai officiellement fini dans les temps, même si j’ai triché à fond cette année. Je m’étais donnée beaucoup trop de challenges x) Enfin bon c’est fini, maintenant pause mois-des-cadeaux avant de retravailler le tome 1 à la lumière nouvelle de l’ébauche du début du T2 qu’il faudra beaucoup travailler ensuite. Le T3 et bien, je pense que ça sera pour l’année prochaine malheureusement.

NaNoWriMo 2018 : Arkhaiologia Tome 2, jour 29

En plus du fait que la scène était plus étendue, claire et réaliste, elle était dotée du bruit ambiant des conversations. En revanche, comme lors des apparitions fantomatiques, les gens alentours ne semblaient pas remarquer l’archéologue, ses assistants ni les dieux et n’avaient pas non plus de consistance. Même Simon avait le souffle coupé face à ce spectacle ; il avait les mains jointes et regardait partout d’un air émerveillé. Clay et Tina, dos à dos, tournaient sur eux-même en contemplant la civilisation antique revenue à la vie.

Un bruit strident les fit sursauter. Deux des portiques – dont l’archéologue n’avait, jusqu’ici, pas réussi à déterminer l’utilité – avaient produit une brève mais bruyante alarme, tandis que des lumières rouges s’étaient allumées à leur sommet. Penaud, l’étudiant qui avait provoqué l’alarme sortit de son sac deux livres qu’il présenta aux deux membres du personnel de la bibliothèque qui l’avaient rejoint. Le professeur Derrington applaudit, enchanté. « Ces choses servent à empêcher les vols ! » se réjouit-il. Sur ces mots, il s’empara d’un carnet et d’un crayon dans l’une de ses poches et commença à prendre frénétiquement des notes.

Clay n’avait pas eu le réflexe de sortir de quoi dessiner. Il se contentait de s’émerveiller en constatant que ces personnes issues de l’antiquité étaient à la fois comme lui et à la fois tellement différents. Il les avait déjà beaucoup vus grâce aux scènes fantomatiques, mais il ne se lassait pas de scruter leurs physionomies, se demandant ce qu’ils pouvaient bien penser. En voyant passer une étudiante aux cheveux bleus, l’ancien Faucheux songea que ces gens avaient décidément une vision de l’esthétique bien différente de la leur et cela ne lui déplaisait pas.

Il jeta un coup d’œil de côté et aperçut Tina en train de regarder avidement les appareils que tenaient une grande partie des gens présent. Ils ressemblaient beaucoup à la tablette noire qui contenait les enregistrements de Valentin et Béatrice, mais ils étaient plus petits et il n’y avait pas besoin de cyclopède pour les maintenir allumés. Il y avait d’autres machines aussi, posées sur l’îlot d’accueil. La blondinette alla les voir de plus près, heurtant le professeur Derrington qui faisait de même.

la scène s’arrêta aussi soudainement qu’elle avait commencé. Le hall de la bibliothèque retourna dans la pénombre, toute vie disparue. Clay constata que Yingana chancelait, soutenue par Chaahk. Cette démonstration devait lui avoir demandé beaucoup d’énergie. Son ami soupira et lui dit quelques mots sur un ton que Clay interpréta comme une capitulation. L’archéologue, pressentant qu’on allait lui dévoiler des choses intéressantes, s’approcha des deux dieux, en essayant de masquer ses trépignements d’impatience.

Yingana n’était pas très grande, mais elle se redressa de toute sa hauteur une fois son malaise passé. Ainsi, elle donnait l’impression d’être plus grande que le professeur Derrington. Lorsqu’elle commença à parler, sa voix s’était fait profonde et ses intonations hypnotisantes. Avant même de s’en rendre compte, tous s’endormirent, emmenés dans le monde onirique par la maîtresse des rêves.

Clay se sentit rassuré de voir que Simon, Tina et les dieux étaient avec lui dans le songe. Ils étaient dans une plaine herbeuse au pied d’une montagne. La magie était partout, faisant parfois crépiter de l’électricité statique dans l’atmosphère. Des petites fées butinaient des pensées, batifolant les unes avec les autres. Yingana sourit, puis leur désigna la montagne. Elle leur fit signe de la suivre et commença à gravir la pente, suivie par Chaahk. L’archéologue se précipita à leur suite avec enthousiasme. Tina et Clay lui emboitèrent le pas avec plus de modération.

La montagne était très haute, mais l’ancien Faucheux avait l’impression qu’un seul pas les faisait avancer autant que trois. Il ne savait pas s’il pouvait se fier à ses impressions, les rêves étant souvent traîtres à ce sujet. Plus ils montaient, plus l’air s’alourdissait. Les crépitements d’électricité statique s’étaient aussi faits plus nombreux. Ils entendaient les loups hurler au loin et le vent avait un je-ne-sais-quoi de menaçant. Tina, inquiète, avait rentré sa tête dans ses épaules. Clay n’en menait pas large non plus et il voyait que Simon aussi ne se sentait pas courageux sur cette montagne.

Le jeune homme puisait du réconfort dans l’attitude détendue des dieux. Et aussi dans leur nature divine. Qui risquait quoi que ce soit en compagnie de dieux ? Il se demandait tout de même pourquoi la maîtresse des rêves ne prenait pas la peine d’alléger son atmosphère. « Pourquoi est ce que, dans ce rêve, tout est si… sombre ? demanda Tina en écho aux pensées de Clay.
– Presque rêve, répondit Chaahk. Souvenir. »

Même en se déplaçant rapidement et avec les divertissantes remarques de Simon, le trajet parut très long à l’ancien Faucheux. Près du sommet, Yingana les mena dans une grotte. Clay ne parvenait pas à déterminer si c’était une oeuvre humaine ou une formation naturelle et il s’en ouvrit au professeur Derrington. « Je me posais exactement la même question, se réjouit l’archéologue qui paraissait ravi que son assistant fasse une telle remarque. J’en ai parlé à nos amis Yingana et Chaahk et ils m’ont expliqué que cette grotte a été fabriquée par un magicien bien avant leur ère. »

L’ancien Faucheux ne doutait pas que ce fut là l’œuvre d’un magicien. Certains angles le mettaient mal à l’aise et l’ambiance toute entière était oppressante. Tina levait fièrement le menton, mais Clay remarqua qu’il tremblait. Sa cadette était apeurée. Elle se rapprocha de Chaahk et Yingana pour trouver refuge. Les deux dieux la gardèrent entre eux, la couvant du regard avec bienveillance. Même s’ils étaient moins effrayés, Simon et Clay tâchaient de ne pas trop s’éloigner.

Yingana les mena jusqu’à une salle dissimulée derrière un angle trompe l’œil. Au milieu de la salle se trouvait un immense dispositif en colonne, qui brillait, crépitait et vrombissait. L’ancien Faucheux supposa qu’il s’agissait, là aussi, de l’œuvre d’un magicien. La femme aux yeux indigo expliquait ce dont il s’agissait à Simon. Clay et Tina ne comprenant rien à cette conversation en langue antique, ils se contentèrent de visiter la pièce. A côté de la colonne vrombissante, ils trouvèrent des objets en métal reliés d’un côté à la colonne magique et de l’autre à une machine qui ressemblait beaucoup à celles de la civilisation antique qu’ils étudiaient dans la bibliothèque du professeur Derrington.

Le rêve cessa brusquement. Ils se réveillèrent tous dans la poussière multimillénaire du hall. Ils s’époussetèrent longuement en se relevant, provoquant quelques éternuements. Encore une fois, Yingana paraissait épuisée. Chaahk prit donc le relais des explications auprès de l’archéologue. Ce dernier arborait un air grave peu habituel et hochait la tête par intermittence tout en s’emparant de son carnet pour reprendre frénétiquement des notes. « J’espère que toi et moi finirons par savoir de quoi il retourne, grommela Tina à l’intention de Clay.
– J’espère aussi ! » approuva celui-ci avec véhémence.

Il ressentait la même frustration que la blondinette et avait hâte du moment où Simon leur expliquerait les tenants et les aboutissants de ce qu’il était en train d’apprendre. Comme la conversation s’éternisait, les deux anciens Faucheux retournèrent au camp pour récupérer de quoi reprendre leurs activités habituelles, tout en s’arrangeant pour ne pas trop s’éloigner du hall. Et ils firent bien, car la conversation entre l’archéologue et les dieux s’éternisa, jusqu’au moment où le professeur Derrington avisa ses deux jeunes compagnons pour leur dire : « Ohlàlà, il faut que je vous explique ce que je viens d’entendre. C’est phénoménal ! Tenez-vous bien… »

 

[Là je pense qu’il faut un changement de chapitre, mais en même temps, je pense qu’il faut que je revois le découpage et tout, vivement la reprise du T1 et celle du T2 !]

 

Clay et Tina s’approchèrent de l’archéologue aussi fébrile qu’à chaque fois qu’il apprenait de nouvelles choses qui le stupéfiaient. « J’espère que je ne vais pas trop m’embrouiller en vous expliquant tout cela, pfioulàlà ! Par où commencer ?
– Peut-être que ça serait pas mal de s’installer dans un endroit un peu moins poussiéreux, suggéra Tina.
– Oui oui, tu as raison. Venez, suivez-moi, allons nous installer dans le camp. J’en profiterai pour nous faire du thé. »

Chaahk et Yingana les suivirent, tout en discutant doucement entre eux. Dans la pièce de repos qui servait de camp, les dieux s’installèrent un peu en retrait pour ne pas déranger l’exposé que Simon s’apprêtait à faire. Celui-ci servit du thé à tout le monde et, prenant sa tasse d’un air songeur, il commença : « Ohlàlà mes chers petits, en découvrant les ruines de ce bâtiment, je savais que je faisais là une découverte majeure, qui allait propulser ma carrière au sommet tout en changeant la face du monde par les connaissances que cela allait nous apporter. Mais là, je dois dire que ce que je viens d’apprendre dépasse tous mes espoirs les plus fous, au point que cela m’effraie, je n’ai pas honte de l’avouer. »

Il but une gorgée de thé encore brûlant, toussota et reprit : « Cette colonne mouvante, crépitante et bruyante que vous avez pu voir dans le souvenir de madame Yingana a été fabriquée par une puissante magicienne. D’aucuns disent qu’elle était tellement puissante qu’elle pouvait rivaliser avec les dieux. Il s’avère qu’elle était contemporaine de nos amis ici présents, lors d’un pic d’énergie magique. Pour une raison inconnue – disons que les sources ne semblent pas s’être mises d’accord sur la raison véritable – cette magicienne a décidé qu’il serait mieux pour l’humanité de détruire toute forme de magie. Bien sûr, elle savait qu’en faisant cela, elle se détruirait elle-même. Ou, du moins, qu’elle s’affaiblirait considérablement. »

Clay et Tina s’entre regardèrent ; ils avaient du mal à concevoir une magicienne qui voulait détruire la source de ses pouvoirs, mais Simon continuait, s’interrompant parfois pour boire une gorgée de thé ou pour en reproposer aux quatre autres. « Ce qui est fabuleux avec ce dispositif qu’elle a conçu, c’est qu’il utilise lui-même la magie pour initier le processus de destruction de la magie.
– Pourquoi c’est fabuleux ? s’enquit Tina.
– Parce qu’ainsi, dès que la magie revient de manière suffisamment puissante pour que le processus puisse de nouveau être enclenché, n’importe qui peut lancer la destruction de la magie.

 

1695 mots pour aujourd’hui. Ça faisait longtemps que j’avais pas fait un vrai quota ! Je suis contente d’avoir réussi à m’entêter (il faut dire que ma nature têtue n’est jamais bien loin x) ) Il faudra que je réitère demain si je veux réussir à boucler le NaNo 2018, après je pourrai m’effondrer tranquillement.

NaNoWriMo 2018 : Arkhaiologia Tome 2, jour 27 et 28

Chaahk caressa pensivement les dessins du bout du doigt. Puis il rendit le carnet à Clay, renversa la tête en arrière et ferma ses yeux verts.

Le jeune homme récupéra pensivement son bien, se disant que le dieu devait vouloir retrouver son amie la maîtresse des rêves. L’ancien Faucheux se concentra sur le paysage. Il avait l’impression de ne voir que des créatures issues du folklore un peu partout : ici un essaim de fées, là une Dame Blanche, une volée de très petits dragons au loin, un barghest sur une colline ou des étincelles à la provenance inconnue. Clay avait même l’impression que le paysage tout entier était lentement en train de muter. Il ne savait pas à quoi cela était dû ; peut-être à l’apparition d’une nouvelle flore en plus de la nouvelle faune.

Depuis qu’il avait rencontré Simon Derrington, Clay se sentait parfois insignifiant et désarmé face à l’immensité et la complexité du monde qu’il découvrait. Au tout début son monde se limitait à sa maison et son quartier. Puis, il avait découvert combien Eastlond était une grande ville, mais aussi que la vie nocturne avait des lois différentes en rejoignant les Faucheux. Depuis qu’il avait sauté dans le wagon du professeur Derrington, le monde ne faisait que s’élargir et se complexifier de manière exponentielle et cela lui donnait le vertige. Il se demandait si Tina, qui avait le même type d’historique que lui, ressentait la même chose.

Il passa la suite du trajet à réfléchir sur la vie et l’immensité de ce qui l’entourait. Il n’écoutait que d’une oreille distraite les explications de Simon sur les différentes créatures surnaturelles qu’ils rencontraient. Tina eut même l’impression d’apercevoir une licorne, mais ce fut trop bref pour que quiconque puisse confirmer. Chaahk, quant à lui, continuait de dormir et, peut-être même, de discuter avec son amie la maîtresse des rêves. Le jeune homme se prit à envier ce pouvoir, grâce auquel il aurait pu être capable de parler avec son amie à lui.

Lorsque l’archéologue gara la mécamobile dans la clairière, une femme s’y trouvait, assise sur un rocher qui surplombait l’emplacement de la faille que Chaahk avait bouchée. Ce dernier avait ouvert les yeux et, une fois le véhicule arrêté, il ouvrit la portière pour se précipiter en direction de l’inconnue. Clay reconnut la femme aux yeux indigo qui s’était insinuée dans son rêve et réalisa qu’un renard dormait à ses pieds, tandis que des oiseaux et petites fées voletaient autour de sa tête.

« Qui c’est celle là ? s’enquit Tina d’un ton peu amène.
– C’est son amie, Yingana, répondit l’ancien Faucheux. [vérifier si Clay connaît son nom]
– Ah bon ? C’est elle ? Mais c’est merveilleux. » se réjouit Simon en rejoignant les deux dieux qui étaient visiblement très heureux de se retrouver et parlaient de manière volubile.

Ils s’interrompirent lorsque l’archéologue parvint auprès d’eux. Après quelques échanges auxquels Tina et Clay ne comprirent rien, Chaahk rouvrit l’accès à la bibliothèque et ils descendirent tous les cinq jusqu’à l’antique bâtiment. En arrivant dans le hall, Yingana commença à entraîner Simon vers une zone de la bibliothèque qu’il n’avait pas encore bien fouillé. Chaahk ne semblait pas être d’accord et se plaça en travers de leur chemin. « Mais qu’est ce que cette montagne a donc de particulier ? » lâcha le professeur Derrington d’un ton qui exsudait l’impatience et l’excitation.

« Et si on les laissait jouer ensemble pour aller faire des choses utiles ? proposa Tina en regardant les trois adultes d’un air désabusé.
– Tu n’es pas curieuse de savoir où ils veulent en venir ? demanda Clay.
– On finira par le savoir à un moment où à un autre, qu’on le veuille ou non. »

L’ancien Faucheux devait admettre que son amie avait raison. Simon viendrait partager ses découvertes avec enthousiasme dès qu’il en aurait l’occasion. Clay accepta de suivre Tina. Un tremblement les arrêta. Ils se retournèrent pour constater que Chaahk menaçait de faire s’écrouler le morceau de bibliothèque vers lequel Yingana voulait emmener Simon. Cette dernière ne se laissa pas impressionner. Lorsque l’homme aux yeux verts cessa sa démonstration de maîtrise de la terre, son amie esquissa un arc de cercle avec ses bras et tout le hall se métamorphosa.

Ils n’avaient pas bougé et pourtant, ils se retrouvèrent tous dans la bibliothèque à l’époque où elle était en activité. Ce n’était pas aussi flou qu’une scène fantomatique aux contours mal définis. Ils avaient vraiment l’impression d’avoir effectué un voyage dans le temps.

 

Entre 700 et 800 mots écrits, mais j’ai triché beaucoup plus pour mon wordcount sur le site du NaNoWriMo. J’en ai profité pour finir de recopier le début du tome, je vous posterai ça plus tard !

NaNoWriMo 2018 : Arkhaiologia Tome 2, jour 26

(changement de chapitre)

La nuit noire n’était pas aussi noire que ce à quoi Yingana s’attendait et ce, malgré le petit essaim de fées qui virevoltaient autour d’elle en bourdonnant doucement. Elle n’avait pas l’habitude d’être empêchée de contempler les étoiles à sa guise. Du moins, en avait-elle la sensation. Elle avait du mal à rassembler ses souvenirs et ses pensées, comme si elle dormait encore à moitié après une trop longue nuit de sommeil. La lumière qui l’empêchait de voir les étoiles provenait de derrière les collines. Yingana était intriguée : elle n’avait jamais rien vu qui pouvait causer une telle luminosité. Intriguée, elle décida de se rendre dans cette direction.

Athlétique et habituée depuis sa plus tendre enfance à galoper dans l’immensité de ce qui était à présent nommée l’Australie, la jeune femme arriva rapidement aux collines qu’elle commença à gravir. La faune et la flore d’ici étaient très différentes de celles dont elle avait eu l’habitude étant petite. Jusqu’à ce qu’elle fasse la rencontre qui allait changer sa vie, en même temps que lui faire visiter le monde entier. Elle avait cru rêver lorsque cet homme, lourdement maquillé autour des yeux, richement doté de bijoux de métaux brillants et portant des vêtements d’une matière blanche flottante qu’elle ne connaissait pas, s’était retrouvé face à elle. Il s’était présenté comme Geb et lui avait dit qu’elle était la personne qui allait lui succéder.

Ce qu’il lui avait révélé ensuite avait bouleversé la vision du monde de la jeune femme. [Petite explication à propos des huit dieux qui se font passer pour diverses divinités]

Elle n’eut pas l’occasion de vraiment connaître Geb l’égyptien. Après les avoir réunis et leur avoir légué leur héritage, les anciens se retirèrent presque aussitôt. Ils leur avaient laissé toutes leurs connaissances et, même, quelques conseils. Les nouveaux, étant des inconnus provenant des quatre coins du monde jusqu’alors, prirent alors le temps de faire connaissance. Après tout, puisqu’ils allaient passer les dizaines – ou centaines, ou plus – d’années ensemble à travailler pour aider l’humanité, autant essayer de se rapprocher les uns des autres. Il s’avéra qu’ils étaient tous en phase les uns avec les autres, ce qui les encouragea ; les anciens leur avaient dit que tel n’avait pas toujours été le cas. La jeune femme laissait sa mémoire revenir peu à peu, sans les presser malgré son impatience.

Yingana laissa ses vieux souvenirs de côté en arrivant au sommet de la colline et en découvrant le panorama qui s’offrait à elle. Une cité s’étendait à ses pieds. Elle n’en avait jamais vu une aussi étendue, ni aussi lumineuse. Pourtant, il ne devait pas se trouver de grande ville près de l’endroit où elle se trouvait pensait-elle. Yingana était sensée se trouver au nord des contrées qui avaient vu naître son ami Chaahk. Et les plaines nord de ce grand continent n’étaient peuplées que de petits villages et de tribus nomades. Elle s’assit, toujours environnée de son essaim de fées et, comme tous les autres à un moment, elle se posa la question de combien de temps elle avait dormi.

 

Dans le froid sibérien, une main à la peau d’ébène jaillit de la neige. Le corps, nu, suivit peu après, grelottant furieusement. L’homme était grand et très visible au milieu de la neige. Sachant qu’il allait souffrir s’il restait ainsi dans l’atmosphère glaciale – tout en étant étonné de ne pas être déjà mort – il inspecta le soleil à la recherche du sud. L’ayant trouvé, il partit instinctivement dans cette direction en courant, ignorant les morsures de la neige sous ses pieds et celles du froid sur les autres parties de son corps athlétique. Il n’avait aucune idée de ce qu’il faisait nu au milieu de la neige, ni de l’endroit où il se trouvait. Ce qui le perturbait le plus était qu’il ne savait pas non plus son nom, ni comment il survivait dans ce froid mortel.

L’homme repoussa ses pensées qui le déconcentraient. Il était déconcerté, mais s’était fixé l’objectif de trouver d’autres êtres humains ; c’était ce qu’il y avait de plus pressant en l’état, estimait-il. Lorsqu’il commença à fatiguer, il avait déjà avalé plusieurs dizaines de kilomètres. La force de ses muscles étant surhumaine, il faisait d’immenses foulées. Le coureur en était lui-même surpris ; il ne s’attendait pas à autant de puissance.
A la fin de la journée, après plusieurs sessions de course entrecoupées de pauses, il n’avait toujours pas trouvé âme qui vive, ni récupéré ses souvenirs. Heureusement, l’homme avait parcouru tellement de distance que la neige avait laissé la place à de la végétation. Il se disait que si il continuait ainsi le lendemain, il trouverait certainement des endroits plus propices au peuplement.

En attendant, l’homme devait se trouver de quoi combler son appétit. Il mourrait de faim en plus du froid. Comme il n’avait trouvé personne, il allait devoir se procurer de la nourriture par lui-même. [Chasse d’un animal quelconque typique de la région, faire du feu et récupérer la fourrure]
La nuit allait se passer un peu mieux que le début de sa journée. Il avait le ventre plein et du feu pour éloigner un peu le froid qui glaçait ses entrailles. Peut-être que, pendant la nuit, ses souvenirs reviendraient. C’était du moins ce qu’il espérait.

 

Béatrice se laissa tomber sur une chaise et poussa un râle. Tout autour d’elle, dans l’annexe, un brouhaha ambiant régnait qui provenait d’une demi-douzaine de jeunes dragons [à raconter il me semble ou à enlever, on verra]. Valentin lui tapota l’épaule en guise de réconfort. « Regarde, l’encouragea-t-il, on a enfin fini !
– Il était temps, répartit-elle. Merci à tous de m’avoir aidée ; je ne sais pas si j’aurais réussi toute seule.
– Tu aurais certainement réussi, lui assura Valentin tandis que les deux autres interpellés souriaient. Mais au lieu d’être épuisée, tu serais morte.
– Ha ha, ironisa Béatrice. N’essaie plus de faire de l’humour, c’est nul. »

Valentin lui administra une pichenette et remarqua que le médecin s’était approché de la jeune femme et avait posé une main sur son épaule. Une aura orangée les environna tous les deux. « Merci, lui lança Béatrice avec reconnaissance. C’est vraiment efficace ! Tu pourrais m’apprendre cette magie ?
– Je crains que non, s’excusa Asklepios. Ces pouvoirs que nous avons nous ont été conférés par nos prédécesseurs ; ils ne s’apprennent pas.
– C’est d’ailleurs parce que ce sont des pouvoirs qui font partie de nous que nous pouvons les utiliser à volonté sans même y penser, précisa Déa. Normalement, la magie requiert beaucoup de concentration, canalysée par des incantations. C’est…
– Quelque chose est là. » L’interrompit le médecin en dressant la tête.

Comme pour confirmer ses propos, des hurlements inhumains et assourdissants provenant de l’extérieur fit sursauter Valentin et Béatrice. Les dragonnets inquiets se mirent à pousser des cris terrifiés. « Sortons. » Décréta la femme aux yeux dorés d’un ton sans appel, à l’intention de son compagnon. Entraîné à obéir à Belisama, Asklepios lui emboîta instantanément le pas en direction de la porte à taille humaine qui menait à l’extérieur de l’annexe. Après avoir échangé un regard, les deux thésards les suivirent avec curiosité, se demandant s’ils allaient pouvoir ajouter une nouvelle créature à leur bestiaire.

Les dragons étaient déjà beaucoup plus impressionnants que les petites fées, même jeunes. Ils avaient aussi eu l’occasion de voir des banshees – dont le cadavre de l’une d’entre elle était conservé dans la bibliothèque universitaire – un korrigan, deux nymphes et quelques autres créatures féériques. Il leur tardait de voir des Dames Blanches dont parlaient les rumeurs, les elfes du royaume des fées qui faisaient de régulières incursions, et les licornes mentionnées par des enthousiastes.

En sortant, sur le carré d’herbe de l’autre côté de la place goudronnée dédiée aux véhicules, ils aperçurent cinq énormes hyènes. Du moins, était-ce l’animal auquel ressemblaient le plus ces créatures. Des hyènes immenses aux babines perpétuellement retroussées sur d’énormes crocs dégoulinants de bave. Leurs griffes, aussi, étaient étonnamment longues. « Ils ont senti les jeunes dragons, constata Asklepios.
– Et nous aussi, je pense, compléta Béatrice d’un ton peu assuré face aux bêtes qui grondaient dans leur direction. Ils ont l’air affamés.
– Qu’est ce que c’est ? s’enquit Valentin.
– Vous avez un mot qui n’est pas de votre langue pour eux, répondit Déa. Ce sont des barghests. »

Sur ces mots, elle secoua négligemment sa main et une cage aux barreaux épais apparut autour des monstrueuses créatures. « Tu es vraiment une personne… Pratique à avoir près de soi, commenta Béatrice en relâchant son souffle.
– Plutôt oui, confirma la femme aux yeux dorés sans aucune modestie. Restez tout de même vigilants, ils ne resteront pas enfermés très longtemps. Ils vont bientôt s’échapper, mais j’ai pensé que vous voudriez les observer un moment avant que Asklepios et moi nous occupions d’eux.
– Il n’y a pas moyen de les mettre en cage à l’in… » Commença la thésarde.

Elle s’interrompit en voyant que la bave des barghests, qui mordaient furieusement les barreaux, corrodait la cage. Belisama leva le doigt pour faire apparaître une autre cage autour des barreaux en train de se faire grignoter. « D’accord. » Conclut Béatrice en roulant des yeux. Luttant contre son effroi, la jeune femme s’approcha des animaux, portable en main pour les filmer en faisant des commentaires. Valentin fit de même, prenant des photos. Plusieurs fois, la femme aux yeux dorés dut renforcer la cage pour empêcher les barghests fous furieux de s’échapper pour écharper tout le monde.

« Je pense que c’est bon. » Décréta finalement la jeune femme. Déa acquiesça et des lances apparurent brusquement dans tous les sens dans la cage. Les bêtes enragées, transpercées, ne tardèrent pas à succomber à l’attaque. Béatrice et Valentin, ne s’attendant pas à quelque chose d’aussi violent, détournèrent les yeux du spectacle sanglant. Lorsqu’ils regardèrent de nouveau, la femme aux yeux dorés avait fait disparaître ses derniers lambeaux de cage. Ne restait plus au milieu de l’herbe qu’une immonde flaque à la couleur indéfinissable qui dissolvait les derniers poils et os des barghests.

« Je suis désolée de vous avoir choqués, s’excusa Belisama qui paraissait un peu surprise de leur réaction. Oh, je vois, c’est d’être dans une période calme : vous n’avez pas l’habitude d’assister à de telles choses.
– C’est ça oui, confirma Valentin un peu pâle.
– Pourquoi est-ce qu’ils ne sont plus qu’une flaque ? S’enquit Béatrice aussi pâle mais dont la curiosité reprenait rapidement le dessus.
– Certaines créatures dotées de magie se décomposent instantanément après la mort, expliqua Asklepios.
– Moi qui espérait pouvoir les autopsier… soupira la jeune femme. Je vais au moins essayer de récupérer ce… truc dégoûtant là. »

Elle se précipita à l’intérieur pour aller chercher de quoi prélever des échantillons. En l’attendant, Valentin s’approcha de l’amas visqueux, fasciné par la dissolution des derniers fragments animaux. Il se demandait si le bout d’herbe était condamné. « Amaterasu s’approche. » Déclara soudainement Asklepios. La femme aux yeux dorés acquiesça et pencha pensivement la tête sur le côté. Valentin supposa qu’elle la contactait par télépathie. Une seconde plus tard, une jeune fille toute menue apparut juste à côté de lui. Vêtue d’un échantillon conséquemment varié d’une flore exotique dont Valentin ne savait pas déterminer la provenance, elle loucha d’un air dégoûté sur la flaque organique.

« C’est la tête que tu fais alors qu’on se retrouve après plusieurs centaines d’années de sommeil ? taquina Déa la nouvelle venue.
– Oh… Je suis désolée commandante ! s’excusa instantanément Amaterasu. Et cette langue est nouvelle, non ?
– Oui, les choses ont beaucoup changé depuis que nous nous sommes endormis, convint la femme aux yeux dorés. Ils font de la magie sans magie par exemple. C’est assez impressionnant. Et déconcertant, aussi. Comment nous as-tu retrouvés ?
– Je me souvenais que tu étais dans ces contrées, résuma la jeune fille vêtue de feuilles. Ça paraissait logique de commencer mes recherches par là. Et puis tu m’as jointe et me voilà. Par contre…
– Oui ? l’encouragea Belisama.
– Je n’arrive pas à couvrir de grandes distances.
– C’est normal, la rassura Asklepios. Nos pouvoirs sont limités à cause de la magie disponible. »

L’homme aux yeux orangés et la femme aux yeux dorés expliquèrent à leur petite compagne ce qu’ils avaient compris de leur situation. Au même moment, Béatrice fit de nouveau son apparition. La jeune femme s’arrêta brièvement en apercevant la nouvelle venue. Les présentations furent vite faites et Béatrice se concentra sur ses prélèvements. Lorsqu’elle eut terminé, Amaterasu prit sur elle de motiver la végétation afin de faire disparaître l’immonde flaque. De nombreux brins d’herbe perdirent la vie dans ce combat acharné mais, bientôt, le carré de verdure reprit son apparence d’origine. Avec des brins d’herbe un peu plus gras et verdoyant qu’ailleurs, mais qui irait remarquer un détail pareil ?

Ils retournèrent ensuite à leur tri pour trouver des indices sur les quatre membres manquant du groupe. Malheureusement, à part d’autres pistes sur le fait que l’apparition du volcan avait quelques éléments un peu mystérieux [trouver desdits éléments ?], ils ne trouvèrent rien de bien concluant. Avec tout cela, la soirée était déjà là. Belisama avait doté Amaterasu de vêtements et avait changé les siens, ainsi que ceux d’Asklepios. Elle leur avait fourni des habits ressemblants à ceux de Béatrice et Valentin, se contentant de changer leurs couleurs. Les trois antiques se sentirent mal à l’aise dans leurs nouveaux atours, jusqu’à ce que Béatrice leur révèle l’existence des sous-vêtements.

La fin de la journée étant déjà là, ils se retrouvèrent tous dans l’appartement de Valentin. Alors que les trois dieux essayaient de se souvenir dans quelle zone du monde les autres membres de leur groupe s’étaient rendus. Après avoir étudié un globe, la nouvelle arrivante avait convenu avec ses deux compagnons que le volcan du Pacifique était très probablement la signature de leur duo infernal Chaahk et [Bidule]. Assis sur le canapé, ils devisaient à propos de leurs amis manquants.

« La question à se poser aussi, déclara Amaterasu, c’est qu’était ce voile noir et qui l’a lancé ?
– C’est une bonne question, convint Déa. Je ne me souviens pas d’un mage suffisamment puissant pour faire une chose pareille.
– Pourquoi un mage aurait-il absorbé toute la magie du monde ? interrogea Asklepios. Il perdrait tout son pouvoir.
– C’est sûr que ça peut paraître étrange, acquiesça la femme aux yeux dorés. Mais cela reste une possibilité.
– Un mage qui voudrait changer le monde, ça ne me parait pas si surprenant. » Commenta le médecin de sa voix profonde, avec un fin sourire.

Belisama fit apparaître suffisamment de plats pour nourrir un régiment et de boissons pour abreuver une troupeau de chameaux assoiffés. « Du coup, pour la suite, vous préférez continuer les recherches sur vos compagnons ou alors que nous essayons de nous renseigner sur ce voile noir ? S’enquit Valentin.
– Les deux ! S’exclama Déa.
– Mmmh, ça ne me dit pas grand chose comme ça, déplora le jeune homme d’un ton songeur. Je vous emmènerai à la bibliothèque dès demain. Il y a pas mal de choses sur l’histoire, le folklore et les mythes. J’espère qu’on trouvera quelque chose à ce propos. Ce qui m’intrigue, c’est qu’une catastrophe de cette ampleur, qui a changé le monde, devrait forcément avoir laissé une énorme trace dans les récits. » Béatrice approuva d’un hochement de tête.

 

(changement de chapitre probablement)

 

[Il faudra peut-être échanger ce passage avec le précédent d’Ethelle]

Assis à l’arrière de la mécamobile de location, Clay regardait le manoir des Merryweather disparaître peu à peu de sa vue. Lorsque Simon fit sortir la voiture des limites du domaine, il se rassit face à la route et soupira. Chaahk, à côté de lui, lui jeta un regard en coin. Le jeune homme le lui rendit et le dieu tapota son épaule de manière compatissante. « Nous ne l’aurons pas vue longtemps la rouquine, nota Tina. Est ce que c’était bien utile de s’embêter à venir jusqu’ici ?
– Suite à votre historique avec cet homme-bête qui nous a attaqués, déclara l’archéologue, je tenais à vérifier que ma petite assistante était saine et sauve, moi aussi. Je dois avouer que j’espérais même qu’elle reparte avec nous, mais elle semble avoir encore des choses à régler. »

Tina ne répondit rien. Clay savait qu’elle devait être plutôt satisfaite du fait qu’Ethelle soit restée au manoir des Merryweather. L’ancien Faucheux aurait, comme le professeur Derrington, préféré qu’Ethelle revienne avec eux, même si cela signifiait devoir supporter des disputes entre elle et la blondinette. L’inquiétude de la savoir en présence de la Veuve-Noire le rongeait. Il s’imaginait sauter héroïquement de la mécamobile pour aller lui prêter main-forte, mais il savait que sa présence causerait surtout des ennuis à Ethelle, qui essayait de les protéger Tina et lui.

Entendant des bruissements de pages à côté de lui, Clay tourna la tête vers Chaahk qui feuilletait un carnet. Le jeune homme réalisa presque aussitôt qu’il s’agissait de l’un de ses propres carnets où il faisait des esquisses de reliques antiques, de scènes fantomatiques et diverses choses qui l’inspiraient. Le dieu arriva à la page où Clay avait dessiné son rêve en plusieurs parties.

 

2862 mots de la triche pour aujourd’hui

NaNoWriMo 2018 : Arkhaiologia Tome 2, jour 23, 24 et 25

– Que faisiez-vous avec mon père ? demanda Ethelle. Est-ce qu’il allait bien ? Est-ce vous qui lui avez permis d’accéder à la fortune de RotorCorp, AérosTech et MécanInc ? Est-ce à cause de vous qu’il a été tué ? Connaissez-vous son assassin ?
– Oh, euh, un instant mademoiselle, s’il vous plait ! plaida Julien [noter avant aussi qu’il a un fort accent] Vous parlez vite et je ne connais pas encore très bien votre langue. Je n’ai pas retenu toutes les questions ; pouvez-vous me les rappeler une par une ?
– Oui bien sûr, pardonnez mon impatience. Reprenons. »

La jeune femme rousse prit une grande inspiration pour s’enjoindre à réfréner son impétuosité. Cet homme qui se trouvait face à elle ressemblait, en quelque sorte, à un érudit, comme ceux qu’elle avait pu rencontrer lors de certains dîner organisés par Charles Morton. A l’époque où elle était encore une personne aidée d’Eastlond, elle avait souvent regardé de haut ces rats de bibliothèque qui s’effrayaient du moindre contact humain. Celui-là leur ressemblait beaucoup et elle décida de le ménager. « Comment avez-vous connu mon père ? reprit-elle d’une voix plus douce.
– Il a trouvé le code pour ouvrir la boîte. Ce n’est pas très difficile, je suis surpris qu’il n’y ait pas plus de gens qui me fassent sortir.
– Hum, moui, c’est surprenant. »

Ethelle avait trouvé la résolution de l’énigme plutôt difficile. Si [Bidulette] n’avait pas été là, elle n’y serait sans doute pas parvenue. « Que vous demandait-il ? s’enquit-elle ensuite, bien décidée à apprendre le plus de choses possible de cet esprit.
– Il me demandait principalement d’effectuer des calculs, répondit Julien.
– Des calculs ?
– Oui, il voulait que je fasse des estimations sur la [mot que je ne trouve pas qui doit ressembler à rendement] d’entreprises selon divers paramètres.
– Oh, je vois, déclara Ethelle. Etait-ce efficace ?
– Je pense oui, je ne sais pas. Les calculs théoriques fonctionnaient en tous cas !
– Vos calculs prenaient-ils en compte les créatures magiques ?
– Bien sûr bien sûr ! » Julien hocha vigoureusement la tête. « C’était même le coeur du problème. Mais je pense que votre père a réussi à en tirer parti. »

La jeune femme rousse baissa les yeux dans son giron, où elle tenait ses mains croisées. Elle était impressionnée que son père, loin de paniquer en constatant l’arrivée de créatures magiques, avait décidé d’en tirer parti. Il avait dû tout de suite comprendre son aubaine en tombant sur la boîte avec l’esprit érudit. Elle était toute aussi impressionnée que Charles Morton ait réussi à résoudre l’énigme du cube coloré, même si Julien trouvait que c’était facile.

« Savez-vous quoi que ce soit au sujet de… son décès ? demanda Ethelle en relevant la tête vers son interlocuteur.
– Son décès ? s’ébahit l’homme. J’ai bien peur que non. Je me demandais pourquoi il ne m’appelait plus, mais jamais je n’aurai pensé que… [préciser avant que Julien est étonné de la mort de Charles Morton ou alors enlever les mentions de décès ou alors dire qu’il comprend pas parce qu’elle parle trop vite et préciser qu’après Ethelle fait attention à son débit de paroles] Je suis désolé, mes condoléances mademoiselle. » Il ôta ses lunettes pour les nettoyer machinalement avec son haut, tandis que la jeune femme hochait la tête.

Ethelle était déçue. Elle connaissait à présent la raison du succès de son père, mais elle n’avait toujours aucune idée des raisons de sa mort. Plus exactement, elle se doutait des raison, mais elle ne savait pas qui pouvait être le coupable. La jeune femme avait très envie de rendre Arabella Finley responsable de tout. Cette femme infâme avait dérobé la mallette de son père et envoyé son majordome à ses trousses : elle faisait une coupable idéale. Mais comme les actions de Charles Morton avaient initialement fait la fortune de la famille Finley, Ethelle n’était pas certaine que la Veuve-Noire était véritablement coupable. Tout au plus s’était-elle montrée opportuniste.

« Vous a-t-il parlé de choses qui l’inquiétaient ? s’enquit ensuite Ethelle pour voir si elle pouvait obtenir des indices de manière indirecte.
– Oui, confirma Julien en rechaussant ses lunettes. Il était inquiet lorsque les trois entreprises qu’il suivait ont commencé à subir des revers qui n’entraient pas dans les calculs prévisionnels. Malheureusement, je ne pouvais pas lui apporter de réponses quant aux origines des probèmes, juste faire des calculs pour redresser la situation ! C’est là qu’il ne m’a plus appelé. J’ai pensé qu’il ne me trouvait plus utile.
– Je vois, déclara la jeune femme rousse. [Bidulette], l’esprit de mon pendentif, peut voir et entendre ce qu’il se passe lorsqu’elle est enfermée. N’est ce pas le cas pour vous ?
– Malheureusement non. Je n’ai pas cette chance. Je pense que la personne qui m’a enfermé n’y connaissait pas grand chose. »

Le ton de Julien était amer. « Ce n’est pas quelque chose de compliqué d’enfermer un esprit dans un objet ? demanda Ethelle.
– Je n’étais pas un esprit. J’étais un être humain normal à la base. Mes camarades et moi faisions des tests sur la magie. C’était quelque chose de nouveau et, au début, personne ne nous croyait quand on expliquait que l’un d’entre nous était en train de développer des pouvoirs magiques.
– Vous avez vécu une résurgence de la magie vous aussi, alors.
– Oui, c’est ça. Et nous n’étions pas prudents, je dois bien l’avouer. Et mon ami magicien encore moins que nous autres. Je pense qu’on pouvait dire qu’il est très vite devenu accro à ses nouveaux pouvoirs. Et aussi, qu’il estimait qu’il avait ainsi la chance de trouver un moyen d’acquérir la vie éternelle.
– Rien que ça, commenta Ethelle. A-t-il réussi ?
– Je ne sais pas. J’ai fait partie de ses expériences ratées avant de voir un résultat concluant.
– Il a expérimenté sur vous ?
– Oui, il m’a enfermé dans un rubik’s cube – c’est le nom de cette boîte – et je suis devenu l’esprit de l’objet.
– Au final, il vous a fait atteindre une forme d’immortalité, déclara la jeune femme rousse. Il aurait dû se lier à un objet lui aussi !
– C’est vrai, acquiesça Julien. Je ne sais pas combien de temps j’ai passé dans mon cube, mais entre temps le monde a bien changé et moi… et moi je n’ai pas vieilli. Ensuite, il ne m’a jamais rappelé hors du cube, je ne sais pas s’il a trouvé une immortalité moins… contraignante pourrait-on dire.
– Comment s’appelle-t-il ? Peut-être en entendrai-je parler.
– Il s’appelle RD. En tous cas, il se faisait appeler ainsi.
– RD, c’est étrange, remarqua Ethelle. Je prends note, sait-on jamais.
– Oh, je ne peux plus rester. »

Il disparut dans un nuage de fumée et réintégra son cube, comme [Bidulette] le faisait avec le camée. Ethelle récupéra le cube qui avait repris l’apparence d’une cassette. Elle rangea le tout dans la mallette de son père qu’elle dissimula de nouveau. Elle resta pensive un instant, se remémorant la conversation avec l’esprit de la boîte. Entre lui, [Truc] et [Bidulette], elle avait beaucoup de sujets de réflexion. Parmis tous ces sujets de réflexion, elle se demanda si Nicolas avait fini par digérer l’apparition de l’esprit de sa grand-mère décédée. Elle décida de quitter sa chambre pour se renseigner.

Ethelle ne trouva son hôte ni dans le salon de sa mère qu’il affectionnait particulièrement, ni dans la grande salle ni dans la bibliothèque. Elle jeta un coup d’oeil par toutes les fenêtres, mais ne l’aperçut pas non plus dans les jardins à présent dépouillés de toute verdure. Lorsqu’elle croisa Henry, elle lui demanda s’il savait où se trouvait le maître des lieux. « Monsieur Merryweather se morfond dans ses appartements, lui apprit-il. Il ne veut voir personne pour le moment. [Il me semble que j’ai un problème temporel, je me demande si j’ai pas oublié de faire passer la nuit]
– Je comprends, dit Ethelle. Sauriez-vous où je pourrais trouver [Truc] dans ce cas ? [si Henry sait que Truc s’appelle Truc]
– Oui, vous le trouverez sur la berge du lac. Du moins était-il là la dernière fois que je l’ai aperçu.
– Merci. »

La jeune femme s’empressa d’aller chercher son carnet et d’enfiler des vêtements chauds. En sortant dehors, elle frissonna. Une brise glacée se faufila dans son cou. Elle resserra son écharpe et se dirigea vers la plage privée des Merryweather. [Truc] se tenait au bord de l’eau, bras croisés, face à une créature du lac. A la grande surprise d’Ethelle, ils paraissaient absorbés dans une grande discussion, paisible qui plus est. Après un bref instant d’arrêt, la jeune femme s’approcha d’eux.

En la voyant arriver vers eux, la créature aquatique eut un mouvement de recul. [Truc] tourna la tête pour voir ce qui effrayait son inquiétante interlocutrice et l’apaisa en constatant qu’il s’agissait de la jeune femme rousse. Il adressa un sourire lumineux à Ethelle et, lorsqu’elle se trouva proche de lui, il la salua de manière hésitante : « Bonjour mademoiselle. Je suis heureux de vous voir, je vous présente… » Mademoiselle Morton ne comprit pas le mot qu’il prononça ensuite et aurait été bien incapable de le prononcer. Elle inclina la tête à l’intention de la créature, puis s’exclama :

« Mais ! Depuis quand parlez-vous ma langue ?
– Depuis peu, avoua [Truc]. Belisama s’est réveillée, c’est grâce à elle que je peux parler avec vous. Pas encore très bien parce que c’est un tour qui lui demande beaucoup d’énergie et il n’y a pas encore assez de magie dans laquelle puiser.
– Où est-elle ? s’enquit Ethelle en espérant qu’il ne parlait pas de l’hideuse créature aquatique.
– Elle a été recueillie par le peuple qui vit dans ce lac, elle est tout près. Si elle était plus loin, nous ne pourrions pas encore communiquer. Notre discussion a été édifiante et j’en suis content : nous ne nous étions pas quittés en très bons termes.
– Comment donc en pas très bons termes ? s’enquit curieusement la jeune femme rousse.
– Disons que nous étions engagés dans un combat à mort, déclara platement [Truc]. Pour des êtres comme nous, c’est très long et dévastateur.
– Pour quelle raison vous étiez-vous… hum… disputés ?
– Je n’ai pas très envie d’en parler à vrai dire. »

Ethelle hocha la tête et n’insista pas. « Quand pourrons-nous voir cette Belisama ? s’enquit-elle avec curiosité.
– Bientôt. Attendons. » [Truc] avait le regard distant, qui fixait de ses yeux violets un point au large du lac de Lancy. La jeune femme rousse n’osa rien ajouter et patienta près de lui. Elle se demandait comment il se faisait qu’il n’ait pas froid. Il n’avait revêtu aucun manteau et ne paraissait pas souffrir des températures glaciales.

Au bout de quelques minutes, Ethelle eut l’impression que l’eau au centre du lac se mettait à bouillonner. Pour cause, une troupe entière de créatures aquatiques crevaient la surface de l’eau, se mettant ensuite à nager en direction du domaine des Merryweather. La jeune femme rousse s’enjoignit à rester stoïque en les voyant foncer vers eux. C’est alors qu’elle aperçut que quelqu’un se tenait sur le dos de l’une de ces créatures. Lorsqu’elles s’approchèrent, Ethelle réalisa que ce quelqu’un était une femme et que, là où [Truc] avait les yeux violets et Chaahk verts, Belisama les avait dorés.

La femme qui chevauchait la créature lacustre leur fit un signe joyeux de la main. [Truc] émit un rire bref, pinçant les lèvres derechef dans une petite moue comme pour s’empêcher de pleurer, avant de répondre de même. Ethelle remarqua qu’il avait les larmes aux yeux. En arrivant, Belisama bondit sur la petite plage et se pendit au cou de [Truc], qui lui rendit tendrement son étreinte. Les deux riaient et pleuraient en même temps ; face à la puissance manifeste de leurs sentiments, Ethelle sentit des larmes lui piquer les yeux.

[vérifier si j’ai assez insisté sur la souffrance de Truc avant]

Se séparant, ils échangèrent quelques mots dans une langue qu’Ethelle ne comprenait pas. Elle n’était pas sûre qu’il s’agisse de la langue antique dont Simon Derrington lui avait appris quelques bribes. Sensible à l’émotion ambiante, la jeune femme rousse resta poliment en retrait. Elle remarqua que les créatures aquatiques faisaient de même, en produisant quant à elles des vocalises qui sonnaient étrangement à l’oreille d’Ethelle. Cette dernière commençait à s’habituer à l’apparence, selon elle repoussante, des habitants lacustres. Elle devait même admettre que leurs chants – s’il s’agissait bien de musique – étaient plutôt agréables.

« Je te présente mademoiselle Ethelle Morton, déclara [Truc] dans la langue de la jeune femme rousse.
– Enchantée, mademoiselle Morton, déclara Belisama presque sans accent.
– De même, répondit machinalement Ethelle.
– Je vous suis reconnaissante d’avoir pris soin de [Truc] pendant qu’il récupérait ses esprits.
– Pendant qu’il récupérait ses esprits ? répéta la jeune femme rousse. Avait-il perdu la tête ?
– Oh, non non, lui assura Belisama. C’est juste que lorsque nous revenons à la vie grâce à une quantité de magie suffisante, nous sommes un peu perdus. »

La femme aux yeux dorés s’interrompit ; les habitants du lac essayaient d’attirer son attention. Elle se tourna vers eux et discuta un petit moment dans leur langue qu’Ethelle trouvait aussi incompréhensible qu’imprononçable. Après leur échange, les créatures leur firent des signes et retournèrent s’engloutir dans les eaux lacustres. « Pardonnez-moi, lança Ethelle une fois qu’ils eurent disparu. Mais quelle est cette histoire de montagne dont [Truc] parlait lorsque nous l’avons trouvé ?
– Ah, la montagne, oui. » dit Belisama.

Les deux dieux échangèrent un regard entendu. « Cette montagne est l’endroit d’où l’on peut éradiquer la magie. »

 

Je ne sais pas combien de mots pour ces trois jours, mais je dirais un peu plus de 2000

NaNoWriMo 2018 : Arkhaiologia Tome 2, jour 21 et 22

Elle comprit très rapidement qu’il ne le ferait pas. Il lui expliqua qu’il n’avait encore que très peu de forces et qu’invoquer les esprits des morts lui demandait trop d’énergie. Après une hésitation, il ajouta qu’il le ferait avec plaisir une fois sa magie revenue. Ethelle ne put s’empêcher de se sentir un peu déçue ; elle avait tellement envie de voir son père ! De savoir qu’il existait une possibilité exacerbait ce sentiment.

Elle réprima un bâillement. Il commençait à se faire tard, elle prit donc congé et retourna dans sa chambre. A peine avait-elle refermé la porte, qu’elle sentit son pendentif émettre de la chaleur et [Bidulette] apparut face à elle. La jeune fille affichait une moue un peu boudeuse. « Quelque chose ne va pas ? s’enquit Ethelle qui n’avait pas l’habitude de la voir pas souriante. (y a des jours où mes phrases sont vraiment nulles)
– Oui, acquiesça [Bidulette]. Je suis très triste de constater que vous n’avez pas pensé à moi pour faire la traduction entre vous et ce mystérieux grand homme ténébreux.
– Oh ! s’exclama la jeune femme rousse. Je n’y avais même pas songé, je dois bien l’avouer. Je suis confuse.
– Haha ! Ce n’est rien ! Je ne comprenais pas sa langue de toutes façons, elle ne ressemblait à rien de ce que j’ai déjà entendu. »

[Bidulette] paraissait fière d’elle et se trouvait très drôle. Elle gloussait doucement en tournant sur elle-même. Cela fit cependant réfléchir Ethelle. Si l’esprit du pendentif ne connaissait pas la langue que parlait [Truc], cela voulait certainement dire que celui-ci était beaucoup plus âgé qu’elle. Ou alors, qu’elle était beaucoup plus âgée que lui. Peu importait globalement, mais ça l’intriguait de savoir.

Ethelle se désintéressa de ses hypothèses qu’elle pensait invérifiables pour extirper la mallette de son père de sa cachette. Elle caressa pensivement le cuir avant de sortir la boîte et les papiers. Tout en pianotant machinalement sur le mystérieux écrin, la jeune femme rousse examina avec attention les dossiers et papiers de l’attaché-case. Elle se disait que, caché au milieu des dossiers et papiers, se trouvaient peut-être des indices concernant la boîte.

Après avoir attentivement lu les quelques dossiers en sa possession, elle estima qu’il s’agissait seulement d’affaires courantes liées au conseil municipal d’Eastlond. Elle garda néanmoins de côté le dossier qui concernait des incidents au niveau de la Conquise près des entrepôts des Modernités. [détailler les papiers qu’elle étudie ensuite et trouver des indices sur comment ouvrir la boîte, avec l’aide de Bidulette]
[décrire comment elle arrive à ouvrir la boîte]

Une multitude de petits cliquetis retentirent, comme si autant de minuscules mécanismes se mettaient en branle, puis le couvercle s’entrouvrit dans un bref sursaut. De la brume colorée s’échappa de l’écrin, pour former un homme d’âge moyen, aux cheveux sombres coupés courts qui contrastaient avec sa peau pâle, portant d’étranges lunettes aux verres rectangulaires ainsi que des vêtements tous aussi hors du commun. Ces derniers ne furent pas sans rappeler à Ethelle les habits que portaient les étudiants dans les réminiscences fantomatiques qu’elle avait vues dans la bibliothèque.

« Hum, bonjour, la salua l’esprit de la boîte en remontant les lunettes sur son nez.
– Bonjour, lui retourna poliment la jeune femme rousse. Je suis Ethelle et c’est moi qui vous ai appelé hors de la boîte.
– Je vous remercie, c’est ennuyeux là-dedans à force. Je commence à avoir un peu assez de faire des mathématiques théoriques tout seul sans pouvoir en parler.
– Et moi je suis [Bidulette], les interrompit cette dernière qui ne voulait pas se trouver en reste.
– Enchanté, moi c’est Julien. [Ce qui est un vrai prénom, contrairement à ce que me répétait une vieille grand’tante gâteuse]
– Connaissiez-vous mon père, Charles Morton ? s’enquit impatiemment Ethelle.
– Oh non… déplora [Bidulette] qui s’évanouit en fumée pour réintégrer le pendentif.
– Oh, euh oui, répondit Julien.

 

Environ 650 mots je crois, j’écris de moins en moins par jour x)

NaNoWriMo 2018 : Arkhaiologia Tome 2, jour 20

– Nicolas ? » l’interpella Ethelle, mais le jeune homme blond quitta la pièce sans lui accorder la moindre attention.

La jeune femme ne savait que faire. Les domestiques avaient emmené leur camarade inconscient, [Truc] serrait les poings sur la nappe et Henry paraissait attendre ses instructions. Elle ne savait pas quoi lui ordonner ; elle aussi avait perdu l’appétit, mais elle ne pensait pas qu’il était convenable d’abandonner leur invité à sa solitude au beau milieu d’un repas. Ethelle se leva. « Vous pouvez faire débarrasser, Henry, déclara-t-elle en se dirigeant vers [Truc]. Je pense que tout le monde a perdu l’appétit. »

Alors que le majordome inclinait brièvement la tête, la jeune femme rousse posa une main sur l’épaule du dieu. Il leva ses yeux violets vers elle et elle lui fit signe de la suivre. Son humeur était toujours sombre mais il lui emboîta néanmoins le pas. Mademoiselle Morton demanda à une servante de trouver un manteau chaud pour son invité et elle fit de même. La nuit étant tombée, elle requit également une lanterne. Lorsqu’on la lui donna, elle sourit par devers elle, s’imaginant retourner dans la bibliothèque de Simon Derrington. Secouant la tête, elle sortit, suivie par [Truc] qui se laissait guider sans rien dire.

« Il fait froid, mais cela nous aèrera l’esprit, déclara Ethelle. Nous ne resterons pas dehors très longtemps de toutes façons. » L’homme aux yeux violets la suivait sans mot dire. La jeune femme savait qu’il ne comprenait pas un mot de ce qu’elle disait, mais elle était gênée de laisser le silence s’installer entre eux. « Je me pose beaucoup de questions vis à vis de vous, continua-t-elle. Par exemple, je me demande comment l’esprit de la grand-mère de Nicolas – car c’était bien un fantôme, n’est ce pas ? – vous comprenait alors que nous ne parlons pas la même langue. Je suis persuadée que le professeur Derrington vous trouverait fascinant. »

Elle s’arrêta près d’un banc en fer forgé peint en blanc et tapota la place à côté d’elle pour enjoindre [Truc] à faire de même. Il s’assit, l’esprit visiblement préoccupé. « Vous me rappelez l’homme qui est venu l’autre jour, avec Simon, Clay et Tina. Il avait des yeux verts aussi éclatants que les vôtres. Est-ce une caractéristique des personnes qui vivaient à votre époque ? » L’homme saisit l’intonation interrogative et la regarda d’un air désolé en haussant les épaules. « Il s’appelait Chaahk. » poursuivit Ethelle.

Pour la première fois, une lueur illumina le regard de [Truc]. « Chaahk ? répéta-t-il d’une voix profonde.
– Oui, acquiesça la jeune femme en souriant. J’arrive enfin à avoir votre attention ! » Elle sortit son carnet d’un revers de son manteau et en approcha la lanterne. « Bien, essayons de voir si nous pouvons communiquer maintenant. »

Elle tenta plusieurs mots et avec plusieurs prononciations. [Truc] l’écoutait, la mine concentrée. Il tenta plusieurs mots lui aussi, mais ils avaient encore beaucoup de mal à trouver une façon sûre de se comprendre l’un l’autre. L’homme finit par s’emparer du carnet d’Ethelle et l’examina attentivement. Puis, il hocha la tête et désigna des mots écrits. Cela faisait des phrases sommaires, mais la jeune femme sourit, ravie de pouvoir enfin communiquer avec lui.

Elle frissonna ; la brise nocturne était glaciale. [Truc] la considéra un instant, puis fit quelques brefs mouvements de mains. Ethelle ne ressentit soudainement plus le vent et lança un regard interrogateur à l’homme à côté d’elle. Il lui sourit – le premier sourire qu’elle voyait se dessiner sur son visage – et lui désigna quelques mots de son carnet. Elle comprit qu’il avait ordonné à la brise de passer à côté d’eux. La jeune femme était impressionnée. Jusqu’ici elle n’avait porté que peu de foi à cette appellation de dieu. Elle décida qu’il devait au moins être un véritable magicien.

Même si le vent ne la frigorifiait plus, la température de la nuit restait très basse et ils retournèrent au manoir, le cœur un peu plus léger que lorsqu’ils l’avaient quitté. Installés dans la salle à manger, devant la cheminée où crépitaient toujours de longues flammes claires, une idée traversa l’esprit d’Ethelle en repensant au fantôme de madame Jocelyn Merryweather. « [Truc], déclara-t-elle. Pourriez-vous convoquer l’esprit de mon père ? J’ai des choses importantes à lui demander et… à lui dire, aussi. » Alors que l’homme lui lançait un regard aussi violet qu’interrogateur, elle ravala la boule qui s’était formée dans sa gorge et désigna quelques mots dans son carnet, espérant ardemment qu’elle réussirait à se faire comprendre.

[Truc] la considéra gravement. Ethelle se demanda brièvement combien de centaines de fois il avait dû entendre cette requête. Son cœur battait à tout rompre alors qu’il feuilletait le carnet.

 

776 mots pour aujourd’hui, ça y est j’ai de nouveau du retard

NaNoWriMo 2018 : Arkhaiologia Tome 2, jour 19

(changement de chapitre)

Lors du dîner, l’inconnu afficha une mine abattue. Jusqu’à la fin du plat principal, il ne réagit ni aux tentatives de communication de Nicolas ni à ceux d’Ethelle. La tête dans son assiette, il n’en picora qu’un peu et passa le plus clair de son temps à se morfondre. Plusieurs fois, les deux jeunes gens échangèrent des regards impuissants : comment réconforter quelqu’un à qui l’on ne pouvait pas parler ?

Soudain, l’atmosphère autour de l’homme se fit plus sombre et froide. Ethelle et Nicolas eurent l’impression qu’une fine brume émanait de lui et recouvrait le sol de la grande salle à manger. Son regard s’était fait très dur, comme s’il était en pleine concentration. Un souffle se fit entendre et une forme apparut à côté de l’inconnu. Le domestique qui s’apprêtait à débarrasser les assiettes poussa un bref cri d’effroi avant de s’évanouir. Effrayés, les deux jeunes gens se figèrent en voyant que la forme était une vieille femme aux cheveux immaculés enserrés dans une coiffure compliquée, d’une pâleur mortelle et vêtue d’une robe qui avait dû être à la mode une trentaine d’années auparavant.

« Nicolas, mon petit, tu as bien grandi ! se réjouit la dame âgée.
– B… bonne maman Jocelyn ? s’ébahit le jeune Merryweather les yeux se remplissant de larmes.
– Je crains de n’être plus qu’un souvenir, déclara Jocelyn Merryweather en jetant un coup d’œil à l’inconnu concentré qui murmurait rapidement entre ses dents. J’ai été appelée par ce monsieur.
– Pourquoi ? demanda son petit fils qui faisait beaucoup d’efforts pour s’empêcher de pleurer.
– Il n’arrivait pas à vous parler, il m’a donc réveillée afin que je lui serve de porte-parole. Il s’appelle [Truc], dieu des morts et du temps et… Bah, il est bien pompeux cet homme là je trouve ! Peu importe ce qu’il dit qu’il est. Il a un message pour vous : il voudrait retrouver une certaine Belisama. Je ne sais pas si c’est pour s’excuser ou si c’est pour l’achever, ce n’est pas très clair. Il semblerait qu’ils aient une relation complexe ces deux là ! Et, aussi, il exige que vous passiez le message au monde qu’il fera tomber la foudre sur quiconque s’approchera de la montagne… la montagne mangeuse de magie ? Je n’ai jamais entendu parler d’une telle montagne. Mais il a l’air très sûr de lui. Et en colère, aussi. Prend garde mon petit. »

Sur ces mots, elle disparut et, en même temps que la brume se dispersait, Ethelle et Nicolas réalisèrent que [Truc] avait perdu connaissance, la tête posée sur son bras à côté de son assiette. Il se réveilla, papillonnant des paupières, alors qu’Henry et deux autres domestiques faisaient irruption pour voir ce qui était à l’origine du cri qu’ils avaient entendu. Les deux domestiques relevèrent leur camarade qui s’était évanoui et Henry s’enquit auprès de son maître si tout allait bien, avec son flegme habituel. Nicolas ne répondit pas tout de suite. Ethelle supposa qu’il ne devait pas être certain de la réponse à donner.

« Je pense que tout va bien, oui, finit par dire le jeune Merryweather encore sous le choc de la discussion avec sa défunte grand-mère. En revanche, je n’ai plus faim. Je vais me retirer.

 

542 glorieux mots pour aujourd’hui.

NaNoWriMo 2018 : Arkhaiologia Tome 2, jour 18

J’espère que ma lettre vous trouvera en bonne santé après avoir fait un bon voyage. Les créatures magiques pullulent tellement à présent que je crains qu’elle ne perturbent le bon fonctionnement des trains en créant des accidents. Nous concernant, nous n’avons pas vécu d’autres épisodes aussi effrayants que celui des créatures sorties du lac. J’espère que nous continuerons à être tranquilles de ce côté là et que vous aussi.

J’ai beaucoup songé à ce que vous m’avez raconté concernant les secrets de mon père, mais j’aimerais en savoir plus encore. Vous m’avez certainement rapporté tout ce qui vous semblait utile. Si vous le pouvez, j’apprécierais que vous me racontiez tout ce qui vous passe par la tête concernant ce secret. Je suis convaincue que le moindre détail peut s’avérer important dans cette affaire. Si je veux pouvoir retrouver et utiliser ce secret, j’ai besoin d’en connaître le plus possible à ce sujet.

Je vous remercie par avance de tout ce que vous pourrez me dire à ce sujet et vous assure de l’expression de mes sentiments les plus amicaux,

Ethelle Morton. »

 

La jeune femme sécha l’encre en tamponnant délicatement sa lettre avec du papier buvard, puis la relut. Elle la trouva courte, mais estima que cette amorce de conversation suffirait ; elle aurait tout le temps de s’épancher plus avant lors des prochains échanges épistoliers. Ethelle s’empara d’une enveloppe dans laquelle elle glissa sa lettre et la cacheta, écrivant ensuite soigneusement l’adresse de la famille [Machintruc], puis sortit de sa chambre et pria le premier domestique croisé de poster son courrier.

En essayant de retourner dans le petit salon où se tenait précédemment Nicolas, Ethelle manqua de percuter madame Cartridge au détour d’un couloir. « Pardonnez-moi ! s’excusa prestement la jeune femme rousse.
– Vous n’auriez pas à vous excuser si vous n’étiez pas en train de courir de manière inconvenante dans les couloirs, lui reprocha madame Cartridge toujours très collet monté. Vous n’êtes plus une enfant il me semble. »

Ethelle rougit de colère. Comment cette vieille pie osait-elle l’insulter de la sorte ? Elle réitéra ses excuses, sur un ton plus froid et emboîta le pas à madame Cartridge qui avait décidé qu’elle était trop pressée et de passer outre. Les deux femmes se dirigèrent de concert jusqu’à la chambre de l’inconnu. Nicolas, qui attendait madame Cartridge, adressa un sourire à Ethelle et fit signe à Henry d’ouvrir la porte. En pénétrant dans la pièce, madame Cartridge se retourna vers mademoiselle Morton et les deux hommes pour leur intimer de rester dehors, afin de la laisser seule avec son patient.

Les trois obtempérèrent. Ethelle et Nicolas patientèrent à l’extérieur, tandis qu’Henry retournait à ses tâches de majordome. « J’espère que ce n’est pas trop grave, déclara la jeune femme rousse.
– Je pense qu’il a surtout des soucis dans sa tête, soupira Nicolas. Je doute que madame Cartridge puisse y faire grand chose.
– Nous verrons bien. »

De longues minutes plus tard, madame Cartridge sortit de la pièce en rajustant ses lunettes. « Votre invité est particulièrement épuisé, expliqua-t-elle. Je ne sais pas quelle prouesse il a bien pu accomplir, mais il est à bout de forces. Néanmoins il a l’air de se remettre de minute en minute. Je n’ai donc que du repos à lui prescrire.
– Et… c’est tout ? s’étonna Nicolas.
– C’est tout. A présent, si vous voulez bien m’excuser, j’ai encore d’autres patients à voir. »

Nicolas la remercia et la régla avant qu’elle ne s’en aille. Comme elle avait prescrit du repos, ils quittèrent l’endroit et allèrent vaquer à d’autres occupations. Le jeune Merryweather assura Ethelle qu’il s’arrangerait pour que leur invité dîne avec eux, sous réserve qu’il soit assez en forme. La jeune femme espéra que ce serait le cas. Elle passa le reste de sa journée à parcourir ses notes et à ajouter ce dont elle se souvenait de la langue antique dans son petit carnet. Elle comptait l’utiliser pour essayer de communiquer avec l’inconnu.

 

(changement de chapitre)

 

Après quelques temps à chercher des indices concernant une possible apparition d’Amaterasu, Valentin soupira. Il ne savait pas vraiment comment amorcer efficacement ces recherches. Pourtant, il était plutôt doué dans le domaine. Il lâcha : « Ce qui est beau avec Internet, c’est qu’on trouve de tout. Après, l’inconvénient avec Internet, c’est qu’on trouve de tout aussi.
– Je te fais confiance, lui assura Asklepios. Ton amie et toi êtes des personnes généreuses et curieuses. Nous avons beaucoup de chance de vous avoir rencontrés.
– Oh, merci. »

Valentin ne s’attendait pas à recevoir un compliment ; il sourit à son interlocuteur d’un air gêné. Asklepios lui rendit un sourire apaisant. Il avait une physionomie qui mettait le jeune homme en confiance. « Qu’est ce que c’est ? S’enquit le médecin en voyant une fenêtre d’information apparaître sur un coin de l’écran.
– Oh, ça, ce sont les infos. Je suppose qu’une des personnes qui utilise ce poste aime bien rester au courant de ce qu’il se passe dans le monde. Ah mais c’est l’éruption d’un volcan ! »

Curieux, le jeune homme ouvrit la fenêtre en grand, pour lire rapidement l’article. « Waw… Émit-il. Un nouveau volcan vient d’apparaître dans le Pacifique… C’est impressionnant !
– Vraiment ?
– Euh… Oui, les volcans m’impressionnent, avoua Valentin.
– Je te comprends, les éruptions sont un spectacle cataclysmique, c’est très beau. Où se trouve le Pacifique ? »

Pour lui répondre, le jeune homme chercha une carte du monde à montrer. Malheureusement, la classique carte n’évoquait pas grand chose à Asklepios. Il n’arrivait pas à reconnaître le tracé et avait eu peu d’occasions de voir des cartes auparavant. « Tant pis, ce n’est pas important, balaya Valentin.
– J’aimerais beaucoup savoir, insista plaisamment le médecin.
– Hum, bon… » Après un moment de réflexion, le jeune homme lui montra un globe holographique et lui expliqua où ils se trouvaient eux et où se trouvait la zone volcanique. Asklepios se gratta pensivement la tête en étudiant le globe.

« Ceci, est-ce bien la route de la soie ? s’enquit-il finalement.
– Oui, c’est bien ça, acquiesça Valentin.
– Je vois mieux maintenant ! se réjouit le médecin. D’après la description des lieux, Belisama m’informe qu’il est possible que ce soit une région où s’étaient rendus deux d’entre nous.
– Et tu as déduit ça grâce au volcan… Parce que ?
– Parce que les deux qui sont partis là-bas sont de sacrés lurons. Et que l’un maîtrise la terre et l’autre le feu.
– Non… C’est pas possible ! s’exclama Valentin. Tu penses que l’éruption vient d’eux ?
– Ça leur ressemblerait bien, ce sont de vrais plaisantins.
– Mais les volcans ne sont pas des plaisanteries, s’offusqua le jeune homme effaré. C’est très dangereux !
– Ne t’inquiète pas, le rassura Asklepios. Notre but n’est pas de blesser les populations. Ils ont toujours été très porté sur les blagues mais ils ne feraient de mal à personne. »

Valentin n’était pas très sûr d’apprécier l’humour de la création d’un volcan. Il tenta de relativiser en se disant qu’il n’était pas à même de réfléchir comme des personnes aussi puissantes. Il se disait qu’il fallait disposer de très grands pouvoirs pour créer un volcan sur un coup de tête. Une question se mit à lui tarauder l’esprit : « Comment s’appellent-ils ?
– Chaahk et [Bidule]. »

Le jeune homme n’était pas calé dans toutes les mythologies du monde, mais il se promit de faire des recherches sur ces deux-là. Il était sûr d’avoir entendu parler d’au moins l’un des deux. En attendant que l’ordinateur termine la recherche demandée, ils épluchèrent les premières suggestions. Malheureusement, rien de sérieux dans les évènements mondiaux ne rapportait la découverte de personnes hors du commun qui parleraient des langues inconnues. « J’espère qu’ils n’ont pas eu le problème de mémoire comme Déa, s’inquiéta Asklepios. Sinon nous mettrons beaucoup plus de temps à les retrouver. » Il s’interrompit un instant, penchant la tête sur le côté. « Déa nous appelle. »

Au moins, elle ne paraissait plus envahir ses pensées à lui, songeait Valentin alors qu’ils se levaient pour se rendre dans l’annexe. Les deux femmes, qui avaient réceptionné le dragon un peu avant, l’avaient laissé sortir de sa cage. Béatrice en avait profité pour mettre en route une partie du matériel et avait convaincu Déa d’installer quelques capteurs sur l’animal. Elles le contemplaient à présent voler dans l’annexe aux hauts plafonds et Béatrice prenait des mesures tandis que la femme aux yeux dorés fixait le dragon d’un air attendri. Valentin était certain que son amie comptait étudier le dragon le plus possible.

« C’est prudent de le laisser faire ce qu’il veut ?
– Oh, ne t’en fais pas pour ça, répondit Béatrice tout en restant concentrée sur son ordinateur. Déa a dit qu’elle pouvait le convaincre de ne pas faire de bêtises, alors je me suis dit que c’était une occasion idéale ! En plus, comme elle peut discuter avec lui, j’ai déjà tout un tas d’informations sur les jeunes dragons à peine sortis du nid : je sais ce qu’ils mangent, je sais combien de temps ils ont besoin de dormir, et plein d’autres choses. » Elle quitta l’écran qu’elle couvait des yeux pour tourner la tête vers son ami et reprit, toute excitée :

« Tu savais que les dragons avaient une mémoire génétique ? De ce que je sais, je suis actuellement la seule spécialiste sur les dragons au monde : c’est trop bien !
– Tu sais que ça ne va pas durer ? temporisa Valentin avec un sourire. Je suppose que s’il y a un dragon, il y en aura plein d’autres d’ici peu.
– Ha-HA ! Triompha Béatrice avec un sourire jusqu’aux oreilles. Et à qui crois-tu qu’ils vont les amener, tous ces dragons ? Heureusement que l’annexe est terminée, je ne sais pas ce que j’en aurais fait sinon… En tous cas, Massamba et Pommier vont être surpris en revenant. Je veux rassembler le plus d’informations possible sur ces animaux-là avant leur retour. Oh, et ne t’inquiète pas, je te filerai mes notes et on en discutera looonguement tous les deux. »

Vaincu par tant d’enthousiasme, Valentin acquiesça avec un franc sourire. Il remarqua alors qu’Asklepios et Belisama avaient entamé un dialogue, dans ce qu’il supposait être leur langue d’origine. « Pourquoi vous ne parlez pas par télépathie ? leur demanda-t-il.
– Parfois nous préférons parler à haute-voix, lui répondit simplement Déa. Je ne me l’explique pas, d’autant que la conversation est plus rapide et claire dans nos têtes, mais c’est ainsi. » Elle se tut un instant. « J’ai commencé à apprendre quelques mots de votre langue à Ouranos.
– Ouranos ?
– Le dragonnet, expliqua-t-elle. Je trouvais que ça lui allait bien. »

Ils contemplèrent l’animal évoluer dans les airs. Il était un peu gauche, comme tous les jeunes, et il lui arrivait de mal négocier certains virages. « Pourquoi tu lui apprends notre langue ? s’enquit ensuite Valentin qui avait l’impression de ne poser que des questions depuis la veille.
– Pour qu’il puisse vous comprendre ton amie et toi, si jamais nous sommes séparés. Quelque chose me dit que ça sera plus simple pour votre travail s’il comprend ce que vous dites.
– Je pensais que tu voudrais le garder avec toi.
– Peut-être, nous verrons bien. » Conclut Déa.

Le dragonnet atterrit en glissant sur le sol près de la femme aux yeux dorés et lui réclama des caresses. Celle-ci s’exécuta avec plaisir et reprit : « Tant que nous n’avons pas de nouvelles d’Amaterasu notre voyageuse rapide, j’aimerais savoir s’il y aurait un moyen de nous rendre vers ce volcan dans le Pacifique.
– Oulà non, s’exclama Valentin. Enfin, il y a des moyens, mais pas à notre portée. Et même si on pouvait, ça resterait long d’aller là-bas.
– Oh, commenta Belisama avec une moue déçue. J’espérais que votre technologie pouvait tout faire. Même de nos jours, il y a toujours des limitations, n’est ce pas ?
– De moins en moins, répartit Valentin. Mais toujours, oui.
– Tu vois, Askel, lança-t-elle à son compagnon avec un fin sourire. Après tout, nous ne sommes peut-être pas si obsolètes que cela. »

Son sourire s’effaça au profit d’une mine concentrée. Elle cracha un mot que Valentin ne comprit pas mais que, d’après le ton frustré, il estima être un juron. « Un problème ? s’enquit-il.
– Ils sont trop loin pour que j’arrive à les atteindre, déplora la femme aux yeux dorés. J’espère qu’ils ne feront pas trop de bêtises en attendant. Si ce sont bien eux à l’origine de ce volcan, bien entendu.
– Je suis confiant à ce propos. » Intervint calmement Asklepios.

Valentin ne savait pas quoi répondre à ça et il retourna vers Béatrice, qui était totalement transportée par tout ce qu’elle apprenait sur le dragon. La conversation entre les quatre tourna ensuite surtout autour de ces animaux. Les deux mages fournirent quelques informations supplémentaires sur ce qu’ils savaient des dragons adultes. « Tu es seule à travailler dans ce grand bâtiment ? S’enquit Déa auprès de Béatrice.
– Oh non, nous sommes plusieurs, expliqua celle-ci. Mais nous sommes samedi. Et, le samedi, personne ne travaille.
– Sauf toi, pointa la femme aux yeux dorés d’un ton malicieux.
– Oui, mais c’est une situation exceptionnelle !
– J’en ai l’impression, commenta Belisama. Où en sont les recherches ? » Continua-t-elle en se tournant vers Valentin.

« Je pense qu’elles sont terminées, estima celui-ci. Allons voir ; il va falloir trier. » Curieux, ils se rendirent tous dans le bâtiment principal, suivis par le jeune dragon qui ne voulait pas quitter la femme aux yeux dorés. Béatrice accepta que le jeune animal les accompagne à la condition que Déa s’assure qu’il ne fasse pas de bêtises. Valentin leur attribua des postes à tous et répartit les résultats de recherche. Ils s’installèrent tous et le jeune homme leur conseilla de garder le moindre article qui leur laisserait le moindre doute.

« Comment ils vont réussir à lire tout ça ? interrogea Béatrice.
– Je peux lire n’importe quelle langue, en plus de la parler, leur assura Déa. Cela ne me prend que quelques secondes à intégrer. Un peu plus si je ne connais pas l’alphabet.
– Oh tant mieux, se réjouit Valentin. J’avais prévu le mode aveugle pour eux, avec des écouteurs.
– Je n’en aurai pas besoin, mais Askel si j’en ai peur, reprit la femme aux yeux dorés. Je suis désolée, mais dans mon état ce sera plus simple de traduire ce qu’il entend que ce qu’il voit. J’essaie de chercher les autres en même temps et cela me demande beaucoup d’énergie.
– Tu n’as pas besoin de te justifier, la rassura Béatrice. Valentin avait tout prévu de toutes façons. Si tu préfères les écouteurs, n’hésite pas à lui dire.
– Ça ira, chantonna Belisama avec un grand sourire. Je suis impatiente de voir les styles d’écriture de toutes façons. »

Ils se mirent au travail sans tarder. Cela leur prit beaucoup de temps et, lorsque midi fut passé, Béatrice proposa de commander à manger. Après le repas, ils pourraient faire un point sur ce qu’ils avaient trouvé. « Je peux nous fournir de quoi nous nourrir, suggéra Déa. Comme les autres fois.
– À vrai dire, si ça ne dérange personne, j’aimerais beaucoup goûter à la nourriture de ce temps. » Comme toujours, Asklepios était intervenu de sa voix profonde et de son ton poli. La femme aux yeux dorés le considéra avec surprise. Puis, avec un sourire, elle acquiesça. « C’est une bonne idée, approuva-t-elle. Après tout, nous allons devoir vivre… maintenant, n’est ce pas ? »

Concernant leurs recherches, tous étaient tombés sur beaucoup d’histoires insolites, mais aucune ne pouvait être considérée comme une piste certaine sur l’un des membres manquant de leur petit groupe de mages. Le tri avaient été fortement ralenti pour Belisama et Asklepios, car ils avaient étudié les articles beaucoup plus en profondeur, émerveillés par toutes les nouveautés du monde d’aujourd’hui. La femme aux yeux dorés avaient même trouvé le moyen de naviguer elle-même sur Internet et en avait profité pour naviguer, faisant partager ses découvertes par télépathie à son compagnon.

Béatrice s’était mise à pianoter à toute vitesse sur son téléphone, pour assurer Massamba que tout allait bien se passer. Elle espérait ainsi arrêter le flot ininterrompu de son tuteur bavard et généreux en recommandations. « Qui c’est qui te harcèle comme ça ? s’enquit Valentin.
– C’est Massamba. Enfin, j’ai eu un message de Pommier et bientôt quinze de Massamba.
– On dirait qu’il est aussi enthousiaste que toi, plaisanta le jeune homme.
– Voire même encore plus ! renchérit Béatrice. Et encore, je ne lui ai pas dit que j’ai déjà commencé à étudier un dragon. »

 

(Ces passage là, je sais pas si je les laisse ou pas :

Pendant ce temps, dans une jungle en plein cœur de l’Afrique, une jeune femme reposait entièrement nue sur un lit de pétales de cerisiers. Elle se réveilla en sursaut, repoussa ses mèches noires et lisses qui encombraient son visage et grimaça au souvenir de l’intense douleur qu’elle avait subie en guérissant. Qu’est ce qui avait bien pu la blesser à ce point ? Était-ce ce voile noir qui avait eu l’air de recouvrir l’horizon tout entier ? Combien de temps avait-elle dormi ? Et combien de temps son esprit allait-il rester brumeux ? Elle prit sa tête entre ses deux mains, plissant ses yeux en amande. Que de questions ; elle se sentait aussi confuse que ses souvenirs.

La jeune femme se leva. Une autre question lui traversa l’esprit : d’où venaient ces pétales roses sur lesquels elle était couchée à l’instant ? Elle scruta les alentours du regard. Cet environnement lui paraissait presque étranger, comme si elle n’avait pas l’habitude de se trouver dans un tel endroit, et percevait sa présence comme saugrenue en ce lieu. Elle toucha pensivement les grandes feuilles alentours. Celles-ci, comme répondant à son appel silencieux, se penchèrent vers elle, la caressant doucement, presque avec tendresse.

La jeune femme demanda aux plantes alentours si elle pouvait leur prendre quelques feuilles pour se vêtir. Sa requête fut acceptée et des morceaux entiers de végétation tombèrent d’eux-mêmes autour d’elle. Pour remercier la généreuse flore de ces lieux, elle posa ses mains sur les plantes. Une lumière rouge nimba son corps et les végétaux s’étant montrés généreux virent leurs feuilles manquantes repousser. Grâce aux abondantes feuilles immenses qu’elle avait à sa disposition, la jeune femme se confectionna un kimono végétal.

Sa confusion se dissipait peu à peu, elle le sentait. Une certitude s’imposa : elle devait retrouver les autres. C’était important. La jeune femme s’auréola de lumière et sourit. Elle se souvenait enfin qu’elle était Amaterasu.

 

Au même moment, deux énergumènes profitaient du soleil sur le sable fin d’un îlot dangereusement proche d’un volcan. « Hé, Chaahk, tu crois que ça suffira à les alerter ? S’enquit l’un des deux d’une langue que plus personne n’avait entendu parler depuis longtemps.
– Je ne sais pas trop [Bidule], répondit l’autre d’un air dubitatif. C’est bruyant, c’est sûr, mais est ce que ça les atteindra ? Rien n’est moins sûr.
– Normalement Askel devrait entendre, supposa le premier avec entrain.
– Sauf s’il ne s’est pas encore éveillé, temporisa le second. C’est un paramètre à prendre en compte.
– Rha tu es trop sérieux ! »

[Bidule] se leva et commença un véritable échauffement, faisant rouler ses muscles fins sous sa peau. Très vite, il se lança dans des acrobaties de plus en plus impressionnantes. Il n’était pas très grand, mais disposait d’une excellente détente. « Et toi, tu ne tiens pas en place. » rétorqua Chaahk. Celui-ci était beaucoup plus grand et costaud que son agile compagnon.

Il se nimba de vert et fit un petit geste vers le haut. Un poisson sortit de l’eau, frétillant furieusement, et se dirigea vers la main de l’homme, visiblement contre son gré. Le grand Chaahk répéta l’opération, avec plusieurs poissons cette fois. « Tiens, j’ai pêché le repas, tu t’en occupes ? lança-t-il à [Bidule] qui continuait de s’activer tout seul sur la plage.
– D’accord. Tu pourrais pas nous apporter du fromage aussi ?
– Je crains que non. Je n’en vois pas à portée.
– C’est nul, se plaignit [Bidule]. Vivement que nous retrouvions le chef.
– Pour pouvoir avoir du fromage ?
– Oui. »

Ce disant, le petit homme commença à s’occuper des poissons grâce à un bout de bois qu’il avait effilé. Pendant qu’il œuvrait, le plus grand commença à son tour une série d’exercices. Ils demandaient moins d’agilité mais plus de puissance. « Tu es sûr que tu ne veux pas m’envoyer valser sur le continent ? S’enquit [Bidule]. Il est dans cette direction. » Précisa-t-il en montrant l’est d’un petit signe négligeant. Chaahk secoua la tête en souriant par devers lui. Son ami était aussi petit que déterminé. Quand il avait quelque chose en tête, c’était très difficile de l’en détacher.

« Je n’ai pas encore récupéré toute ma force, expliqua une nouvelle fois le plus grand. Tu ne ferais pas trop ton malin de rester au milieu de l’océan.
– Je nagerai la fin du voyage, argumenta [Bidule]. Comme je vais vite, ça devrait suffire.
– J’en doute. Et puis, qu’irais-tu faire sur ce continent ? De ce que nous savons, il n’y a personne d’entre nous et ce ne sont pas les populations locales qui pourront nous être d’une grande aide.
– Peut-être que c’est nous qui pourrons les aider, suggéra innocemment le plus petit qui plantait les poissons évidés et écaillés sur des pics en vue de les faire cuire.
– Mmmh… » Grommela Chaahk en arrêtant de s’exercer. Il vint s’asseoir à côté de son ami qui préparait un petit foyer et reprit :

« Je ne voulais pas t’inquiéter, mais je suppose que tu n’as pas regardé les étoiles cette nuit ?
– J’ai vu qu’il y en avait, mais je n’y ai pas prêté attention plus que ça, j’étais trop faible et je me suis endormi tout de suite.
– Les étoiles ne sont pas là où elles étaient avant l’épisode du voile noir, expliqua sombrement Chaahk. C’est perturbant. Je préfère ne pas t’envoyer n’importe où avant que nous soyons certains de la situation.
– Je vois… Commença [Bidule] en allumant un petit feu d’un claquement de doigts et en disposant les poissons pour la cuisson. Ou alors, tu pourrais m’envoyer là-bas quand même et comme ça nous pourrions peut-être être fixés. »

Le plus grand hocha négativement la tête. Il ne voulait pas tenter quoique ce soit d’inconsidéré. Il savait que si la situation s’éternisaient, ils devraient agir. La question étant : quand devaient-ils considérer que la situation s’éternisait ? C’était une question difficile. « Les autres ne doivent pas avoir récupéré la totalité de leur puissance non plus, déclara-t-il finalement. Il n’y a pas assez de magie ; ça me chiffonne ça aussi.
– Je pense que c’est ce voile noir qui a volé toute la magie, déclara [Bidule] en s’emparant de deux bouts de bois ressemblant à des baguettes afin de tourner les poissons. Quand il est passé sur nous, c’est ce que j’ai senti.
– Étant donné qu’il couvrait tout l’horizon et que nous n’avons pas de nouvelles des autres, je suppose que le monde entier a été touché et eux aussi.
– Tu es pessimiste. Mange du poisson, ça ira mieux après. »

Chaahk obtempéra ; il avait faim. Il mordit dans la chair et soupira d’aise. Le poisson n’était pas totalement cuit, mais il n’en avait cure. L’homme appréciait tout autant le poisson cru. « Je pense plutôt que je suis réaliste, en fait, reprit Chaahk. Maintenant, la question à se poser, c’est : si le voile noir a absorbé toute la magie du monde, combien de temps a-t-il fallu au monde pour la régénérer ?
– Hum, marmonna [Bidule], très longtemps à mon avis. Surtout qu’elle n’est pas toujours pas au niveau où nous l’avons connue. »

Sur la plage de sable fin, dévorant leurs poissons, les deux amis méditaient à propos de leur situation. Ils s’ennuyèrent assez rapidement sur leur île après leur repas. Heureusement, ils étaient créatifs et improvisèrent rapidement des occupations, qui consistèrent principalement en des duels, tant intellectuels que physiques. Ils alternèrent entre des jeux de stratégie improvisés comme les échecs et des affrontements armés de bâtons. Les morceaux de bois ne tinrent pas longtemps et ils passèrent rapidement à l’entraînement à mains nues.

Ils s’interrompirent dans leurs exercices en entendant un bruit lointain. Aucun des deux n’avait jamais entendu un bruit pareil, ni jamais vu d’hélicoptère comme celui qui s’approchait de leur île, provenant d’un endroit soigneusement éloigné du volcan en éruption, qui s’était entre temps calmé. Les deux amis regardèrent l’engin voler dans leur direction avec perplexité. « Chaahk, as-tu déjà vu un animal pareil ?
– Je dois bien admettre que non, [Bidule]. Regarde, il y a des gens à l’intérieur.
– Des gens ? Ah oui, tiens. Ce serait un peu comme une charrette volante, alors ? »

Le plus grand acquiesça sans mot dire. À présent silencieux, ils se contentèrent de contempler le spectacle inédit de cette machine volante en acier les survoler et descendre petit à petit sur la plage.

Fin du passage que je sais pas si je laisse ou pas.)

 

4197 mots pour aujourd’hui, dont beaucoup de triche et de questionnements.