NaNoWriMo 2018 : Arkhaiologia Tome 2, jour 30

– Je trouve ça plus effrayant que vraiment fabuleux, lâcha la blondinette.
– Cela dépend de quel point de vue l’on se place, je suppose. Quoiqu’il en soit, cette magicienne a bien évidemment disparu après qu’elle ait enclenché son voile noir destructeur de magie. Il ne reste d’elle que cette colonne. Je pense que nous pouvons considérer qu’elle a exterminé des centaines de milliers d’espèces magiques, comme ces fées que l’on trouve de partout, et provoqué l’exil de beaucoup d’autres, comme les nains sous les menhirs.
– C’est horrible, comment a-t-elle pu faire une chose pareille ? s’horrifia Clay.
– Elle était probablement désespérée, suggéra Simon. Si vous voulez, je vous raconterai plus tard les hypothèses de nos deux amis dieux sur le sujet. Bref. Vous avez peut-être pu remarquer un autre dispositif à côté de la colonne. »

Les deux anciens Faucheux hochèrent affirmativement de la tête. « Bien, poursuivit le professeur Derrington. Cela a été rajouté bien après, lors de l’époque de cette bibliothèque.
– J’ai beaucoup de mal à imaginer qu’il y ait eu des époques encore plus lointaines que celle des gens de la bibliothèque, mentionna Clay en se grattant la tête.
– Je te comprends, déclara l’archéologue avec un sourire. Ce sont des choses difficiles à appréhender, même pour moi. Où en étais-je ? Ah, oui, le dispositif rajouté. Il y avait deux raisons à cette installation supplémentaire. Première raison : amplifier l’effet du voile noir pour éradiquer définitivement toute forme de magie. Deuxième raison : si l’éradication n’était pas totale, relancer l’effet de la colonne dès que la magie revient.
– Pourquoi ça ne s’est pas lancé ? demanda Tina. De la magie, y en a partout là.
– Parce que, pour une raison inconnue, la programmation n’a pas été enclenchée, expliqua le professeur Derrington. L’opération de destruction totale de la magie n’a pas été lancée non plus, d’ailleurs.
– Ben alors, qu’est ce qu’elle fait là cette installation ? reprit la blondinette.
– Je ne sais pas avec certitude, déplora Simon. Je pense que quand il a été amené dans la montagne, les personnes ont ensuite été interrompues lors de l’installation. Ou peut-être se sont-elles reprises avant de la mettre en route ? Il est difficile de le savoir sans témoins. »

Ils restèrent tous silencieux un moment ; les deux anciens Faucheux digéraient les informations. Les dieux aussi s’étaient tus et les contemplaient de leurs yeux brillants, dans l’expectative. « D’après nos deux amis, la colonne a été mise en route bien après que le dispositif d’amplification soit installé. Je suppose donc qu’il n’a jamais servi et que la personne qui a activé le voile noir ne savait pas ce que c’était. » Simon s’interrompit, jeta un bref coup d’oeil à Chaahk et Yingana, puis reprit :

« Je crois qu’ils ne m’ont pas tout dit. J’aimerais bien savoir ce qu’ils m’ont caché, mais je me contenterai de ce que je vous ai rapporté pour le moment.
– Du coup, l’idée c’est de relancer cette machine qui supprime la magie ? demanda Tina.
– Si nous voulons sauver notre civilisation de l’invasion magique, c’est la chose à faire, confima l’archéologue. Mais…
– Si nous avons juste à trouver la montagne, c’est facile, l’interrompit la blondinette. Elle doit savoir où elle se trouve si elle s’en souvient. » Précisa-t-elle en désignant Yingana d’un mouvement de menton.

« Je crains que cela ne soit pas aussi simple, lui dit le professeur Derrington.
– Pourquoi ?
– Parce que cette grotte, qui est bien plus ancienne que la magicienne qui a fabriqué cette colonne destructrice de magie, est magique également. Elle change d’endroit à chaque fois que la magie revient. Madame Yingana se souvient donc de la dernière fois qu’elle a vu cette machine, mais c’était avant sa dernière mise en route. Maintenant que la magie est revenue, la grotte a dû changer d’endroit. »

[Je suis à peu près sûre qu’il faut que je donne plus d’explications sur cette grotte mouvante]

Le professeur Derrington but quelques gorgées de thé ; son visage affichait une mine songeuse. « Bien sûr, retrouver cette montagne et cette colonne magique ne seraient valables que si nous voulons réellement supprimer la magie, précisa-t-il.
– Que voulez-vous dire ? s’enquit Clay qui n’avait pas trop su quoi dire jusque là.
– Et bien, hésita l’archéologue. Bien sûr, au départ, je pensais que cette bibliothèque était ce qui allait nous sauver de ces phénomènes surnaturels. Mais maintenant que je sais que cela éradique toute la magie, même si ce n’est pas définitif tant que l’on n’active pas le dispositif supplémentaire, je ne suis plus aussi certain du bien fondé de trouver cette grotte.
– Pourquoi ? s’étonna Tina.
– Parce qu’il ne s’agit pas juste de freiner des désagréments surnaturels, expliqua Simon. Supprimer la magie, c’est aussi tuer Chaahk et Yingana. Ils reviennent certes à la vie quand la magie revient, mais qu’est ce qui nous permet de choisir qu’ils doivent disparaître ? N’ont-ils pas voix au chapitre ? Pourquoi répéter le génocide magique de cette magicienne ? »

Un lourd silence tomba après cette grave question. « Je n’avais pas pensé à ça, déclara Clay.
– Moi non plus, avoua Tina.
– Beaucoup de créatures magiques sont pourtant dangereuses, émit le jeune homme. Mais… Et bien, je ne me vois pas tuer les dieux.
– C’est également mon avis, acquiesça le professeur Derrington. Je pense donc qu’il est très important de retrouver cette grotte, mais pas forcément pour activer le processus de destruction de la magie. De même, il faut que je réfléchisse à comment présenter la chose à mes pairs…
– Et la bibliothèque ? s’enquit Clay.
– Oui ?
– Nous allons arrêter là l’étude de la civilisation antique pour nous occuper de cette grotte ? précisa l’ancien Faucheux.
– Bien sûr que non ! protesta Simon. Je reste archéologue avant tout et cette civilisation a besoin d’être étudiée ! Cette tache risque d’être plus facile maintenant que nous avons des témoins direct, mais je ne l’abandonnerai pas.
– Et la grotte alors ? demanda à son tour Tina.
– J’y venais. Je suis toujours convaincu que cet endroit est la clef de tout. C’est ici que nous trouverons des indications pour découvrir cette mystérieuse grotte !
– Comment vous le savez ? continua la blondinette.
– A ton avis, pourquoi Chaahk a-t-il essayé de détruire la partie de la bibliothèque Yingana voulait me montrer ? »

L’archéologue fit un clin d’œil aux deux anciens Faucheux. « Bon ! déclara soudainement le professeur Derrington. Fini les bavardages, nous avons du pain sur la planche, occupons-nous de découvrir l’emplacement de cette grotte magique qui détruit la magie. »

 

1104 pour ce dernier jour, j’ai officiellement fini dans les temps, même si j’ai triché à fond cette année. Je m’étais donnée beaucoup trop de challenges x) Enfin bon c’est fini, maintenant pause mois-des-cadeaux avant de retravailler le tome 1 à la lumière nouvelle de l’ébauche du début du T2 qu’il faudra beaucoup travailler ensuite. Le T3 et bien, je pense que ça sera pour l’année prochaine malheureusement.

NaNoWriMo 2018 : Arkhaiologia Tome 2, jour 29

En plus du fait que la scène était plus étendue, claire et réaliste, elle était dotée du bruit ambiant des conversations. En revanche, comme lors des apparitions fantomatiques, les gens alentours ne semblaient pas remarquer l’archéologue, ses assistants ni les dieux et n’avaient pas non plus de consistance. Même Simon avait le souffle coupé face à ce spectacle ; il avait les mains jointes et regardait partout d’un air émerveillé. Clay et Tina, dos à dos, tournaient sur eux-même en contemplant la civilisation antique revenue à la vie.

Un bruit strident les fit sursauter. Deux des portiques – dont l’archéologue n’avait, jusqu’ici, pas réussi à déterminer l’utilité – avaient produit une brève mais bruyante alarme, tandis que des lumières rouges s’étaient allumées à leur sommet. Penaud, l’étudiant qui avait provoqué l’alarme sortit de son sac deux livres qu’il présenta aux deux membres du personnel de la bibliothèque qui l’avaient rejoint. Le professeur Derrington applaudit, enchanté. « Ces choses servent à empêcher les vols ! » se réjouit-il. Sur ces mots, il s’empara d’un carnet et d’un crayon dans l’une de ses poches et commença à prendre frénétiquement des notes.

Clay n’avait pas eu le réflexe de sortir de quoi dessiner. Il se contentait de s’émerveiller en constatant que ces personnes issues de l’antiquité étaient à la fois comme lui et à la fois tellement différents. Il les avait déjà beaucoup vus grâce aux scènes fantomatiques, mais il ne se lassait pas de scruter leurs physionomies, se demandant ce qu’ils pouvaient bien penser. En voyant passer une étudiante aux cheveux bleus, l’ancien Faucheux songea que ces gens avaient décidément une vision de l’esthétique bien différente de la leur et cela ne lui déplaisait pas.

Il jeta un coup d’œil de côté et aperçut Tina en train de regarder avidement les appareils que tenaient une grande partie des gens présent. Ils ressemblaient beaucoup à la tablette noire qui contenait les enregistrements de Valentin et Béatrice, mais ils étaient plus petits et il n’y avait pas besoin de cyclopède pour les maintenir allumés. Il y avait d’autres machines aussi, posées sur l’îlot d’accueil. La blondinette alla les voir de plus près, heurtant le professeur Derrington qui faisait de même.

la scène s’arrêta aussi soudainement qu’elle avait commencé. Le hall de la bibliothèque retourna dans la pénombre, toute vie disparue. Clay constata que Yingana chancelait, soutenue par Chaahk. Cette démonstration devait lui avoir demandé beaucoup d’énergie. Son ami soupira et lui dit quelques mots sur un ton que Clay interpréta comme une capitulation. L’archéologue, pressentant qu’on allait lui dévoiler des choses intéressantes, s’approcha des deux dieux, en essayant de masquer ses trépignements d’impatience.

Yingana n’était pas très grande, mais elle se redressa de toute sa hauteur une fois son malaise passé. Ainsi, elle donnait l’impression d’être plus grande que le professeur Derrington. Lorsqu’elle commença à parler, sa voix s’était fait profonde et ses intonations hypnotisantes. Avant même de s’en rendre compte, tous s’endormirent, emmenés dans le monde onirique par la maîtresse des rêves.

Clay se sentit rassuré de voir que Simon, Tina et les dieux étaient avec lui dans le songe. Ils étaient dans une plaine herbeuse au pied d’une montagne. La magie était partout, faisant parfois crépiter de l’électricité statique dans l’atmosphère. Des petites fées butinaient des pensées, batifolant les unes avec les autres. Yingana sourit, puis leur désigna la montagne. Elle leur fit signe de la suivre et commença à gravir la pente, suivie par Chaahk. L’archéologue se précipita à leur suite avec enthousiasme. Tina et Clay lui emboitèrent le pas avec plus de modération.

La montagne était très haute, mais l’ancien Faucheux avait l’impression qu’un seul pas les faisait avancer autant que trois. Il ne savait pas s’il pouvait se fier à ses impressions, les rêves étant souvent traîtres à ce sujet. Plus ils montaient, plus l’air s’alourdissait. Les crépitements d’électricité statique s’étaient aussi faits plus nombreux. Ils entendaient les loups hurler au loin et le vent avait un je-ne-sais-quoi de menaçant. Tina, inquiète, avait rentré sa tête dans ses épaules. Clay n’en menait pas large non plus et il voyait que Simon aussi ne se sentait pas courageux sur cette montagne.

Le jeune homme puisait du réconfort dans l’attitude détendue des dieux. Et aussi dans leur nature divine. Qui risquait quoi que ce soit en compagnie de dieux ? Il se demandait tout de même pourquoi la maîtresse des rêves ne prenait pas la peine d’alléger son atmosphère. « Pourquoi est ce que, dans ce rêve, tout est si… sombre ? demanda Tina en écho aux pensées de Clay.
– Presque rêve, répondit Chaahk. Souvenir. »

Même en se déplaçant rapidement et avec les divertissantes remarques de Simon, le trajet parut très long à l’ancien Faucheux. Près du sommet, Yingana les mena dans une grotte. Clay ne parvenait pas à déterminer si c’était une oeuvre humaine ou une formation naturelle et il s’en ouvrit au professeur Derrington. « Je me posais exactement la même question, se réjouit l’archéologue qui paraissait ravi que son assistant fasse une telle remarque. J’en ai parlé à nos amis Yingana et Chaahk et ils m’ont expliqué que cette grotte a été fabriquée par un magicien bien avant leur ère. »

L’ancien Faucheux ne doutait pas que ce fut là l’œuvre d’un magicien. Certains angles le mettaient mal à l’aise et l’ambiance toute entière était oppressante. Tina levait fièrement le menton, mais Clay remarqua qu’il tremblait. Sa cadette était apeurée. Elle se rapprocha de Chaahk et Yingana pour trouver refuge. Les deux dieux la gardèrent entre eux, la couvant du regard avec bienveillance. Même s’ils étaient moins effrayés, Simon et Clay tâchaient de ne pas trop s’éloigner.

Yingana les mena jusqu’à une salle dissimulée derrière un angle trompe l’œil. Au milieu de la salle se trouvait un immense dispositif en colonne, qui brillait, crépitait et vrombissait. L’ancien Faucheux supposa qu’il s’agissait, là aussi, de l’œuvre d’un magicien. La femme aux yeux indigo expliquait ce dont il s’agissait à Simon. Clay et Tina ne comprenant rien à cette conversation en langue antique, ils se contentèrent de visiter la pièce. A côté de la colonne vrombissante, ils trouvèrent des objets en métal reliés d’un côté à la colonne magique et de l’autre à une machine qui ressemblait beaucoup à celles de la civilisation antique qu’ils étudiaient dans la bibliothèque du professeur Derrington.

Le rêve cessa brusquement. Ils se réveillèrent tous dans la poussière multimillénaire du hall. Ils s’époussetèrent longuement en se relevant, provoquant quelques éternuements. Encore une fois, Yingana paraissait épuisée. Chaahk prit donc le relais des explications auprès de l’archéologue. Ce dernier arborait un air grave peu habituel et hochait la tête par intermittence tout en s’emparant de son carnet pour reprendre frénétiquement des notes. « J’espère que toi et moi finirons par savoir de quoi il retourne, grommela Tina à l’intention de Clay.
– J’espère aussi ! » approuva celui-ci avec véhémence.

Il ressentait la même frustration que la blondinette et avait hâte du moment où Simon leur expliquerait les tenants et les aboutissants de ce qu’il était en train d’apprendre. Comme la conversation s’éternisait, les deux anciens Faucheux retournèrent au camp pour récupérer de quoi reprendre leurs activités habituelles, tout en s’arrangeant pour ne pas trop s’éloigner du hall. Et ils firent bien, car la conversation entre l’archéologue et les dieux s’éternisa, jusqu’au moment où le professeur Derrington avisa ses deux jeunes compagnons pour leur dire : « Ohlàlà, il faut que je vous explique ce que je viens d’entendre. C’est phénoménal ! Tenez-vous bien… »

 

[Là je pense qu’il faut un changement de chapitre, mais en même temps, je pense qu’il faut que je revois le découpage et tout, vivement la reprise du T1 et celle du T2 !]

 

Clay et Tina s’approchèrent de l’archéologue aussi fébrile qu’à chaque fois qu’il apprenait de nouvelles choses qui le stupéfiaient. « J’espère que je ne vais pas trop m’embrouiller en vous expliquant tout cela, pfioulàlà ! Par où commencer ?
– Peut-être que ça serait pas mal de s’installer dans un endroit un peu moins poussiéreux, suggéra Tina.
– Oui oui, tu as raison. Venez, suivez-moi, allons nous installer dans le camp. J’en profiterai pour nous faire du thé. »

Chaahk et Yingana les suivirent, tout en discutant doucement entre eux. Dans la pièce de repos qui servait de camp, les dieux s’installèrent un peu en retrait pour ne pas déranger l’exposé que Simon s’apprêtait à faire. Celui-ci servit du thé à tout le monde et, prenant sa tasse d’un air songeur, il commença : « Ohlàlà mes chers petits, en découvrant les ruines de ce bâtiment, je savais que je faisais là une découverte majeure, qui allait propulser ma carrière au sommet tout en changeant la face du monde par les connaissances que cela allait nous apporter. Mais là, je dois dire que ce que je viens d’apprendre dépasse tous mes espoirs les plus fous, au point que cela m’effraie, je n’ai pas honte de l’avouer. »

Il but une gorgée de thé encore brûlant, toussota et reprit : « Cette colonne mouvante, crépitante et bruyante que vous avez pu voir dans le souvenir de madame Yingana a été fabriquée par une puissante magicienne. D’aucuns disent qu’elle était tellement puissante qu’elle pouvait rivaliser avec les dieux. Il s’avère qu’elle était contemporaine de nos amis ici présents, lors d’un pic d’énergie magique. Pour une raison inconnue – disons que les sources ne semblent pas s’être mises d’accord sur la raison véritable – cette magicienne a décidé qu’il serait mieux pour l’humanité de détruire toute forme de magie. Bien sûr, elle savait qu’en faisant cela, elle se détruirait elle-même. Ou, du moins, qu’elle s’affaiblirait considérablement. »

Clay et Tina s’entre regardèrent ; ils avaient du mal à concevoir une magicienne qui voulait détruire la source de ses pouvoirs, mais Simon continuait, s’interrompant parfois pour boire une gorgée de thé ou pour en reproposer aux quatre autres. « Ce qui est fabuleux avec ce dispositif qu’elle a conçu, c’est qu’il utilise lui-même la magie pour initier le processus de destruction de la magie.
– Pourquoi c’est fabuleux ? s’enquit Tina.
– Parce qu’ainsi, dès que la magie revient de manière suffisamment puissante pour que le processus puisse de nouveau être enclenché, n’importe qui peut lancer la destruction de la magie.

 

1695 mots pour aujourd’hui. Ça faisait longtemps que j’avais pas fait un vrai quota ! Je suis contente d’avoir réussi à m’entêter (il faut dire que ma nature têtue n’est jamais bien loin x) ) Il faudra que je réitère demain si je veux réussir à boucler le NaNo 2018, après je pourrai m’effondrer tranquillement.

NaNoWriMo 2018 : Arkhaiologia Tome 2, jour 27 et 28

Chaahk caressa pensivement les dessins du bout du doigt. Puis il rendit le carnet à Clay, renversa la tête en arrière et ferma ses yeux verts.

Le jeune homme récupéra pensivement son bien, se disant que le dieu devait vouloir retrouver son amie la maîtresse des rêves. L’ancien Faucheux se concentra sur le paysage. Il avait l’impression de ne voir que des créatures issues du folklore un peu partout : ici un essaim de fées, là une Dame Blanche, une volée de très petits dragons au loin, un barghest sur une colline ou des étincelles à la provenance inconnue. Clay avait même l’impression que le paysage tout entier était lentement en train de muter. Il ne savait pas à quoi cela était dû ; peut-être à l’apparition d’une nouvelle flore en plus de la nouvelle faune.

Depuis qu’il avait rencontré Simon Derrington, Clay se sentait parfois insignifiant et désarmé face à l’immensité et la complexité du monde qu’il découvrait. Au tout début son monde se limitait à sa maison et son quartier. Puis, il avait découvert combien Eastlond était une grande ville, mais aussi que la vie nocturne avait des lois différentes en rejoignant les Faucheux. Depuis qu’il avait sauté dans le wagon du professeur Derrington, le monde ne faisait que s’élargir et se complexifier de manière exponentielle et cela lui donnait le vertige. Il se demandait si Tina, qui avait le même type d’historique que lui, ressentait la même chose.

Il passa la suite du trajet à réfléchir sur la vie et l’immensité de ce qui l’entourait. Il n’écoutait que d’une oreille distraite les explications de Simon sur les différentes créatures surnaturelles qu’ils rencontraient. Tina eut même l’impression d’apercevoir une licorne, mais ce fut trop bref pour que quiconque puisse confirmer. Chaahk, quant à lui, continuait de dormir et, peut-être même, de discuter avec son amie la maîtresse des rêves. Le jeune homme se prit à envier ce pouvoir, grâce auquel il aurait pu être capable de parler avec son amie à lui.

Lorsque l’archéologue gara la mécamobile dans la clairière, une femme s’y trouvait, assise sur un rocher qui surplombait l’emplacement de la faille que Chaahk avait bouchée. Ce dernier avait ouvert les yeux et, une fois le véhicule arrêté, il ouvrit la portière pour se précipiter en direction de l’inconnue. Clay reconnut la femme aux yeux indigo qui s’était insinuée dans son rêve et réalisa qu’un renard dormait à ses pieds, tandis que des oiseaux et petites fées voletaient autour de sa tête.

« Qui c’est celle là ? s’enquit Tina d’un ton peu amène.
– C’est son amie, Yingana, répondit l’ancien Faucheux. [vérifier si Clay connaît son nom]
– Ah bon ? C’est elle ? Mais c’est merveilleux. » se réjouit Simon en rejoignant les deux dieux qui étaient visiblement très heureux de se retrouver et parlaient de manière volubile.

Ils s’interrompirent lorsque l’archéologue parvint auprès d’eux. Après quelques échanges auxquels Tina et Clay ne comprirent rien, Chaahk rouvrit l’accès à la bibliothèque et ils descendirent tous les cinq jusqu’à l’antique bâtiment. En arrivant dans le hall, Yingana commença à entraîner Simon vers une zone de la bibliothèque qu’il n’avait pas encore bien fouillé. Chaahk ne semblait pas être d’accord et se plaça en travers de leur chemin. « Mais qu’est ce que cette montagne a donc de particulier ? » lâcha le professeur Derrington d’un ton qui exsudait l’impatience et l’excitation.

« Et si on les laissait jouer ensemble pour aller faire des choses utiles ? proposa Tina en regardant les trois adultes d’un air désabusé.
– Tu n’es pas curieuse de savoir où ils veulent en venir ? demanda Clay.
– On finira par le savoir à un moment où à un autre, qu’on le veuille ou non. »

L’ancien Faucheux devait admettre que son amie avait raison. Simon viendrait partager ses découvertes avec enthousiasme dès qu’il en aurait l’occasion. Clay accepta de suivre Tina. Un tremblement les arrêta. Ils se retournèrent pour constater que Chaahk menaçait de faire s’écrouler le morceau de bibliothèque vers lequel Yingana voulait emmener Simon. Cette dernière ne se laissa pas impressionner. Lorsque l’homme aux yeux verts cessa sa démonstration de maîtrise de la terre, son amie esquissa un arc de cercle avec ses bras et tout le hall se métamorphosa.

Ils n’avaient pas bougé et pourtant, ils se retrouvèrent tous dans la bibliothèque à l’époque où elle était en activité. Ce n’était pas aussi flou qu’une scène fantomatique aux contours mal définis. Ils avaient vraiment l’impression d’avoir effectué un voyage dans le temps.

 

Entre 700 et 800 mots écrits, mais j’ai triché beaucoup plus pour mon wordcount sur le site du NaNoWriMo. J’en ai profité pour finir de recopier le début du tome, je vous posterai ça plus tard !

NaNoWriMo 2018 : Arkhaiologia Tome 2, jour 26

(changement de chapitre)

La nuit noire n’était pas aussi noire que ce à quoi Yingana s’attendait et ce, malgré le petit essaim de fées qui virevoltaient autour d’elle en bourdonnant doucement. Elle n’avait pas l’habitude d’être empêchée de contempler les étoiles à sa guise. Du moins, en avait-elle la sensation. Elle avait du mal à rassembler ses souvenirs et ses pensées, comme si elle dormait encore à moitié après une trop longue nuit de sommeil. La lumière qui l’empêchait de voir les étoiles provenait de derrière les collines. Yingana était intriguée : elle n’avait jamais rien vu qui pouvait causer une telle luminosité. Intriguée, elle décida de se rendre dans cette direction.

Athlétique et habituée depuis sa plus tendre enfance à galoper dans l’immensité de ce qui était à présent nommée l’Australie, la jeune femme arriva rapidement aux collines qu’elle commença à gravir. La faune et la flore d’ici étaient très différentes de celles dont elle avait eu l’habitude étant petite. Jusqu’à ce qu’elle fasse la rencontre qui allait changer sa vie, en même temps que lui faire visiter le monde entier. Elle avait cru rêver lorsque cet homme, lourdement maquillé autour des yeux, richement doté de bijoux de métaux brillants et portant des vêtements d’une matière blanche flottante qu’elle ne connaissait pas, s’était retrouvé face à elle. Il s’était présenté comme Geb et lui avait dit qu’elle était la personne qui allait lui succéder.

Ce qu’il lui avait révélé ensuite avait bouleversé la vision du monde de la jeune femme. [Petite explication à propos des huit dieux qui se font passer pour diverses divinités]

Elle n’eut pas l’occasion de vraiment connaître Geb l’égyptien. Après les avoir réunis et leur avoir légué leur héritage, les anciens se retirèrent presque aussitôt. Ils leur avaient laissé toutes leurs connaissances et, même, quelques conseils. Les nouveaux, étant des inconnus provenant des quatre coins du monde jusqu’alors, prirent alors le temps de faire connaissance. Après tout, puisqu’ils allaient passer les dizaines – ou centaines, ou plus – d’années ensemble à travailler pour aider l’humanité, autant essayer de se rapprocher les uns des autres. Il s’avéra qu’ils étaient tous en phase les uns avec les autres, ce qui les encouragea ; les anciens leur avaient dit que tel n’avait pas toujours été le cas. La jeune femme laissait sa mémoire revenir peu à peu, sans les presser malgré son impatience.

Yingana laissa ses vieux souvenirs de côté en arrivant au sommet de la colline et en découvrant le panorama qui s’offrait à elle. Une cité s’étendait à ses pieds. Elle n’en avait jamais vu une aussi étendue, ni aussi lumineuse. Pourtant, il ne devait pas se trouver de grande ville près de l’endroit où elle se trouvait pensait-elle. Yingana était sensée se trouver au nord des contrées qui avaient vu naître son ami Chaahk. Et les plaines nord de ce grand continent n’étaient peuplées que de petits villages et de tribus nomades. Elle s’assit, toujours environnée de son essaim de fées et, comme tous les autres à un moment, elle se posa la question de combien de temps elle avait dormi.

 

Dans le froid sibérien, une main à la peau d’ébène jaillit de la neige. Le corps, nu, suivit peu après, grelottant furieusement. L’homme était grand et très visible au milieu de la neige. Sachant qu’il allait souffrir s’il restait ainsi dans l’atmosphère glaciale – tout en étant étonné de ne pas être déjà mort – il inspecta le soleil à la recherche du sud. L’ayant trouvé, il partit instinctivement dans cette direction en courant, ignorant les morsures de la neige sous ses pieds et celles du froid sur les autres parties de son corps athlétique. Il n’avait aucune idée de ce qu’il faisait nu au milieu de la neige, ni de l’endroit où il se trouvait. Ce qui le perturbait le plus était qu’il ne savait pas non plus son nom, ni comment il survivait dans ce froid mortel.

L’homme repoussa ses pensées qui le déconcentraient. Il était déconcerté, mais s’était fixé l’objectif de trouver d’autres êtres humains ; c’était ce qu’il y avait de plus pressant en l’état, estimait-il. Lorsqu’il commença à fatiguer, il avait déjà avalé plusieurs dizaines de kilomètres. La force de ses muscles étant surhumaine, il faisait d’immenses foulées. Le coureur en était lui-même surpris ; il ne s’attendait pas à autant de puissance.
A la fin de la journée, après plusieurs sessions de course entrecoupées de pauses, il n’avait toujours pas trouvé âme qui vive, ni récupéré ses souvenirs. Heureusement, l’homme avait parcouru tellement de distance que la neige avait laissé la place à de la végétation. Il se disait que si il continuait ainsi le lendemain, il trouverait certainement des endroits plus propices au peuplement.

En attendant, l’homme devait se trouver de quoi combler son appétit. Il mourrait de faim en plus du froid. Comme il n’avait trouvé personne, il allait devoir se procurer de la nourriture par lui-même. [Chasse d’un animal quelconque typique de la région, faire du feu et récupérer la fourrure]
La nuit allait se passer un peu mieux que le début de sa journée. Il avait le ventre plein et du feu pour éloigner un peu le froid qui glaçait ses entrailles. Peut-être que, pendant la nuit, ses souvenirs reviendraient. C’était du moins ce qu’il espérait.

 

Béatrice se laissa tomber sur une chaise et poussa un râle. Tout autour d’elle, dans l’annexe, un brouhaha ambiant régnait qui provenait d’une demi-douzaine de jeunes dragons [à raconter il me semble ou à enlever, on verra]. Valentin lui tapota l’épaule en guise de réconfort. « Regarde, l’encouragea-t-il, on a enfin fini !
– Il était temps, répartit-elle. Merci à tous de m’avoir aidée ; je ne sais pas si j’aurais réussi toute seule.
– Tu aurais certainement réussi, lui assura Valentin tandis que les deux autres interpellés souriaient. Mais au lieu d’être épuisée, tu serais morte.
– Ha ha, ironisa Béatrice. N’essaie plus de faire de l’humour, c’est nul. »

Valentin lui administra une pichenette et remarqua que le médecin s’était approché de la jeune femme et avait posé une main sur son épaule. Une aura orangée les environna tous les deux. « Merci, lui lança Béatrice avec reconnaissance. C’est vraiment efficace ! Tu pourrais m’apprendre cette magie ?
– Je crains que non, s’excusa Asklepios. Ces pouvoirs que nous avons nous ont été conférés par nos prédécesseurs ; ils ne s’apprennent pas.
– C’est d’ailleurs parce que ce sont des pouvoirs qui font partie de nous que nous pouvons les utiliser à volonté sans même y penser, précisa Déa. Normalement, la magie requiert beaucoup de concentration, canalysée par des incantations. C’est…
– Quelque chose est là. » L’interrompit le médecin en dressant la tête.

Comme pour confirmer ses propos, des hurlements inhumains et assourdissants provenant de l’extérieur fit sursauter Valentin et Béatrice. Les dragonnets inquiets se mirent à pousser des cris terrifiés. « Sortons. » Décréta la femme aux yeux dorés d’un ton sans appel, à l’intention de son compagnon. Entraîné à obéir à Belisama, Asklepios lui emboîta instantanément le pas en direction de la porte à taille humaine qui menait à l’extérieur de l’annexe. Après avoir échangé un regard, les deux thésards les suivirent avec curiosité, se demandant s’ils allaient pouvoir ajouter une nouvelle créature à leur bestiaire.

Les dragons étaient déjà beaucoup plus impressionnants que les petites fées, même jeunes. Ils avaient aussi eu l’occasion de voir des banshees – dont le cadavre de l’une d’entre elle était conservé dans la bibliothèque universitaire – un korrigan, deux nymphes et quelques autres créatures féériques. Il leur tardait de voir des Dames Blanches dont parlaient les rumeurs, les elfes du royaume des fées qui faisaient de régulières incursions, et les licornes mentionnées par des enthousiastes.

En sortant, sur le carré d’herbe de l’autre côté de la place goudronnée dédiée aux véhicules, ils aperçurent cinq énormes hyènes. Du moins, était-ce l’animal auquel ressemblaient le plus ces créatures. Des hyènes immenses aux babines perpétuellement retroussées sur d’énormes crocs dégoulinants de bave. Leurs griffes, aussi, étaient étonnamment longues. « Ils ont senti les jeunes dragons, constata Asklepios.
– Et nous aussi, je pense, compléta Béatrice d’un ton peu assuré face aux bêtes qui grondaient dans leur direction. Ils ont l’air affamés.
– Qu’est ce que c’est ? s’enquit Valentin.
– Vous avez un mot qui n’est pas de votre langue pour eux, répondit Déa. Ce sont des barghests. »

Sur ces mots, elle secoua négligemment sa main et une cage aux barreaux épais apparut autour des monstrueuses créatures. « Tu es vraiment une personne… Pratique à avoir près de soi, commenta Béatrice en relâchant son souffle.
– Plutôt oui, confirma la femme aux yeux dorés sans aucune modestie. Restez tout de même vigilants, ils ne resteront pas enfermés très longtemps. Ils vont bientôt s’échapper, mais j’ai pensé que vous voudriez les observer un moment avant que Asklepios et moi nous occupions d’eux.
– Il n’y a pas moyen de les mettre en cage à l’in… » Commença la thésarde.

Elle s’interrompit en voyant que la bave des barghests, qui mordaient furieusement les barreaux, corrodait la cage. Belisama leva le doigt pour faire apparaître une autre cage autour des barreaux en train de se faire grignoter. « D’accord. » Conclut Béatrice en roulant des yeux. Luttant contre son effroi, la jeune femme s’approcha des animaux, portable en main pour les filmer en faisant des commentaires. Valentin fit de même, prenant des photos. Plusieurs fois, la femme aux yeux dorés dut renforcer la cage pour empêcher les barghests fous furieux de s’échapper pour écharper tout le monde.

« Je pense que c’est bon. » Décréta finalement la jeune femme. Déa acquiesça et des lances apparurent brusquement dans tous les sens dans la cage. Les bêtes enragées, transpercées, ne tardèrent pas à succomber à l’attaque. Béatrice et Valentin, ne s’attendant pas à quelque chose d’aussi violent, détournèrent les yeux du spectacle sanglant. Lorsqu’ils regardèrent de nouveau, la femme aux yeux dorés avait fait disparaître ses derniers lambeaux de cage. Ne restait plus au milieu de l’herbe qu’une immonde flaque à la couleur indéfinissable qui dissolvait les derniers poils et os des barghests.

« Je suis désolée de vous avoir choqués, s’excusa Belisama qui paraissait un peu surprise de leur réaction. Oh, je vois, c’est d’être dans une période calme : vous n’avez pas l’habitude d’assister à de telles choses.
– C’est ça oui, confirma Valentin un peu pâle.
– Pourquoi est-ce qu’ils ne sont plus qu’une flaque ? S’enquit Béatrice aussi pâle mais dont la curiosité reprenait rapidement le dessus.
– Certaines créatures dotées de magie se décomposent instantanément après la mort, expliqua Asklepios.
– Moi qui espérait pouvoir les autopsier… soupira la jeune femme. Je vais au moins essayer de récupérer ce… truc dégoûtant là. »

Elle se précipita à l’intérieur pour aller chercher de quoi prélever des échantillons. En l’attendant, Valentin s’approcha de l’amas visqueux, fasciné par la dissolution des derniers fragments animaux. Il se demandait si le bout d’herbe était condamné. « Amaterasu s’approche. » Déclara soudainement Asklepios. La femme aux yeux dorés acquiesça et pencha pensivement la tête sur le côté. Valentin supposa qu’elle la contactait par télépathie. Une seconde plus tard, une jeune fille toute menue apparut juste à côté de lui. Vêtue d’un échantillon conséquemment varié d’une flore exotique dont Valentin ne savait pas déterminer la provenance, elle loucha d’un air dégoûté sur la flaque organique.

« C’est la tête que tu fais alors qu’on se retrouve après plusieurs centaines d’années de sommeil ? taquina Déa la nouvelle venue.
– Oh… Je suis désolée commandante ! s’excusa instantanément Amaterasu. Et cette langue est nouvelle, non ?
– Oui, les choses ont beaucoup changé depuis que nous nous sommes endormis, convint la femme aux yeux dorés. Ils font de la magie sans magie par exemple. C’est assez impressionnant. Et déconcertant, aussi. Comment nous as-tu retrouvés ?
– Je me souvenais que tu étais dans ces contrées, résuma la jeune fille vêtue de feuilles. Ça paraissait logique de commencer mes recherches par là. Et puis tu m’as jointe et me voilà. Par contre…
– Oui ? l’encouragea Belisama.
– Je n’arrive pas à couvrir de grandes distances.
– C’est normal, la rassura Asklepios. Nos pouvoirs sont limités à cause de la magie disponible. »

L’homme aux yeux orangés et la femme aux yeux dorés expliquèrent à leur petite compagne ce qu’ils avaient compris de leur situation. Au même moment, Béatrice fit de nouveau son apparition. La jeune femme s’arrêta brièvement en apercevant la nouvelle venue. Les présentations furent vite faites et Béatrice se concentra sur ses prélèvements. Lorsqu’elle eut terminé, Amaterasu prit sur elle de motiver la végétation afin de faire disparaître l’immonde flaque. De nombreux brins d’herbe perdirent la vie dans ce combat acharné mais, bientôt, le carré de verdure reprit son apparence d’origine. Avec des brins d’herbe un peu plus gras et verdoyant qu’ailleurs, mais qui irait remarquer un détail pareil ?

Ils retournèrent ensuite à leur tri pour trouver des indices sur les quatre membres manquant du groupe. Malheureusement, à part d’autres pistes sur le fait que l’apparition du volcan avait quelques éléments un peu mystérieux [trouver desdits éléments ?], ils ne trouvèrent rien de bien concluant. Avec tout cela, la soirée était déjà là. Belisama avait doté Amaterasu de vêtements et avait changé les siens, ainsi que ceux d’Asklepios. Elle leur avait fourni des habits ressemblants à ceux de Béatrice et Valentin, se contentant de changer leurs couleurs. Les trois antiques se sentirent mal à l’aise dans leurs nouveaux atours, jusqu’à ce que Béatrice leur révèle l’existence des sous-vêtements.

La fin de la journée étant déjà là, ils se retrouvèrent tous dans l’appartement de Valentin. Alors que les trois dieux essayaient de se souvenir dans quelle zone du monde les autres membres de leur groupe s’étaient rendus. Après avoir étudié un globe, la nouvelle arrivante avait convenu avec ses deux compagnons que le volcan du Pacifique était très probablement la signature de leur duo infernal Chaahk et [Bidule]. Assis sur le canapé, ils devisaient à propos de leurs amis manquants.

« La question à se poser aussi, déclara Amaterasu, c’est qu’était ce voile noir et qui l’a lancé ?
– C’est une bonne question, convint Déa. Je ne me souviens pas d’un mage suffisamment puissant pour faire une chose pareille.
– Pourquoi un mage aurait-il absorbé toute la magie du monde ? interrogea Asklepios. Il perdrait tout son pouvoir.
– C’est sûr que ça peut paraître étrange, acquiesça la femme aux yeux dorés. Mais cela reste une possibilité.
– Un mage qui voudrait changer le monde, ça ne me parait pas si surprenant. » Commenta le médecin de sa voix profonde, avec un fin sourire.

Belisama fit apparaître suffisamment de plats pour nourrir un régiment et de boissons pour abreuver une troupeau de chameaux assoiffés. « Du coup, pour la suite, vous préférez continuer les recherches sur vos compagnons ou alors que nous essayons de nous renseigner sur ce voile noir ? S’enquit Valentin.
– Les deux ! S’exclama Déa.
– Mmmh, ça ne me dit pas grand chose comme ça, déplora le jeune homme d’un ton songeur. Je vous emmènerai à la bibliothèque dès demain. Il y a pas mal de choses sur l’histoire, le folklore et les mythes. J’espère qu’on trouvera quelque chose à ce propos. Ce qui m’intrigue, c’est qu’une catastrophe de cette ampleur, qui a changé le monde, devrait forcément avoir laissé une énorme trace dans les récits. » Béatrice approuva d’un hochement de tête.

 

(changement de chapitre probablement)

 

[Il faudra peut-être échanger ce passage avec le précédent d’Ethelle]

Assis à l’arrière de la mécamobile de location, Clay regardait le manoir des Merryweather disparaître peu à peu de sa vue. Lorsque Simon fit sortir la voiture des limites du domaine, il se rassit face à la route et soupira. Chaahk, à côté de lui, lui jeta un regard en coin. Le jeune homme le lui rendit et le dieu tapota son épaule de manière compatissante. « Nous ne l’aurons pas vue longtemps la rouquine, nota Tina. Est ce que c’était bien utile de s’embêter à venir jusqu’ici ?
– Suite à votre historique avec cet homme-bête qui nous a attaqués, déclara l’archéologue, je tenais à vérifier que ma petite assistante était saine et sauve, moi aussi. Je dois avouer que j’espérais même qu’elle reparte avec nous, mais elle semble avoir encore des choses à régler. »

Tina ne répondit rien. Clay savait qu’elle devait être plutôt satisfaite du fait qu’Ethelle soit restée au manoir des Merryweather. L’ancien Faucheux aurait, comme le professeur Derrington, préféré qu’Ethelle revienne avec eux, même si cela signifiait devoir supporter des disputes entre elle et la blondinette. L’inquiétude de la savoir en présence de la Veuve-Noire le rongeait. Il s’imaginait sauter héroïquement de la mécamobile pour aller lui prêter main-forte, mais il savait que sa présence causerait surtout des ennuis à Ethelle, qui essayait de les protéger Tina et lui.

Entendant des bruissements de pages à côté de lui, Clay tourna la tête vers Chaahk qui feuilletait un carnet. Le jeune homme réalisa presque aussitôt qu’il s’agissait de l’un de ses propres carnets où il faisait des esquisses de reliques antiques, de scènes fantomatiques et diverses choses qui l’inspiraient. Le dieu arriva à la page où Clay avait dessiné son rêve en plusieurs parties.

 

2862 mots de la triche pour aujourd’hui

NaNoWriMo 2018 : Arkhaiologia Tome 2, jour 18

J’espère que ma lettre vous trouvera en bonne santé après avoir fait un bon voyage. Les créatures magiques pullulent tellement à présent que je crains qu’elle ne perturbent le bon fonctionnement des trains en créant des accidents. Nous concernant, nous n’avons pas vécu d’autres épisodes aussi effrayants que celui des créatures sorties du lac. J’espère que nous continuerons à être tranquilles de ce côté là et que vous aussi.

J’ai beaucoup songé à ce que vous m’avez raconté concernant les secrets de mon père, mais j’aimerais en savoir plus encore. Vous m’avez certainement rapporté tout ce qui vous semblait utile. Si vous le pouvez, j’apprécierais que vous me racontiez tout ce qui vous passe par la tête concernant ce secret. Je suis convaincue que le moindre détail peut s’avérer important dans cette affaire. Si je veux pouvoir retrouver et utiliser ce secret, j’ai besoin d’en connaître le plus possible à ce sujet.

Je vous remercie par avance de tout ce que vous pourrez me dire à ce sujet et vous assure de l’expression de mes sentiments les plus amicaux,

Ethelle Morton. »

 

La jeune femme sécha l’encre en tamponnant délicatement sa lettre avec du papier buvard, puis la relut. Elle la trouva courte, mais estima que cette amorce de conversation suffirait ; elle aurait tout le temps de s’épancher plus avant lors des prochains échanges épistoliers. Ethelle s’empara d’une enveloppe dans laquelle elle glissa sa lettre et la cacheta, écrivant ensuite soigneusement l’adresse de la famille [Machintruc], puis sortit de sa chambre et pria le premier domestique croisé de poster son courrier.

En essayant de retourner dans le petit salon où se tenait précédemment Nicolas, Ethelle manqua de percuter madame Cartridge au détour d’un couloir. « Pardonnez-moi ! s’excusa prestement la jeune femme rousse.
– Vous n’auriez pas à vous excuser si vous n’étiez pas en train de courir de manière inconvenante dans les couloirs, lui reprocha madame Cartridge toujours très collet monté. Vous n’êtes plus une enfant il me semble. »

Ethelle rougit de colère. Comment cette vieille pie osait-elle l’insulter de la sorte ? Elle réitéra ses excuses, sur un ton plus froid et emboîta le pas à madame Cartridge qui avait décidé qu’elle était trop pressée et de passer outre. Les deux femmes se dirigèrent de concert jusqu’à la chambre de l’inconnu. Nicolas, qui attendait madame Cartridge, adressa un sourire à Ethelle et fit signe à Henry d’ouvrir la porte. En pénétrant dans la pièce, madame Cartridge se retourna vers mademoiselle Morton et les deux hommes pour leur intimer de rester dehors, afin de la laisser seule avec son patient.

Les trois obtempérèrent. Ethelle et Nicolas patientèrent à l’extérieur, tandis qu’Henry retournait à ses tâches de majordome. « J’espère que ce n’est pas trop grave, déclara la jeune femme rousse.
– Je pense qu’il a surtout des soucis dans sa tête, soupira Nicolas. Je doute que madame Cartridge puisse y faire grand chose.
– Nous verrons bien. »

De longues minutes plus tard, madame Cartridge sortit de la pièce en rajustant ses lunettes. « Votre invité est particulièrement épuisé, expliqua-t-elle. Je ne sais pas quelle prouesse il a bien pu accomplir, mais il est à bout de forces. Néanmoins il a l’air de se remettre de minute en minute. Je n’ai donc que du repos à lui prescrire.
– Et… c’est tout ? s’étonna Nicolas.
– C’est tout. A présent, si vous voulez bien m’excuser, j’ai encore d’autres patients à voir. »

Nicolas la remercia et la régla avant qu’elle ne s’en aille. Comme elle avait prescrit du repos, ils quittèrent l’endroit et allèrent vaquer à d’autres occupations. Le jeune Merryweather assura Ethelle qu’il s’arrangerait pour que leur invité dîne avec eux, sous réserve qu’il soit assez en forme. La jeune femme espéra que ce serait le cas. Elle passa le reste de sa journée à parcourir ses notes et à ajouter ce dont elle se souvenait de la langue antique dans son petit carnet. Elle comptait l’utiliser pour essayer de communiquer avec l’inconnu.

 

(changement de chapitre)

 

Après quelques temps à chercher des indices concernant une possible apparition d’Amaterasu, Valentin soupira. Il ne savait pas vraiment comment amorcer efficacement ces recherches. Pourtant, il était plutôt doué dans le domaine. Il lâcha : « Ce qui est beau avec Internet, c’est qu’on trouve de tout. Après, l’inconvénient avec Internet, c’est qu’on trouve de tout aussi.
– Je te fais confiance, lui assura Asklepios. Ton amie et toi êtes des personnes généreuses et curieuses. Nous avons beaucoup de chance de vous avoir rencontrés.
– Oh, merci. »

Valentin ne s’attendait pas à recevoir un compliment ; il sourit à son interlocuteur d’un air gêné. Asklepios lui rendit un sourire apaisant. Il avait une physionomie qui mettait le jeune homme en confiance. « Qu’est ce que c’est ? S’enquit le médecin en voyant une fenêtre d’information apparaître sur un coin de l’écran.
– Oh, ça, ce sont les infos. Je suppose qu’une des personnes qui utilise ce poste aime bien rester au courant de ce qu’il se passe dans le monde. Ah mais c’est l’éruption d’un volcan ! »

Curieux, le jeune homme ouvrit la fenêtre en grand, pour lire rapidement l’article. « Waw… Émit-il. Un nouveau volcan vient d’apparaître dans le Pacifique… C’est impressionnant !
– Vraiment ?
– Euh… Oui, les volcans m’impressionnent, avoua Valentin.
– Je te comprends, les éruptions sont un spectacle cataclysmique, c’est très beau. Où se trouve le Pacifique ? »

Pour lui répondre, le jeune homme chercha une carte du monde à montrer. Malheureusement, la classique carte n’évoquait pas grand chose à Asklepios. Il n’arrivait pas à reconnaître le tracé et avait eu peu d’occasions de voir des cartes auparavant. « Tant pis, ce n’est pas important, balaya Valentin.
– J’aimerais beaucoup savoir, insista plaisamment le médecin.
– Hum, bon… » Après un moment de réflexion, le jeune homme lui montra un globe holographique et lui expliqua où ils se trouvaient eux et où se trouvait la zone volcanique. Asklepios se gratta pensivement la tête en étudiant le globe.

« Ceci, est-ce bien la route de la soie ? s’enquit-il finalement.
– Oui, c’est bien ça, acquiesça Valentin.
– Je vois mieux maintenant ! se réjouit le médecin. D’après la description des lieux, Belisama m’informe qu’il est possible que ce soit une région où s’étaient rendus deux d’entre nous.
– Et tu as déduit ça grâce au volcan… Parce que ?
– Parce que les deux qui sont partis là-bas sont de sacrés lurons. Et que l’un maîtrise la terre et l’autre le feu.
– Non… C’est pas possible ! s’exclama Valentin. Tu penses que l’éruption vient d’eux ?
– Ça leur ressemblerait bien, ce sont de vrais plaisantins.
– Mais les volcans ne sont pas des plaisanteries, s’offusqua le jeune homme effaré. C’est très dangereux !
– Ne t’inquiète pas, le rassura Asklepios. Notre but n’est pas de blesser les populations. Ils ont toujours été très porté sur les blagues mais ils ne feraient de mal à personne. »

Valentin n’était pas très sûr d’apprécier l’humour de la création d’un volcan. Il tenta de relativiser en se disant qu’il n’était pas à même de réfléchir comme des personnes aussi puissantes. Il se disait qu’il fallait disposer de très grands pouvoirs pour créer un volcan sur un coup de tête. Une question se mit à lui tarauder l’esprit : « Comment s’appellent-ils ?
– Chaahk et [Bidule]. »

Le jeune homme n’était pas calé dans toutes les mythologies du monde, mais il se promit de faire des recherches sur ces deux-là. Il était sûr d’avoir entendu parler d’au moins l’un des deux. En attendant que l’ordinateur termine la recherche demandée, ils épluchèrent les premières suggestions. Malheureusement, rien de sérieux dans les évènements mondiaux ne rapportait la découverte de personnes hors du commun qui parleraient des langues inconnues. « J’espère qu’ils n’ont pas eu le problème de mémoire comme Déa, s’inquiéta Asklepios. Sinon nous mettrons beaucoup plus de temps à les retrouver. » Il s’interrompit un instant, penchant la tête sur le côté. « Déa nous appelle. »

Au moins, elle ne paraissait plus envahir ses pensées à lui, songeait Valentin alors qu’ils se levaient pour se rendre dans l’annexe. Les deux femmes, qui avaient réceptionné le dragon un peu avant, l’avaient laissé sortir de sa cage. Béatrice en avait profité pour mettre en route une partie du matériel et avait convaincu Déa d’installer quelques capteurs sur l’animal. Elles le contemplaient à présent voler dans l’annexe aux hauts plafonds et Béatrice prenait des mesures tandis que la femme aux yeux dorés fixait le dragon d’un air attendri. Valentin était certain que son amie comptait étudier le dragon le plus possible.

« C’est prudent de le laisser faire ce qu’il veut ?
– Oh, ne t’en fais pas pour ça, répondit Béatrice tout en restant concentrée sur son ordinateur. Déa a dit qu’elle pouvait le convaincre de ne pas faire de bêtises, alors je me suis dit que c’était une occasion idéale ! En plus, comme elle peut discuter avec lui, j’ai déjà tout un tas d’informations sur les jeunes dragons à peine sortis du nid : je sais ce qu’ils mangent, je sais combien de temps ils ont besoin de dormir, et plein d’autres choses. » Elle quitta l’écran qu’elle couvait des yeux pour tourner la tête vers son ami et reprit, toute excitée :

« Tu savais que les dragons avaient une mémoire génétique ? De ce que je sais, je suis actuellement la seule spécialiste sur les dragons au monde : c’est trop bien !
– Tu sais que ça ne va pas durer ? temporisa Valentin avec un sourire. Je suppose que s’il y a un dragon, il y en aura plein d’autres d’ici peu.
– Ha-HA ! Triompha Béatrice avec un sourire jusqu’aux oreilles. Et à qui crois-tu qu’ils vont les amener, tous ces dragons ? Heureusement que l’annexe est terminée, je ne sais pas ce que j’en aurais fait sinon… En tous cas, Massamba et Pommier vont être surpris en revenant. Je veux rassembler le plus d’informations possible sur ces animaux-là avant leur retour. Oh, et ne t’inquiète pas, je te filerai mes notes et on en discutera looonguement tous les deux. »

Vaincu par tant d’enthousiasme, Valentin acquiesça avec un franc sourire. Il remarqua alors qu’Asklepios et Belisama avaient entamé un dialogue, dans ce qu’il supposait être leur langue d’origine. « Pourquoi vous ne parlez pas par télépathie ? leur demanda-t-il.
– Parfois nous préférons parler à haute-voix, lui répondit simplement Déa. Je ne me l’explique pas, d’autant que la conversation est plus rapide et claire dans nos têtes, mais c’est ainsi. » Elle se tut un instant. « J’ai commencé à apprendre quelques mots de votre langue à Ouranos.
– Ouranos ?
– Le dragonnet, expliqua-t-elle. Je trouvais que ça lui allait bien. »

Ils contemplèrent l’animal évoluer dans les airs. Il était un peu gauche, comme tous les jeunes, et il lui arrivait de mal négocier certains virages. « Pourquoi tu lui apprends notre langue ? s’enquit ensuite Valentin qui avait l’impression de ne poser que des questions depuis la veille.
– Pour qu’il puisse vous comprendre ton amie et toi, si jamais nous sommes séparés. Quelque chose me dit que ça sera plus simple pour votre travail s’il comprend ce que vous dites.
– Je pensais que tu voudrais le garder avec toi.
– Peut-être, nous verrons bien. » Conclut Déa.

Le dragonnet atterrit en glissant sur le sol près de la femme aux yeux dorés et lui réclama des caresses. Celle-ci s’exécuta avec plaisir et reprit : « Tant que nous n’avons pas de nouvelles d’Amaterasu notre voyageuse rapide, j’aimerais savoir s’il y aurait un moyen de nous rendre vers ce volcan dans le Pacifique.
– Oulà non, s’exclama Valentin. Enfin, il y a des moyens, mais pas à notre portée. Et même si on pouvait, ça resterait long d’aller là-bas.
– Oh, commenta Belisama avec une moue déçue. J’espérais que votre technologie pouvait tout faire. Même de nos jours, il y a toujours des limitations, n’est ce pas ?
– De moins en moins, répartit Valentin. Mais toujours, oui.
– Tu vois, Askel, lança-t-elle à son compagnon avec un fin sourire. Après tout, nous ne sommes peut-être pas si obsolètes que cela. »

Son sourire s’effaça au profit d’une mine concentrée. Elle cracha un mot que Valentin ne comprit pas mais que, d’après le ton frustré, il estima être un juron. « Un problème ? s’enquit-il.
– Ils sont trop loin pour que j’arrive à les atteindre, déplora la femme aux yeux dorés. J’espère qu’ils ne feront pas trop de bêtises en attendant. Si ce sont bien eux à l’origine de ce volcan, bien entendu.
– Je suis confiant à ce propos. » Intervint calmement Asklepios.

Valentin ne savait pas quoi répondre à ça et il retourna vers Béatrice, qui était totalement transportée par tout ce qu’elle apprenait sur le dragon. La conversation entre les quatre tourna ensuite surtout autour de ces animaux. Les deux mages fournirent quelques informations supplémentaires sur ce qu’ils savaient des dragons adultes. « Tu es seule à travailler dans ce grand bâtiment ? S’enquit Déa auprès de Béatrice.
– Oh non, nous sommes plusieurs, expliqua celle-ci. Mais nous sommes samedi. Et, le samedi, personne ne travaille.
– Sauf toi, pointa la femme aux yeux dorés d’un ton malicieux.
– Oui, mais c’est une situation exceptionnelle !
– J’en ai l’impression, commenta Belisama. Où en sont les recherches ? » Continua-t-elle en se tournant vers Valentin.

« Je pense qu’elles sont terminées, estima celui-ci. Allons voir ; il va falloir trier. » Curieux, ils se rendirent tous dans le bâtiment principal, suivis par le jeune dragon qui ne voulait pas quitter la femme aux yeux dorés. Béatrice accepta que le jeune animal les accompagne à la condition que Déa s’assure qu’il ne fasse pas de bêtises. Valentin leur attribua des postes à tous et répartit les résultats de recherche. Ils s’installèrent tous et le jeune homme leur conseilla de garder le moindre article qui leur laisserait le moindre doute.

« Comment ils vont réussir à lire tout ça ? interrogea Béatrice.
– Je peux lire n’importe quelle langue, en plus de la parler, leur assura Déa. Cela ne me prend que quelques secondes à intégrer. Un peu plus si je ne connais pas l’alphabet.
– Oh tant mieux, se réjouit Valentin. J’avais prévu le mode aveugle pour eux, avec des écouteurs.
– Je n’en aurai pas besoin, mais Askel si j’en ai peur, reprit la femme aux yeux dorés. Je suis désolée, mais dans mon état ce sera plus simple de traduire ce qu’il entend que ce qu’il voit. J’essaie de chercher les autres en même temps et cela me demande beaucoup d’énergie.
– Tu n’as pas besoin de te justifier, la rassura Béatrice. Valentin avait tout prévu de toutes façons. Si tu préfères les écouteurs, n’hésite pas à lui dire.
– Ça ira, chantonna Belisama avec un grand sourire. Je suis impatiente de voir les styles d’écriture de toutes façons. »

Ils se mirent au travail sans tarder. Cela leur prit beaucoup de temps et, lorsque midi fut passé, Béatrice proposa de commander à manger. Après le repas, ils pourraient faire un point sur ce qu’ils avaient trouvé. « Je peux nous fournir de quoi nous nourrir, suggéra Déa. Comme les autres fois.
– À vrai dire, si ça ne dérange personne, j’aimerais beaucoup goûter à la nourriture de ce temps. » Comme toujours, Asklepios était intervenu de sa voix profonde et de son ton poli. La femme aux yeux dorés le considéra avec surprise. Puis, avec un sourire, elle acquiesça. « C’est une bonne idée, approuva-t-elle. Après tout, nous allons devoir vivre… maintenant, n’est ce pas ? »

Concernant leurs recherches, tous étaient tombés sur beaucoup d’histoires insolites, mais aucune ne pouvait être considérée comme une piste certaine sur l’un des membres manquant de leur petit groupe de mages. Le tri avaient été fortement ralenti pour Belisama et Asklepios, car ils avaient étudié les articles beaucoup plus en profondeur, émerveillés par toutes les nouveautés du monde d’aujourd’hui. La femme aux yeux dorés avaient même trouvé le moyen de naviguer elle-même sur Internet et en avait profité pour naviguer, faisant partager ses découvertes par télépathie à son compagnon.

Béatrice s’était mise à pianoter à toute vitesse sur son téléphone, pour assurer Massamba que tout allait bien se passer. Elle espérait ainsi arrêter le flot ininterrompu de son tuteur bavard et généreux en recommandations. « Qui c’est qui te harcèle comme ça ? s’enquit Valentin.
– C’est Massamba. Enfin, j’ai eu un message de Pommier et bientôt quinze de Massamba.
– On dirait qu’il est aussi enthousiaste que toi, plaisanta le jeune homme.
– Voire même encore plus ! renchérit Béatrice. Et encore, je ne lui ai pas dit que j’ai déjà commencé à étudier un dragon. »

 

(Ces passage là, je sais pas si je les laisse ou pas :

Pendant ce temps, dans une jungle en plein cœur de l’Afrique, une jeune femme reposait entièrement nue sur un lit de pétales de cerisiers. Elle se réveilla en sursaut, repoussa ses mèches noires et lisses qui encombraient son visage et grimaça au souvenir de l’intense douleur qu’elle avait subie en guérissant. Qu’est ce qui avait bien pu la blesser à ce point ? Était-ce ce voile noir qui avait eu l’air de recouvrir l’horizon tout entier ? Combien de temps avait-elle dormi ? Et combien de temps son esprit allait-il rester brumeux ? Elle prit sa tête entre ses deux mains, plissant ses yeux en amande. Que de questions ; elle se sentait aussi confuse que ses souvenirs.

La jeune femme se leva. Une autre question lui traversa l’esprit : d’où venaient ces pétales roses sur lesquels elle était couchée à l’instant ? Elle scruta les alentours du regard. Cet environnement lui paraissait presque étranger, comme si elle n’avait pas l’habitude de se trouver dans un tel endroit, et percevait sa présence comme saugrenue en ce lieu. Elle toucha pensivement les grandes feuilles alentours. Celles-ci, comme répondant à son appel silencieux, se penchèrent vers elle, la caressant doucement, presque avec tendresse.

La jeune femme demanda aux plantes alentours si elle pouvait leur prendre quelques feuilles pour se vêtir. Sa requête fut acceptée et des morceaux entiers de végétation tombèrent d’eux-mêmes autour d’elle. Pour remercier la généreuse flore de ces lieux, elle posa ses mains sur les plantes. Une lumière rouge nimba son corps et les végétaux s’étant montrés généreux virent leurs feuilles manquantes repousser. Grâce aux abondantes feuilles immenses qu’elle avait à sa disposition, la jeune femme se confectionna un kimono végétal.

Sa confusion se dissipait peu à peu, elle le sentait. Une certitude s’imposa : elle devait retrouver les autres. C’était important. La jeune femme s’auréola de lumière et sourit. Elle se souvenait enfin qu’elle était Amaterasu.

 

Au même moment, deux énergumènes profitaient du soleil sur le sable fin d’un îlot dangereusement proche d’un volcan. « Hé, Chaahk, tu crois que ça suffira à les alerter ? S’enquit l’un des deux d’une langue que plus personne n’avait entendu parler depuis longtemps.
– Je ne sais pas trop [Bidule], répondit l’autre d’un air dubitatif. C’est bruyant, c’est sûr, mais est ce que ça les atteindra ? Rien n’est moins sûr.
– Normalement Askel devrait entendre, supposa le premier avec entrain.
– Sauf s’il ne s’est pas encore éveillé, temporisa le second. C’est un paramètre à prendre en compte.
– Rha tu es trop sérieux ! »

[Bidule] se leva et commença un véritable échauffement, faisant rouler ses muscles fins sous sa peau. Très vite, il se lança dans des acrobaties de plus en plus impressionnantes. Il n’était pas très grand, mais disposait d’une excellente détente. « Et toi, tu ne tiens pas en place. » rétorqua Chaahk. Celui-ci était beaucoup plus grand et costaud que son agile compagnon.

Il se nimba de vert et fit un petit geste vers le haut. Un poisson sortit de l’eau, frétillant furieusement, et se dirigea vers la main de l’homme, visiblement contre son gré. Le grand Chaahk répéta l’opération, avec plusieurs poissons cette fois. « Tiens, j’ai pêché le repas, tu t’en occupes ? lança-t-il à [Bidule] qui continuait de s’activer tout seul sur la plage.
– D’accord. Tu pourrais pas nous apporter du fromage aussi ?
– Je crains que non. Je n’en vois pas à portée.
– C’est nul, se plaignit [Bidule]. Vivement que nous retrouvions le chef.
– Pour pouvoir avoir du fromage ?
– Oui. »

Ce disant, le petit homme commença à s’occuper des poissons grâce à un bout de bois qu’il avait effilé. Pendant qu’il œuvrait, le plus grand commença à son tour une série d’exercices. Ils demandaient moins d’agilité mais plus de puissance. « Tu es sûr que tu ne veux pas m’envoyer valser sur le continent ? S’enquit [Bidule]. Il est dans cette direction. » Précisa-t-il en montrant l’est d’un petit signe négligeant. Chaahk secoua la tête en souriant par devers lui. Son ami était aussi petit que déterminé. Quand il avait quelque chose en tête, c’était très difficile de l’en détacher.

« Je n’ai pas encore récupéré toute ma force, expliqua une nouvelle fois le plus grand. Tu ne ferais pas trop ton malin de rester au milieu de l’océan.
– Je nagerai la fin du voyage, argumenta [Bidule]. Comme je vais vite, ça devrait suffire.
– J’en doute. Et puis, qu’irais-tu faire sur ce continent ? De ce que nous savons, il n’y a personne d’entre nous et ce ne sont pas les populations locales qui pourront nous être d’une grande aide.
– Peut-être que c’est nous qui pourrons les aider, suggéra innocemment le plus petit qui plantait les poissons évidés et écaillés sur des pics en vue de les faire cuire.
– Mmmh… » Grommela Chaahk en arrêtant de s’exercer. Il vint s’asseoir à côté de son ami qui préparait un petit foyer et reprit :

« Je ne voulais pas t’inquiéter, mais je suppose que tu n’as pas regardé les étoiles cette nuit ?
– J’ai vu qu’il y en avait, mais je n’y ai pas prêté attention plus que ça, j’étais trop faible et je me suis endormi tout de suite.
– Les étoiles ne sont pas là où elles étaient avant l’épisode du voile noir, expliqua sombrement Chaahk. C’est perturbant. Je préfère ne pas t’envoyer n’importe où avant que nous soyons certains de la situation.
– Je vois… Commença [Bidule] en allumant un petit feu d’un claquement de doigts et en disposant les poissons pour la cuisson. Ou alors, tu pourrais m’envoyer là-bas quand même et comme ça nous pourrions peut-être être fixés. »

Le plus grand hocha négativement la tête. Il ne voulait pas tenter quoique ce soit d’inconsidéré. Il savait que si la situation s’éternisaient, ils devraient agir. La question étant : quand devaient-ils considérer que la situation s’éternisait ? C’était une question difficile. « Les autres ne doivent pas avoir récupéré la totalité de leur puissance non plus, déclara-t-il finalement. Il n’y a pas assez de magie ; ça me chiffonne ça aussi.
– Je pense que c’est ce voile noir qui a volé toute la magie, déclara [Bidule] en s’emparant de deux bouts de bois ressemblant à des baguettes afin de tourner les poissons. Quand il est passé sur nous, c’est ce que j’ai senti.
– Étant donné qu’il couvrait tout l’horizon et que nous n’avons pas de nouvelles des autres, je suppose que le monde entier a été touché et eux aussi.
– Tu es pessimiste. Mange du poisson, ça ira mieux après. »

Chaahk obtempéra ; il avait faim. Il mordit dans la chair et soupira d’aise. Le poisson n’était pas totalement cuit, mais il n’en avait cure. L’homme appréciait tout autant le poisson cru. « Je pense plutôt que je suis réaliste, en fait, reprit Chaahk. Maintenant, la question à se poser, c’est : si le voile noir a absorbé toute la magie du monde, combien de temps a-t-il fallu au monde pour la régénérer ?
– Hum, marmonna [Bidule], très longtemps à mon avis. Surtout qu’elle n’est pas toujours pas au niveau où nous l’avons connue. »

Sur la plage de sable fin, dévorant leurs poissons, les deux amis méditaient à propos de leur situation. Ils s’ennuyèrent assez rapidement sur leur île après leur repas. Heureusement, ils étaient créatifs et improvisèrent rapidement des occupations, qui consistèrent principalement en des duels, tant intellectuels que physiques. Ils alternèrent entre des jeux de stratégie improvisés comme les échecs et des affrontements armés de bâtons. Les morceaux de bois ne tinrent pas longtemps et ils passèrent rapidement à l’entraînement à mains nues.

Ils s’interrompirent dans leurs exercices en entendant un bruit lointain. Aucun des deux n’avait jamais entendu un bruit pareil, ni jamais vu d’hélicoptère comme celui qui s’approchait de leur île, provenant d’un endroit soigneusement éloigné du volcan en éruption, qui s’était entre temps calmé. Les deux amis regardèrent l’engin voler dans leur direction avec perplexité. « Chaahk, as-tu déjà vu un animal pareil ?
– Je dois bien admettre que non, [Bidule]. Regarde, il y a des gens à l’intérieur.
– Des gens ? Ah oui, tiens. Ce serait un peu comme une charrette volante, alors ? »

Le plus grand acquiesça sans mot dire. À présent silencieux, ils se contentèrent de contempler le spectacle inédit de cette machine volante en acier les survoler et descendre petit à petit sur la plage.

Fin du passage que je sais pas si je laisse ou pas.)

 

4197 mots pour aujourd’hui, dont beaucoup de triche et de questionnements.

NaNoWriMo 2018 : Arkhaiologia Tome 2, jour 11

Avec l’agitation, personne d’autre ne l’avait vue non plus. L’esprit du pendentif fit un clin d’œil à Ethelle avant de retourner se cacher dans le camée.

Izel se retrouva près d’elle et lui enjoignit à s’écarter du lac. Ils remontèrent au manoir et croisèrent Nicolas Merryweather qui en descendait. Il était pâle et armé de son pistolet. « Ethelle, ma chère, je suis soulagé de vous voir saine et sauve.
– Je suis resté à ses côtés pour la protéger, mentionna Izel avec hauteur.
– Oh, euh et bien je vous en suis reconnaissant, le remercia Nicolas tandis que le rouge lui montait aux joues. Cela m’a permis de récupérer mon arme pour les faire fuir. »

Les gendarmes détachés à la protection du domaine Merryweather au cas où Gregory se montrerait avaient, eux aussi, tiré en direction des êtres lacustres pour les faire fuir. Ils étaient à présent regroupés sur la petite plage du lac, tenant une conversation animée. Ethelle supposa qu’avec des apparitions surnaturelles de plus en plus nombreuses, les gens d’armes ne devaient plus savoir où donner de la tête. L’un d’entre eux, quitta le petit groupe et, arrivant à la hauteur de Nicolas, l’informa qu’il devait quitter la surveillance du domaine pour aller informer son supérieur des évènements. Sans attendre de réponse, il inclina brièvement la tête et s’en fut.

« Vous devriez conserver votre arme avec vous, conseilla Izel à l’héritier Merryweather avec un demi-sourire.
– J’y songe, répondit Nicolas avec agacement. Venez, Ethelle, rentrons. » La jeune femme acquiesça et saisit le bras qu’il lui tendait. Ils rentrèrent paisiblement, accompagné par le nahua qui irritait le maître des lieux.

 

Le jour suivant, de nombreux convives avaient déjà quitté le manoir pour regagner leur maisonnée. Les gendarmes s’étaient retirés du domaine, leur supérieur ayant décidé que des affaires plus pressantes les appelaient. Il regnait une ambiance qu’Ethelle trouvait morne. Les membres de la famille [Machintruc], qui préparaient à leur tour leur départ, lui demandèrent de les retrouver dans leurs appartements.

Lorsque la jeune femme pénétra dans le petit salon des [Machintruc], Miztli se précipita vers elle avec joie. « Viens, papa et maman veulent te parler ! » Elle s’empara ensuite de la main d’Ethelle pour l’entraîner vers le fauteuil près de la cheminée où se tenait Xochitl. Entendant sa fille parler à Ethelle, Cuauhtli les rejoignit. Madame [Machintruc] adressa un aimable sourire à mademoiselle Morton et l’invita à s’assoir sur le fauteuil en face d’elle.

« Nous avons été très heureux de faire votre connaissance, commença Xochitl.
– Moi de même, lui assura Ethelle avec chaleur.
– J’en suis ravie. Nous vous avons demandé de venir car nous avons quelque chose à vous proposer.
– Vraiment ?
– Oui, intervint Cuauhtli. Nous en avons beaucoup discuté et nous pensons que c’est une très bonne idée.
– Nous voulions vous proposer de partir avec nous, précisa Xochitl.
– Avec vous ? s’étonna Ethelle prise de court.
– Oui, confirma Xochitl. Cuauhtli connaissait bien votre père, qu’il tenait en haute estime, et vous nous avez fait une excellente impression. C’est pourquoi nous comptions vous proposer de vous accueillir chez nous à Nueva Tenochtitlan (ou Yancuic Tenochtitlan ? Quelle quantité d’espagnol a été finalement conservée et est utilisée ? Quid du portugais ? Et puis d’abord où ça se trouve ?) où vous pourriez repartir du bon pied dans une ville riche et foisonnante. De là, vous pourrez tout de même retourner à Eastlond si vous en ressentez l’envie.
– C’est vraiment généreux de votre part comme proposition. » déclara Ethelle qui ne savait pas si elle avait envie d’aller vivre si loin dans le sud.

De fait, elle ne savait pas non plus si elle avait envie de faire partie de cette famille. Ils s’étaient certes montrés toujours agréables et attentionnés à son égard, mais elle ne les connaissait que très peu. Aurait-elle de mauvaises surprises plus tard ? D’un autre côté, l’autre solution qu’elle avait était de continuer de vivre au crochet de la famille Merryweather. Heather était pénible et envahissante, mais au moins la jeune femme savait à quoi s’attendre. Et puis, en restant à Lancy, elle restait à la portée de la bibliothèque antique de Simon Derrington. Ethelle ne savait pas si elle aurait l’occasion d’y retourner, mais elle préférait ne pas trop s’en éloigner.

« Les enfants nous ont assuré qu’ils apprécieraient beaucoup vous avoir comme compagne, précisa Cuauhtli. De plus, dans quelques mois (réfléchir à combien de temps exactement), Izel sera en âge de prendre une épouse. Nous pourrions vous marier et vous bénéficierez ainsi du prestige de la famille [Machintruc], cela vous aidera certainement dans vos affaires.
– Oh, mais je ne comptais pas profiter d’autant de générosité ! » s’exclama Ethelle.

Décidément, pourquoi y avait-il tant de monde qui considérait que le mariage était la solution à tout ? La jeune femme repensa à ce que lui avait dit Cuauhtli au sujet de son père, qui avait un soi-disant secret autout de sa réussite en affaires. La famille [Machintruc] lui faisait-elle miroiter un avenir radieux avec elle juste pour pouvoir mettre la main sur ce fameux secret ? Elle s’en voulut de penser cela de personnes qui s’étaient montrées avenantes et aimables avec elle depuis le début. Izel s’était même porté à son secours à plusieurs reprises.

« Nous aurions dû vous en parler avant, déplora Xochitl. Vous n’avez que peu de temps pour vous décider.
– Il est vrai que c’est difficile pour moi de prendre une décision si importante dans un laps de temps si court, confirma Ethelle.
– Écoutez, temporisa Cuauhtli, si cela vous convient mieux, vous pouvez partir avec nous en considérant que vous prenez des vacances et, si la vie avec nous ne vous convient pas, vous pourrez certainement revenir ici auprès de la famille Merryweather. »

Présentée ainsi, l’offre était plutôt tentante. Ethelle n’avait jamais eu l’occasion de se rendre dans l’Empire de Nueva Azteca et elle était curieuse de visiter Nueva Tenochtitlan. Alors qu’Ethelle s’apprêtait à dire qu’elle s’en voudrait de les mettre en retard, quelqu’un frappa à la porte. Henry, le majordome des Merryweather, entra dans la pièce, s’inclina et déclara : « Mademoiselle Morton est requise dans le salon de réception de madame Merryweather. Si vous voulez bien me suivre.
– Pour quelle raison est-elle convoquée ? s’enquit Xochitl sur un timbre un peu irrité.
– Monsieur Merryweather la mande car ses amis sont revenus d’un périple archéologique.
– Un périple archéologique ? s’étonna Cuauhtli. Cela ne peut-il pas attendre ? Nous sommes au milieu d’une conversation importante.
– Prenez votre temps, déclara calmement Henry. Je patienterai de l’autre côté de la porte. »

Ce qu’il fit. Le coeur d’Ethelle battait la chamade ; elle était impatiente de retrouver Simon et Clay et très heureuse de savoir qu’ils n’avaient pas eu à faire à Gregory. Elle nota de leur en parler au cas où. La jeune femme repoussa ses pensées dans sa tête pour s’occuper de ne pas froisser la famille [Machintruc]. « Je suis navrée, leur dit-elle, et aussi profondément flattée par votre proposition, mais je ne vais pas pouvoir vous accompagner dès aujourd’hui. Le devoir m’appelle, mais peut-être pourrai-je me mettre en route d’ici quelques jours, si votre invitation tient toujours bien entendu.
– Bien sûr, lui assura Xochitl. Nous sommes un peu déçus de ne pas pouvoir profiter de votre présence dès maintenant, mais nous vous accueillerons avec joie lorsque vous serez prête à venir chez nous. »

Ethelle sourit. Elle avait réussi à garder la porte ouverte tout en déclinant l’invitation, ce dont elle était soulagée ; elle aurait ainsi le temps d’y réfléchir à tête reposée. En les remerciant une nouvelle fois, elle prit poliment congé, pour suivre Henry qui l’attendait, stoïque, dans le couloir. Tandis qu’elle lui emboîtait le pas, une inquiétude survint : Arabella Finley avait-elle déjà quitté le manoir ? Il serait très fâcheux qu’elle croise Clay dans un couloir. Qui sait comment elle réagirait en le voyant ?

Lorsqu’Henry lui ouvrit la porte du salon, Ethelle fut soulagée de ne pas y trouver la Veuve-Noire, mais aussi de constater que Clay et Simon étaient indemnes de toute blessure qui aurait pu signifier une rencontre avec Gregory. En plus de Nicolas qui devisait avec le professeur Derrington, la jeune femme rousse fut surprise de voir Tina, mais aussi un grand homme aux yeux verts étincelants et à la longue chevelure noire qu’elle ne connaissait pas.

Avant qu’elle n’ait eu le temps de dire quoi que ce soit, Clay avait franchi les quelques pas qui les séparaient pour l’étreindre brièvement. Il la lâcha avant qu’elle puisse s’offusquer et lui adressa un franc sourire en lui disant : « Je suis content de voir que tu… vous allez bien !
– Je… moi aussi, avoua Ethelle. Je suis heureuse de vous voir et surprise, aussi.
– Nous n’avons pas eu l’occasion d’envoyer un message. » s’excusa Simon en venant l’étreindre à son tour.

Tina ne vint pas l’étreindre – l’inverse aurait profondément surpris mademoiselle Morton – et se contenta de la fixer d’un air insolent en croisant les bras. L’homme aux étranges yeux verts la fixait également, l’air impassible. Il était vêtu d’un costume neuf, qu’Ethelle soupçonnait l’archéologue d’avoir fait tailler à ses frais peu de temps auparavant. L’inconnu ne semblait pas encore tout à fait à l’aise avec ces vêtements typiquement angelnish.

« Que faites-vous là ? s’enquit la jeune femme rousse. Je pensais que vous ne reviendriez pas avant encore plusieurs jours.
– Il s’est passé des choses dans la bibliothèque, expliqua vivement Clay tandis que l’archéologue les poussait à s’installer sur le canapé ou les fauteuils.
– Quelles choses ? demanda Ethelle en s’asseyant à côté de l’ancien Faucheux sur le canapé.
– Gregory nous a attaqués, tu sais, le majordome de la Veuve-Noire. »

Dans son impatience, le jeune homme en oubliait de la vouvoyer. « Je me souviens bien de lui, renchérit Ethelle. Il a voulu me tuer lors d’un dîner…
– Il a… ? Ohlàlà… J’avais raison de m’inquiéter. » Clay se passa nerveusement la main dans les cheveux, avant de reprendre : « Je suis content que tu sois saine et sauve.
– J’ai arrêté cet homme grâce à mon pistolet, précisa Nicolas dont les joues étaient une fois de plus colorées de rouge. Puis il a été emmené par les gendarmes.
– Et puis il s’est enfui, continua Ethelle. C’est à ce moment là qu’il a dû se lancer à votre poursuite.
– Comment a-t-il fait pour nous retrouver ? demanda Tina. C’est toi qui lui a balancé Clay ? »

Le ton de la jeune fille blonde, dirigé à l’intention de mademoiselle Morton, était accusateur. « Je n’ai rien dit, démentit Ethelle.
– Chaahk et moi pensons que cet homme, Grégory, étant un loup-garou, avait des capacités de pistage surhumaines, intervint le professeur Derrington avec une pointe de fierté. Nous avons émit l’hypothèse qu’il a suivi Clay à la trace depuis Lancy.
– Un loup-garou ? balbutia Nicolas.
– En y repensant, c’est vrai qu’il avait une tête bizarre lorsqu’il m’a attaquée, réfléchit Ethelle. Comme s’il était déformé… et avec plus de poils aussi.
– Un loup-garou, répéta Simon, ou lycanthrope. J’en suis sûr et certain ! D’ailleurs, sa force était impressionnante. Nous avons eu beaucoup de chance de nous en sortir ; nous n’en serions pas là si Tina n’avait eu la présence d’esprit d’utiliser l’argent dévolu à mes photographeurs pour vaincre la bête. »

La blondinette jeta un regard triomphant à Ethelle. Cette dernière, bien qu’impressionnée par l’exploit de Tina, n’en laissa rien paraître. Elle se sentait soulagée de savoir que Gregory avait été vaincu. En revanche, même sans son majordome, la Veuve-Noire devait avoir des moyens de leur porter préjudice. Sans compter que la disparition de son homme de main la mettrait certainement dans une colère noire. Et ce n’était pas quelque chose à laquelle Ethelle avait envie d’assister.

« Il faut que je vous dise, déclara-t-elle à ses compagnons, qu’Arabella Finley se trouve ici. (est-ce que Simon est au courant pour Arabella/Veuve-Noire ? Si non, à préciser avant et vérifier aussi à propos de Nicolas) Il ne faut pas qu’elle aperçoive Clay ou Tina.
– Arabella Finley ? répéta Nicolas. Mais pourquoi cela ? Que ne m’avez-vous pas dit ? »

2033 mots pour aujourd’hui. Je continue de rogner sur mon retard, pas aussi vite que je le voudrais, mais je rogne !

NaNoWriMo 2018 : Arkhaiologia Tome 2, jour 7 et 8

Lorsque Clay ressortit du camp avec leurs affaires, Tina s’empressa de venir l’aider. Suivis de l’archéologue qui traînait, répugnant à quitter sa chère bibliothèque, ils gravirent la faille qui menait à l’air libre. Alors qu’ils chargeaient la mécamobile, les trois angelnish perçurent un tremblement du sol sous leurs pieds. Ils tournèrent la tête en direction de Chaahk, quelques mètres plus loin. A leur grande surprise, la terre paraissait se mouvoir de sa propre volonté, absorbant le corps de Gregory sous le regard grave du dieu. « Qu’est ce qu’il fait ? s’étonna Tina.
– Il l’enterre, je suppose, répondit Simon qui paraissait fasciné par la scène. Je vais en profiter pour lui demander s’il veut venir avec nous. »

Clay amorça un mouvement pour demander si se promener avec un homme à moitié nu ne risquait pas d’attirer l’attention une fois qu’ils seraient à Lancy. Il s’arrêta, voyant bien que c’était inutile : Simon était déjà près de Chaahk pour lui proposer de voyager avec eux. L’ancien Faucheux était certain que l’archéologue lui faisait miroiter des découvertes passionnantes en se fondant dans une ville typiquement actuelle.

Le dieu écouta attentivement le professeur Derrington, puis prononça quelques mots ponctués d’un signe de tête en direction de la bibliothèque. Cela parut faire réfléchir Simon qui se gratta le cuir chevelu d’un air pensif. Puis il se tourna de nouveau vers Chaahk pour lui répondre en haussant les épaules. Le dieu pencha la tête sur le côté et parut faire une proposition à l’archéologue qui accepta aussitôt.

Un nouveau tremblement de terre fit sursauter Clay et Tina. « Regarde ! » s’exclama la blondinette en désignant la colline qui recouvrait la bibliothèque. La terre autour de la faille paraissait avoir pris vie et bouchait l’entrée par laquelle ils passaient pour pénétrer dans l’antique bâtiment. « Il a vraiment des pouvoirs impressionnants, commenta Tina.
– Ca, c’est sûr, approuva Clay.
– Imaginer qu’il y a des gens aussi puissants qui se promènent dans le monde, ça m’inquiète un peu.
– Je te comprends, je dois dire que ça me met aussi mal à l’aise. Surtout en sachant qu’il se sent tout faible…
– Je ne veux même pas essayer d’imaginer quand il se sent fort. » acquiesça Tina.

Les deux anciens Faucheux regardèrent Chaahk et Simon revenir vers eux, avec un brin d’appréhension. Ils espéraient que le dieu ne se ferait pas remarquer en ville et que rien ne l’obligerait à utiliser ses pouvoirs. En montant en voiture, Clay tenta de se rassurer en se disant que Chaahk paraissait être une personne raisonnable et qu’il ne se mettrait pas de lui-même dans une situation gênante. En fait, il paraissait surtout observer ce qu’il se passait autour de lui. Peut-être était-ce pour ne pas agir de manière imprudente. D’ailleurs, le jeune homme le trouvait bien calme face à sa situation : le dieu avait été endormi pendant des centaines et des centaines d’années, s’était réveillé dans un lieu en ruine, et ne paraissait pas en faire grand cas.

Tandis que la mécamobile atteignait une ébauche de chemin de terre, Clay essaya de se mettre à la place de Chaahk. Quand ce dernier avait ouvert les yeux dans la bibliothèque, il avait dû se sentir perdu. S’était-il seulement réveillé avec les idées claires ? En tous cas, l’ancien Faucheux savait qu’il aurait paniqué en se retrouvant seul dans un lieu connu devenu une ruine peuplée de fantômes. Il frissonna. En plus d’avoir des pouvoirs merveilleux et un physique sans défaut, Chaahk paraissait aussi intelligent et avoir un moral d’acier. C’était donc cela d’être un dieu ? On incarnait la perfection ? Le jeune homme se sentait un peu jaloux de tant de qualités. A côté de Chaahk, il avait l’impression d’être insignifiant et il n’aimait pas cette sensation. D’un autre côté, les dieux étant restés dans les mémoires tellement de centaines d’années après avoir disparu, ce n’était pas étonnant qu’ils soient des êtres exceptionnels.

Il fut interrompu dans le flot de ses pensées par Tina qui demanda en désignant Chaahk d’un petit mouvement de menton : « Dites, m’sieur Derrington, vous ne pensez pas qu’il faudrait l’habiller un peu plus pour aller en ville ?
– Oh si si, confirma Simon. J’y ai songé, mais je ne pense pas que nous trouverons de tailleur convenable entre ici et Lancy.
– Mais il a pas besoin d’un tailleur convenable, juste de pas être tout nu ! protesta la jeune fille.
– Rho, mais il n’est pas techniquement nu… » Temporisa l’archéologue.

Tina leva les yeux au ciel et se cala de nouveau au fond de son siège, à côté de Clay ; ils étaient à l’arrière, séparés par un sac qui ne tenait pas dans le coffre avec le reste des bagages. Ils n’avaient pas pris le temps d’enlever le matériel de remplacement qu’ils stockaient dans le véhicule pendant qu’ils travaillaient dans la bibliothèque, la mécamobile était donc un peu chargée.

Chaahk ne disait rien. Il contemplait le paysage qui défilait à l’extérieur, l’air impassible. Cet air presque toujours impénétrable rendait Clay nerveux. Il aimait bien avoir des indications sur ce que pensaient les personnes face à lui. Simon engagea la conversation avec son silencieux passager en langue antique. Le dieu répondait brièvement aux questions du professeur Derrington. « Qu’est ce qu’il dit ? s’enquit Tina qui n’aimait pas ne pas comprendre.
– Je lui ai demandé ce qu’il pensait de nos petites merveilles de technologie que sont les mécamobiles, répondit plaisamment l’archéologue. Et il m’a expliqué que la civilisation antique que nous étudions avait des moyens de transport encore plus performants. Et aussi qu’il était prêt à m’expliquer comment tout cela fonctionnait à l’époque, mais qu’il doutait que j’ai le bagage de… mmmh… d’ingénierie nécessaire pour bien comprendre. »

L’archéologue avait essayé de garder un ton détaché en prononçant la dernière phrase, mais Clay sentait bien qu’il s’était senti un peu piqué par la remarque. Au moins, Simon était facile à lire, lui. L’ancien Faucheux s’était très vite senti en confiance en présence du professeur Derrington. Il savait que Tina aussi. Même Ethelle, qu’il sentait plus circonspecte, lui avait rapidement accordé sa confiance. Simon était ainsi : il attirait la sympathie. Clay sourit par devers lui en se disant que la plupart des gens devaient le trouver sympathique jusqu’au moment où il leur faisait subir son enthousiasme sans limite.

L’ancien Faucheux était en train d’organiser ses idées pour savoir comment les raconter à Ethelle quand il la retrouverait, lorsqu’il s’assoupit. Il commença par rêver qu’il était à un mariage. Il se sentait un peu gêné de voir qu’il avait été convié à une réception de la haute, mais Tina était avec lui, ce qui le rassurait. C’est alors qu’il vit Ethelle, qui lui parut resplendissante avec ses cheveux roux qui contrastaient avec sa robe blanche. Il comprit que c’était elle qui l’avait invité à son mariage. Avec un grand sourire, il lui fit un signe de la main, auquel elle répondit chaleureusement.

Juste avant de remarquer qu’elle ne le regardait pas directement. Nicolas Merryweather le dépassa allègrement et il comprit que c’était au jeune homme blond qu’Ethelle faisait signe et non à lui. Nicolas était également vêtu de blanc et les deux jeunes mariés s’étreignirent avec tendresse. Alors que de les voir ainsi serrait le cœur de Clay, une ombre enfla derrière les tourtereaux. Avec horreur, l’ancien Faucheux réalisa qu’il s’agissait d’une araignée géante, noire et rouge avec les chélicères frémissantes, qui s’apprêtait à dévorer le couple.

Clay voulait les prévenir, surtout Ethelle, mais il n’arrivait pas à bouger et aucun son ne sortait de sa bouche. La gorge nouée, il détourna les yeux et son regard tomba sur Tina qui était armée de son arbalète chargée d’un carreau d’argent. Avec espoir, il la regarda tirer en direction de l’araignée. Le premier carreau fit mouche, le monstre recula d’un pas, agitant ses chélicères de douleur, et la blondinette chargea aussitôt son arme avec un nouveau projectile. Le deuxième carreau fila vers Ethelle et Clay cria silencieusement d’horreur.

Une fois parvenu juste devant le front de la jeune femme rousse, le projectile s’arrêta, de même que toute la scène du rêve de Clay. Au milieu de la scène suspendue, une femme s’avança vers l’ancien Faucheux. Elle fronçait les sourcils, comme si elle était déçue de ce qu’elle voyait et commença à parler dans une langue que le jeune homme ne comprenait pas. Comme il ne répondait pas, elle secoua la tête en levant les yeux au ciel, avant de le toucher brièvement. Clay sentit disparaître la boule qui lui nouait la gorge. « Je ne comprends pas… » Parvint-il à dire. La femme soupira et claqua des doigts.

Le jeune homme se sentit projeté jusqu’à une nouvelle scène, toujours en compagnie de la femme qui avait apparemment le pouvoir de diriger les rêves. S’y tenaient plusieurs personnes, dans une grande salle blanche remplie de cages peuplés de créatures diverses. Il se rendit compte qu’il s’agissait d’animaux qu’il ne connaissait pas et, apercevant une banshee, il supposa que les autres devaient aussi être des créatures magiques.

Parmi les personnes présentes, il reconnut la femme qui était intervenue dans son cauchemar et Chaahk. Tous discutaient de manière animée, puis la scène se suspendit comme l’avait fait son rêve. La maîtresse des rêves désigna Chaahk. « Oui, je le connais. » déclara Clay qui ne savait pas quoi dire d’autre. Visiblement, la femme ne le comprenait pas plus qu’il ne la comprenait. Elle ouvrit la bouche.

Mais le jeune homme se réveilla dans la mécamobile. « Qu’est ce qui t’arrive ? lui lança Tina. T’as envie de vomir ? T’es tout pâle.
– Pas loin, grommela Clay. J’ai fait un de ces cauchemars ! Et après une femme est venue arrêter mon rêve. Je crois qu’elle voulait parler à Chaahk. » Entendant son prénom, le dieu se tourna vers la banquette arrière. Simon lui traduisit les propos de Clay. Le visage de Chaahk s’éclaira et il déclara avec soulagement :

« Yingana.
– C’est le nom de la femme de mon rêve ? vérifia le jeune homme.
– Oui, répondit Chaahk après la traduction du professeur Derrington. Amie, dieu.
– Je suis bien content qu’elle soit intervenue en tous cas, reprit Clay. Ce rêve prenait un tour qui m’a rendu malade.
– Raconte ! lui enjoignit Tina.
– Je préfère pas. C’était suffisamment horrible comme ça. » Clay n’avait pas envie de raconter à sa cadette qu’il l’avait vue presque tuer Ethelle.

Le reste du trajet se déroula calmement. Simon fredonnait par intermittence, les deux anciens Faucheux contemplaient l’extérieur et Chaahk s’était endormi. Clay se dit qu’il devait essayer de retrouver la dénommée Yingana dans ses rêves. Il se sentait content pour le dieu et espérait qu’il arriverait à joindre sa semblable. En revanche, il préférait ne pas penser aux pouvoirs cumulés de deux dieux, surtout une fois qu’ils auraient retrouvé leurs forces.

 

1805 mots pour ces deux jours, dont le quota pour aujourd’hui ! Utiliser Siegfried aide donc vraiment ^^

NaNoWriMo 2018 : Arkhaiologia Tome 2, jour 6

Le jeune homme vit briller des crocs juste avant que la masse soit précipitée contre le mur. En voyant que Chaahk avait le bras tendu, il comprit que le dieu avait utilisé ses pouvoirs pour se débarrasser du monstre. Aussitôt après, Chaahk jeta puissamment sa lance en direction de leur assaillant, le clouant au mur antique.

« Nooon ! s’écria Simon. Il ne faut pas abîmer ces ruines, elles so… » Il fut interrompu par un hurlement de rage du monstre, qui arracha furieusement la lance et la jeta sur le côté. À présent que Clay le voyait mieux, ses yeux s’arrondirent : l’être qui leur faisait face ressemblait à un loup aussi grand qu’un humain et revêtu d’un ensemble comme en portaient les majordomes. Ses yeux étincelaient de colère et sa gueule était entrouverte sur des crocs dégoulinants d’écume.

« Comment se fait-il qu’il ne soit pas mort ? s’étonna le professeur Derrington d’une voix blanche. J’ai vu la lance le traverser ! » Personne ne répondit. La bête avait dû être blessée ; Clay voyait du sang sous l’endroit où il avait été transpercé, mais cela paraissait n’avoir eu que peu d’impact. En s’avançant tranquillement en direction du monstre, Chaahk tendit le bras et la lance vint voler jusqu’à sa main. Le loup, qui se tenait sur les deux pattes arrières, se jeta sur le dieu. Ce dernier pointa sa main dans sa direction et la bête se retrouva immobilisée. Elle ne s’avoua pas vaincue et se débattit contre le pouvoir de Chaahk.

Clay, qui s’était un peu détendu en voyant que le nahua maîtrisait la situation, fut assailli par une nouvelle vague de panique en voyant le monstre parvenir à avancer de nouveau dans leur direction. Le dieu se crispa dans son effort pour le stopper, mais ne parvint pas à l’arrêter totalement. Le jeune homme espérait que leur agresseur se fatiguerait avant Chaahk, mais le souvenir l’explication de Simon selon laquelle le dieu était encore très faible le glaça. Le nahua, d’ordinaire si impassible, commençait à grimacer sous l’effort ; il tenait sa lance prête pour le seconder.

« C’est un loup-garou, s’étrangla Simon. J’en suis sûr ! Ces bêtes sont immortelles, nous sommes faits… » Chaahk, qui luttait férocement contre la force de son opposant, prononça quelques mots en langue antique. Le visage de l’archéologue s’éclaira : « De l’argent vous dites ? Mais où trouver de l’argent ici ? »

C’est alors que Tina s’enfuit. « Hé ! Reviens ! » lui lança Clay. Sur un grognement enragé, la bête parvint à faire un bond en avant. Le jeune homme détourna son attention de la blondinette et avisa l’antique balai avec lequel il avait nettoyé la pièce du camp bien des semaines auparavant. Imitant Chaahk, il délaissa son couteau pour s’emparer du balai comme une arme à allonge et le pointa sur le loup-garou en soutien. Il ne se sentait pas si courageux face aux crocs saillants de l’énorme monstre velu, mais il pensait que fuir ne ferait que retarder l’inévitable.

Clay se sentit quitter le sol. Il flottait à peine au-dessus, mais ses pieds ne touchaient plus la poussière millénaire. « Que… ? » lança-t-il avant de se retrouver deux mètres plus loin, à côté de Simon qui avait visiblement subi le même sort. Chaahk relâcha d’un coup la pression qu’il exerçait sur le loup-garou. Déstabilisé, celui-ci trébucha en avant et le dieu l’embrocha de nouveau sur le sol avec sa lance de métal, appuyant dessus de tout son poids pour bloquer le monstre qui se débattait de plus belle.

Ignorant la lance qui le transperçait, le loup-garou se redressa, essayant de mordre le dieu. Ce dernier l’évitait habilement, le repoussant à terre par magie tout en le maintenant avec son arme profondément enfoncée dans le sol. « C’est admirable, se réjouit le professeur Derrington qui était très pâle. Mais nous n’allons pas pouvoir rester dans cette situation indéfiniment. Nous devons trouver de l’argent pour le mettre hors d’état de nuire. » Clay acquiesça, se releva et aida l’archéologue à faire de même malgré ses jambes tremblantes. Il réfléchissait à toute allure à ce qui pouvait être en argent dans cette bibliothèque antique.

Un bruit sec retentit. Le loup-garou hurla à la mort. Quelques instants plus tard, le bruit claqua de nouveau et le monstre se tut presque aussitôt, un trait planté dans le crâne. Sous les yeux ébahis du professeur Derrington et de son apprenti, la bête prit forme humaine. Clay réalisa avec horreur qu’il connaissait l’homme sous la peau du loup-garou. Il s’agissait de Gregory, le majordome de la Veuve-Noire. Cette fois, il paraissait bel et bien mort. En redressant la tête, il aperçut Tina, le regard hanté comme si elle était effrayée de ce qu’elle venait de faire. Les mains de la jeune fille tremblaient en portant une arbalète de fortune. Elle tenait un dernier carreau entre les dents, qui dégoulinait d’une substance argentée.

 

Il était une fois, un petit Siegfried qui avait besoin d’être connecté à un nouveau clavier. Le clavier bluetooth fonctionne ! Mais cela va-t-il être efficace ? Nous le saurons prochainement.

 

Elle ouvrit un peu la mâchoire, laissant tomber le carreau au sol. « Je… ça a marché ? demanda-t-elle.
– Mort, confirma Chaahk.
– Tu nous as sauvé la vie, la remercia Clay, impressionné par sa cadette qui abaissa son arme bricolée. Comment as-tu fait ?
– Je me suis souvenue qu’il y avait de l’argent dans le matériel du photographeur. Et après j’avais juste besoin d’une façon de le lui jeter dessus.
– Très impressionnant ! la félicita Simon. Tu es tellement vive, je suis certain que tu réussiras à remettre en marche toutes les machines de cette bibliothèque. »

La blondinette rosit de plaisir sous le compliment. Elle se figea presque aussitôt, reconnaissant à son tour Gregory. « Clay, il nous a retrouvés, comment allons-nous faire ?
– Il n’y a pas grand chose à faire, l’apaisa le jeune homme. Il est mort, il ne pourra pas nous dénoncer à la Veuve-Noire.
– Mais et si il l’a déjà fait avant de nous attaquer ?
– Il n’aurait pas pu le faire ici, intervint l’archéologue. L’endroit le plus proche d’où il aurait pu envoyer un message est à plusieurs kilomètres de là.
– Et la rousse ? questionna Tina derechef.
– Ethelle ? » s’enquit Clay.

Elle acquiesça. L’ancien Faucheux n’avait pas pensé à ça et l’idée que Gregory ait pu faire du mal à mademoiselle Morton le heurta. Paniqué, il jeta un regard de détresse à Simon. « Je suis certain qu’elle va bien, tenta de le rassurer le professeur Derrington. Elle est en sécurité sur la propriété des Merryweather, qui pourrait la trouver là-bas ? » Ces propos parurent sensés à Clay, dont l’inquiétude se calma un peu. Avant de reprendre de plus belle, à l’idée insidieuse que si le majordome les avait retrouvés dans cet endroit perdu, c’était qu’il avait forcément forcé Ethelle à lui révéler où ils étaient cachés.

Pendant ce temps, Chaahk avait récupéré sa lance et s’occupait de traîner le cadavre de Gregory vers l’extérieur de la bibliothèque. Entre deux vagues d’inquiétude, Clay se demanda s’il comptait ramener le corps jusqu’à la surface et si oui, comment il avait l’intention de s’y prendre. La faille qui reliait l’entrée de la bibliothèque à la clairière était peu pratique d’accès, étroite et ardue. Le jeune homme amorça un mouvement pour aider le dieu, lorsqu’il se souvint de sa capacité à faire bouger les choses par la simple force de son esprit. Chaahk se débrouillerait certainement mieux sans l’avoir dans les pattes.

« Nous devons retourner à Lancy, décréta Clay.
– Mais nous avons encore des provisions, protesta le professeur Derrington.
– Nous devons nous assurer qu’Ethelle va bien.
– Je suis certain qu’elle se porte comme un charme, lui assura Simon. Le jeune Merryweather paraît être une personne fiable et attentionnée, je suis certain qu’il s’occupe très bien d’elle. »

Comment avouer à l’archéologue que ce qu’il venait de dire ne faisait que renforcer la détermination de l’ancien Faucheux à la rejoindre ? « Elle me manque aussi, reprit Simon sur un ton plus doux en constatant le trouble de son apprenti. Nous pouvons faire un aller-retour pour nous assurer que tout va bien. Mais si tout va bien, je peux t’assurer que tu vas pédaler pendant plusieurs jours sans t’arrêter à notre retour !
– Promis. »

Simon plaisantait, mais Clay était sérieux ; il était prêt à tout pour retourner à Lancy le plus rapidement possible. Il partit aussitôt préparer le voyage, pendant que l’archéologue demandait des précisions à Tina sur la façon dont elle avait conçu son arbalète. Pendant que Clay rassemblait des affaires, il entendit la blondinette expliquer que cela faisait plusieurs jours qu’elle la construisait. Elle avait initialement eu cette idée pour aider Chaahk à chasser, mais elle ne pensait pas l’utiliser sur un aussi gros gibier que le loup-garou.

 

1471 petits mots pour aujourd’hui. C’est pas le quota du jour, mais vu le temps que j’ai consacré à vraiment écrire aujourd’hui, c’est plutôt pas mal.

NaNoWriMo 2018 : Arkhaiologia Tome 2, jour 5

Clay avait rarement eu l’occasion de voir Tina intimidée. Les deux seules personnes qui avaient réussi un tel exploit, à sa connaissance, étaient Arabella et Gregory.

« Nous devrions peut-être aller prendre l’air, nous aussi. » commenta Simon d’un ton pensif. L’ancien Faucheux avait l’impression que tout le monde voulait passer le plus de temps possible en compagnie de Chaahk. Le jeune homme devait bien admettre que leur invité suscitait facilement l’admiration. L’aura de mystère qui l’entourait, ses yeux perçants, sa chevelure parfaite, le corps bien dessiné à peine dissimulé, la sérénité qu’il dégageait, la démarche féline et l’intelligence aiguë dont il faisait preuve, étaient toutes autant de choses qui forçaient le respect.

Clay aurait voulu en discuter avec Ethelle. Il pensait qu’elle ne se laisserait pas aveugler par l’impression de perfection qui émanait du dieu. Elle trouverait certainement une remarque cinglante à faire à son propos. La jeune femme rousse lui manquait ; il s’était déjà surpris à plusieurs reprise à faire des esquisses de son visage, ce qu’elle aurait certainement trouvé mièvre. Malgré la propension d’Ethelle à porter des jugements sur tout, elle avait aussi su se montrer prévenante et compréhensive face à sa peur des fantômes. Elle était beaucoup plus gentille qu’elle ne le paraissait de prime abord !

Clay suivit néanmoins Simon à la suite de Tina et Chaahk. L’archéologue avait raison : respirer un peu d’air pur leur ferait du bien après tant de temps passé à respirer l’atmosphère poussiéreuse de la bibliothèque. Ils les rattrapèrent et profitèrent du soleil de fin d’automne (je crois, à un moment il va falloir que je fasse une vraie timeline), encore bien présent dans l’après-midi. La petite blonde n’eut pas besoin de solliciter l’aide du nahua ; il se dirigea de lui-même vers le planeur qui attisa sa curiosité.

« Je pense que nous allons devoir réfléchir à trouver les bureaux de ces professeurs dont parle la dénommée Béatrice, songea tout haut le professeur Derrington. Ils doivent receler des informations précieuses eux aussi.
– Peut-être même qu’ils conservaient leurs notes à l’écrit, espéra Clay.
– Oh non, je ne me lasse pas d’écouter ces souvenirs vocaux.
– Je me doute, mais ils sont épuisants pour moi !
– Allons allons, tu es jeune et solide, tu t’en sors très bien. » Le félicita l’archéologue.

Clay eut la brève impression que Chaahk écoutait leur conversation, ce qu’il trouvait idiot puisque le dieu ne connaissait pas leur langue. Il ne pouvait pas l’avoir apprise en si peu de temps, si ? De plus le nahua paraissait aussi suivre les explications ponctuées de gestes de Tina. L’ancien Faucheux n’eut pas l’occasion de se poser la question plus avant, car Simon commençait un résumé de ce qu’il avait appris en écoutant Béatrice et que ça intéressait beaucoup le jeune homme. Le professeur Derrington continua jusqu’à ce que le soleil se couche, les privant de sa faible chaleur automnale, et que leurs estomacs commencent à gargouiller.

Ils retournèrent se réfugier dans l’atmosphère antique de la bibliothèque pour préparer leur dîner. Chaahk avait attrapé deux lapins, un peu plus tôt, qu’il avait dépecés et qu’ils n’avaient plus qu’à faire cuire. Ses trois compagnons se réjouissaient d’avance de ce gibier qui allait agrémenter leur ordinaire. Ils s’installèrent autour du réchaud qui leur servaient de point de repère et commencèrent leurs préparatifs.

Le nahua se redressa soudain, surprenant les trois angelnish (<- terme à employer un peu plus). Il posa sa main sur le sol, les yeux mi-clos, comme s'il écoutait la terre lui parler. "Quelqu'un, dit-il en ouvrant les yeux. Pas ami." Les pensées se bousculèrent dans l'esprit de Clay : comment avait-il appris leur langue, comment savait-il que le nouvel intrus n'était pas un ami et que devait-il faire face à la menace ? Comme Tina, il s'empara d'un vieux couteau qu'il avait gardé du temps où ils faisaient partie des Faucheux. Simon fouilla dans ses affaires pour en extirper un pistolet qui avait, de toute évidence, très peu servi. Chaahk, s'emparant de sa lance en métal, leur adressa un signe de tête de connivence. Il se leva et s'aventura avec circonspection dans le grand hall. Clay et Tina l'encadraient, jetant des coups d'œil autour d'eux et le professeur Derrington les suivait en chargeant son arme à feu d'une main inexperte.

Clay avait beau fouiller la salle du regard, il ne vit rien de suspect. En revanche il se sentait observé, comme avant leur rencontre avec le dieu. Il sursauta quand une forme se laissa tomber sur Tina.

 

754 glorieux mots pour ce soir x) on va dire que la reprise a été dure

NaNoWriMo 2018 : Arkhaiologia Tome 2, jour 4

Alors qu’elle réfléchissait, elle se posta machinalement devant sa fenêtre. Le vent agitait les plantations du parc des Merryweather et quelques gouttes venaient frapper la fenêtre. C’est alors qu’elle aperçut quelqu’un s’aventurer dans le jardin en proie à la grisaille et aux éléments. Seulement vêtu de sortes de braies parées de plumes colorées et la tête surmontée d’une coiffe elle aussi piquée de plumes, il était pied nus sur les graviers et portait un long bâton de bois. Lorsqu’il se posta sur un carré d’herbe, il se tourna en direction du bâtiment et Ethelle reconnut avec surprise Izel, l’aîné des [Machintruc]. De le voir ainsi, il lui parut un peu plus âgé que de prime abord ; elle estimait qu’il devait avoir seize ou dix-sept ans.

Le garçon joignit les mains sur son bâton, levant les yeux vers le ciel et poussa un cri puissant. Ethelle n’eut pas le temps de sursauter qu’il avait déjà entamé une série de mouvements rapides, accompagné du long bâton qu’il maniait comme une lance. Izel se montrait un bon acrobate. Ses pas lui faisaient tracer un cercle dans l’herbe mouillée et le bâton tournoyait de plus en plus rapidement autour de lui. Sous les yeux ébahis de la jeune femme rousse, Miztli rejoignit son frère, se plaçant au centre du cercle qu’il était en train de tracer. Elle à peine plus vêtue, portait une coiffe emplumée encore plus imposante et ne portait pas de bâton. À la place, elle portait une flûte qu’elle porta à sa bouche pour en jouer. Pour l’écouter, Ethelle ouvrit sa fenêtre, ignorant les quelques gouttes qui l’éclaboussaient.

La jeune femme avait déjà rencontré des ressortissants nahuas de l’Empire Nueva Azteca, mais n’avait jamais assisté à une démonstration de danse traditionnelle. Elle en était subjuguée : les notes de la flûte étaient entêtantes et la danse hypnotisante. Ethelle se demanda combien de temps allait durer leur performance ; Izel allait bien se fatiguer à ce rythme, n’est ce pas ? Mais ni le frère, ni la sœur ne paraissaient pas vouloir s’arrêter. Ils continuèrent jusqu’à ce que les gouttes cessent de tomber et qu’un timide rayon de soleil traverse la masse nuageuse. Même là, ils persistèrent encore un peu, jusqu’à ce que l’aîné s’arrête de danser et plante son bâton en terre, essoufflé.

Miztli se précipita vers le manoir en sautillant et lançant joyeusement quelques mots de nahuatl à quelqu’un qu’Ethelle ne pouvait pas voir. Les parents de la fillette sortirent à leur tour dans le jardin humide. Eux n’avaient pas quitté leurs riches vêtements et parurent féliciter leurs enfants. Mademoiselle Morton approuva intérieurement : elle avait été impressionnée par leur prestation. C’est alors qu’elle remarqua qu’Izel la fixait de ses yeux noirs. Gênée, elle lui adressa un bref signe de main avant de refermer sa fenêtre.

Au dîner, elle félicita à son tour les deux enfants [Machintruc] du merveilleux spectacle auquel elle avait assisté. Xochitl lui expliqua qu’il s’agissait de la danse du soleil, astre cher au cœur nahua, et qu’Izel et Miztli avaient été tellement performants qu’ils avaient réussi à chasser la pluie pendant quelques minutes. Nicolas rit, pensant à une plaisanterie, mais Ethelle avait l’impression que Xochitl était sérieuse. Après tout, à la fin de la danse, la pluie s’était effectivement arrêtée de tomber et un rayon de soleil était même apparu. Était-ce juste une coïncidence ? La famille [Machintruc] paraissait certaine du pouvoir de la danse du soleil. Ethelle, quant à elle, avait été témoin de tellement de choses étranges qu’elle n’était pas loin de les croire.

Lorsque le valet de service se pencha à côté d’elle pour remplir son verre de vin, elle sursauta et étouffa un cri. Elle ne l’avait pas remarqué jusqu’ici – n’ayant pas l’habitude de prêter attention au personnel – mais celui qui venait de compléter de son verre était Gregory, le majordome qui l’avait attaquée la veille (à vérifier). Constatant qu’elle l’avait reconnu, l’homme de main d’Arabella s’empara d’un couteau et en porta un coup à Ethelle, qui repoussa précipitamment sa chaise pour l’éviter avant de se lever pour reculer encore.

Poussant un grognement inhumain, Gregory se jeta sur la jeune femme, mais le deuxième coup de couteau fut stoppé par Xochitl qui se trouvait à côté. Cuauhtli arriva en renfort de sa femme pour ceinturer le majordome d’Arabella. Celui-ci se débattit comme une furie. D’un coup de coude dirigé vers la figure, il se débarrassa de Xochitl. Comme elle poussa un petit cri de douleur en portant les mains à son nez, il se dégagea facilement de son mari qui l’avait lâché pour soutenir sa compagne. Gregory se précipita de nouveau vers sa cible rousse, qui avait prudemment placé la table entre son agresseur et elle. Il sauta sur la nappe, au milieu des plats et des assiettes, comme s’il s’agissait d’une simple marche.

Ethelle pensait sa dernière heure arrivée lorsque deux formes s’élevèrent face au majordome enragé. La première provenait de son pendentif et la deuxième n’était autre qu’Izel. Face à l’homme grand et costaud qu’était Gregory, [Bidulette] et le fils [Machintruc] paraissaient faibles et sans défense. Avec eux, il ne fallait pourtant pas se fier à l’apparence. [Bidulette] balaya les jambes du majordome tandis qu’Izel finissait de le déstabiliser par un coup de pied aérien. Grégory tomba, roula et se retrouva aussitôt sur ses pieds. À présent il avait quitté Ethelle des yeux et décida de se concentrer sur ses deux petits opposants.

La jeune femme rousse avait l’impression de se retrouver au milieu d’un cauchemar : le visage du majordome s’était allongé, sa pilosité s’était accentuée et ses canines paraissaient avoir poussé. Ce qui attaqua [Bidulette] et Izel tenait désormais plus de la bête que de l’être humain. Les deux poids plumes se tinrent prêts à contrer l’assaut de Gregory, mais il n’arriva pas jusqu’à eux. Un coup de feu avait retenti, qui avait fait sursauter tout le monde. Interrompu dans son élan, le majordome roula des yeux furieux avant de s’effondrer sur la table, puis de rouler sur le sol.

[Bidulette] fit la grimace en constatant qu’une fois de plus, elle se changeait en fumée contre son gré pour réintégrer le pendentif. Mais personne ne lui prêtait attention : tous avaient tourné la tête en direction de Nicolas, qui avait tiré le coup de feu. Il replaça le pistolet dans l’écrin qu’Henry maintenait ouvert à sa disposition et où se trouvait nichée une arme jumelle. Ceci fait, il s’empressa de rejoindre Ethelle pour s’assurer qu’elle n’avait pas été blessée. Izel se tenait déjà auprès de sa mère, qui maintenait contre son nez une serviette de table que lui avait apportée Miztli.

Quelques instants plus tard, madame Cartridge arriva pour ausculter Xochitl et des gendarmes arrivèrent pour examiner la scène et poser des questions. Ils remarquèrent que Gregory n’était pas mort des suites de sa blessure par balle. Après qu’il eut été examiné à son tour par madame Cartridge, les gendarmes emmenèrent le majordome qui avait repris conscience. Il ressemblait de nouveau à un être humain normal, mais le regard qu’il jeta à Ethelle en quittant la pièce la fit frissonner.

(changement de chapitre)

Pfiou ! Ces fées me fatiguent. Elles produisent un tel brouhaha que je ne peux pas rester dans leur pièce plus d’un quart d’heure. Et les différentes races sont trop… Ben différentes, en fait. Malgré les nouvelles nomenclatures mises en place par Massamba et Pommier, je trouve toutes ces créatures surnaturelles vraiment perturbantes. Par exemple, concernant les pillys (les petites fées Clochette), rien ne les rapproche des mammifères, ou des reptiles, ou des batraciens, ou des oiseaux, ou même des poissons. J’ai essayé de démontrer qu’ils étaient plus proches des insectes en se basant sur leurs ailes et leurs antennes, notamment, mais force avait été de constater qu’ils ne font pas partie de cette famille là non plus. Certains fabriquent même des pigments bleus… Il n’existe qu’une ou deux espèces connues au monde qui sont capables de ça !

Je sais que je me répète, mais on dirait que quelqu’un a à moitié modelé ces créatures et à moitié collé des morceaux de créatures existantes. Ils ressemblent à de petits humains à qui on aurait attaché des caractéristiques d’insectes. En plus, leurs mamelles ne sont pas fonctionnelles et celles qui ressemblent à des femmes pondent des œufs mous ; c’est n’importe quoi. Ils n’ont pas l’air totalement… naturels, pour ainsi dire, mais je n’ai entendu parler de personne qui ait la connaissance ou la technologie pour créer des bestioles pareilles. Et puis je n’ai pas très envie d’entamer une nouvelle théorie du complot. Même avec toutes les connaissances qu’il a accumulées au sujets des créatures surnaturelles, Valentin n’a pas su me proposer une hypothèse sur leur origine. Apparemment il n’existe aucune indication dans aucune légende.

Je lui ai quand même donné une petite pilly. Après tout, c’est lui qui m’a dit qu’un des noms pour ces petites créatures était “pillywiggin”. Je sais qu’il s’en occupera bien et puis ici il y en a déjà tellement. J’en relâche tous les jours. Les gens nous les amènent par seaux entiers tellement ces petites bêtes foisonnent de partout. Ils n’ont toujours pas compris que ce serait la même chose que de nous amener des pigeons par seaux entiers… Valentin dit qu’ils vont finir par comprendre, mais il est toujours très optimiste concernant l’humanité. Moi un peu moins, surtout que certains des chasseurs de fées (comme ils se surnomment) sont déjà venus plusieurs fois et, à chaque fois, je leur explique que nous avons trop de fées et je leur fais la comparaison avec les pigeons.

C’est même encore pire que les pigeons, parce qu’au moins les pigeons ne nous empêchent pas de nous rendre sur les sites archéologiques ! Ils les abîment, au pire. Le moindre menhir ou dolmen est devenu un endroit dangereux d’où sortent des elfes ou des korrigans à des moments complètement incongrus. L’armée a mis des barrières et surveille les endroits les plus dangereux… Ça aurait pu faire un bon sujet de roman. J’ai encore du mal à réaliser tout ça à certains moments.

Le pire, c’est quand les gens me demandent si les dragons aussi vont faire leur apparition. Comment le saurais-je ? La seule chose que l’on peut affirmer avec certitude, c’est que plus le temps passe, plus on observe de créatures et plus on en observe des grosses. Après, nous n’avons pas de véritables preuves de l’existence des dragons, alors personne ne peut affirmer si nous allons en voir à un moment ou à un autre. Je ne sais absolument pas comment on pourrait gérer l’existence de dragons ; je préfère ne pas y penser !

Bon, je vais proposer à Valentin de venir manger une pizza. Rien de tel qu’une pizza entre amis pour se remonter le moral…

Pizzas commandées : quattro formaggi et prosciutto, livrées dans vingt minutes.

« Cet enregistrement a été effectué le même jour que le premier enregistrement de Valentin que nous avons écouté, nota le professeur Derrington.
– Béatrice, ajouta Chaahk.
– Béatrice ? Serait-ce le prénom de cette jeune scientifique ? Vous la connaissiez aussi alors ? C’est merveilleux ! se réjouit Simon. Il faut dire qu’ils paraissaient se connaître eux aussi. Pouvoir suivre deux points de vue va être tellement intéressant, je suis impatient de pouvoir écouter la suite. Clay, es-tu prêt à continuer ? »

L’interpellé était affalé sur le guidon du cyclopède, épuisé d’avoir pédalé si longtemps. Tina avait rendu le système plus efficace pour qu’il ait moins d’efforts à fournir, mais l’archéologue en avait profité pour écouter les enregistrements plus longtemps. Après tout, il lui fallait de nombreuses écoutes avant de pouvoir prendre suffisamment de notes sur un seul enregistrement, ses notions de langue antique étant loin d’être parfaites. Sans compter les sessions où il se contentait de profiter des sonorités de cette langue qu’il aimait tellement. Cela faisait déjà une demi-douzaine d’écoutes qu’il effectuait d’affilée et son apprenti n’en pouvait plus.

« Bon, ce n’est pas grave, concéda Simon. Prend le temps de te reposer, je vais relire mes notes.
– Merci. » souffla Clay en enfouissant son visage entre ses bras. Après quelques respirations, il tourna la tête sur le côté. Tina, qui le regardait d’un air inquiet, détourna les yeux, faisant mine de réparer une des lanternes qui était défectueuse. Le professeur Derrington s’était assis au bureau antique, mais sur son propre tabouret portatif. Il avait essayé de s’asseoir sur la chaise à roulettes originelle quelques jours auparavant, mais celle-ci s’était brisée sous son poids. Chaahk, lui, était adossé au mur et avait ses yeux verts dans le vague, la tête légèrement penchée sur le côté, comme s’il essayait d’entendre quelque chose.

Le nahua réalisa soudain que Clay le fixait, ce à quoi il expliqua : « Belisama. » avant de soupirer et de quitter la pièce. Tina délaissa ce qu’elle était en train de bricoler pour lui emboîter le pas. Le jeune homme soupçonnait sa cadette de vouloir embaucher Chaahk pour l’aider à réparer son planeur qui ne fonctionnait toujours pas très bien. Comme il l’intimidait, elle s’arrangeait pour se trouver toujours en sa présence afin de saisir au vol le moment opportun où elle pourrait essayer de lui demander son aide.

 

2222 mots pour aujourd’hui, ce qui n’est pas exceptionnel pour un dimanche, mais Siegfried me manque beaucoup au niveau de l’efficacité ! Enfin bon, j’ai pris de l’avance, c’est déjà pas mal.