(changement de chapitre)
La nuit noire n’était pas aussi noire que ce à quoi Yingana s’attendait et ce, malgré le petit essaim de fées qui virevoltaient autour d’elle en bourdonnant doucement. Elle n’avait pas l’habitude d’être empêchée de contempler les étoiles à sa guise. Du moins, en avait-elle la sensation. Elle avait du mal à rassembler ses souvenirs et ses pensées, comme si elle dormait encore à moitié après une trop longue nuit de sommeil. La lumière qui l’empêchait de voir les étoiles provenait de derrière les collines. Yingana était intriguée : elle n’avait jamais rien vu qui pouvait causer une telle luminosité. Intriguée, elle décida de se rendre dans cette direction.
Athlétique et habituée depuis sa plus tendre enfance à galoper dans l’immensité de ce qui était à présent nommée l’Australie, la jeune femme arriva rapidement aux collines qu’elle commença à gravir. La faune et la flore d’ici étaient très différentes de celles dont elle avait eu l’habitude étant petite. Jusqu’à ce qu’elle fasse la rencontre qui allait changer sa vie, en même temps que lui faire visiter le monde entier. Elle avait cru rêver lorsque cet homme, lourdement maquillé autour des yeux, richement doté de bijoux de métaux brillants et portant des vêtements d’une matière blanche flottante qu’elle ne connaissait pas, s’était retrouvé face à elle. Il s’était présenté comme Geb et lui avait dit qu’elle était la personne qui allait lui succéder.
Ce qu’il lui avait révélé ensuite avait bouleversé la vision du monde de la jeune femme. [Petite explication à propos des huit dieux qui se font passer pour diverses divinités]
Elle n’eut pas l’occasion de vraiment connaître Geb l’égyptien. Après les avoir réunis et leur avoir légué leur héritage, les anciens se retirèrent presque aussitôt. Ils leur avaient laissé toutes leurs connaissances et, même, quelques conseils. Les nouveaux, étant des inconnus provenant des quatre coins du monde jusqu’alors, prirent alors le temps de faire connaissance. Après tout, puisqu’ils allaient passer les dizaines – ou centaines, ou plus – d’années ensemble à travailler pour aider l’humanité, autant essayer de se rapprocher les uns des autres. Il s’avéra qu’ils étaient tous en phase les uns avec les autres, ce qui les encouragea ; les anciens leur avaient dit que tel n’avait pas toujours été le cas. La jeune femme laissait sa mémoire revenir peu à peu, sans les presser malgré son impatience.
Yingana laissa ses vieux souvenirs de côté en arrivant au sommet de la colline et en découvrant le panorama qui s’offrait à elle. Une cité s’étendait à ses pieds. Elle n’en avait jamais vu une aussi étendue, ni aussi lumineuse. Pourtant, il ne devait pas se trouver de grande ville près de l’endroit où elle se trouvait pensait-elle. Yingana était sensée se trouver au nord des contrées qui avaient vu naître son ami Chaahk. Et les plaines nord de ce grand continent n’étaient peuplées que de petits villages et de tribus nomades. Elle s’assit, toujours environnée de son essaim de fées et, comme tous les autres à un moment, elle se posa la question de combien de temps elle avait dormi.
Dans le froid sibérien, une main à la peau d’ébène jaillit de la neige. Le corps, nu, suivit peu après, grelottant furieusement. L’homme était grand et très visible au milieu de la neige. Sachant qu’il allait souffrir s’il restait ainsi dans l’atmosphère glaciale – tout en étant étonné de ne pas être déjà mort – il inspecta le soleil à la recherche du sud. L’ayant trouvé, il partit instinctivement dans cette direction en courant, ignorant les morsures de la neige sous ses pieds et celles du froid sur les autres parties de son corps athlétique. Il n’avait aucune idée de ce qu’il faisait nu au milieu de la neige, ni de l’endroit où il se trouvait. Ce qui le perturbait le plus était qu’il ne savait pas non plus son nom, ni comment il survivait dans ce froid mortel.
L’homme repoussa ses pensées qui le déconcentraient. Il était déconcerté, mais s’était fixé l’objectif de trouver d’autres êtres humains ; c’était ce qu’il y avait de plus pressant en l’état, estimait-il. Lorsqu’il commença à fatiguer, il avait déjà avalé plusieurs dizaines de kilomètres. La force de ses muscles étant surhumaine, il faisait d’immenses foulées. Le coureur en était lui-même surpris ; il ne s’attendait pas à autant de puissance.
A la fin de la journée, après plusieurs sessions de course entrecoupées de pauses, il n’avait toujours pas trouvé âme qui vive, ni récupéré ses souvenirs. Heureusement, l’homme avait parcouru tellement de distance que la neige avait laissé la place à de la végétation. Il se disait que si il continuait ainsi le lendemain, il trouverait certainement des endroits plus propices au peuplement.
En attendant, l’homme devait se trouver de quoi combler son appétit. Il mourrait de faim en plus du froid. Comme il n’avait trouvé personne, il allait devoir se procurer de la nourriture par lui-même. [Chasse d’un animal quelconque typique de la région, faire du feu et récupérer la fourrure]
La nuit allait se passer un peu mieux que le début de sa journée. Il avait le ventre plein et du feu pour éloigner un peu le froid qui glaçait ses entrailles. Peut-être que, pendant la nuit, ses souvenirs reviendraient. C’était du moins ce qu’il espérait.
Béatrice se laissa tomber sur une chaise et poussa un râle. Tout autour d’elle, dans l’annexe, un brouhaha ambiant régnait qui provenait d’une demi-douzaine de jeunes dragons [à raconter il me semble ou à enlever, on verra]. Valentin lui tapota l’épaule en guise de réconfort. « Regarde, l’encouragea-t-il, on a enfin fini !
– Il était temps, répartit-elle. Merci à tous de m’avoir aidée ; je ne sais pas si j’aurais réussi toute seule.
– Tu aurais certainement réussi, lui assura Valentin tandis que les deux autres interpellés souriaient. Mais au lieu d’être épuisée, tu serais morte.
– Ha ha, ironisa Béatrice. N’essaie plus de faire de l’humour, c’est nul. »
Valentin lui administra une pichenette et remarqua que le médecin s’était approché de la jeune femme et avait posé une main sur son épaule. Une aura orangée les environna tous les deux. « Merci, lui lança Béatrice avec reconnaissance. C’est vraiment efficace ! Tu pourrais m’apprendre cette magie ?
– Je crains que non, s’excusa Asklepios. Ces pouvoirs que nous avons nous ont été conférés par nos prédécesseurs ; ils ne s’apprennent pas.
– C’est d’ailleurs parce que ce sont des pouvoirs qui font partie de nous que nous pouvons les utiliser à volonté sans même y penser, précisa Déa. Normalement, la magie requiert beaucoup de concentration, canalysée par des incantations. C’est…
– Quelque chose est là. » L’interrompit le médecin en dressant la tête.
Comme pour confirmer ses propos, des hurlements inhumains et assourdissants provenant de l’extérieur fit sursauter Valentin et Béatrice. Les dragonnets inquiets se mirent à pousser des cris terrifiés. « Sortons. » Décréta la femme aux yeux dorés d’un ton sans appel, à l’intention de son compagnon. Entraîné à obéir à Belisama, Asklepios lui emboîta instantanément le pas en direction de la porte à taille humaine qui menait à l’extérieur de l’annexe. Après avoir échangé un regard, les deux thésards les suivirent avec curiosité, se demandant s’ils allaient pouvoir ajouter une nouvelle créature à leur bestiaire.
Les dragons étaient déjà beaucoup plus impressionnants que les petites fées, même jeunes. Ils avaient aussi eu l’occasion de voir des banshees – dont le cadavre de l’une d’entre elle était conservé dans la bibliothèque universitaire – un korrigan, deux nymphes et quelques autres créatures féériques. Il leur tardait de voir des Dames Blanches dont parlaient les rumeurs, les elfes du royaume des fées qui faisaient de régulières incursions, et les licornes mentionnées par des enthousiastes.
En sortant, sur le carré d’herbe de l’autre côté de la place goudronnée dédiée aux véhicules, ils aperçurent cinq énormes hyènes. Du moins, était-ce l’animal auquel ressemblaient le plus ces créatures. Des hyènes immenses aux babines perpétuellement retroussées sur d’énormes crocs dégoulinants de bave. Leurs griffes, aussi, étaient étonnamment longues. « Ils ont senti les jeunes dragons, constata Asklepios.
– Et nous aussi, je pense, compléta Béatrice d’un ton peu assuré face aux bêtes qui grondaient dans leur direction. Ils ont l’air affamés.
– Qu’est ce que c’est ? s’enquit Valentin.
– Vous avez un mot qui n’est pas de votre langue pour eux, répondit Déa. Ce sont des barghests. »
Sur ces mots, elle secoua négligemment sa main et une cage aux barreaux épais apparut autour des monstrueuses créatures. « Tu es vraiment une personne… Pratique à avoir près de soi, commenta Béatrice en relâchant son souffle.
– Plutôt oui, confirma la femme aux yeux dorés sans aucune modestie. Restez tout de même vigilants, ils ne resteront pas enfermés très longtemps. Ils vont bientôt s’échapper, mais j’ai pensé que vous voudriez les observer un moment avant que Asklepios et moi nous occupions d’eux.
– Il n’y a pas moyen de les mettre en cage à l’in… » Commença la thésarde.
Elle s’interrompit en voyant que la bave des barghests, qui mordaient furieusement les barreaux, corrodait la cage. Belisama leva le doigt pour faire apparaître une autre cage autour des barreaux en train de se faire grignoter. « D’accord. » Conclut Béatrice en roulant des yeux. Luttant contre son effroi, la jeune femme s’approcha des animaux, portable en main pour les filmer en faisant des commentaires. Valentin fit de même, prenant des photos. Plusieurs fois, la femme aux yeux dorés dut renforcer la cage pour empêcher les barghests fous furieux de s’échapper pour écharper tout le monde.
« Je pense que c’est bon. » Décréta finalement la jeune femme. Déa acquiesça et des lances apparurent brusquement dans tous les sens dans la cage. Les bêtes enragées, transpercées, ne tardèrent pas à succomber à l’attaque. Béatrice et Valentin, ne s’attendant pas à quelque chose d’aussi violent, détournèrent les yeux du spectacle sanglant. Lorsqu’ils regardèrent de nouveau, la femme aux yeux dorés avait fait disparaître ses derniers lambeaux de cage. Ne restait plus au milieu de l’herbe qu’une immonde flaque à la couleur indéfinissable qui dissolvait les derniers poils et os des barghests.
« Je suis désolée de vous avoir choqués, s’excusa Belisama qui paraissait un peu surprise de leur réaction. Oh, je vois, c’est d’être dans une période calme : vous n’avez pas l’habitude d’assister à de telles choses.
– C’est ça oui, confirma Valentin un peu pâle.
– Pourquoi est-ce qu’ils ne sont plus qu’une flaque ? S’enquit Béatrice aussi pâle mais dont la curiosité reprenait rapidement le dessus.
– Certaines créatures dotées de magie se décomposent instantanément après la mort, expliqua Asklepios.
– Moi qui espérait pouvoir les autopsier… soupira la jeune femme. Je vais au moins essayer de récupérer ce… truc dégoûtant là. »
Elle se précipita à l’intérieur pour aller chercher de quoi prélever des échantillons. En l’attendant, Valentin s’approcha de l’amas visqueux, fasciné par la dissolution des derniers fragments animaux. Il se demandait si le bout d’herbe était condamné. « Amaterasu s’approche. » Déclara soudainement Asklepios. La femme aux yeux dorés acquiesça et pencha pensivement la tête sur le côté. Valentin supposa qu’elle la contactait par télépathie. Une seconde plus tard, une jeune fille toute menue apparut juste à côté de lui. Vêtue d’un échantillon conséquemment varié d’une flore exotique dont Valentin ne savait pas déterminer la provenance, elle loucha d’un air dégoûté sur la flaque organique.
« C’est la tête que tu fais alors qu’on se retrouve après plusieurs centaines d’années de sommeil ? taquina Déa la nouvelle venue.
– Oh… Je suis désolée commandante ! s’excusa instantanément Amaterasu. Et cette langue est nouvelle, non ?
– Oui, les choses ont beaucoup changé depuis que nous nous sommes endormis, convint la femme aux yeux dorés. Ils font de la magie sans magie par exemple. C’est assez impressionnant. Et déconcertant, aussi. Comment nous as-tu retrouvés ?
– Je me souvenais que tu étais dans ces contrées, résuma la jeune fille vêtue de feuilles. Ça paraissait logique de commencer mes recherches par là. Et puis tu m’as jointe et me voilà. Par contre…
– Oui ? l’encouragea Belisama.
– Je n’arrive pas à couvrir de grandes distances.
– C’est normal, la rassura Asklepios. Nos pouvoirs sont limités à cause de la magie disponible. »
L’homme aux yeux orangés et la femme aux yeux dorés expliquèrent à leur petite compagne ce qu’ils avaient compris de leur situation. Au même moment, Béatrice fit de nouveau son apparition. La jeune femme s’arrêta brièvement en apercevant la nouvelle venue. Les présentations furent vite faites et Béatrice se concentra sur ses prélèvements. Lorsqu’elle eut terminé, Amaterasu prit sur elle de motiver la végétation afin de faire disparaître l’immonde flaque. De nombreux brins d’herbe perdirent la vie dans ce combat acharné mais, bientôt, le carré de verdure reprit son apparence d’origine. Avec des brins d’herbe un peu plus gras et verdoyant qu’ailleurs, mais qui irait remarquer un détail pareil ?
Ils retournèrent ensuite à leur tri pour trouver des indices sur les quatre membres manquant du groupe. Malheureusement, à part d’autres pistes sur le fait que l’apparition du volcan avait quelques éléments un peu mystérieux [trouver desdits éléments ?], ils ne trouvèrent rien de bien concluant. Avec tout cela, la soirée était déjà là. Belisama avait doté Amaterasu de vêtements et avait changé les siens, ainsi que ceux d’Asklepios. Elle leur avait fourni des habits ressemblants à ceux de Béatrice et Valentin, se contentant de changer leurs couleurs. Les trois antiques se sentirent mal à l’aise dans leurs nouveaux atours, jusqu’à ce que Béatrice leur révèle l’existence des sous-vêtements.
La fin de la journée étant déjà là, ils se retrouvèrent tous dans l’appartement de Valentin. Alors que les trois dieux essayaient de se souvenir dans quelle zone du monde les autres membres de leur groupe s’étaient rendus. Après avoir étudié un globe, la nouvelle arrivante avait convenu avec ses deux compagnons que le volcan du Pacifique était très probablement la signature de leur duo infernal Chaahk et [Bidule]. Assis sur le canapé, ils devisaient à propos de leurs amis manquants.
« La question à se poser aussi, déclara Amaterasu, c’est qu’était ce voile noir et qui l’a lancé ?
– C’est une bonne question, convint Déa. Je ne me souviens pas d’un mage suffisamment puissant pour faire une chose pareille.
– Pourquoi un mage aurait-il absorbé toute la magie du monde ? interrogea Asklepios. Il perdrait tout son pouvoir.
– C’est sûr que ça peut paraître étrange, acquiesça la femme aux yeux dorés. Mais cela reste une possibilité.
– Un mage qui voudrait changer le monde, ça ne me parait pas si surprenant. » Commenta le médecin de sa voix profonde, avec un fin sourire.
Belisama fit apparaître suffisamment de plats pour nourrir un régiment et de boissons pour abreuver une troupeau de chameaux assoiffés. « Du coup, pour la suite, vous préférez continuer les recherches sur vos compagnons ou alors que nous essayons de nous renseigner sur ce voile noir ? S’enquit Valentin.
– Les deux ! S’exclama Déa.
– Mmmh, ça ne me dit pas grand chose comme ça, déplora le jeune homme d’un ton songeur. Je vous emmènerai à la bibliothèque dès demain. Il y a pas mal de choses sur l’histoire, le folklore et les mythes. J’espère qu’on trouvera quelque chose à ce propos. Ce qui m’intrigue, c’est qu’une catastrophe de cette ampleur, qui a changé le monde, devrait forcément avoir laissé une énorme trace dans les récits. » Béatrice approuva d’un hochement de tête.
(changement de chapitre probablement)
[Il faudra peut-être échanger ce passage avec le précédent d’Ethelle]
Assis à l’arrière de la mécamobile de location, Clay regardait le manoir des Merryweather disparaître peu à peu de sa vue. Lorsque Simon fit sortir la voiture des limites du domaine, il se rassit face à la route et soupira. Chaahk, à côté de lui, lui jeta un regard en coin. Le jeune homme le lui rendit et le dieu tapota son épaule de manière compatissante. « Nous ne l’aurons pas vue longtemps la rouquine, nota Tina. Est ce que c’était bien utile de s’embêter à venir jusqu’ici ?
– Suite à votre historique avec cet homme-bête qui nous a attaqués, déclara l’archéologue, je tenais à vérifier que ma petite assistante était saine et sauve, moi aussi. Je dois avouer que j’espérais même qu’elle reparte avec nous, mais elle semble avoir encore des choses à régler. »
Tina ne répondit rien. Clay savait qu’elle devait être plutôt satisfaite du fait qu’Ethelle soit restée au manoir des Merryweather. L’ancien Faucheux aurait, comme le professeur Derrington, préféré qu’Ethelle revienne avec eux, même si cela signifiait devoir supporter des disputes entre elle et la blondinette. L’inquiétude de la savoir en présence de la Veuve-Noire le rongeait. Il s’imaginait sauter héroïquement de la mécamobile pour aller lui prêter main-forte, mais il savait que sa présence causerait surtout des ennuis à Ethelle, qui essayait de les protéger Tina et lui.
Entendant des bruissements de pages à côté de lui, Clay tourna la tête vers Chaahk qui feuilletait un carnet. Le jeune homme réalisa presque aussitôt qu’il s’agissait de l’un de ses propres carnets où il faisait des esquisses de reliques antiques, de scènes fantomatiques et diverses choses qui l’inspiraient. Le dieu arriva à la page où Clay avait dessiné son rêve en plusieurs parties.
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