Un bruit soudain le tira de sa léthargie. Il s’agissait du gardien qui déverrouillait la porte de la cellule afin de poser le repas quotidien. Puis, sans lui accorder la grâce d’un mot ni d’un regard, il s’en fut en verrouillant soigneusement la porte après son passage, à grand renfort de frottements froids de la clef en métal dans la serrure.
Le captif se plongea de nouveau avec délectation dans la brume de ses pensées et la contemplation béate de l’ombre qui dansait en chantant contre le mur. Enchanté par le son pur et délicat, il ferma les paupières afin de mieux profiter de cette voix pleine d’émotion. Tour à tour joyeux et profondément mélancolique, doux et plein de caractère, le chant était une merveille à son oreille. Pour ne pas rater une seule miette du spectacle de l’ombre dansante, il ouvrit de nouveau les yeux et se perdit dans une explosion de musique et de mouvements gracieux.
C’est ainsi qu’il rendit son dernier soupir ; le violon devant la prison perdit de ce fait son plus fervent soupirant.