Texto du matin : La tapisserie de Bayeux

Salutations en ce radieux lundi !

Je ne sais plus trop à qui j’ai raconté mes aventures normandes. Bref, j’ai parcouru toute la côte de Omaha Beach à Cabourg, et visité Bayeux ainsi que Caen. Voilà en résumé. Néanmoins, je vais vous rapporter l’histoire racontée sur la tapisserie de Bayeux, magnifique pièce de presque 1000 ans. Elle a été tissée aux environs de 1070 et expose la récupération du trône d’Angleterre par Guillaume le Conquérant sous forme de scènes. Une sorte de BD sans bulles. Il s’agit d’une pièce de lin brodée de laine, elle mesure presque 70 mètres de long et on ne sait pas vraiment quel est le côté de la Manche qui l’a tissée. C’est impressionnant, mais cela n’a pas empêché les révolutionnaires de s’en servir de bâche à chariot. Le tissu avait alors environ 700 ans.

Voici ce que raconte la tapisserie : il était une fois, le Roi d’Angleterre qui se sentait mourant mais qui n’avait point de descendance. Il décida de céder son trône à son petit cousin Guillaume le Bâtard (qui avait des origines norroises). Celui-ci avait déjà fait son bonhomme de chemin car il me semble bien qu’il était déjà Duc de Normandie et avait obtenu un mariage avantageux en épousant Mathilde, fille du Roi des Flandres. Rien que ça. Le Roi d’Angleterre envoya son neveu (je crois) Harold, afin d’informer Guillaume qu’il était désormais l’héritier du trône d’Angleterre. Harold partit alors en Normandie et, après quelques mésaventures (qui sont expliquées sur la tapisserie mais sur lesquelles je vais passer), finit par rejoindre le futur conquérant. Là, il délivra son message et, avant de repartir, il participa aux combats de Guillaume qui avait des démêlés avec un seigneur voisin. Harold fit montre de moult bravoure et force. Du coup, une fois la guerre finie, Guillaume fit de lui un chevalier et son vassal. Harold jura sa loyauté et prêta serment de reconnaître Guillaume en tant que souverain légitime, une fois que le vieux Edouard trépasserait. Et ce, sur deux reliques sacrées. Ceci fait, Harold retourna en Angleterre. Le Roi mourut peu après son retour. Il fut alors temps d’appeler Guillaume à régner ! Au lieu de cela, Harold se parjura et accapara le trône pour lui-même. Quel vilain !

L'attaque de Dinan où le brave Harold s'est illustré.

L’attaque de Dinan où le brave Harold s’est illustré.

Le bruit parvint bientôt à Guillaume que son vassal lui avait volé son trône et s’était parjuré. Furieux, il lança de grands préparatifs pour une invasion en règle. Nan mais ! Tout est très bien détaillé sur la tapisserie : la construction de navires aux airs de drakkars, le chargement des cottes de mailles, des armes, des vivres, des chevaux, etc etc. Bien sûr, dans toute cette entreprise ainsi que celle d’avant (où Harold avait fait des merveilles), le brave Guillaume est assisté par son demi-frère Odon, évêque de son état. A propos d’Odon, il fait partie des possibles commanditaires de la tapisserie de Bayeux, en vue de l’afficher dans sa cathédrale pour que tout le monde puisse la voir et connaître ainsi l’histoire de la Conquête (rappel : la tapisserie fait 70m de long et devait être compréhensible pour tous). Ce brave évêque était un homme de foi à l’ancienne ; il accompagnait toujours Guillaume au cœur du combat. Mais comme il n’a pas le droit de tuer son prochain, il s’équipe généralement d’une masse d’arme. En vue d’assommer bien sûr. Quant aux traumatismes crâniens possibles bah… C’est Dieu qui décide, n’est ce pas ?

Guillaume et ses deux demi-frères Odon et Robert

Guillaume et ses deux demi-frères Odon et Robert

Bref. Aussitôt ont-il embarqué, aussitôt sont-ils arrivés. Guillaume et ses gens posèrent le pied en Angleterre. Harold, ayant vent de la nouvelle, monta également une armée afin de rencontrer son rival sur le champ de bataille. Mais le parjure se montrait fort inquiet car, dans le ciel, un astre céleste avait fait son apparition et il l’estimait de mauvais augure. Il s’agissait en fait de la comète de Halley qui suivait son bonhomme de chemin, insensible aux tourments des hommes. Harold était un parjure, mais non un pleutre. Il était donc bien présent avec son armée sur le champ de bataille. Il encaissa la charge des cavaliers normands couverts par leurs archers.

Le fameux astre céleste, de bon augure pour certains, de mauvais pour d'autres.

Le fameux astre céleste, de bon augure pour certains, de mauvais pour d’autres.

La bataille fit rage pendant longtemps. Guillaume trucidait les anglois tandis qu’Odon les « assommait » (moi j’aime bien les évêques de l’époque), lorsque, finalement, une flèche normande jaillie de nulle part transperça l’œil d’Harold. Il trépassa, bien entendu, sur le champ et Guillaume devint ainsi Roi d’Angleterre. A ce moment là, plus personne ne l’affubla du sobriquet de « le Bâtard ». Non. Désormais on le surnommait Guillaume le Conquérant. Bien plus classe.

La bataille finale où Harold perdit la vie.

La bataille finale où Harold perdit la vie.

Dernière chose, cette tapisserie est dite la Tapisserie de la Reine Mathilde, car la légende voulait qu’elle l’ait tissée elle-même. En réalité on suppose qu’elle a été commandée à un atelier, probablement par Odon.

Et voilà ! L’histoire contée sur la tapisserie de Bayeux est terminée !