Adossée contre le mur, elle se demandait comment savoir quand la nuit serait arrivée. D’autant plus que, puisqu’elle s’était glissée ici en milieu d’après-midi, elle allait devoir patienter longtemps. [revérifier si c’est bien ça au niveau du temps] Elle ferma les yeux et laissa ses pensées vagabonder. Avec étonnement, Éléonore réalisa que la plupart d’entre elles concernaient Gaël. Où était-il passé pendant la représentation musicale ? Avait-il trouvé une façon de s’enfuir ? Elle songea que lors de leur première discussion, il lui avait dit qu’il était venu pour saboter l’opération. Maintenant qu’elle savait quelle était l’opération en question, elle trouvait que c’était une bonne idée et commença à réfléchir sur les façons dont elle pourrait saboter l’expérience.
Ladite expérience tournait principalement autour d’elle, à priori. C’était embarrassant, d’ailleurs. Elle sourit : finalement, le fait d’avoir disparu suffisait peut-être à saboter l’expérience en question. Malheureusement, elle ne pensait pas pouvoir rester cachée dans cet endroit sombre et humide suffisamment longtemps pour mettre un terme à l’opération parentale. Elle avait de quoi manger juste à côté, certes, mais elle doutait que son petit bout de couloir reste indéfiniment sans surveillance.
Elle était très tentée d’essayer et ce, malgré l’inconfort de la situation. Ce qui l’inquiétait le plus venait de s’imposer à son esprit : si elle n’était plus là pour qu’ils s’amusent de ses interactions avec Gaël, qu’est ce que ses parents allaient faire de lui ? Éléonore les savait retors, mais elle n’aurait jamais pensé qu’ils laisseraient quiconque se faire torturer. Sous ce nouvel éclairage, elle se faisait du souci pour son compagnon d’infortune.
Plusieurs fois elle se raidit en entendant parler et aller et venir des gens à l’extérieur. Elle supposa que plusieurs d’entre eux possédaient des cartes qui permettaient d’ouvrir la mystérieuse porte. Éléonore se demanda si elle pouvait dérober une de ces cartes à quelqu’un. Avec un peu de chances, cette porte menait jusqu’à ses parents et elle pourrait les houspiller à propos de leur manque d’éthique.
Les aller-retour se raréfièrent et, après un long moment sans passage, Éléonore décida qu’elle en avait assez de patienter. Elle sortit, étirant un peu ses jambes ankylosées, et entreprit de retrouver les escaliers à tâtons, car elle ne voulait pas allumer la lumière de peur d’attirer l’attention. Butant contre une marche, elle réprima la flopée d’injures qui devaient accompagner la douleur, puis entreprit de remonter les escaliers, avec précaution et en suivant le mur de la main.
Lorsqu’il n’y eut plus de marche et que sa main atteignit la ruine de la porte, elle constata qu’il faisait vraiment nuit. La lune et les étoiles qui passaient par les fenêtres ne suffisaient pas à éclairer efficacement l’arrière-cuisine. Comme Éléonore avait passé plusieurs heures dans le noir, cela lui suffit à se diriger et elle se hâta vers ses appartements, où elle espérait retrouver Gaël.
Elle sourit en entendant un luth jouer, en approchant de ses appartements, et elle ouvrit joyeusement la porte de son salon. Alors qu’elle s’apprêtait à interpeller son valet, elle le vit en train de badiner avec Jodie. Ils se tournèrent tous les deux dans sa direction en l’entendant entrer, l’air surpris. « Madame ! s’exclama Jodie. Où étiez-vous ? Tout le monde vous cherchait de partout ! Nous étions tous terriblement inquiets. Je suis restée à tenir compagnie à votre valet qui ne savait plus où vous chercher.
— Je vois ça. » répondit Éléonore.
566 petits mots pour aujourd’hui. Finirai-je aux 50 000 mots ou pas ? x)