« Kyr et Kilynn » Chapitre 3 : Rencontres (5/8)

Vorastrix le regarda, l’air étonné, comme si il n’avait effectivement pas encore remarqué le jeune garçon. Il s’effaça prestement devant lui et lui déclara d’un ton d’excuse : « Oups ! Je suis au milieu de la route c’est vrai, vous pouvez passer à présent messire, bon voyage à vous ! Alors, tu disais ? enchaîna-t-il directement à l’attention de Drakëwynn.
– Mais je suis avec elles ! Je suis le frère de Kilynn ! s’énerva le garçon.
– Désolé p’tit, j’ai rien besoin d’acheter, s’excusa l’homme ailé sur un nouveau ton. Décidément cette route est bien fréquentée ! On ne peut même plus discuter tranquillement ! »

Il s’écarta de nouveau mécaniquement, comme pour laisser une fois de plus le passage à Kyr. Ce dernier décida d’abandonner, se disant que s’époumoner ne servirait à rien. Il se demandait même si Vorastrix n’était pas en train de se moquer ouvertement de lui. Mais il n’eût pas le temps de penser plus avant : la ménestrelle continua sa conversation avec son ami, tout en reprenant la route. Les jumeaux remontèrent sur Nuit-Noire pour les suivre. Ce faisant, le garçon se prit à espérer que l’étrange individu ne les accompagnerait pas tout le voyage. Il trouvait que Drakëwynn suffisait amplement côté bizarrerie. Le dragon d’or, quant à lui, s’envola pesamment pour contempler le monde de haut. « Kyr, elle me parle encore, chuchota Kilynn à son frère.
– Qui ça ? ta voix ? » s’enquit le garçon.

Sa sœur hocha affirmativement la tête. « Oh ! s’exclama la Centaure qui les avait visiblement entendus. Ta voix essaie encore de communiquer avec toi ?
– Pourquoi, pas à toi ? s’étonna Vorastrix à l’adresse de Drakëwynn.
– Bien, on va régler ce problème tout de suite tant qu’on y est, déclara la ménestrelle en ignorant la répartie de son ami.
– Bah, déjà comme problème, il y a qu’elle parle toute seule, ronchonna l’homme tout en sortant une orange de son vieux sac.
– Elle me parlait à moi, pointa Kyr qui se vit superbement ignorer par Vorastrix qui s’employait à éplucher une nouvelle orange.
– Kilynn, commença la Centaure, je vais parler dans différentes langues, et tu vas me dire laquelle ressemble le plus à celle de la voix qui te parle dans ta tête. »

La fille hocha la tête. Tandis que Drakëwynn commençait à dire des phrases dans différentes langues, Kyr observait Vorastrix en boudant. Celui-ci, une fois son orange terminée, en sortit machinalement une autre et, marmonnant ce qui semblait être une incantation, fit jaillir une ligne de glace de son doigt pour givrer son orange. L’air satisfait du résultat, il commença à la manger. Le garçon, bien qu’impressionné par le rayon de givre, continuait de se demander quand l’ami de la Centaure allait repartir. « Ca ressemble à ça ! s’exclama soudain sa sœur.
– Du draconien ? s’étonna la ménestrelle.
– Je sais pas ce que c’est, mais je suis presque sûre que c’est cette langue-là que j’entends, assura Kilynn.
– Qui pourrait bien te parler en draconien par télépathie ? s’interrogea tout haut la Centaure.
– Peut-être Emlyg ? suggéra Vorastrix.
– Pas possible, répondit Drakëwynn. Elle l’entend depuis qu’elle est toute petite, ça ne peut pas être Emlyg.
– Lui aussi parle dans la tête des gens ? s’enquit Kyr.
– Oui, confirma la ménestrelle. Mais il n’est pas assez vieux et n’a pas une assez grande portée télépathique pour que ce soit lui. Non, l’hypothèse la plus probable que je vois, c’est qu’un dieu draconique ou un grand dracosire s’amuse à parler à Kilynn pour une raison ou pour une autre.
– Un dieu draconique ? s’étonna la sœur.
– Un grand dracosire ? C’est sûr que ce sont des hypothèses qui coulent de source, ironisa le frère.
– Mais oui ! s’exclama Vorastrix en se frappant le front du plat de la main. Pourquoi je n’y ai pas pensé plus tôt ? C’est peut-être un dieu draconique qui t’a choisie ! Ce sont des choses qui arrivent.
– Choisie moi ? balbutia Kilynn. Mais pourquoi ?
– Pour ça, il faut que tu apprennes la langue, expliqua la Centaure. Ou alors tu lui demandes de te parler en langue commune. Sont pénibles ces dieux à croire que leur langue de prédilection a le monopole. Dans tous les cas, je comprends maintenant pourquoi mon ami… Vorastrix te regardait bizarrement.
– Bizarrement, moi ? s’offusqua l’homme chauve. Y a rien de bizarre dans ma façon de regarder les gens. Tu veux une orange petite ? »

Kilynn accepta l’orange en question, tandis que son frère se sentait, une fois de plus, laissé pour compte. Voyant que la petite fille prenait le fruit, l’homme fit un bond en arrière, l’air étonné de voir qu’elle avait accepté l’orange. « J’ai une idée, déclara-t-il. C’est peut-être Agrum !
– Agrum ? Et plus sérieusement ? s’enquit la ménestrelle.
– Quoi ? Tu trouves qu’Agrum n’est pas sérieux ? se vexa Vorastrix.
– J’ai pas dit ça, soupira la Centaure. C’est juste qu’il y a peu de chances que ce soit lui.
– C’est vrai, en convint l’homme ailé.
– Qui est Agrum ? demanda Kilynn.
– Quelle inculte ! s’exclama-t-il outré. Ils vous apprennent quoi vos parents ?
– Ils sont morts, l’informa la fille.
– Ah, donc pas grand chose, en déduisit platement Vorastrix. Agrum est le fils de Hlal et…
– Et je vous expliquerai ça plus tard, le coupa la Centaure.
– Qui est… Hlal ? s’enquit Kilynn.
– Une déesse draconique. » Répondit très vite Drakëwynn, avant que son ami ne réponde quelque chose comme « la mère d’Agrum évidemment ! »

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