– Effectivement, c’est difficile à croire, ironisa Bran.
– Dis donc, montre toi respectueux envers ton employeur, jeune homme, le gourmanda le rancher en se levant. Bien ! Je ne vais pas aller dans les étoiles avec vous, mais je vais vous emmener voir la personne dont je vous ai parlé.
– C’est gentil de nous aider ! » Se réjouit Kit avec un grand sourire.
Il se sentait soulagé que quelqu’un lui ai enfin offert une solution pour qu’il puisse partir à la recherche de sa soeur. En pensant à elle, sa mine s’assombrit. Il se demandait si elle allait bien et si elle avait aussi repris conscience. Le garçon ressentait un terrible vide depuis qu’il était lui même tombé dans les pommes. Comme si, en enlevant Rielle, les hommes en uniformes lu avaient arraché une partie de lui. De plus, il lui semblait aussi manquer d’une partie de sa réflexion. Il avait pris l’habitude de réfléchir tout haut, puis la petite créature bleue et dorée lui donnait son point de vue et ils avaient pris l’habitude de faire avancer n’importe quelle réflexion à deux. Maintenant qu’il n’avait plus la petite voix qui chuchotait à son oreille, il trouvait le monde bien silencieux et il se sentait vraiment très seul. « Par contre, petit, lui dit Jack alors que Kit se levait. Il ne faut pas t’agiter autant juste après avoir pris un vilain coup sur la tête. C’est dangereux. Et tu n’arriveras pas à sauver ta soeur si tu meurs, d’accord ?
– Ca parait logique, acquiesça le garçon avec un sourire.
– Tu serais surpris de nombre de gens qui manque de bon sens élémentaire. Allez, venez donc, les morveux. Arrêtez de bavasser comme des pipelettes. »
Les deux jeunes gens lui emboîtèrent le pas, tandis qu’il rugissait à Andy de lui trouver trois chevaux sellés et des provisions pour un jour de trajet. « Un jour complet ? s’affola Kit qui s’inquiétait de perdre du temps dans la poursuite des ravisseurs de Rielle.
– Un jour complet, confirma Jack. Mais le temps que tu perds maintenant, tu vas vite le récupérer, crois moi ! » De toutes façons, il n’y avait pas d’autre choix, semblait il. Bran tapota gentiment l’épaule de son cadet pour le rassurer ; Kit lui adressa un sourire incertain. Le jeune homme lui fit un clin d’oeil. Andy revint bientôt, amenant trois chevaux harnachés avec lui. « Je t’avais demandé des provisions avec ! Lui reprocha le rancher en faisant de gros yeux.
– Je sais ! Plaida l’apprenti essoufflé. J’y allais !
– Et bien fait plus vite que ça. » Décréta Jack, tandis qu’Andy détalait de nouveau.
« Pourquoi est ce que tu te montres aussi exigeant avec lui ? s’enquit curieusement Bran.
– Parce que c’est ce dont il a besoin celui là, expliqua le rancher en vérifiant les sangles des selles. Vous pouvez monter. » Ils obtempérèrent. « Suivez moi maintenant, continua-t il en mettant son cheval au pas et le dirigant vers la sortie du ranch.
– Et les provisions ? s’étonna Kit.
– Elles vont arriver à peu près au moment où nous allons passer la barrière, prophétisa Jack sur le ton de la conversation.
– Tu vas le dégoûter du travail, le prévint Bran.
– Ah ces jeunes ! S’exclama le rancher d’un air dramatique. Ils croient tout savoir… Tu verras, quand mon âge tu auras, plus sagace tu seras. Et tu martyriseras les petits qui en ont besoin. » Comme prévu, un peu avant que les trois cavaliers n’arrivent à la barrière, Andy sortit du bâtiment et écarquilla les yeux en les voyant presque partis. Il piqua un sprint pour amener les provisions. « C’est pas trop tôt ! Commenta Jack. Tu peux retourner à tes corvées, garçon. » L’apprenti obéit sans rechigner.
Kit se disait qu’il n’aurait pas aimé être traité de la sorte, mais le travail au ranch de Jack Peddler n’était pas réputé simple. Le rancher demandait le meilleur de tous ses employés et certains se décourageaient. En fait, travailler pour lui était devenu la meilleure des recommandations dans la région. De toutes façons, Kit avait décidé d’être pilote, du coup cela ne le concernait pas. Il était certain que c’était ce que Rielle lui aurait dit en aparté, avec un petit ton ironique. Il soupira. C’était étonnant de constater qu’après seulement quelques heures d’absence, elle lui manquait autant. Il avait vraiment pris l’habitude d’avoir cette sorte d’extension d’esprit à côté de lui en permanence.
Jack les mena dans la zone désertique qui s’étendait au nord de Bourgétoile. Il ne s’agissait pas d’un désert à proprement parler, mais la zone n’en était pas moins aride. Heureusement, Andy leur avait fourni des gourdes remplies. « Pourquoi n’y allons nous pas avec un vrai moyen de transport ? demanda soudainement Kit qui trouvait que les chevaux n’allaient pas très vite.
– Ah, je me demandais quand l’un de vous deux allait me poser la question, se réjouit le rancher avec un immense sourire. La personne chez qui je vous emmène tient beaucoup à sa tranquillité. Son lieu de résidence est dans un endroit difficile d’accès et impossible avec les véhicules dont je dispose. Par conséquent, nous perdrions du temps. Et ce n’est pas ce que tu veux, n’est ce pas, petit ?
– Bien sûr que non, acquiesça le garçon. Et les chevaux ne peuvent pas aller plus vite ?
– Haha ! S’esclaffa Peddler. La fougue de la jeunesse. Ca te rassurerait d’aller plus vite, même si ça ne changerait pas grand chose au final ?
– Oui, avoua Kit.
– Bien, accélérons, dans ce cas. »
Jack talonna sa monture, qui s’élança d’un petit galop. Les deux autres suivirent. Kit se trouva secoué ; il n’avait pas souvent eu l’occasion de monter à cheval, même si Bran leur avait appris les bases à Rielle et lui. Il avait encore moins l’habitude de se retrouver sur un de ces animaux au galop. Il se cramponna au pommeau de la selle pour ne pas tomber. Le garçon regretta bientôt sa demande. Ses jambes, ses fesses et ses bras crispés commencèrent rapidement à lui reprocher sa proposition. Mais il serra les dents, n’ayant pas envie de revenir sur sa décision. Il ne voulait pas perdre de l’estime ni auprès du rancher, ni auprès de Bran. La trajet jusqu’à la première pause lui parut durer une éternité. Il descendit de sa monture avec délectation et s’étira longuement, tandis que Bran s’occupait de faire boire les chevaux. « Alors, demanda Jack au plus jeune. Qu’est ce que tu penses de notre nouvelle allure ?
– C’est encore très lent, éluda Kit. Mais puisqu’il n’y a pas le choix, je m’en contente. Je pense que nous irions plus vite à dos d’Andy, en fait. »
Sa fanfaronnade fit rire le vieux rancher, qui continua de rire en inspectant les jambes et sabots des chevaux pour vérifier que tout allait bien. « Certainement, approuva Jack après avoir fini son inspection. Mais les chevaux ont plus besoin de soins hahaha ! » Le garçon fit quelques pas pour se dégourdir les jambes. Il avait encore l’impression de sentir le cheval bouger sous lui et cela le dérangeait. Malgré toute la hâte qu’il ressentait, il trouva que la pause ordonnée par le rancher n’avait pas duré assez longtemps. Il remonta douloureusement sur le dos de sa monture et, comme Peddler lançait de nouveau la sienne au galop, le garçon talonna son cheval à contrecoeur. La suite de la journée s’écoula de manière morne et douloureuse du point de vue de Kit. Il se promit de se faire grassement récompenser par Rielle une fois qu’il l’aurait secourue.
Au bout de plusieurs heures de chevauchées, le paysage se mit à changer en même temps que le soir tombait. Le relief se fit plus abrupt et ils débouchèrent sur les hauteurs d’un véritable canyon. Kit n’était jamais allé aussi loin dans cette direction. Il n’avait donc jamais vu ce paysage grandiose. L’effet orangé du sol était magnifié par le coucher de soleil qui illuminait tout d’une couleur si intense qu’elle en paraissait presque surnaturelle. Comme ils étaient presque au bord d’un plateau, le garçon ne put s’empêcher de demander : « Et maintenant, on va où ?
– Quelque part en bas, lui révéla Peddler
– Mais comment on va descendre ? s’inquiéta Kit.
– Pourquoi tu poses sans arrêt des questions, comme ça ? le gourmanda gentiment Bran. Fait donc confiance à Jack : il sait ce qu’il fait. » Ce dernier riait dans son coin. Il paraissait trouver le garçon hilarant à chaque fois qu’il ouvrait la bouche et Kit ne savait pas si il devait s’en sentir flatté ou offusqué.
« Bien ! Ca suffit les bêtises ! Décréta soudainement le rancher. Allumons les lampes pour que les chevaux ne se fassent pas mal dans l’obscurité. » Ainsi firent ils, obéissant avec diligence. Jack Peddler leur laissa une petite pause avant de se lancer dans le canyon proprement dit. Il en profita pour leur faire quelques recommandations. « Je vais vous emmener dans un environnement dangereux, les prévint il. Vous devrez être très fermes avec vos chevaux car nous allons arpenter des chemins qui surplombent le vide et le moindre écart pourrait vous tuer. Et ça serait beaucoup moins pratique pour sauver votre amie, n’est ce pas ? » Il leur adressa un clin d’oeil moqueur. « Il faudra que vous fassiez très attention à la faune. Il y a des lézards de feu qui logent dans les creux des parois. Leur morsure est venimeuse et le contact de leur peau hautement irritant. » Il continua de faire la liste de tout ce dont il fallait faire attention lorsqu’ils pénètreraient dans le canyon. Kit commençait à s’inquiéter face à la liste exhaustive que leur servait le rancher. Ce dernier paraissait prendre grand plaisir à leur expliquer toutes les choses horribles qui pouvaient leur arriver pour la suite de leur trajet. « J’espère que vous avez bien tout retenu ! Conclut il. Sinon ce n’est même pas la peine de me suivre !
– Les lampes éclairent assez pour que les chevaux ne tombent pas dans le vide ? s’enquit Kit.
– Tout à fait, confirma Jack. Bien, maintenant que vous avez posé vos questions, allons y gaiement ! »
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