NaNoWriMo 2015 : Kit et Rielle Jour 18

Plus ou moins humanoïde dans le sens où il avait de membres et d’une tête que l’on pouvait discerner de son corps, contrairement à Renacleriblob. Même si sa tête était ornée de huit globes oculaires, disposés comme des yeux d’araignée. Il n’avait pas de mandibules, en revanche, mais une bouche qui ressemblait à une bouche humaine en plus lippue. En revanche, les alentours de sa bouche et la peau sur ses joues avaient l’air de se mouvoir, comme des anémones de mer dans le courant. Le garçon supposa qu’il s’agissait de mini tentacules. Il s’obligea à détourner le regard en se rendant compte qu’il le fixait intensément. Kit n’avait encore jamais vu un être de cette espèce. A Bourgétoile, dans l’hôtel de sa mère, il avait déjà eu l’occasion de voir plusieurs races interstellaires. Mais cela restait occasionnel. Le plus gros de la clientèle était humaine. Alors qu’ici, les membres de l’équipage paraissaient vraiment venir de partout. Il se promit de discuter avec le plus de personnes possible durant le trajet, pour en savoir le plus possible sur toutes les planètes où avait éclot la vie.

Lorsqu’il vit qu’Eglantine donnait ses instructions pour lancer le décollage, il s’approcha d’elle discrètement, pour pouvoir observer ce qu’elle faisait sans la déranger. Il se montra tellement efficace dans son approche silencieuse que, lorsqu’elle tourna la tête du côté où il se tenait, elle sursauta de le trouver là. « Qu’est ce que tu fais ici ?
– Je regarde comment tu fais, lui expliqua-t il les yeux brillants.
– Hum, d’accord, accepta-t elle. Mais ne fait pas de bruit et ne touche à rien.
– D’accord. » Le garçon était prêt à tout pour assister à un vrai décollage. Il soupçonnait Hammerson d’avoir souvent exagéré dans ses récits et ses explications. Là, il avait l’occasion de voir tout cela par lui même et il comptait bien ne pas rater une miette du spectacle. Les moteurs vrombirent et les pattes de l’Otter Space quittèrent le sol.

« Thid, lança Eglantine. Vérifie qu’il n’y a personne en vue.
– Nos détecteurs assurent qu’il n’y a pas de présence dans les parages, l’informa la créature tentaculaire. Nous pouvons sortir sans risque.
– Parfait. Hal, je te laisse ouvrir la porte pendant que je vérifie que le bébé ne s’érafle pas contre les murs. » Sous le regard émerveillé de Kit, le plafond de la grotte où les stalactites avaient été enlevées s’ouvrit en étoile. L’Otter Space, par une manoeuvre bien huilée, s’éleva au dessus du plafond, puis au dessus du plateau. Il resta un instant stationnaire pendant que l’entrée se refermait, puis s’élança dans le ciel, fendant l’air avec autant de grâce qu’une loutre filant dans une rivière. Le garçon ne revenait pas de la vitesse à laquelle ils se déplaçaient. Il voulut faire part à Bran de son enthousiasme de voir Bourgétoile au delà du canyon, mais se souvint juste à temps qu’il avait promis de ne pas déranger Eglantine. Il se contenta donc d’admirer la vue de la ville de son enfance diminuer et remarqua que Bran faisait de même, avec une expression indéchiffrable. Kit lui adressa un sourire lumineux, que le jeune homme lui rendit. Le garçon se sentait un peu bizarre à l’idée de s’éloigner autant de Bourgétoile, mais il savait qu’il n’avait pas le choix si il voulait retrouver Rielle. Et puis, son futur de pilote l’amènerait également à beaucoup s’éloigner de Bourgétoile. C’était l’occasion de commencer à s’y habituer. Bran lui ébouriffa soudainement les cheveux. Il avait du percevoir les sentiments mitigés de son cadet et venait le réconforter.

Lorsque Kit regarda de nouveau par le hublot, tout était devenu noir autour de l’Otter Space. Tout était noir piqueté de milliard d’étoiles scintillantes. Il resta de nouveau bouche bée face à ce nouveau spectacle. C’était à la fois tellement similaire et différent de la nuit qu’ils avaient passée à la belle étoile, Bran, Rielle et lui. « Bon ! S’exclama soudainement Eglantine qui s’était levée de son poste de pilotage et leur faisait face. J’avais dit que vous pouviez assister au décollage. Maintenant que c’est chose faite, vous allez rejoindre Khouaf, qui va vous initier à la charmante tâche de mousse.
– Où faut il le rejoindre ? s’enquit Bran.
– Oh, je suppose qu’il vous attend, juste derrière la porte. » La capitaine avait raison. Lorsqu’elle actionna le bouton d’ouverture de la porte, la créature reptilienne en bleu de travail tâché les attendait. « Voilà ! Se réjouit Eglantine. Allez y maintenant. Les garçons et moi avons du travail. » Elle les poussa dehors sans ménagement et referma la porte derrière eux. Les deux mousses en herbe considérèrent leur nouveau maître d’un air interrogateur. Celui ci leur rendit leur regard en penchant la tête sur le côté. Kit se dit que la communication risquait de s’avérer un peu difficile.

Rielle essaya de se détendre un peu, en s’adossant au mur de sa cellule et en inspirant profondément et en expirant longuement. La seule visite qu’elle avait reçue, depuis que les hommes en uniformes gris l’avaient enfermée ici, était d’un employé quelconque qui était venu lui apporter de quoi manger. Elle n’avait même pas pris la peine de regarder à quoi cela ressemblait. D’une part, quoi que ce soit, ce serait forcément moins bon que ce qu’elle avait pu manger à l’hôtel de Madame Granger de Bourgétoile durant ces huit dernières années. D’autre part, elle se disait que si elle mourrait de faim, elle ne serait plus très utile à sa propre mère à elle. Et en plus, si elle était livrée en mauvais état, sa mère ne manquerait pas de punir ses ravisseurs. Elle se délectait d’avance de leur faire payer ce qu’ils avaient fait subir à Kit.

En pensant à lui, elle ramena ses jambes contre elle et les entoura de ses bras. En soeur attentionnée, elle se demandait comment il s’en sortait sans elle. Elle se doutait bien qu’il était suffisamment grand pour prendre ses décisions tout seul et agir comme un garçon de seize ans aussi responsable que peut l’être un adolescent de cet âge. Mais elle savait aussi que ce lien qu’ils avaient passé des années à forger était aussi important pour lui qu’il l’était pour elle. Et là, elle se sentait dévastée. Elle avait l’impression qu’on lui avait arraché ce lien et cela lui faisait mal, aussi étrange que cela puisse paraître. Elle espérait qu’il n’était pas aussi affecté qu’elle par leur séparation. Il avait parfois du mal à rester rationnel et elle craignait qu’il ne fasse des bêtises, surtout si elle n’était pas là pour le raisonner.

Elle était déjà satisfaite de savoir qu’il se portait bien. Doug, l’officier qui l’avait enlevée, lui avait dit qu’il était certainement mort car le coup qui l’avait assommé ne lui avait pas été donné de main morte. Heureusement, tout à l’heure elle avait senti qu’il était conscient lorsqu’elle avait réussi à superposer son esprit au sien. Elle n’avait pas encore démêlé le mystère du lieu dans lequel il paraissait se trouver et qu’elle ne connaissait pas, mais il allait bien et c’était l’essentiel ; cela avait réussi à la soulager de son angoisse. Rielle supposa qu’il avait du aller voir Bran. Lorsqu’ils se heurtaient à un problème qu’ils ne pouvaient pas résoudre, Kit et elle allaient toujours voir Bran. Il était toujours posé et savait toujours par quel bout prendre un souci pour le résoudre. Dans le cas présent, elle ne savait pas trop comment le jeune homme allait pouvoir aider son frère, mais elle était certaine qu’il l’aiderait à reprendre du poil de la bête.

Elle avait essayé de joindre Bran, aussi. Sa tentative, en plus d’avoir été maladroite, avait été timide. Depuis qu’elle avait pratiqué son Kells sur lui, elle n’avait pas eu l’occasion de s’ouvrir à son esprit, ni de prendre le fardeau d’éventuelles blessures. Elle ne savait donc pas très bien comment s’y prendre avec lui. Surtout que le don du Kells s’était fait de manière un peu… originale. Au moment où elle s’était approchée pour lui embrasser la joue, il avait tourné la tête et ils avaient échangé un véritable baiser d’amoureux. Cela avait été totalement inattendu et Rielle avait eu l’impression qu’ils en avaient été aussi surpris l’un que l’autre. Ce qui ne les avait pas empêché de continuer jusqu’à ce que le réveil de Kit ne les dérange. Elle se perdit quelques instants dans sa rêverie où elle embrassait Bran. Et des larmes lui montèrent brièvement aux yeux lorsqu’elle réalisa qu’elle n’aurait certainement pas l’occasion de recommencer. Elle enfouit sa tête dans ses bras pour se réconforter, avant de reprendre sa forme d’hippocampe bleu et doré et de se rouler en boule contre le mur. Ainsi prostrée, elle ferma ses immenses yeux noirs de jais et repensa à la nuit dernière, lorsque Bran, Kit et elle s’étaient tous endormis dans les bras les uns des autres. Elle regrettait énormément ce moment chaleureux.

Comme mue par un réflexe, Rielle se déroula d’un coup sans même y penser, et se retrouva soudain sur ses pattes. Tout son être lui criait qu’il était prêt à retrouver ces instants de tendresse, mais qu’il fallait qu’elle agisse pour cela. Le premier instant de surprise passé, elle se sentit déterminée. Elle n’avait absolument aucune idée de comment elle pouvait s’échapper et encore moins de comment elle pourrait retourner à Bourgétoile par elle même. Mais elle allait essayer tout ce qu’elle pourrait. Et, dans les moments où elle serait incapable de s’échapper, elle se promit de mener la vie dure à ses geôliers. Après tout, la fille d’Edward Hammerson et d’Ayla Kree Lai ne pouvait que réussir à se montrer insupportable. En plus, elle était certaine que Kit aurait approuvé l’idée. Pleine de bonne résolution, Rielle commença à inspecter la petite pièce au confort spartiate dans laquelle elle avait été enfermée. Depuis qu’elle avait dévoilé à Bran qu’elle pouvait changer de forme et de volume, elle s’était entraînée à devenir la plus grande et la plus petite possible. Ceux qui la retenaient captive ne se doutaient certainement pas qu’elle était à présent capable de se faufiler dans un trou aussi petit que celui d’une souris.

Rielle laissa échapper un petit rire de gorge. L’aération. Elle pouvait largement passer par là. Et, de là, elle pourrait se rendre dans n’importe quelle partie du vaisseau qui l’emmenait loin de son frère. Elle reprit sa forme humaine et entreprit aussitôt de desceller la grille. Voyant qu’elle avait besoin d’un tournevis ou, du moins, de quelque chose qui pourrait faire office de tournevis, elle balaya rapidement sa cellule du regard. Ses yeux tombèrent sur le plateau repas qui lui avait été laissé. Elle s’empara du couteau en vue de se servir de la lame pour dévisser la grille. Lors de sa première tentative, sa main glissa et elle se coupa légèrement la paume. Elle jura et recommença derechef, ignorant le picotement agaçant de la petite entaille. En faisant plus attention pour ne pas se blesser de nouveau, Rielle parvint à dévisser la grille d’aération. Elle considéra pensivement son oeuvre, tout en se mordillant la lèvre inférieure. Si, une fois passée dans le réseau d’aération, elle laissait ce trou béant, les hommes en uniforme gris sauraient immédiatement par où elle avait réussi à s’enfuir. Et elle ne pensait pas que c’était une bonne idée. Dans tous les cas, il n’y avait pas beaucoup de possibilités de sortir de cette pièce. Mais si ils pouvaient ne pas penser tout de suite à l’aération, ce serait mieux, se disait elle.

En croisant les bras, la grille toujours dans l’une de ses mains, elle prit quelques instants pour réfléchir posément à la question. Elle inspecta de nouveau la grille et passa le doigt entre les ventaux. Un sourire se dessina sur sa figure souvent inexpressive. Sous sa forme animale, elle pourrait certainement faire passer une patte à travers la grille pour pouvoir la visser de nouveau au mur. Ses pattes étaient moins pratiques que des mains mais, grâce à Bran, elle était capable de moduler sa forme pour que ses pattes deviennent de petites mains. Elle avait d’abord pensé à replacer la grille sans la visser, mais étant donné la facilité avec laquelle elle était tombée dès qu’elle avait ôté la dernière vis, cela lui semblait un peu risqué.

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