Khouaf leur « expliqua » ensuite les autres corvées qu’ils auraient à effectuer pendant le trajet. Ils se rendirent compte que la plupart des tâches qu’on leur demandait consistaient à faire le ménage. Et, aussi, à aider en cuisine. Où ils auraient également l’occasion de faire du nettoyage. A chaque fois que Kit remarquait que cette corvée, là aussi, consistait à nettoyer, le reptilien le considérait avec un sourire carnassier, en penchant innocemment la tête sur le côté. « Je vais en faire des cauchemars, j’en suis sûr, confia Kit à Bran à ce propos.
– Des cauchemars ? s’étonna le jeune homme. Pourtant il n’a pas l’air méchant.
– Avec ses dents pointues et sa manière de me les montrer dès que j’ouvre la bouche ? Précisa l’adolescent. Je ne sais pas ce qu’il te faut ! A chaque fois, j’ai l’impression qu’il se réjouit à l’idée de me dévorer.
– Tu es trop émotif, commenta platement Bran.
– Trop émotif ? s’étrangla le plus jeune. Pourquoi tu dis ça ?
– Pour te taquiner, répartit son aîné avec un clin d’oeil. Ne t’inquiète pas de Khouaf. Il n’a pas l’air d’un mauvais bougre. Je pense qu’il cherche à te taquiner, lui aussi. »
Le reptilien en bleu de travail tâché revint, pour leur indiquer que leur pause était terminée. Il s’amusa à suivre Kit du regard avec son sourire carnassier, tandis que ce dernier passait auprès de lui. L’adolescent se demanda si Bran avait raison ou si Khouaf avait vraiment derrière la tête l’idée de le dévorer. En plus, son aîné avait l’air plus préoccupé que d’ordinaire. Kit compatissait ; lui même se faisait un sang d’encre pour sa soeur. Mais, pendant tout le temps où ils se trouvaient dans la cuisine, il avait eu l’air vraiment ailleurs. Et, même, irrité. Il avait considéré le chef cuisinier avec méfiance, ce qui ne lui ressemblait pas. Toutes ces tergiversations mentales étaient trop compliquées, décida l’adolescent qui, dès lors, préféra considérer que Bran s’inquiétait pour leur petite Rielle. La pauvre, elle devait se sentir tellement seule. C’était la phrase qui revenait à chaque fois à l’esprit de Kit quand il pensait à elle. Lui, au moins, était avec Bran. Et puis Eglantine et son équipage avaient l’air sympathiques, même si il avait vexé Renacleriblob d’entrée et que Khouaf l’effrayait un peu. Alors qu’elle, elle n’avait même pas une présence amicale à laquelle se raccrocher. L’être reptilien le pinça soudain. « Aïe ! » S’écria le garçon en sursautant. Khouaf lui désigna alors sa tâche incomplète et Kit réalisa qu’il s’était laissé aller à la rêverie. « D’accord, d’accord… » Ronchonna-t il en se mettant de nouveau au travail.
Lorsque leur journée se termina, ils rejoignirent Eglantine dans la salle à manger du vaisseau. « Alors, les lascars ! Les salua-t elle gaiment en levant son verre dans leur direction. Qu’avez vous pensé de votre première journée à bord de l’Otter Space ?
– Un peu ennuyeuse, répondit Bran en s’asseyant à la table.
– Et fatigante, renchérit Kit en faisant de même.
– Haha ! S’esclaffa la capitaine. Parce que vous croyiez que vous allier vous la couler douce comme sur un vaisseau de croisière ? » Elle rit de nouveau. « Oh que non ! Ici, tout le monde met la main à la pâte. Et, comme vous êtes des bleus en la matière, vous commencez par les tâches les plus ingrates. » Elle s’interrompit pour avaler une grande lampée du contenu de son verre. « D’ailleurs, mon équipage se réjouit de votre présence avec nous. Sinon ce sont eux qui se partageraient ces tâches, et ça les amuse aussi peu que vous.
– Hmpf, commenta l’adolescent. Bon. Quand est ce que nous allons retrouver Rielle ?
– Le plus tôt possible, lui assura Eglantine. Je n’ai pas que ça à faire, moi, de retrouver des jeunes filles en détresse.
– Elle n’aimerait pas entendre ça, précisa Kit.
– Bah ! Balaya la femme au cache oeil. Elle n’est pas là pour l’entendre, n’est ce pas ? Tu comptes le lui répéter ? » Le garçon secoua négativement la tête. « Alors peu importe, reprit elle. Bref. Je compte bien la retrouver vite. Parce que ça ne va certainement pas me rapporter suffisamment par rapport au risque pris, cette histoire !
– Je suis certain que si, intervint Bran. Sinon, vous n’auriez jamais accepté de nous aider.
– Huhu, pouffa-t elle. C’est qu’il est futé, celui là ! Ce n’est pas entièrement faux, ce que tu dis. Listelle ! Amène à boire à mes compagnons de tablée ! Ils ont l’esprit trop clair, c’est inadmissible. »
La dénommée Listelle obéit. Pour autant que Kit pouvait en juger, cette jeune femme là était bel et bien humaine. Elle leur servit une étrange boisson ambrée dans de minuscules verres. « C’est tout ? se désola Kit.
– Oui, le gourmanda-t elle. Sinon vous allez finir aussi ivre qu’elle.
– Elle n’a pas l’air si ivre que ça, estima le garçon.
– C’est parce qu’elle tient très bien l’alcool.
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