NaNoWriMo 2015 : Kit et Rielle Jour 23

Kit se réveilla déçu. Il avait espéré que Rielle le contacte pendant son sommeil, comme la dernière fois. Mais cela ne s’était pas produit. Il resta un moment sur le dos, les yeux grands ouverts, à fixer la forme vague de Bran dans le lit au dessus de lui, qu’il distinguait à peine dans la pénombre. Pourquoi sa soeur ne l’avait elle pas contacté ? Etait elle trop loin ? Etait elle en danger ? Etait elle inconsciente ? Peut être qu’elle dormait seulement, comme lui. Devait il essayer de la contacter lui même ? Il grimaça. La seule façon qu’il connaissait de communiquer de loin avec Rielle était de se mutiler, la blessant elle au passage. Et il n’avait pas envie de lui faire mal, même si Bran lui avait expliqué qu’elle guérissait très rapidement. Il poussa du bout du doigt la forme de ce dernier. Comme cela ne produisait pas l’effet désiré, il réitéra à plusieurs reprises. A sa grande satisfaction, il parvint à faire émettre un grognement à son aîné endormi. Malheureusement, il n’y eut pas la suite attendue. Bran parut se rendormir aussi sec. N’étant pas du genre à se démonter pour si peu, Kit recommença l’opération, jusqu’à produire un « Quoi ? » ensommeillé et accusateur à la fois.

« Est ce que c’est le matin ? S’enquit le garçon qui ne savait pas trop quoi dire au final.
– Hmpf, ronchonna le jeune homme en regardant sa montre. Presque. Tu nous as réveillés une heure trop tôt.
– D’accord. Tu as senti la présence de Rielle pendant la nuit, toi ?
– Non. Pourquoi ?
– Parce que moi non plus, expliqua l’adolescent.
– Ah, émit Bran qui venait de comprendre le problème. C’est donc ça qui t’embête ?
– Oui, confessa Kit. J’espère qu’il ne lui est rien arrivé.
– Ne t’en fait pas, tenta de le rassurer le plus grand. Il n’a rien eu le temps de lui arriver.
– Tu penses ?
– J’en suis certain. » Le jeune homme avait dit cette dernière phrase d’un ton beaucoup plus assuré que ce qu’il se sentait.

« De toutes façons, reprit Kit après un petit silence, elle ne va pas se laisser faire aussi facilement. En fait, je les plains ces hommes en uniformes gris ; elle va leur en faire voir de toutes les couleurs !
– C’est tout à fait possible, pouffa Bran. Ca doit être pour ça qu’elle n’a pas essayé de nous recontacter, si c’était bien ce qu’elle avait fait. Elle doit être beaucoup trop occupée à les martyriser.
– Ca ne m’étonnerait pas ! Se réjouit le garçon avec délectation en imaginant tout ce qu’une Rielle en colère était capable de faire subir. Ils n’avaient qu’à pas l’enlever.
– C’est vrai. » Lui concéda son aîné en se redressant sur son lit. Il s’étira, bâilla longuement, puis reprit : « Bien, je pense que nous n’allons pas dormir de nouveau.
– Ah non, confirma Kit. En tous cas, moi, je n’ai pas sommeil.
– C’est étonnant. » Ironisa Bran qui, lui, aurait bien dormi un petit peu plus. Mais, à présent qu’il était totalement réveillé, il savait qu’il n’arriverait pas à se rendormir. Surtout si peu de temps avant l’heure où il avait l’habitude de se réveiller. Il soupira. Il s’étira de nouveau et entreprit de descendre du lit superposé qu’il occupait. Kit l’imita en sautant à bas de son propre lit.

« Qu’est ce que nous allons faire ? s’enquit il ensuite avec curiosité.
– Euh… » Hésita Bran qui n’avait pas réfléchi à cela. Il s’était juste levé machinalement. Mais son cadet paraissait attendre qu’il prenne des décisions ; ce qui était plutôt normal, songea le jeune homme, puisqu’il s’était placé en tant que maître auprès de lui et de Rielle. « Que dirais tu d’aller dans la cabine de pilotage ? hasarda-t il.
– Oh oui ! S’exclama joyeusement le garçon. J’espère qu’Eglantine sera là, j’ai plein de questions à lui poser !
– Et si elle n’est pas là, tu pourras quand même poser tes questions aux personnes qui seront là à sa place, suggéra Bran.
– Tu as toujours de bonnes idées ! » S’extasia Kit en s’habillant le plus rapidement possible. Maintenant qu’il était réveillé, il avait bien l’intention de mettre la moindre minute à profit pour être meilleur que tout le monde à l’Ecole Planétaire de Pilotage qu’il visait. Il avait, pour le moment du moins, oublié ses inquiétudes vis à vis de Rielle. Son aîné se réjouissait de le trouver si facile à dérider. Lui, en revanche, s’était approprié les craintes de son cadet.

Il savait que Rielle et Kit étaient vraiment très proches. Ils avaient une relation particulièrement fusionnelles. Le fait que la jeune fille n’ait pas essayé de nouveau de contacter son frère ne laissait pas de l’inquiéter. Et puis, il y avait lui, aussi. Ils avaient partagé un moment fort ce fameux matin avant qu’elle se fasse enlever. Si elle n’avait pas essayé de communiquer ni avec l’un, ni avec l’autre, c’était effectivement inquiétant. Il tenta de se concentrer de nouveau sur ce que lui disait Kit alors qu’ils se rendaient tous les deux en direction de la cabine de pilotage. Celui ci faisait des hypothèses sur l’utilité de certains boutons qu’il avait pu apercevoir et dont il n’avait pas réussi à savoir à quoi ils pouvaient bien servir. Cela n’intéressait pas vraiment Bran mais, pour faire bonne figure, il fit mine de participer un peu à la conversation. Ce n’était pas très difficile, avec Kit : c’était un vrai moulin à paroles. Il s’auto alimentait, qui plus est. La plupart du temps, lorsqu’il s’agissait d’un sujet comme celui là où il réfléchissait tout haut plus qu’il ne dialoguait, il suffisait de hocher la tête et de marmonner des assentiments aléatoires.

Lorsqu’ils parvinrent à la cabine de pilotage et qu’ils frappèrent, ce ne fut pas Eglantine qui leur répondit d’entrer. Seul l’être tentaculaire se trouvait là, surveillant paresseusement la trajectoire de l’appareil ainsi que le radar. « Bonjour Thid ! Le salua joyeusement Kit.
– Bonjour à toi aussi, petit, répondit l’interpellé sur le ton de celui qui sent que quelque chose est en passe de venir troubler sa tranquillité.
– Tu es pilote ? Demanda le garçon.
– Oui, acquiesça Thid en se disant qu’il aurait difficilement pu lui prouver le contraire.
– Tu n’as pas l’air très occupé, vérifia ensuite Kit.
– Bah, il faut que je sois prêt si il se passe quoi que ce soit, modula l’être tentaculaire.
– D’accord, mais pour le moment, il ne se passe rien. Je ne vois rien sur le radar et rien n’a l’air de perturber la trajectoire.
– Tu dis vrai, soupira Thid en regrettant que le garçon ait raison.
– Du coup j’ai le temps de te poser des questions ! » Se réjouit l’adolescent avec entrain, pour le plus grand ennui du pilote. Bran compatit intérieurement avec lui. Ce n’était pas toujours facile d’encaisser un Kit en mode questions. Mais, au moins, lui se trouvait un peu tranquille. Il contempla l’immensité de l’espace et l’innombrabilité des étoiles par un grand hublot. Cela lui donnait presque le vertige. Toutes ses pensées étaient dirigées vers Rielle, tandis que le bruit de fond de la conversation entre Kit et Thid le berçait. Le jeune homme se fit la réflexion que, si il n’était pas si inquiet, il aurait très bien pu s’endormir de nouveau.

Il fut tiré de sa torpeur, et le garçon de sa conversation, par l’entrée fracassante d’Eglantine. A peine la porte ouverte elle lança un « Salut la cabine de pilotage ! » Avec une voix tonitruante, ce qui provoqua un nouveau soupir chez l’être tentaculaire qui voyait tout espoir de tranquillité s’enfuir loin de lui, sans retour possible. Elle s’arrêta net en voyant les deux garçons et les fixa d’un oeil rond pendant quelques secondes de flottement. « Mais qu’est ce que vous faites là ? Vous n’avez pas dormi ?
– Oh si ! Répondit Kit avec entrain. Et je suis super en forme pour apprendre plein de choses sur l’art du pilotage. Parce que Ed dit que c’est tout un art !
– Et il a raison, confirma la capitaine avec ferveur. Ca ne m’étonne pas d’Edward Hammerson, ça ! C’est un homme bien.
– Ca c’est sûr, confirma le garçon. Il m’a donné une soeur et, pour ça, je lui en serai toujours reconnaissant.
– Comme c’est mignon, s’attendrit Eglantine avec un petit sourire.
– Tu as un plan pour sauver Rielle, maintenant ? s’enquit curieusement l’adolescent.
– Comme ça, de bon matin ? Vraiment ? Soupira la femme au cache oeil. Tu es vraiment têtu, comme garçon.
– C’est ce que tout le monde dit, en tous cas, commenta Kit tandis que Bran hochait la tête en soupirant.
– Ce n’est pas peu dire. » Confirma le jeune homme.

Eglantine prit le temps de s’installer sur son siège de pilote, à côté de celui de Thid, et de vérifier qu’il ne se passait effectivement rien de risqué dans l’espace intersidéral qui les entourait. « Et bien, il s’avère que j’ai une idée, en fin de compte, lui révéla-t elle sur un air mystérieux qui enthousiasma Kit.
– Raconte raconte raconte ! s’impatienta-t il tout en arborant un air suppliant.
– Tu as une tête de chaton quand tu fais ça, remarqua la capitaine de l’Otter Space.
– Ah bon ?
– Oui, en tous cas, je trouve, confirma-t elle tandis que son co pilote levait les yeux au ciel.
– Mais on s’en fiche, de ça, balaya Kit. Raconte moi ton plan.
– Haha ! S’esclaffa Eglantine. Bien. Je peux au moins te donner les grandes lignes. Nous allons nous faire passer pour le vaisseau de livraison de provisions de bouche pour l’une des cantines.
– L’Otter Space ressemble suffisamment à un vaisseau de livraison ? s’étonna Bran en intervenant dans la conversation.
– Absolument pas, répondit la femme au cache oeil. En tous cas, pas à un vaisseau de livraison standardisé d’une cantine d’un complexe aussi important.
– Comment faire alors ? S’inquiéta Kit. Vous allez déguiser l’Otter Space ?
– Ca pourrait être une idée, nota Eglantine. Mais ce serait trop fastidieux et je n’ai pas très envie de camoufler ma loutre. Non, pour cette fois, je comptais m’emparer d’un vaisseau de livraison, tout simplement.
– Tout simplement, répéta Thid en marmonnant sur le ton de celui qui trouve cette idée plutôt trop compliquée.
– Mais où tu vas trouver ça ? s’enquit un Kit pendu aux lèvres de son interlocutrice.
– Sur le chemin, bien sûr, expliqua-t elle. Pour que ça soit crédible, il faut que nous arrivions à peu près à l’heure prévue. Et comme le sauvetage de votre amie est pressé – car qui sait ce qui pourrait lui arriver sinon – nous n’avons pas le temps de passer plusieurs jours à faire du repérage pour noter les heures d’arrivée et tout le tintouin.
– Ah non, confirma le garçon, il n’y a pas de temps à perdre.

178 d’hier + 1700 d’aujourd’hui

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