NaNoCamp Avril 2017 J-5 : Préquelles Arkhaiologia

[Spoil sur la suite d’Arkhaiologia]

L’amie de Valentin avait eu l’air désemparée. Malheureusement, celui-ci n’avait pas eu d’explication satisfaisante à lui proposer ; rien dans les diverses légendes ne donnait d’explication. Tout cela n’empêchait pas le jeune homme d’être fasciné par les petites fées. Béatrice le laissa en emporter une chez lui. Son laboratoire en détenait beaucoup trop et des gens continuer d’en apporter. Personne ne remarquerait la disparition de l’une d’entre elle. La jeune femme en relâchait même régulièrement. Ces jours-ci on trouvait de ces fées de partout. Sauf que personne ne connaissait le moment où elles étaient apparues et les spécialistes n’avaient aucune idée de ce qui avait causé leur apparition.

Les fées n’étaient pas les seuls êtres folkloriques à être subitement apparus. La plupart des antiques sites de culte et autres zones archéologiques avaient été fermés au public et étaient désormais sous surveillance. Les régions un peu isolées qui dépendaient de ce tourisme pour vivre commençaient déjà à subir le contrecoup de ces fermetures et à doucement péricliter. Ne venaient plus chez eux que les curieux écervelés en quête de sensations fortes.

La fascination pour l’apparition des créatures légendaires était teintée de beaucoup de craintes. De partout on ressortait les vieux livres de contes pour tenter d’en savoir plus ou de deviner quelles allaient être les prochaines apparitions. Beaucoup craignaient l’avènement de monstres comme les dragons, ce qui était une perspective pour le moins inquiétante. Le bruit courait aussi que certaines personnes commençaient à développer certaines aptitudes surhumaines. Des vidéos de démonstrations et de témoignages fleurissaient partout sur la toile, mais là-dessus il était toujours difficile de démêler le vrai du faux.

Valentin ne savait trop que penser de tout cela. Concentré sur son travail, il avait l’impression de vivre un peu isolé de toutes ces choses, comme s’il vivait sur un autre monde et qu’il n’était qu’un lointain spectateur. Et pourtant une petite fée se tenait, assise en tailleur, sur sa table basse. Du bout du doigt, il caressa délicatement la tête de la créature, qui poussa une trille de plaisir. Le jeune homme esquissa un sourire attendri, qui s’élargit lorsque la fée attrapa d’un air péremptoire le doigt qui avait arrêté de lui grattouiller la tête, pour lui signifier de continuer. Valentin s’exécuta.

Il fut interrompu par son téléphone. L’appareil lui indiqua qu’il s’agissait de Béatrice. Il fit glisser son doigt vers le haut de l’écran pour projeter l’appel au dessus du téléphone, sur un hologramme représentant son écran. Le visage de son interlocutrice s’afficha dans les airs. La jeune femme avait la tête appuyée sur une main, tenant visiblement son téléphone de l’autre. Plusieurs mèches brunes s’échappaient de la barrette qui maintenait ses cheveux relevés. « Salut ! Lança-t-il à son amie.
– Coucou, lui répondit-elle d’un ton fatigué. Tu t’amuses bien avec ta nouvelle amie ? » La petite fée était en train d’essayer d’attraper l’hologramme. Elle était visiblement frustrée de constater qu’elle ne pouvait pas le saisir et pépiait son mécontentement en voletant furieusement autour.

« Oui, je crois qu’elle s’adapte petit à petit.
– Tu lui as trouvé un nom ?
– Pas vraiment, avoua Valentin. Je l’appelle souvent râleuse. Elle ronchonne tout le temps ! Tu aurais pu me trouver une fée de meilleure composition.
– C’est toi qui l’a choisie, rétorqua la jeune femme en plissant les yeux avec un sourire en coin.
– Il faut croire que j’aime bien les râleuses. » Acquiesça le jeune homme avec un clin d’œil.

Son amie pouffa de rire et reprit : « Puisque tu aimes bien les râleuses, ça te dirait de venir manger une pizza à la maison ?
– C’est une bonne idée, surtout que mon frigo est vide.
– Dépêche-toi alors. » Lui enjoignit Béatrice en coupant la conversation. L’hologramme se coupa automatiquement, pour le plus grand plaisir de la fée qui pensait que c’était de son fait.

Valentin ne se leva pas tout de suite. Il fixa la petite créature qui se pavanait en se demandant à quel point ce serait une mauvaise idée de la laisser hors de sa cage pendant son absence. Elle paraissait tellement plus contente dehors ! Sur une impulsion, il se redressa pour aller ouvrir une fenêtre. Valentin échangea un bref regard avec la fée qui le contemplait d’un air perplexe, la tête penchée sur le côté. Puis il attrapa ses affaires et s’en fut rejoindre son amie.

Alors qu’il était en bas de son immeuble, son téléphone se mit à vibrer. Le jeune homme jeta un œil à l’appareil. Il s’agissait d’un message provenant de la centrale de son appartement, qui lui indiquait qu’il avait laissé une fenêtre ouverte et lui demandait s’il voulait que la centrale la ferme pour lui. Il appuya sur « non », suite à quoi un deuxième message l’informait que son ordre avait bien été pris en compte et que l’application lui poserait de nouveau la question en cas d’intempéries. Valentin haussa les épaules et rangea son téléphone.

Béatrice n’habitait pas très loin ; en marchant d’un bon pas, il n’en eut que pour quelques minutes. La porte de l’immeuble de la jeune femme s’ouvrit automatiquement à son approche et, quelques secondes plus tard, il se retrouvait assis sur un pouf moelleux, devant une énorme pizza fumante. C’était beaucoup mieux que la précédente perspective du lait et de la boîte de conserve. Les deux amis paraissaient aussi las l’un que l’autre, mais de manger leur rendit un peu de leur vitalité.

Une fois qu’ils furent un peu rassasiés, Béatrice s’enquit : « La rédaction avance bien ?
– Oh oui, je vais avoir terminé dans les temps, répondit Valentin en cherchant comment changer de conversation.
– Ça n’a pas l’air de te réjouir.
– Pas vraiment, c’est vrai. Tout cela m’ennuie…
– Pourtant, tu aimes bien ton sujet, non ?
– Oh oui, il est passionnant ! Il y a tellement de choses intéressantes à étudier dans le folklore, surtout depuis toutes ces… Apparitions.
– Ne m’en parle pas, se plaignit la jeune femme. Aucune de ces créatures ne fonctionne comme un animal normal, c’est perturbant.
– Tu exagères, la gourmanda Valentin.
– Oui oui, j’exagère, concéda-t-elle. Ce sont surtout ces petites fées qui me perturbent.
– Certainement parce que ce sont elles que tu étudies en ce moment…
– Oui, mais comment se fait-il que certaines aient des ailes de papillon, plusieurs espèces de papillons qui plus est, et d’autres de libellules ? Il y en a même d’autres d’espèces que je ne connais pas, mais qui ont des caractères plus primitifs.
– Tu rumines encore ?
– J’aimerais comprendre surtout. » Soupira Béatrice en terminant sa pizza.

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