– Volontiers ! S’enthousiasma Clay instantanément réveillé.
– Venez donc, votre amie a laissé de quoi faire. »
Le jeune homme bondit sur ses pieds et vint prendre place à côté d’Ethelle. Avisant l’assiette de cookies, il se jeta dessus, engloutissant le reste avec appétit, sans s’embarrasser d’étiquette. La rouquine le contempla un instant, les yeux écarquillés, puis reprit le fil de ses pensées et tourna de nouveau son attention vers l’archéologue. « Vous disiez, lui lança-t-elle, que vos travaux avaient un rapport avec l’émergence du surnaturel et une civilisation qui aurait disparu.
– Oui oui, c’est tout à fait ce que je disais, acquiesça Simon. C’est vraiment dommage que personne, au gouvernement, n’ait voulu m’écouter. Et pourtant, j’ai essayé à plusieurs niveaux ! » Ethelle ne parvenait pas à s’empêcher de se demander quelles étaient les natures exactes des connections de Simon avec le gouvernement. Un archéologue était-il suffisamment important pour avoir ses entrées à tous les niveaux du gouvernement ?
« Il faut que je retourne à cette bibliothèque pour en savoir plus, continua Simon. J’ai lu quelque chose à propos d’un certain dispositif et j’aimerais bien en savoir plus à ce sujet. Quoiqu’il en soit, je pense que cette civilisation avait atteint un niveau bien plus avancé que le nôtre. En fait, rien que cette découverte ferait un tapage monumental dans le monde de l’archéologie ! Mais nous faisons face à quelque chose de trop grave pour courir après la notoriété et les récompenses…
– Et moi qui pensait que nous étions au summum de la modernité. » Commenta la jeune femme rousse qui avait du mal à concevoir que leur vie n’était pas la plus avancée possible. Ils avaient inventé les zeppelins tout de même ! Et les submersibles, aussi, et tant d’autres merveilles de tecnologie. Que pouvait-il y avoir de plus impressionant que de voler dans le ciel ou de voyager sous l’eau ? Ethelle restait sceptique quant à l’avancement de cette civilisation. Elle supposait que l’archéologue se montrait juste un peu trop enthousiaste vis à vis de sa découverte.
« Nous avons du tout redécouvrir, pointa Simon qui paraissait sérieux lorsqu’il parlait d’un sujet en rapport avec l’archéologie. Nous n’avons juste pas encore eu le temps d’évoluer autant qu’eux.
– Je vois. » Acquiesça Ethelle qui jeta un bref coup d’oeil à Clay. Ce dernier n’écoutait la conversation que d’une oreille, occupé qu’il était à faire un sort aux cookies qui avaient survécu à sa compagne. Mais il levait régulièrement la tête en direction de l’archéologue pour le regarder gesticuler avec passion. « Comment une civilisation aussi avancée a pu être détruite par des créature surnaturelles ? Et elles, ces créatures surnaturelles, d’où viennent-elles ? » Questionna la jeune femme. Leur hôte ne répondit pas tout de suite, se cala de nouveau dans sa chaise et afficha un sourire narquois.
« Vous savez, je dois avouer que même si vous deux ne m’allez être d’aucune aide, cela me fait plaisir de pouvoir enfin discuter de ce sujet avec des personnes qui ne m’envoient pas directement sur les roses.
– Vous nous avez offert le gîte, monsieur, intervint Clay entre deux bouchées. Vous écouter est la moindre des choses que nous puissions faire pour vous remercier.
– C’est vrai, approuva Ethelle qui n’avait pas vu les choses sous cet angle mais qui aimait bien l’idée.
– Vous êtes de sympathiques jeunes gens, estima Simon en leur adressant un sourire lumineux. Bon ! Puisque vous êtes coincés ici avec moi, autant que je mette ce temps à profit pour vous bassiner en bonne et due forme. » Il se leva et s’étira longuement le dos en grimaçant. Puis, il invita ses deux spectateurs à s’installer plus confortablement dans son petit salon. Clay termina le dernier gâteau avant de se lever.
Comme le matin avant qu’ils ne s’endorment, ils prirent tous les deux place l’un à côté de l’autre, Simon face à eux dans l’un des fauteuils. L’archéologue était d’une merveilleuse humeur, il paraissait tout émoustillé d’avoir enfin l’occasion de parler de ses découvertes. Elles lui tenaient visiblement beaucoup à cœur. Ce qui était compréhensible, songea Ethelle, puisque si il avait raison, une civilisation plus avancée avait entièrement disparue à cause de l’émergence des contes de fées dans la vie réelle. Le monde qu’ils connaissaient était en danger, si la jeune femme devait en croire les signes qu’elle avait vus. Comme la luciole qui avait un visage par exemple. Elle ne savait pas trop quoi penser de l’histoire d’Arabella Finley, à propos du dragon qui aurait déchiré le ballon du Titania. Mais cela ne paraissait plus aussi fou tout d’un coup.
« Ah ! Où en étais-je ? Lança joyeusement l’archéologue.
– Vous vous apprêtiez à nous expliquer comment une civilisation avancée avait pu disparaître et d’où venaient les créatures surnaturelles. » Rappela Clay. Captant un regard perplexe de la jeune femme à sa droite, il s’enquit : « Quoi ?
– Hum, je ne savais pas que tu écoutais notre conversation, expliqua Ethelle.
– Oui oui oui, c’était bien cela, continua Simon en ignorant la conversation entre ses deux jeunes hôtes. Pour le moment je ne sais pas d’où viennent toutes ces choses magiques, je dois bien l’avouer. Cela fait partie des raisons pour lesquelles je dois retourner à la bibliothèque. Je dois encore trouver des réponses et essayer de ramener des preuves. C’est un peu compliqué de ramener intacts des ouvrages qui ont plusieurs milliers d’années… C’est un véritable problème. » Il se tut un instant, puis ses yeux brillèrent alors qu’il passait ses souvenirs dans sa tête. « Vous savez, il y a aussi des machines, là-bas. Je rêve d’en faire fonctionner une ! »
Les deux jeunes gens s’entre regardèrent tandis que leur hôte avait l’air perdu dans ses pensées à propos d’antiques machines merveilleuses. « Je n’ai pas tout compris, mais ces découvertes m’ont l’air passionnantes, s’enthousiasma Clay.
-Je ne sais pas… » Ethelle émettait des réserves. Mais si cette histoire de dragon était vraie, cela signifiait certainement que, à un niveau ou à un autre, l’émergence des contes de fées avait quelque chose à voir avec l’assassinat de son père et pas seulement avec la faillite d’AérosTech. Elle ne connaissait pas les détails, bien sûr, mais elle était certaine que la mort de son père était liée quelque part à la faillite de ses trois principaux contributeurs / collaborateurs. La rouquine en étant d’autant plus certaine qu’au moins l’un d’entre eux était également décédé, si elle en croyait les propos d’Arabella Finley. Cela devait forcément avoir un rapport.
Son compagnon, en revanche, avait l’air complètement emballé par tout ce qu’il avait entendu, même si il avait raté tout le début de la conversation. Ethelle supposa qu’il devat voir tout cela comme une merveilleuse aventure en perspective. A cette allure, il s’auto-qualifierait bientôt d’explorateur et deviendrait aussi excentrique que Simon. La jeune femme espéra que cela n’était pas trop contagieux. Néanmoins elle ne pouvait s’empêcher de ressentir une certaine curiosité vis à vis de toute cette histoire. Et, qui sait, cela pourrait peut-être lui permettre de faire la lumière sur l’assassinat de Charles Morton. Elle s’autorisa un sourire, que Clay prit comme un encouragement. Il s’illumina en retour et lança : « Monsieur, pouvons-nous vous accompagner dans votre exploration de la vieille bibliothèque ?
– Vous voulez m’accompagner dans la bibliothèque ? Répéta l’archéologue. Mais savez-vous au moins lire ?
– Oui évidemment, répondit Ethelle.
– Non. » Répondit en même temps Clay. Comme les deux autres le gratifiaient de regards perplexes, il ajouta : « Mais tout ça m’intéresse, et vous avez parlé de machines, ça a l’air passionnant ! »
Simon hocha la tête avec un sourire. Puis il produisit un petit rire ravi tout en se frottant les mains. « Mes amis, je sens que vous et moi allons bien nous amuser tous ensemble ! » Il se leva pour se mettre à danser une valse tout seul, accompagné par la musique du gramophone qui jouait toujours. « Evidemment, je vais devoir vous enseigner quelques petites choses, chantonna l’archéologue. Mais je suis enchanté d’avoir de petits assistants ! C’est la première fois, j’en suis presque ému ; personne n’avait jamais voulu être mon assistant avant cela, et voilà qu’à présent j’en ai deux ! C’est meeerveilleuuux ! » Il parlait et chantait en même temps, ce qui produisait un étrange effet, qui s’avérait plutôt désagréable à l’oreille raffinée d’Ethelle. Mais l’enthousiasme de l’archéologue était contagieux et elle laissa échapper un sourire. D’autant plus qu’il avait l’air complètement ridicule à danser avec une partenaire imaginaire en chantonnant à moitié l’air délivré par le gramophone. Clay, pour sa part, se mit à rire de bon coeur. Il avait tout de suite trouvé Simon sympathique, cela se voyait, et ne demandait rien de mieux que de partir à l’aventure avec ce joyeux compagnon.
La rouquine, elle, restait très terre à terre et n’avait pas oublié qu’elle avait très envie de prendre un bain. Elle attendit que l’archéologue soit un peu plus calme pour s’enquérir de la possibilité d’ablutions. « Oh, bien sûr ! S’exclama-t-il avec fierté. J’ai un appartement mobile tout confort mademoiselle. Il y a un réservoir entre le plafond et le toit de la voiture, je le fais compléter à chaque gare. Vous pouvez vous rendre derrière les paravents, c’est là que se trouve la salle de bain. » Ethelle le remercia chaleureusement et se glissa aussitôt dans l’abri intime procuré par les grands paravents. Ils dissimulaient effectivement une petite baignoire aux pattes de lion, un petit lavabo et une petite machine cubique avec un hublot en guise d’ouverture, située sous le lavabo. Se désintéressant aussitôt de la petite machine, elle avisa que le robinet pouvait fournir de l’eau chaude aussi bien que de l’eau froide. La jeune femme du se retenir de pousser un petit cri de joie. Elle le camoufla en prévenant les deux hommes de l’autre côté : « Le premier qui vient regarder, je le noie ! »
Elle vérifia qu’elle ne se faisait pas une fausse joie en tournant l’arrivée d’eau chaude. En même temps que l’eau coulait, un bruit de mécanisme qui se mettait en route se fit entendre dans le plafond au dessus d’elle. Puis l’eau devint chaude et, très rapidement, bouillante. Ethelle régla la température en ajoutant de l’eau froide. Se débarrassant de ses vêtements en quelques secondes, elle se plongea sans attendre dans l’eau tiède de la baignoire. La jeune femme laissa échapper un soupir de bien-être, écoutant distraitement Clay et Simon discuter à côté ; apparemment l’archéologue s’était mis en tête d’apprendre à lire à l’ancien Faucheux. Elle avait l’impression de baigner dans le luxe et elle s’empara vivement du savon pour compléter le tableau. La rouquine se frotta la peau jusqu’à ce qu’elle en devienne rouge et que l’eau se couvre de mousse. Une fois qu’elle se trouva satisfaite de son impression d’avoir décrassé le moindre pore de sa peau, elle entreprit de se rincer et de se laver les cheveux.
Ethelle aurait volontiers profité de rester plus longtemps dans l’eau chaude. Mais elle était pudique et ne se sentait pas très à l’aise avec deux personnes séparées d’elle par seulement des paravents. Elle emprunta de quoi se sécher dans l’armoire-lit dont une partie des portes donnait derrière les paravents. Enroulée dans une serviette et en se séchant les cheveux à l’aide d’une deuxième, la rouquine jeta un regard dégoûté à sa fidèle tenue d’équitation. Elle ne comptait pas s’en débarrasser, bien évidemment. Mais ses vêtements mériteraient largement d’être lavés. Debout, au milieu de l’espace offert par les paravents, la jeune femme se demanda soudain comment elle allait pouvoir s’habiller. Il était hors de question de remettre cette tenue crasseuse, mais ses autres affaires se trouvaient dans son sac de voyage, lui-même posé à côté du canapé avec Clay. C’était un problème épineux.
1971 mots du jour et, non, je ne me suis pas embêtée à faire les 30 mots de plus pour arriver aux 2000, je suis trop flemmarde.