NaNoWriMo 2017 : À l’École de l’Autre Côté du Miroir, jour 16

A force de s’entraîner à catalyser de faibles quantités de magie, Cédric était devenu capable de faire de toutes petites choses en utilisant les infimes parcelles magiques disponibles chez lui. Il arrivait à faire rougeoyer les mèches des bougies de noël comme de toutes petites braises notamment. Ce n’était pas grand chose, ni très impressionnant de son point de vue, mais cela suffisait à faire applaudir Céline et Carine. Elles étaient très fières d’avoir un frère magicien, même si elles auraient bien voulu être des magiciennes elles-mêmes.

« Bah, tant pis, déclara un jour Céline l’aînée. Pour moi c’est trop tard puisque je n’ai jamais été convoquée. Mais on ne sait jamais : peut-être que Carine ira aussi l’école de l’autre côté du miroir.
– Oooh ! Ce serait super ! S’enthousiasma la benjamine de la fratrie. J’ai très envie de faire des tours de magie moi aussi.
– Ne te fais pas trop d’illusions, temporisa Céline. On ne sait pas si ça va arriver hein ! »

Même si Cédric était ravi de ses vacances de Noël en famille, pratiquer la magie lui manquait. Faire rougeoyer des mèches et lire un livre à propos de magie pratique qu’il avait emprunté au CDI ne lui suffisait pas. Les cadeaux qu’il reçut lui détournèrent l’esprit pendant quelques jours. L’un d’entre eux, cependant, laissa le garçon perplexe. Ses parents lui avaient offert une boîte de prestidigitation. Il se demandait ce qui avait pu leur passer par la tête : il savait faire de la vraie magie, alors pourquoi lui avaient-ils acheté cette boîte pour faire de la fausse magie ?

La question ne le tarauda pas très longtemps. Il oublia la boîte dès que les cours reprirent, début janvier. Les retrouvailles avec Jérémy, Valentine et Stéphanie furent chaleureuses. Cédric se réjouit de retrouver les bâtiments aux allures de châteaux, le parc et même les champignons qui piaillaient lorsqu’ils s’écartaient du chemin. Il était un peu moins convaincu à propos de certains professeurs comme madame Dunoyer ou monsieur Curin-Cocon. Heureusement la présence de ses trois amis parvenait à compenser tous les inconvénients.

Les cours de défense magique et ceux de maîtrise de la catalyse reprirent aussi. Monsieur Apowain laissait presque transparaître son enthousiasme de les retrouver. Sa propension à dissimuler ses sentiments s’effritait un peu en la présence d’élèves aussi motivés. Il aurait été un peu déçu de savoir qu’ils n’étaient pas motivés seulement par le désir d’apprendre, mais surtout de défendre et soutenir Cédric. Ce dernier commençait d’ailleurs à se demander s’il était bien nécessaire de continuer de suivre ces cours. La menace paraissait désormais tellement lointaine et il trouvait qu’il maîtrisait suffisamment bien la catalyse de petites quantités de magie à présent.

Alors qu’il avait décidé qu’il en parlerait à ses amis après le présent cours de magie pratique, en fermant les yeux, il se retrouva auprès de la vieille Hildegarde. Cela avait été plusieurs fois le cas depuis le salon et les fauteuils au coin du feu. Le décor avait changé à chaque fois. Cette fois-ci ils se tenaient au sommet d’une petite montagne enneigée. La maîtresse du brouillard était emmitouflée de brume rougeoyante.

« Ca a l’air pratique ! S’exclama Cédric en voyant cela.
– Très, confirma la vieille femme.
– Comment vous faites ça ?
– Et bien, le brouillard étant à l’origine des quatre autres éléments, il suffit d’un peu d’imagination pour pouvoir en faire à peu près ce que l’on veut.
– Je devrais y penser plus souvent… Mais j’ai du mal à considérer ma brume comme du feu ou de la terre, avoua le garçon. A vrai dire, même l’air et l’eau… »

Hildegarde acquiesça. Elle savait que la jeunesse n’était pas toujours aussi imaginative que ce que les adultes se plaisaient à le croire. « Je te conseille d’y travailler, lui suggéra-t-elle. Cela te sera utile. Surtout que je n’arrive plus à avoir de nouvelles de nos amis de la Confrérie des Cinq Eléments.
– Oh et euh… C’est plutôt pas mal d’être tranquille, non ?
– Hmpf, lâcha la maîtresse du brouillard. Le fait qu’ils fassent des efforts pour se dissimuler m’inquiète au contraire. Je préfère les garder à l’œil. »

Une vague d’inquiétude parcourut Cédric. Quelques minutes plus tôt il se pensait en sécurité, prêt à abandonner les cours de défense magique pour lesquels il perdait de l’intérêt. A présent, toute sa sérénité s’était envolée. « Ils vont venir me chercher ? S’inquiéta-t-il.
– Peut-être, ou alors ils vont peut-être venir me chercher moi, ou les deux, qui sait ?
– Ce n’est pas très rassurant, commenta le garçon sur un ton légèrement accusateur.
– C’est également mon avis. » La vieille femme se tourna vers lui, plantant ses yeux gris dans ceux du garçon. « Reste sur tes gardes, veux-tu ? »

Cédric acquiesça et ouvrit les yeux dans le gymnase. Ses trois amis, qui avaient pris l’habitude de le voir ainsi inconscient lorsqu’il discutait avec Hildegarde et s’employaient à distraire l’attention de monsieur Apowain. « Ca va ? S’enquit Valentine en voyant la mine déconfite de son camarade.
– Moyen, confessa celui-ci.
– Ca ne s’est pas bien passé ? Reprit la fillette blonde.
– Oh, si, c’est juste qu’elle s’inquiète à propos de la confrérie. »

Valentine fit une moue qui signifiait qu’elle s’en inquiétait elle aussi. Lorsqu’ils en parlèrent aux deux autres à la sortie, tous affichèrent des mines graves. « De toutes façons, on ne peut rien faire de plus que ce que nous faisons déjà, déclara Stéphanie avec un soupir d’impuissance. Je sais bien qu’eux doivent s’entraîner depuis des années et qu’ils sont plus forts que nous, mais on fait de notre mieux. Il faudra bien que cela suffise. »

Les trois autres approuvèrent silencieusement, n’ayant rien de plus à ajouter. « Ca vous dirait de revenir à la maison un de ces jours ? » Lança Jérémy pour alléger l’atmosphère. Il était aussi embêté que les autres de ne rien pouvoir faire à propos de ces informations inquiétantes, mais sa solution pour rendre le sourire à tout le monde fonctionna à merveille. Les trois issus du monde non magique étaient ravis à l’idée de passer de nouveaux moments à la ferme de leur ami.

En faisant le chemin ensemble pour rentrer chez eux le soir même, Cédric et Stéphanie parlaient joyeusement de leur futur séjour à la maison des Rivière. Ils se demandaient si le père de Jérémy pourrait leur apprendre à monter des griffons ou des licornes, lorsque la fillette poussa de nouveau son ami sur le côté. « Comment as-tu su ? S’enquit une voix douce.
– J’ai l’ouïe fine, répondit Stéphanie. Et l’odorat aussi, et vous sentez le poisson. »

La femme qui émergea entre deux voitures, semblant apparaître de nulle part, avait un sourire plaqué sur la figure, mais ses yeux étaient durs. Cédric se dit qu’elle n’avait pas du apprécier la remarque de son amie. Puis, il la reconnut. Il s’agissait de la morganez de la Confrérie des Cinq Eléments. Elle portait une robe bleu océan qui se mariait avec les bleus qui irisaient sa peau. « Voyons les enfants, vous devriez rester polis, leur dit-elle sur un ton menaçant.
– Qui êtes vous d’abord ? Rétorqua le garçon.
– Et que faites-vous de ce côté ? » Enchaîna Stéphanie.

La fée de l’eau croisa les bras et tourna la tête sur le côté, regardant au loin, comme si elle réfléchissait à ce qu’elle allait dire. Comme elle faisait ainsi, Cédric put clairement voir ses branchies externes mêlées à ses cheveux et qui avaient quelque chose qui fascinait le garçon. La femme se tourna de nouveau vers eux, les bras toujours croisés, et déclara : « Je suis simplement venue faire connaissance avec le nouveau maître du brouillard. »

Les deux collégiens s’entre regardèrent, l’air peu convaincus. « Et… C’est tout ? S’enquit Stéphanie.
– C’est tout, confirma la morganez. Après, bien évidemment, s’il veut venir avec moi à l’issue de la discussion, il sera le bienvenu.
– Comment vous avez su que je serai là ? Demanda Cédric d’un ton suspicieux.
– Nous savons beaucoup de choses, éluda la maîtresse de l’eau. Tellement de choses ! Nous savons que tu es dans la classe de cette bonne vieille Paulina Verone, que tu t’es déjà aventuré dans le monde magique, des informations comme ça. »

Stéphanie lança un œil alarmé à son compagnon. Comment pouvaient-ils savoir tant de choses ? C’était effrayant. « Alors, qu’est ce que vous êtes venus me dire ? Lança Cédric d’un ton qu’il espérait bravache.
– Je viens te proposer de rendre le monde magique meilleur, énonça simplement la fée de l’eau.
– Meilleur ? S’étonna le garçon. Il a pourtant l’air pas mal…
– Tu n’as quasiment vu que le collège, jeune homme. A l’extérieur, tout n’est pas aussi idyllique. »

Pendant qu’il discutait avec la membre de la Confrérie des Cinq Eléments, Cédric constata que son amie restait plantée à côté de lui, silencieuse. Il savait qu’elle était en train de se concentrer pour rassembler de l’énergie magique. La morganez continuait : « Figure-toi qu’à l’extérieur, le monde entier répond encore à divers régime féodaux dépassés.
– Je sais, on apprend ça en histoire, lança le garçon.
– Du coup, tu sais que [blablabla, argumentation sur les injustices que ça amène, élaboration du conseil des cinq mages pour décider des trucs, etc etc]

– Je n’ai pas l’intention de venir avec vous, déclara Cédric. Pas la moindre. Je trouve que c’est dangereux et je ne suis pas sûr que ça soit pour une bonne cause. Alors laissez-moi vivre ma vie tranquillement et trouvez-vous un autre maître du brouillard. »

Le garçon n’avait certainement jamais prononcé d’aussi long discours. Il en était assez fier, mais la morganez l’effrayait. Toute la physionomie de la fée de l’eau s’était durcie. « Mon garçon, je crains fort que tu n’aies pas le choix. » Ce disant, la femme arrondit ses bras, l’un au dessus de sa tête et l’autre au niveau du ventre, pour faire apparaître un long serpentin d’eau qui jaillit en direction de Cédric.

La morganez poussa un cri et l’eau fut déviée. Stéphanie veillait et avait réussi à accumuler suffisamment de magie pour animer sa loutre et l’envoyer à l’attaque. L’animal avait mordu leur agresseuse à la cheville, déstabilisant sa concentration. « Sales gosses ! S’emporta-t-elle. Vous ne vous en tirerez pas aussi facilement. » Elle produisit de nouveaux serpents d’eau, tandis qu’un fouet aqueux repoussait la loutre qui couina de douleur.

Cédric commença à catalyser la magie à son tour et parvint à produire un bref bouclier devant lui, qui dévia un serpent. L’autre, en revanche, s’enroula autour de Stéphanie qui poussa un petit cri de surprise. Sa loutre revint vers elle, tentant d’attaquer les liens aquatiques, mais ceux-ci l’engloutirent rapidement avec sa maîtresse. « Lâche la ! S’exclama le garçon.
– Pas avant que tu viennes avec moi, répartit la magicienne de l’eau qui commençait à avoir du mal à catalyser autant d’énergie.
– Jamais ! Cria Cédric comme si hurler pouvait donner plus de force à ses propos.
– Tu seras obligé ! » Lui lança la morganez avec un sourire mauvais.

Ce disant, elle fit un mouvement rotatif avec sa main, faisant disparaître Stéphanie, sa loutre et elle-même à la vue du garçon. « NON ! S’écria-t-il.
– Pour la retrouver, il te faudra nous rejoindre. Nous reviendrons. » Résonna en s’éloignant la voix de la fée de l’eau. Cédric tenta de suivre la voix. Puis la voix de Stéphanie qui criait de tout son saoul, jusqu’à ce qu’elle soit réduite au silence. A partir de là, le garçon n’avait plus aucune indication pour les suivre.

Il eut l’idée de la fontaine antique d’où ils étaient rentrés du monde magique après leur séjour chez Jérémy, mais les voix ne s’étaient pas dirigées dans cette direction. Tout son être s’affaissa. Il se sentit brutalement empli de culpabilité. Qu’allait-il arriver à Stéphanie ? Dans combien de temps les membres de la Confrérie des Cinq Eléments allaient-ils revenir ? Il faudrait qu’il les empêche de s’en prendre à ses autres amis.

Ne sachant quoi faire d’autre, il rentra chez lui.

 

2001 mots pour aujourd’hui ! Et puis il se passe des trucs dis-donc O_O

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