Il grimaça. Chaque mouvement était laborieux et il ressentait durement de nouveau toute la lourdeur de l’air chargé d’énergie. Cédric sursauta à peine lorsque la trappe s’ouvrit brutalement. De la fumée s’en échappa et le maître de la terre en émergea, porté par la fée de l’eau. En les voyant, elle découvrit les dents en un sourire carnassier. Alors que les enfants reculaient, la morganez finit de sortir du trou et laissa tomber son camarade inconscient.
Maleflamme la suivait de près. Il parut surpris de la présence des trois collégiens, accompagnés d’une quatrième inconsciente sur un filet. Ses yeux vifs remarquèrent tout de suite la brume autour de Cédric. « Je te retrouve enfin, se réjouit le maître du feu. Hildegarde a bien essayé de te garder hors de ma vue… Je dois avouer qu’elle a réussi. Je n’ai pas réussi à te joindre depuis notre première rencontre. »
Des cris parvinrent du couloir sous la trappe. Malefamme y propulsa une boule de feu, avant de refermer l’ouverture. « Voilà qui devrait nous laisser un peu de temps, commenta le chef de la Confrérie des Cinq Eléments. Bien sûr, pas suffisamment pour une véritable conversation. Je vais donc en venir directement au fait : jeune maître du brouillard, viens avec nous.
– Non. » Refusa Cédric.
Maleflamme se passa la main sur le visage. « Il me semblait pourtant avoir été clair, déclara-t-il d’un ton exaspéré. Nous n’avons pas le temps d’en discuter. » L’homme attrapa le garçon blond par le bras pour l’entraîner hors de la tour. Cédric se débattit, mais le magicien le maintenait d’une main de fer, qui se faisait plus brûlante si le garçon se débattait plus fort.
« Que faisons-nous des autres ? S’enquit la fée de l’eau en désignant les autres collégiens d’un signe de tête.
– Peu m’importe, tant qu’ils ne nous ralentissent pas. » Balaya Maleflamme en traînant un Cédric récalcitrant qui criait ce qu’il pouvait. Valentine n’avait pas eu le temps de lui donner une nouvelle carte de défense qui aurait pu l’aider.
La morganez adressa un sourire mauvais à Valentine et Jérémy, qui s’entre regardaient d’un air incertain. Ni l’un, ni l’autre n’avait plus beaucoup de possibilités magiques, mais ils ne se voyaient pas laisser leur ami se faire enlever sans agir non plus. Tout en récupérant son compagnon inconscient sur un lit d’eau, la fée de l’eau recula en direction de Maleflamme, tout en surveillant les deux enfants.
Lorsqu’elle les lâcha des yeux pour suivre son chef plus efficacement, Cédric aperçut Valentine envoyer une carte se poser discrètement sur lui – pour le suivre plus tard, supposa-t-il – et Jérémy se précipiter pour ouvrir la trappe et glisser au bas de l’échelle. Quant à lui, il tentait de se libérer de l’emprise brûlante de Maleflamme. Le garçon glissa un film de brume entre son bras – dont la manche s’était consumée – et la main de son ravisseur. Le film humide calma un peu la brûlure et l’empêcha surtout de s’aggraver. Cédric tenta d’imprimer une pression suffisante pour écarter les doigts du magicien de son bras.
Maleflamme s’en rendit compte. « Je n’ai pas le temps pour les enfantillages ! » Rugit-il en giflant le garçon. Il tomba par terre sous le choc, littéralement cuisant. Grâce à son brouillard, il recouvra sa joue d’eau pour contrer la brûlure. Et, à présent libéré de l’emprise du magicien, Cédric s’enfuit. Il sentit quelque chose s’enrouler autour de sa cheville et tomba. La morganez l’avait immobilisé avec un de ses serpents d’eau.
Il se débattit en criant et libéra une nouvelle fois la puissance de son catalyseur de magie. Cédric repoussa la fée de l’eau avec un poing de terre et laissa son brouillard s’étendre tout autour de lui pour le dissimuler. Ce faisant, le garçon fila à l’aveuglette, moitié en trébuchant et moitié en courant, fuyant les imprécations du maître du feu. Il dévala toute la Colline Pelée et ne s’arrêta pas avant de heurter un mur en ruine, contre lequel il s’assomma presque.
Cédric contourna le mur et s’y adossa, se laissant glisser par terre, le souffle court. Des larmes de douleur lui brûlaient les yeux. Il les essuya de sa manche entière. Le garçon espérait que Maleflamme et ses deux compagnons abandonneraient la poursuite mais, pour le moment, il les entendait toujours vitupérer. Il avait très envie d’aller retrouver Valentine, Jérémy et Stéphanie, mais il avait perdu tout sens de l’orientation : il n’avait absolument aucune idée de la direction où se dressait la tour en ruine.
Au moment où il se demandait combien de temps il allait pouvoir maintenir une brume aussi épaisse et étendue, le brouillard commença à s’effilocher. Cédric ne savait plus quoi faire d’autre : il était trop essoufflé pour courir encore et il n’avait pas puisé de manière économique dans sa grande réserve de magie. Il pensait se contenter de rester caché derrière le mur en espérant que Maleflamme préfèrerait continuer sa fuite plutôt que de l’attraper.
Le garçon réalisa qu’il n’entendait plus de cris au loin. Il ferma les yeux et se concentra sur les fils de brume encore présents pour essayer de détecter des vibrations qui indiqueraient une présence. Il détecta au moins quelqu’un encore pris dans ce qui restait de brouillard. Impossible de déterminer s’il s’agissait d’une ou de plusieurs personnes. Cédric tenta de pousser sa concentration. Sans succès. Il ouvrit alors les yeux.
Et sursauta, le cœur battant. Maleflamme se dressait au-dessus de lui, le regard furieux. La morganez se tenait derrière son chef, portant toujours le nain sur son matelas d’eau. Elle paraissait aussi en colère elle aussi. « Tu croyais pouvoir t’en tirer comme ça ? » Se moqua le maître du feu en le toisant. Sans attendre de réponse, il enfuma le garçon pour qu’il perde conscience. Cédric lutta un instant, rassemblant sa brume pour écarter la fumée, mais perdit connaissance.
Cédric ouvrit les yeux pour constater qu’il avait été emmené dans une grotte.
1067 mots aujourd’hui. Il faudra que j’en écrive 600 de plus demain pour compenser le petit retard !