Ils parlèrent peu, sombrant rapidement dans le sommeil après la semaine de cours et les émotions des derniers jours. A peine eut-il fermé les paupières que Cédric se trouva transporté dans un rêve brumeux, comme lorsqu’il avait vu la réunion de la Confrérie des Cinq Eléments par les yeux de Liselle. Il supposa qu’il voyait par les yeux de Maleflamme car il était en présence de la fée de l’eau et du nain.
« Je veux savoir comment nous avons été retrouvés les deux fois, gronda le maître du feu. Je ne veux pas que cela se reproduise.
– Je me demande si ce n’est pas lié au garçon, suggéra la morganez. Il était là à la tour et aussi dans la grotte.
– Il est peut-être sous l’emprise d’un sort de localisation, continua le maître de la terre.
– Nous sommes devenus imprudents, commenta pensivement Maleflamme. La prochaine fois, il faudra neutraliser les sorts actifs sur cet enfant. »
Ses deux compagnons approuvèrent d’un signe de tête. « Maintenant, reprit le mage du feu, nous devons retrouver Liselle. Je veux savoir où elle a été enfermée… Qu’est ce qu’il y a [prénom de morganez] ?
– J’ai l’impression que nous ne sommes pas seuls, répondit la fée de l’eau qui jetait des coups d’oeil suspicieux autour d’elle. »
Cédric se sentit repoussé de son rêve de la Confrérie des Cinq Eléments. « Tu en as vu assez ; ils vont finir par te repérer si tu restes trop longtemps. » Chuchota une voix à son oreille qui ressemblait à celle d’Hildegarde. Le garçon n’ouvrit pas les yeux dans la chambre de Jérémy, mais dans une petite chambre uniquement meublée d’un fauteuil à accoudoirs et d’un lit en bois qui ressemblait à un vieux lit d’hôpital. La maîtresse du brouillard était assise dans le lit, un bras en écharpe et un bandage autour de la tête. Cédric s’assit dans le fauteuil.
Celle-ci était là, assise sur un lit qui ressemblait à un vieux lit d’hôpital en bois. La chambre était petite, mais un fauteuil à accoudoirs accompagnait le lit. Le garçon s’y assit.
« Ca va ? S’enquit-il avec sollicitude. On m’a dit que vous aviez été blessée.
– Oui oui, je suis trop vieille pour ces bêtises, répondit Hildegarde en désignant son bras en écharpe. Mais c’est de ma faute, j’ai tenu à participer à cette petite aventure. Richard m’a rapporté que tu ne m’avais pas écoutée et que tu étais quand même parti chercher ton amie ?
– Oui, confirma Cédric en relevant le menton d’un air de défi.
– C’était particulièrement imprudent. Mais je serais mal placée pour t’en faire le reproche. Déjà parce que j’ai été petite avant toi et je me souviens ce que l’on ressent à ton âge. Et ensuite parce que j’ai commis la même imprudence que toi, ce qui me vaut d’ailleurs de me retrouver ici. »
Hildegarde et Cédric échangèrent un sourire complice. « Pourquoi est ce que je vais voir la Confrérie des Cinq Eléments dans mes rêves ? S’enquit le garçon.
– Parce qu’ils sont une inquiétude très présente dans ta tête. Tu diriges donc inconsciemment tes pensées vers eux, mais il faudrait que tu essaies de calmer ces impulsions.
– Pourquoi ?
– Parce que c’est dangereux, expliqua Hildegarde. Tu as bien vu qu’ils étaient sur le point de te repérer lorsque je suis arrivée. »
Le garçon acquiesça. « Tous les magiciens font des rêves comme ça ? S’enquit-il ensuite.
– Oh non. Enfin, cela peut s’apprendre, même si c’est très difficile paraît-il. Mais c’est surtout l’apanage des maîtres du brouillard.
– Ah bon ?
– Oui, le brouillard n’est pas juste l’élément qui regroupe les quatre autres, continua la vieille femme. Il est aussi l’élément des rêves et des illusions. Je n’ai pas encore abordé cette partie avec toi. [à vérifier] Tu as encore tant à apprendre ! Maintenant que tu sais gérer de manière fine les afflux de magie de ton catalyseur, nous allons pouvoir nous intéresser à la question. »
Quelque chose revint en tête à Cédric : « Pourquoi est ce que j’ai eu accès à toute ma magie, d’un coup ?
– Parce que je suis morte une fraction de seconde/j’ai relâché la bride avant de perdre conscience au cas où [comment fonctionne la persistance des sorts après la mort d’un magicien ?]. Je vois que tu t’en es très bien sorti.
– Merci ! » Se réjouit le garçon. Il était très fier d’un compliment d’Hildegarde.
« Bon, je pense qu’il faut que nous nous reposions tous les deux, déclara la maîtresse du brouillard. Tu vas devoir répondre aux questions du royaume demain, même si je doute que tes réponses puissent aider à retrouver la Confrérie des Cinq Eléments.
– Ah bon ?
– Je suis peut-être un peu trop pessimiste, précisa Hildegarde en voyant l’air déçu de son protégé. Si ça se trouve, tu as remarqué un détail que personne d’autre n’a noté auparavant et qui sera crucial. Qui sait ? » Les deux maîtres du brouillard se souhaitèrent une bonne nuit et Cédric ferma les yeux pour sombrer dans un véritable sommeil.
Le lendemain se déroula comme Richard et Hildegarde l’avaient prédit. Des employés du royaume vinrent à la ferme des Rivière pour poser des questions aux quatre enfants, sous la surveillance du père de Jérémy. Les témoignages furent soigneusement disséqués et notés. Un responsable demanda à Cédric si ce dernier serait d’accord pour porter sur lui des sorts d’écoute et de localisation du royaume. Le père de Jérémy refusa pour le garçon.
« Vous ne pouvez pas faire ça sans l’accord de ses parents, intervint vivement monsieur Rivière. Et est-ce que vous avez vraiment envie d’aller expliquer à des gens du monde sans magie la situation à propos de la Confrérie des Cinq Eléments ?
– Non, mais c’est pour la sécurité de ce garçon, se braqua le responsable des interrogatoires. Il est suffisamment grand pour voir que c’est bon pour lui, vous ne pensez pas ?
– Ce que je pense ou non a peu d’importance : ça resterait illégal, continua le père de Jérémy. Et cet enfant a onze ans, il mérite que sa vie privée reste privée.
– Cela ne va pas nous simplifier la tâche, si jamais il arrivait quelque chose à ce garçon, nous ne pourrons pas intervenir avec autant d’efficacité que nous le voudrions.
– C’est votre travail, balaya monsieur Rivière. Le détail m’est totalement égal. Et puis après avoir été retrouvé deux fois d’affilée, cela m’étonnerait qu’un simple sort de localisation soit efficace désormais. »
Le responsable ouvrit la bouche, comme s’il voulait dire quelque chose, et la referma. Les interrogatoires terminés, les employés du royaume s’en furent.
1109 mots pour aujourd’hui. Il va pas falloir chômer pour atteindre l’objectif d’ici jeudi !