NaNoWriMo 2019 : Prison Dorée, jour 5

Avisant un siège aux côtés du trône d’Arthur, Éléonore supposa qu’il s’agissait du sien et s’y dirigea pour s’y installer, remarquant que de nombreux employés du château étaient venus assouvir leur curiosité. Le seigneur l’accueillit avec un sourire et elle voulut, elle aussi, assouvir sa curiosité : « Pourquoi toute cette agitation ?
— La garde a appréhendé un individu suspect qui rôdait sur nos terres et me l’a amené pour jugement.
— J’ai rien fait je vous jure ! Aïe ! »

Ledit individu suspect, qui était maintenu à genoux sur le sol de pierres, se roula en boule pour encaisser un deuxième coup de pied d’un des gardes. Lorsque le prisonnier se redressa, Éléonore constata qu’un coup précédent l’avait fait saigner du nez. Alors qu’il reniflait et s’essuyait difficilement de son avant-bras, puisqu’il avait les poignets liés, Éléonore se demanda s’il jouait vraiment la comédie. Cela paraissait tellement réel qu’elle s’en trouva mal à l’aise et décida d’intervenir :

« Hum… Sei… Euh, père, voyons, vous ne pouvez pas les laisser se montrer si violents avec lui tant que vous ne savez pas s’il est coupable ou pas.
— Il a tout de même été trouvé, errant sur nos terres, ma fille. Juste pour cela, il mérite d’être puni.
— Je le trouve déjà bien assez puni, regardez dans quel état ils l’ont mis…
— Vous avez le cœur trop tendre, ma mie. »

Éléonore ne savait pas si « ma mie » pouvait s’appliquer à autre chose qu’à une compagne. En tant que terme très désuet, elle ne l’avait rencontré que dans ce sens en lisant de vieux contes. Dans le doute, elle corrigea : « Ma fille. » Le seigneur Arthur tiqua et sa mine s’assombrit. « Quels sont les crimes commis par cet homme ? poursuivit Éléonore.

— Eh bien, mademoiselle, commença l’un des gardes, nous faisions notre patrouille, lorsqu’André — lui, là — a repéré ce manant près du château. Il fouinait du côté des réserves, sûrement pour vous voler.
— Vous lui avez demandé ? lâcha Éléonore. Vous me paraissez un peu prompt aux accusations.
— Il nous a dit qu’il s’était perdu, pas vrai, maraud ? » intervint le garde dénommé André, en bousculant l’homme à ses pieds.

« Mais c’était une excuse à mon avis, dit-il d’un ton dédaigneux.
— Madame, je vous assure que je le pensais pas à mal ! s’écria le prisonnier en s’approchant d’Éléonore avant qu’André l’attrape par le col. J’avais froid et faim, je suis arrivé dans la région depuis peu, et je cherchais juste quelque chose à me mettre sous la dent. Je me disais que personne ne remarquerait la disparition d’une pomme et d’une miche de pain, j’avoue. Pitié, je demande votre pardon, je ne recommencerai pas !
— Tous les voleurs disent la même chose, soupira Arthur. Qu’on lui tranche la main, dans le doute.
— Ah non ! s’exclama Éléonore. C’est un traitement barbare ; or je pensais que nous étions des gens raffinés ici.
— Vous dites vrai, ma fille. Témoignons d’un peu de douceur dans ce monde de brutes. Jetez-le dans un cachot en attendant ! »

Les deux gardes obtempérèrent aussitôt, traînant sans ménagement le malheureux hors de la salle de doléance. Éléonore était satisfaite d’avoir évité qu’un pauvre hère se fasse trancher la main. Elle se demanda comment cela se serait passé si elle n’était pas intervenue, ce qui avait été prévu. Il y avait peu de chances que quiconque ait sorti une lame séance tenante, bien sûr.

Ses pensées furent interrompues par le seigneur Arthur qui avait posé sa main sur la sienne. « Votre clémence vous honore, ma fille. Mais souvenez-vous qu’un peu de fermeté est primordiale. » Éléonore acquiesça en retirant sa main de l’accoudoir. Tandis que d’autres sujets à traiter se présentaient les uns à la suite des autres, elle se laissa aller à ses pensées. Toutes les nouvelles interventions lui paraissaient triviales. Elle nota tout de même une redite de la maladie des poulets : trois paysans venaient quémander au seigneur de faire demander des remèdes, surtout s’il voulait continuer à profiter de volailles sur ses tables.

Une fois tous les suppliants entendus et mis dehors, Éléonore sauta à bas de son siège et s’apprêta à trouver un manteau pour découvrir l’extérieur. « Que faites-vous ? s’étonna Arthur.
— Je… retournais vaquer à mes occupations.
— Mais voyons, ma chère, il est bientôt l’heure de dîner [c’est ptêt plutôt midi, sinon il faudra dire que le repas de midi est passé et en parler, on verra]. Allez plutôt vous apprêter en conséquence et retrouvons-nous pour le repas. »

Un peu déçue d’avoir été coupée dans son élan, elle acquiesça et retourna dans ses appartements en se demandant en quoi consistait une tenue de dîner. En ouvrant la porte, elle se figea : Jodie l’attendait. La servante s’inclina en la voyant entrer. « Que faites-vous là ? s’enquit Éléonore, un peu fraîchement elle devait bien l’avouer.
— Comme vous n’avez plus de femme de chambre, je suis là en remplacement, madame, le temps que vous en ayez une nouvelle.
— Ah bon ? Qu’est-il arrivé à ma femme de chambre ?
— Elle a eu un accident. » répondit Jodie en lui jetant un coup d’œil en biais.

Éléonore se morigéna [OUI, ELLE SE MORIGÈNE ET JE VOUS CACA !]. La servante allait encore trouver étrange qu’elle ne se souvienne pas de sa femme de chambre. Une autre pensée désagréable s’insinua dans son esprit. « Qui vous a demandé de me servir de femme de chambre ? demanda-t-elle en commençant à se diriger vers la chambre où se trouvaient armoire, paravent et coiffeuse.
— Votre père, madame. Enfin, son valet de pied. »

La supposition d’Éléonore était confirmée, son soi-disant père voulait la surveiller. Elle décida de prêter particulièrement attention à ses propos en présence de Jodie. Au moins, cette dernière paraissait savoir quel genre de tenue convenait à un dîner et Éléonore n’en demandait pas plus pour le moment.

Les conversations lors du repas l’ennuyèrent grandement. Le seigneur Arthur aimait bien monopoliser les discussions, remarqua sa fille. En revanche les plats l’intéressèrent grandement. Elle avait le droit à un véritable dîner de château et elle goûta à tout avec ravissement, sans plus prêter attention au monologue paternel. Celui-ci afficha une mine déçue lorsqu’elle prit congé dès la fin du repas.

Elle n’en avait cure.

Pleine d’enthousiasme, Éléonore retrouva Jodie dans ses appartements pour lui demander de lui trouver quelque chose de suffisamment chaud pour aller se promener à l’extérieur. « Mais madame, il fait nuit en plus de faire froid, pourquoi voulez-vous vous infliger ça ? Surtout que vous devez encore vous reposer, si vous me permettez. Ce sont les médecins qui l’ont dit.
— Vous vous répétez, lui reprocha Éléonore. Et vous devriez cesser de discuter à chaque fois que je vous demande quelque chose. »

Jodie s’inclina de mauvaise grâce et s’en fut trouver le manteau le plus chaud possible dans la garde-robe. Puis, alors qu’elle s’apprêtait à suivre sa maîtresse dans son escapade, Éléonore la congédia pour se retrouver seule. La servante afficha une mine offusquée, mais elle commençait à avoir l’habitude et s’en fut sans s’en préoccuper. Jodie l’irritait. Cela s’avérait certainement réciproque. Elles se trouveraient beaucoup mieux en restant éloignées l’une de l’autre.

En quittant les murs du château, Éléonore frissonna. Le froid perçait l’épaisseur de son manteau, mais elle ne se laissa pas décourager pour autant. Elle espérait même qu’il neige, car l’effet des flocons sur le joli paysage du domaine devait offrir un spectacle féérique. Tout en exhalant de la buée, elle entreprit de faire le tour de la bâtisse. [petite description du château. Penser aussi à faire des descriptions de personnages un jour]

Après avoir longé tout un côté, elle se dit que le château était peut-être un peu trop imposant pour qu’il soit raisonnable d’en faire le tour complet, surtout la nuit tombée. Le chemin gravillonné lui semblait sûr, mais elle y voyait de moins en moins : le seul éclairage était dispensé par celui qui s’échappait des fenêtres de la demeure seigneuriale.

 

1334 petits mots pour aujourd’hui. Petite forme, un peu comme dimanche, mais en moins de temps. Du coup c’est plus positif, non ? Haha ! J’ai presque mangé toute mon avance par contre.

NaNoWriMo 2019 : Prison Dorée, jour 4

Elle nota cependant tout ce qu’elle put des conseillers. Ils n’étaient pas nombreux, le seigneur Arthur régnant seulement sur un Comté de moindre importance. Il y avait bien sûr Edmond, celui qui voulait la marier. Éléonore ne savait pas si elle aurait dû intervenir lorsqu’il avait abordé l’idée du mariage. Elle trouvait difficile de réagir sans connaître les tenants et les aboutissants d’une telle proposition. Si son père tenait autant à la garder juste pour lui, elle aurait peut-être dû appuyer les propos d’Edmond, mais elle n’était pas une novice en matière de jeux : les choses n’étaient jamais aussi simples.

Ensuite il y avait le vieux Raymond, qui n’avait pas prononcé un seul mot de toute la réunion. Éléonore le soupçonnait d’avoir somnolé tout du long. Et enfin, Sigismond, qui lui avait paru être une sorte d’intendant du château. Visiblement de moins haute extraction que les autres, il parlait peu et en prenant beaucoup de précautions.

Tout en se remémorant la séance à laquelle elle avait assisté, Éléonore, qui était de retour dans son propre salon, fouillait partout à la recherche de n’importe quel signe technologique : fils électriques, micros, n’importe quoi. Elle ressentait encore un peu le besoin de se rassurer quant à sa santé mentale et sa présence au sein d’un jeu organisé. Et puis, elle était contente de pouvoir fouiner sans que Jodie s’en offusque. Ses maux de tête avaient presque disparu et cela aurait été un véritable soulagement si ses souvenirs étaient aussi revenus.

Elle ne trouva aucune installation électrique. Peut-être y en avait-il derrière les lambris ou entre les pierres, mais elle ne comptait pas s’acharner au point de tout casser. Dans tous les cas, elle finirait bien par savoir quand tout cela serait terminé. Maintenant qu’elle se sentait moins lasse et que ses douleurs avaient disparu, elle décida de visiter le château et ses alentours toute seule.

Éléonore adressa la parole à toutes les personnes qu’elle croisa dans son escapade. Elle ne put pas tirer grand-chose des domestiques, qui se contentaient de répondre le strict minimum à ses questions. La cuisinière en chef accepta cependant de lui faire la conversation, mais refusa catégoriquement de lui faire visiter les cuisines et les réserves. « Ce ne sont pas des endroits pour une dame, vous risqueriez de vous faire bousculer et salir ! Certains de mes aides ne savent pas regarder où ils vont. Vous vouliez faire une commande particulière pour le repas de ce soir ?
— Oh, euh, non, je vous fais entièrement confiance pour décider des plats. »

La cuisinière afficha un sourire ravi. Éléonore sentit une chance d’en savoir plus et reprit : « Vous savez, je suis encore un peu perdue depuis que je me suis heurtée la tête en chutant de cheval. Pourriez-vous m’aider à me rafraîchir la mémoire sur les évènements qui ont précédé mon accident ?
— Pauvre enfant, c’est terrible ce qui vous est arrivé. Mais pourquoi vous autres, de la haute, persistez-vous à monter sur ces bêtes du diable ? Ouhlàlà, elles m’effraient foutrement, sans vouloir vous manquer de respect, madame. Comme je dis toujours : les chevaux, c’est juste bon aux labours et à manger ! »

Éléonore sourit à son tour. Enfin quelqu’un qui ne prenait pas de pincettes avec elle et elle trouvait ça agréable. « Hum, voyons voir, dit la cuisinière en se grattant pensivement la tempe avec une louche. Je n’ai assisté à rien, mais j’ai entendu des choses. Il paraît que vous étiez furieuse contre votre père, vous savez comment il est, et vous vous êtes précipitée aux écuries pour vous vider l’esprit. Quelle drôle d’idée, sauf votre respect, madame. Sauf que vous n’avez pas pris le bon cheval. Et la suite, vous la connaissez. »

Éléonore hocha la tête. Heureuse d’obtenir enfin des réponses, même parcellaires et dont elle ne pouvait pas voir l’utilité pour le moment, elle continua : « Je me suis trompée de cheval ?
— Oui, il y en avait un déjà sellé et vous l’avez enfourché sans demander votre reste, pendant que votre père vous suivait en criant. Vous n’aviez pas le temps de demander à ce qu’on vous en prépare un, je suppose.
— Savez-vous pourquoi j’étais furieuse contre mon père ? »

La cuisinière la considéra un moment avec un regard pensif, mêlé de compassion. « Bah, comme d’habitude, madame. C’est un peu toujours la même rengaine, vous savez. Cette fois-ci, vous aviez fini par vous enticher d’un joli petit seigneur de passage au château — ça, je ne pense pas que vous l’ayez oublié — et c’était réciproque. Vous aimiez tous les deux les livres ; encore un truc de nantis qui me dépasse. Bref. Tout le monde jubilait, ici, en suivant votre histoire ! Vous preniez bien soin de cacher vos désirs à messire votre père et je peux vous assurer que personne ne lui a rien dit. »

Le visage ouvert de la cuisinière s’assombrit. « Continuez, l’encouragea Éléonore qui était impatiente de connaître la suite.
— Je ne sais pas comment monseigneur a su, madame. Mais il a su et… » Elle s’approcha d’Éléonore pour lui dire tout bas : « Certains disent que votre père lui avait tendu un piège.
— Quoi donc comme piège ?
— Eh bien, le cheval pardi !
— Je ne comprends pas. » avoua Éléonore.

La cuisinière secoua la tête d’un air affligé, ouvrit la bouche pour expliquer, puis la referma en voyant une servante passer à côté d’elles. Une fois la femme hors de vue, elle reprit : « Voyons mon petit, on dirait bien que cette sale bête vous a fichu un sacré coup. Je vais vous expliquer, mais surtout, ne rapportez à personne ce que je vous raconte ! Croyez-moi, ça vaudra mieux : autant pour vous que pour moi.
— Bien sûr.
— Le cheval n’était pas fait pour être monté. Enfin, selon moi y en a aucun qui devrait l’être, hein. Mais celui-là, particulièrement. C’était une bête terrible et sournoise. Votre père l’avait faite préparer pour Lance, le joli petit seigneur qui vous aimait bien, là. Il devait retourner chez lui — il avait reçu un message préoccupant, mais personne n’a su me dire ce qu’il y avait dessus — et monseigneur comptait bien que le cheval se débarrasse de votre prétendant. Sauf que, ce qu’il n’avait pas prévu, c’était que vous auriez une dispute au sujet de ce même petit Lance et que, comme vous étiez furieuse, vous alliez prendre le cheval qui devait le… enfin vous savez. »

Éléonore se sentit bête. C’était effectivement évident : le seigneur Arthur voulait le faire tuer tout en déguisant la mort en accident. Les scénaristes étaient allés fort sur la dangerosité de ce personnage, se fit-elle la remarque. « Et ce joli seigneur, Lance, où se trouve-t-il à présent ?
— Ah, ça, il est parti, l’informa la cuisinière. Plus personne ne l’a revu depuis votre accident, madame. Une bien triste histoire, si vous voulez mon avis. Tout le monde, ici, était à la fois déçu qu’il vous ait laissée et à la fois soulagé qu’il soit parti loin de monseigneur, sauf votre respect. »

Éléonore était déçue de ne pas pouvoir rencontrer ce fameux Lance. Il n’y avait plus qu’à espérer qu’il reviendrait ; il ressemblait fort à un allié. Elle trouverait amusant que ce joli seigneur soit joué par [Bidulon], qui lui manquait. Jodie passa, saluant Éléonore, et s’en fut aussitôt. La cuisinière gratifia la servante d’un regard suspicieux. « Je me méfie d’elle, commenta-t-elle. Elle est bizarre. » Une cloche sonna. « Oh ! Je parle, je parle, mais je vais être en retard pour préparer le dîner. Je vais vous concocter votre plat préféré, ça vous rendra des forces, vous verrez ! »

Éléonore la remercia avec chaleur, mais fit tout de même quelques pas plus avant dans les cuisines. « Tetete ! s’exclama la cuisinière. Vous devriez retourner dans les parties présentables du château madame, ne croyez pas que je ne vous vois pas : j’ai des yeux derrière la tête ! » Cela fit rire Éléonore, qui obtempéra, un peu à contrecœur. Les cuisines se trouvaient au rez-de-chaussée et son futur objectif était de se rendre à l’extérieur : elle n’avait plus qu’à trouver la porte.

Elle faillit se heurter à Raymond, le plus vieux conseiller d’Arthur, qui était en admiration béate devant une armure d’apparat exposée dans le corridor. Elle le salua avec un sourire. « Oh, mademoiselle, lui dit-il avec un petit rire ravi, regardez donc ce petit bijou de ferronnerie. Je suis chevalier, vous savez, je portais une armure comme celle-là avant. Peut-être même que c’était la mienne… Mmmh… Qu’ai-je fait de mon armure ? Il faut que je demande à Berthe. Elle sait toujours tout, Berthe.
— Et pourquoi ne la rejoindriez-vous pas ?
— Parce qu’il fait froid dehors. Et le cimetière est loin. Je crois même qu’il neige un peu. Je n’aime pas la neige. C’est glacé et c’est fourbe : ça s’insinue dans le col et après, Berthe meurt de pneumonie.
— Je suis désolée.
— Oh, ce n’est rien, je lui demanderai tout à l’heure pour mon armure, dès qu’il fera un peu soleil. Et je lui amènerai des tournesols. Ces fleurs sont hideuses, mais elle les aime bien. Allez comprendre les femmes… »

D’humeur à présent maussade, Raymond tourna les talons et s’éloigna en maugréant. Éléonore se demanda pourquoi Arthur le gardait comme conseiller. Il ne devait plus être très pertinent dans ses conseils. Néanmoins il avait mis le doigt sur quelque chose : il devait faire froid dehors [vérifier quand même si c’est bien censé être l’hiver] et elle n’était pas habillée pour sortir. Sa robe était chaude, mais il lui fallait un manteau, ou une cape, ou quoi que ce soit que les dames mettaient à cette époque pour vaincre la bise hivernale.

« Madame ! » l’appela une voix. En se retournant, Éléonore aperçut le même valet qui lui avait apporté un message de la part de son soi-disant père. « J’ai un message pour vous de la part de votre père. » Décidément, l’histoire se répétait. « Il veut vous voir de toute urgence dans la salle des doléances.
— Fort bien, je m’y rends de ce pas. »

Elle se souvenait de cet endroit, qu’elle avait visité en compagnie de Jodie. D’après la servante, la salle de doléances avait été nommée ainsi par un ancêtre du seigneur Arthur qui était très proche du peuple. Dans les faits, cette pièce servait à traiter toutes les affaires courantes en plus des doléances. Éléonore n’eut besoin que de quelques secondes de réflexion pour retrouver le chemin du lieu de rendez-vous. Durant le trajet, elle se demanda si Arthur comptait souvent faire appel à elle. Si tel était le cas, elle finirait certainement par refuser de se rendre à plus d’une ou deux convocations par jour. Il devait avoir la consigne de lui faire perdre du temps et elle ne comptait pas se laisser ainsi phagocyter.

La salle des doléances était peuplée de gens agités. Arthur siégeait sur son trône, balayant l’assistance d’un regard sévère.

 

1834 mots pour aujourd’hui, voilà qui est quand même mieux qu’hier ! Il faut dire que certains trucs commencent à se mettre en place dans ma tête et ça aide un peu.