NaNoWriMo 2014 jour 24 et 25 : Bård

Fin du chapitre surnuméraire :

Les nuits, Siegfried chantait souvent avec les loups. Plus il se sentait préoccupé, plus il répondait à leurs appels. C’était ce qu’il avait l’intention de faire pour fuir les questions dérangeantes de Riulf. Peut être parce qu’il avait la tête ailleurs, l’aelfe ne perçut pas le danger, lui d’habitude si attentif, jusqu’à ce qu’un filet lui tombe dessus. Il sortit instantanément sa lame en corne de narval pour en trancher les mailles, mais des cordes vinrent rapidement en renforts au filet et de bouger l’entortillait plus que cela ne le délivrait. En quelques secondes à peine, il se retrouva totalement immobilisé et encerclé de chasseurs goguenards, fiers de leur prise. Les aelfes étaient difficile à capturer. Ils commençaient déjà à se taper dans le dos et à rire de satisfaction.
Siegfried maudit son inconscience. Que ne s’était il pas été montré plus prudent ? A quoi servirait le sacrifice de sa mère si il se faisait attraper par Ull sans avoir pu mettre fin à son horrible moisson ? Ecumant, il fut emmené sans autre forme de procès, comme une bête de somme, sa précieuse lame confisquée. Ses ravisseurs n’eurent pas le temps de se réjouir de leur capture que des voix se mirent à retentir dans les bois. « Hoho qu’avons nous là ? claironna une première voix.
– De petits êtres qui s’aventurent dans nos bois sans vergogne, ajouta la deuxième voix sur un ton moralisateur.
– Ceux qui entrent sans autorisation s’exposent à notre colère, tonna une troisième voix beaucoup plus grave et caverneuse que les deux premières.
– Et que leur fait on à ceux qui s’exposent à notre colère, hein ? Que leur fait on ? reprit la première voix avec des accents hystériques. Hein ? Qu’allons nous leur faire ? Ha ha ha ha haaa ! » La voix continua de rire encore et encore, d’un rire fou apparemment sans fin. Les braconniers ne paraissaient pas très courageux tout d’un coup. Des voix dont ils ne pouvaient déterminer l’origine avaient de quoi les inquiéter. Surtout l’hystérique. Les petits humains se pelotonnaient les uns contre les autres, inquiets. Ses geôliers se montraient bien pitoyables, l’aelfe serra les dents. Néanmoins ils ne se débandaient pas, malgré les efforts de Svart, Mørk et Riulf pour les effrayer.
Constatant que malgré les menaces il ne se passait pas grand chose, les chasseurs commencèrent à reprendre contenance. Siegfried jura intérieurement. En se rendant compte que leur stratagème ne fonctionnait pas, l’ours et les corbeaux allaient passer à l’attaque et l’aelfe n’aimait pas cette idée. Ils allaient devoir beaucoup trop s’exposer et cela l’inquiétait. Mørk continuait inlassablement de faire retentir les bois de son rire de forcené. Tous s’arrêtèrent de nouveau lorsque Riulf lança d’une voix tonitruante : “Vous allez tous périr !” Une énorme masse brune fit irruption et bouscula les humains comme de vulgaires fétus de paille. Mais ceux ci étaient nombreux et paraissaient très expérimentés. Les chasseurs restés debout s’attaquèrent immédiatement à l’ours. “Va-t-en ! C’est dangereux !” cria l’aelfe au vane. Ce dernier l’ignora, enragé qu’il était par le combat. Alors qu’il s’apprêtait à aller aider son ami malgré ses mains liées dans le dos, Siegfried sentit des griffes se planter dans ses mains. Svart – ou peut être Mørk – s’employait à cisailler la corde à grand renfort de coups de bec.
Le temps que l’oiseau parvienne à délivrer son maître, Riulf avait déjà écopé de plusieurs blessures. Les chasseurs apeurés avaient plus l’intention de sauver leurs vies que de capturer le fauve qui les attaquait. L’aelfe sentit ses liens se distendre. Il ne perdit pas un instant et se mit à l’oeuvre, avec ses poings puisqu’il ne disposait plus de sa lame. Siegfried avait subi un entrainement de guerrier et, même désarmé, il se montrait un adversaire redoutable. Il libéra rapidement le vane ours de ses assaillants. Le sang du jeune Riulf gouttait d’innombrables blessures, mais il tenait bon. Face à l’aelfe et à l’ours, sachant que Mørk continuait à rire de manière hystérique pour déconcerter les braconniers, ces derniers commencèrent à battre en retraite. Un seul ne parvint pas à disparaitre dans les bois ; Riulf le maintenait de ses puissantes pattes. Alors que l’homme criait de peur, l’ours approcha sa gueule sanglante et lui arracha la corne de narval recouverte d’acier qu’il tenait de ses deux mains. Il laissa s’enfuir le chasseur effrayé et tendit la précieuse lame à Siegfried. « Merci mon ami, déclara chaleureusement l’aelfe. Partons d’ici et trouvons un endroit calme où je pourrai m’occuper de tes blessures. »
Ainsi firent ils. Certaines des plaies de Riulf parurent profondes à Siegfried. Il le soigna comme il le put, mais le jeune ours avait besoin de repos pour sa cicatrisation. « Riulf, lui dit alors l’aelfe. Tu ne peux pas continuer de me suivre avec ces blessures.
– Bien sûr que si, elles ne me dérangent pas pour marcher, argumenta l’ours.
– Je le sais bien, repartit Siegfried. Ce n’est pas de cela que je m’inquiète. Mais j’ai besoin d’un puissant guerrier à mes côtés. Ce que tu seras sans conteste une fois guéri. » Le vane ne répondit pas, mais l’aelfe sentit que ses mots avaient fait mouche. Ce jeune là avait envie de se rendre utile et il avait aussi grandement apprécié le compliment. L’aelfe reprit : « Une fois que je serai prêt à repartir en guerre contre Ull, je ferai appel à toi. En attendant, va reprendre des forces.
– Et vous, qu’allez vous faire ? s’enquit l’ours.
– Je vais aller me mesurer une fois de plus à Ull, répondit Siegfried. Et puis, j’irai retrouvai Fen.
– Fen ? Qui est ce ? demanda Riulf.
– C’est la nounou de son petit frère Bård, gloussa Mørk.
– Oh. » Le vane avait compris que Siegfried rechignait toujours à parler de son frère, mais qu’il comptait néanmoins faire appel à lui. Il trouvait cela réjouissant. Il hocha solennellement sa grosse tête brune.
Ils firent leurs adieux. Mørk se répandit en pleurs et reniflement. Svart le consola en lui promettant qu’ils retrouveraient très bientôt leur ami Riulf. Leurs chemins se séparèrent. « Maître, l’interpella Svart alors qu’ils se dirigeaient vers le bois d’ifs de l’ase Chasseur.
– Qu’y a-t-il ?
– Comptez vous réellement faire appel à Riulf lors de votre prochain combat contre Ull ?
– Bien sûr que non Svart, répondit Siegfried. Ses blessures étaient l’opportunité rêvée pour l’envoyer au loin en sécurité.
– Il risque d’être vexé, nota le corbeau.
– Sa sécurité m’importe plus que son amour propre, balaya l’aelfe.
– Ce n’est pas gentil gentil gentil ! Oh non, pas gentil gentil gentil ! » chantonna Mørk en voletant joyeusement d’arbre en arbre. Siegfried l’ignora.
Une fois sortis des bois, ils arrivèrent rapidement en vue de la forêt d’ifs qui changeait de place selon les caprices de Ull. Ils se postèrent en vue de la lisière, attentifs à la présence de Skadi, la géante qui protégeait l’accès au bois d’ifs. Ils restèrent en surveillance pendant de longues heures, jusqu’à ce qu’enfin un convoi de braconniers viennent rendre compte à la géante au fouet de leur butin pour Ull. Siegfried saisit cette occasion de pénétrer dans la forêt magique de l’ase, en compagnie des deux corbeaux. Une fois entre les ifs, il savait que d’autres dangers l’attendaient. Il envoya les oiseaux en éclaireur et glissa comme une ombre au milieu des arbres. A cause des meutes du Chasseur qui vagabondaient de partout, l’aelfe dut emprunter plusieurs chemins détournés. Attentif au moindre bruit suspect, il progressait avec circonspection. Au bout d’un très long moment, Siegfried arriva enfin dans la clairière centrale de la forêt d’ifs, où Ull rêvassait, une main soutenant sa tête et sa chevelure noire flottait dans la brise. Ce dernier se redressa immédiatement lorsque l’aelfe fit irruption dans son sanctuaire. « Que le jour te soit bon, fils de Doelyn, le salua-t-il de sa voix charmeuse. As tu enfin décidé de te soumettre comme le fit ta mère ?
– Elle ne s’est jamais soumise, s’énerva Siegfried. Ne prononce plus jamais son nom devant moi, tu le souilles et je ne le tolère pas.
– Bon, l’apaisa Ull. Que viens tu faire ici alors, si ce n’est pour me prêter ta force ?
– Je viens de nouveau mesurer ma force contre toi, répondit l’aelfe d’un ton dur.
– Tu sais que tu ne peux pas lutter contre moi, lui dit l’ase de sa voix toujours charmeuse. Je vais te vaincre et absorber ta force. Pourquoi cherches tu à compliquer les choses ?
– Tu ne comprendrais pas. »
L’aelfe se mit en garde face à Ull, qui lui sourit gentiment. Irrité de ne pas être pris au sérieux, Siegfried attaqua le premier. L’ase l’esquiva sans peine, comme si il s’agissait d’un jeu. Ils échangèrent quelques passes d’arme en guise d’échauffement. Puis Ull fit accélérer le mouvement. Petit à petit d’abord, puis de plus en plus rapidement. L’aelfe étant un guerrier agile – même pour ceux de sa race – il parvint à suivre la cadence pendant un bon moment. Mais l’ase restait un ase et personne ne pouvait surpasser un ase. Siegfried commençait à se fatiguer. Svart et Mørk, perchés sur une branche voisine, s’apprêtaient à intervenir. L’aelfe trébucha et les corbeaux se jetèrent à la rescousse. Mais Ull les balaya. « Pensiez vous vraiment que vous arriveriez à vous en sortir de la même façon que la dernière fois ? » L’ase paraissait sincèrement étonné. Les oiseaux, qui avaient été projetés contre des troncs, reprenaient difficilement conscience. Ull hocha la tête d’un air navré et tourna de nouveau son attention sur Siegfried. « Prépare toi, enfant de Doelyn. » L’ase brandit son couteau de chasse.
Une masse brune et poilue posa sa grosse patte devant l’aelfe, en signe de protection. Ull hésita à peine et planta sa lame dans le cuir de l’ours. « Mais, que… ? balbutia Siegfried.
– Part, souffla Riulf. Tu ne peux plus rien pour moi. » Il fallut un simple coup d’oeil à l’aelfe pour se rendre compte que le vane avait raison. L’ase avait tranché une artère vitale et l’ours perdait rapidement de ses forces, en même temps que son sang qui se répandait au sol, sous le regard de convoitise de Ull. Il n’eût qu’une seconde d’hésitation avant de faire volte face et de courir, attrapant les corbeaux sonnés au passage, avant de disparaître dans la forêt. Il jeta un bref regard en arrière. Riulf avait repris sa forme humanoïde, un genou en terre. Ce fut la dernière image qu’il emporta du jeune vane ours. Pourquoi ne l’avait il pas écouté et n’était il pas allé passer sa convalescence dans un endroit en sécurité ? Pourquoi était il venu se mettre sous la lame de Ull ? Siegfried jura, alors que la culpabilité montait dans son coeur. Pourquoi ne l’avait il pas directement rabroué lorsqu’il l’avait sauvé de ces braconniers humains ? Le sentiment que cet ours dévoué était mort par sa faute commençait déjà à ronger l’aelfe. Son orgueil lui jouerait des tours, lui avait un jour dit Fen. Il avait la prétention qu’il pouvait lutter seul contre Ull et il avait eu tort. Il n’en courut que plus rapidement, animé par l’énergie de la rage.

Et puis un bébé prologue est sorti subrepticement de son oeuf sans que je m’en rende compte :

« Il est dit qu’un jour, l’hiver verra son temps tripler et qu’il sera sans lumière. Qu’une immense bataille aura lieu. Que les ases eux mêmes y participeront et mourront sur ce champ de mort qui les attend. Que le monde sera submergé par les flots et transformé en cendres par les flammes.
“Cette fin du monde tel que nous le connaissons, tout le monde lui donne le nom de Ragnarök. Tout sera sans dessus dessous. Les frères et soeurs se battront entre eux jusqu’à la mort. Tous attendront en vain le printemps. Ce sera un temps où l’acier règnera, par les haches et les épées, mais aucun bouclier ne parviendra à protéger quiconque de la mort. Tous seront pris dans la tourmente, les tempêtes et les hurlements des loups. Personne ne sera épargné, tous auront à souffrir du Ragnarök. La plupart en mourront et n’assisteront pas au monde nouveau qui suivra la fin de l’ancien monde. »
Doelyn l’aelfe soupira.
« Et pourtant, un ase rebelle refuse ce destin sombre et tout tracé qui s’offre à lui et aux autres. Il se propose de nous sauver tous. Il veut éviter Ragnarök. Pour cela, il a besoin de puissance. De beaucoup de puissance. »

NaNoWriMo 2014 jour 23 : Bård

Suite du chapitre supplémentaire :

Il repoussa ses pensées. Ce dont il avait le plus besoin à présent, c’était de concentration. Il étudia la configuration du camp. La plupart des humains dormaient. Seuls trois d’entre eux montaient mollement la garde. Siegfried en soupçonnait même un de dormir aussi profondément que ceux dont il était sensé garantir la sécurité. L’aelfe avait deux objectifs : délivrer le jeune vane ours qui grondait dans sa cage et saupoudrer la nourriture humaine avec une poudre de sa composition, ce qui les rendrait aveugles pour les semaines à venir, en espérant que cela leur servirait de leçon. Bien évidemment, tout en délivrant la créature prisonnière, il en profiterait pour faire fuir les chevaux qui tiraient la charrette sur laquelle était montée la cage. Pour le moment ces animaux somnolaient paisiblement. Il signifia aux corbeaux de ne pas bouger ni faire le moindre bruit. Il avait l’habitude de leur faire prendre le moins de risque possible, ce qui impliquait souvent d’agir seul.

Aussi silencieux qu’une ombre, il se glissa subrepticement jusqu’à la réserve de nourriture. Il saupoudra rapidement sa poudre qui s’éparpilla de partout. Sans s’attarder, il s’approcha de la cage de l’ours. Ce dernier releva la tête en le sentant arriver. Ils échangèrent un regard de connivence. Le vane lui fit signe de s’arrêter. L’aelfe obtempéra, se dissimulant prestement dans les ombres. Ainsi à l’abri des regards, il put voir l’ours diminuer de taille et prendre une forme humanoïde. Même sous cette forme et malgré qu’il soit à peine adulte, il restait imposant et terriblement poilu. « Hey ! » Appela doucement l’ours. Les deux hommes éveillés tournèrent la tête dans sa direction. Siegfried était trop loin pour distinguer ce que leur dit le vane ensuite, mais il vit les deux gardes s’approcher de la cage. Une fois qu’ils se trouvèrent assez près de lui, l’ours se redressa. Il sortit vivement ses bras poilus et musculeux de sa prison et, en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, attrapa leurs deux têtes et les heurta l’une contre l’autre, les assomant efficacement. L’aelfe resta immobile le temps de déterminer que le bruit n’avait alerté personne. Puis il s’approcha de la cage à son tour et en crocheta l’ouverture pour laisser sortir le vane. Ce dernier, qui avait recouvré sa forme de fauve, s’enfuit à pattes de velour à peine la porte ouverte. Siegfried, lui, tissa une illusion pour faire croire qu’un ours dormait dans la cage. Puis il s’approcha des chevaux pour les entrainer au loin avant de leur rendre leur liberté. Ceci fait, il rejoignit toujours aussi silencieusement les frères corbeaux, qui se trouvaient à présent accompagnés du jeune vane. Tous les quatre se fondirent dans la forêt.

« Merci de m’avoir sorti de ce mauvais pas, déclara l’ancien prisonnier. C’est bien aimable à vous d’être intervenus.
– Avec nous tu peux dormir sur tes deux oreilles p’tit, lança Mørk au hasard.
– C’était un plaisir, répondit l’aelfe en ignorant l’oiseau. Dorénavant tient toi loin des humains et des sbires de Ull.
– J’essaierai. » Assura le vane. Il avait la taille adulte d’un ours normal, ce qui trahissait sa jeunesse. En tant que vane, il allait devenir encore bien plus gros. En attendant, il montrait encore certaines attitudes pataudes de l’enfance. « J’ai cru que personne ne viendrait à ma rescousse, ajouta-t-il.
– N’as tu pas de famille qui serait venue te secourir ? s’enquit poliment Svart.
– Si si j’ai de la famille. Mais… mais vous savez les vanes hésitent à marcher contre les ases depuis la grande guerre où les ases sont sortis vainqueurs. » Svart hocha la tête d’un air entendu.

“Tu peux rentrer chez toi retrouver ta famille, indiqua Siegfried.
– Ah… euh… oui et bien…
– Et bien quoi ? s’enquit l’aelfe.
– Et bien… hésita timidement la grosse bête. J’aimerais bien rester avec vous.
– Avec nous. » Siegfried se trouvait surpris de la requête, mais n’en montrait rien. « C’est trop dangereux, tu devrais aller te mettre en sécurité.
– Je peux me montrer utile, argumenta l’ours. Je sais me montrer silencieux, je peux faire peur et je sais aussi me battre. » Svart se posa sur l’épaule de l’aelfe et lui chuchota à l’oreille :
« Maître, je pense qu’il va nous suivre de toutes façons. Et cette situation s’avèrerait plus dangereuse à la fois pour lui, mais aussi pour nous. » Comme souvent, ce corbeau faisait preuve de sagesse. Heureusement d’ailleurs, songeait Siegfried, que l’un des deux se montrait futé. Mørk, totalement étranger à la situation, fredonnait quant à lui une chanson à propos d’ours et de miel en gloussant tout seul. Après tout, un compagnon tel que ce vane ours pouvait s’avérer une aubaine. L’aelfe fixa ses yeux violets dans ceux, bruns, de l’ours. « Soit. Tu peux venir avec nous. Je veux juste savoir comment tu te nommes.
– Riulf ! Je m’appelle Riulf. » S’épanouit le gros vane. Dans son enthousiasme, il adressa un coup de langue affectueux au guerrier qui venait de l’accepter dans ses rangs. Siegfried ignora cet affront fait à sa dignité et repartit, suivi par ses compagnons oiseaux et ursidé.

Riulf se montra par la suite un compagnon hors pair et hautement dévoué. Plus d’une fois, lors des raids visant à sauver des créatures magiques de braconniers, il se montra plus un atout qu’un handicap. Il n’avait pas menti lorsqu’il avait affirmé qu’il savait aussi bien se battre que se montrer silencieux et intimidant. Dès lors, Siegfried n’attendit qu’une chose, c’était de tomber de nouveau sur le groupe mené par le vane renard. Grâce à Riulf, il pourrait venir à bout de cette bande de chasseurs. De plus, l’ours n’avait pas son pareil pour dénicher gibier et baies avec lesquels il régalait ses compagnons. Néanmoins, malgré toutes leurs exactions à l’encontre des gens de Ull, l’aelfe se rendait bien compte que tant qu’il ne s’attaquerait pas à la source, ses efforts resteraient vains. Bien sûr, il avait déjà sauvé moult personnes de l’ase, mais cela restait une larme dans l’océan : le pouvoir de Ull continuait de grandir de jour en jour. Et, au fond de lui, il savait qu’il finirait par avoir besoin de son demi frère Bård pour en venir à bout. Mais ce vermisseau était encore bien trop jeune pour une telle entreprise. Le fait que Siegfried ne se sentait pas d’aller quérir son aide n’entrait pas en ligne de compte, bien évidemment.

Le vane s’était montré enchanté lorsque Mørk lui avait étourdiment expliqué que leur maître possédait un jeune frère, un peu comme Svart l’avait lui même en guise de fratrie. “J’ai eu un frère mort né durant l’hiver de ma naissance, raconta Riulf. Depuis je me suis toujours demandé ce que cela faisait d’avoir un frère. Que faisiez vous avec votre frère ?
– Je ne l’ai jamais considéré comme mon frère, balaya rapidement Siegfried irrité à chaque fois que quelque chose lui faisait penser à Bård.
– C’est un sujet sensible, intervint Svart en voyant que l’ours ne se satisferait pas de cette réponse.
– Je ne vois pas pourquoi, protesta un Riulf rendu curieux. Toi par exemple, tu t’entends plutôt bien avec ton frère malgré tes remontrances à son égard. Je le sens que c’est pour son bien que tu lui fais la morale.
– C’est vrai ça Svart, c’est pour mon bien que tu fais ça ?” s’enquit Mørk avant de se mettre à sangloter bruyamment sur l’épaule de son frère. Ce dernier adressa un regard noir à l’ours avant de s’employer à calmer Mørk. L’aelfe en avait profité pour disparaître, au grand dam du vane qui ne s’avoua pas vaincu pour autant.