« Fen Fen ! s’écria Bård en se précipitant à son chevet.
– Doucement, lui reprocha vertement Siegfried. Ne va pas la fatiguer. » Ignorant complètement les propos de son frère, l’adolescent se jeta au cou de la vane qui cessa dès lors d’essayer de se redresser. Elle passa affectueusement un bras autour de son louveteau de substitution. Ce faisant, elle grimaça : qu’est ce qu’elle se trouvait affaiblie ! L’aelfe s’approcha également et lui caressa tendrement la joue du bout des doigts. Il lui conseilla ensuite, d’une voix douce : « Repose toi mon amie, je veille sur ta convalescence.
– Moi aussi je veille sur toi. » Renchérit son demi frère qui ne voulait pas se trouver en reste. Il se redressa et fixa les yeux d’or de la louve qui venait de se rendre compte qu’elle se trouvait dans la maison du forgeron des étoiles. Ils échangèrent un regard complice et sourirent, heureux de se retrouver.
« Merci, coâssa la vane en se rendant compte qu’il lui faudrait apprivoiser sa voix de nouveau. Merci à tous les deux.
– Je suis bien content de te voir de retour, se réjouit Bård.
– Moi aussi, souffla Fen.
– Je vais t’aider à te redresser, tient toi bien. » Avant que Siegfried ne réagisse, l’adolescent avait aidé la vane à se tenir droite et lui installait des coussins derrière le dos afin de la soutenir confortablement. « Voilà, cela va-t-il mieux ?
– C’est très bien, lui assura Fen en souriant.
– Veux tu un verre d’eau ? Ou manger quelque chose ? s’inquiéta l’adolescent.
– Non non, répondit elle en toussotant.
– Oh j’allais oublier ! s’exclama-t-il. J’ai quelque chose pour toi, regarde ! » Le garçon lui amena un énorme bouquet de fleurs des champs. Après tout le temps qu’avait duré cet interminable hiver, il semblait à la vane que cela faisait une éternité qu’elle n’avait pas vu de fleurs.
« Je ne suis pas une chèvre, le taquina Fen. Mais elles sont bien jolies.” Le garçon émit un rire cristallin. La louve sourit de nouveau. Elle trouvait toujours cela réjouissant de l’entendre rire. « Où sont Nurri et Beyla ? Et les corbeaux ? s’enquit elle. Oh, et les petites renardes ?
– Nous sommes là ! s’exclamèrent Sylveig et Skade en grimpant sur le lit de Fen qui les gratouilla derrière les oreilles.
– Les corbeaux sont partis se promener en forêt, rapporta Bård. Nurri travaille dans sa forge et Beyla est allée s’occuper de ses moutons. Elle ne va pas tarder je pense ; elle vient te voir régulièrement. » Siegfried, lui, restait silencieux et fixait ses yeux violets d’un air désintéressé en direction d’une fenêtre ouverte. Une douce brise parfumée entrait dans la maisonnette de l’extérieur, accompagnée d’une apaisante luminosité dorée. Quelque chose semblait préoccuper l’aelfe. Fen se sentait épuisée malgré son long sommeil, mais sa curiosité était plus grande encore. Elle se força à garder les yeux ouverts et à parler de manière intelligible.
« Comment me suis je retrouvée ici ? demanda-t-elle.
– C’est Siegfried qui t’a portée jusqu’ici, expliqua l’adolescent.
– Arrête de prononcer mon nom, grinça l’aelfe. Il sonne mal dans ta bouche d’humain.
– Je ne suis pas humain ! protesta le plus jeune.
– Fenrir ? Ull ? précisa faiblement Fen qui n’avait pas la force de les rabrouer.
– Nous avons vaincu Ull ! l’informa joyeusement Bård. Ensemble. » Ajouta-t-il avec un coup d’oeil en coin en direction de son frère. « Nous avons envoyé son coeur dans un endroit très froid. Puisqu’il aime la neige.
– Oh, vous avez séparé son coeur de son corps, comprit elle. Voilà qui est très ingénieux, je me demandais comment vous aviez réussi à vous débarrasser d’un immortel sans le tuer.
– Mère savait que nous y arriverions, rappella l’adolescent.
– Et je n’en doutais pas non plus. Je ne savais seulement pas comment vous comptiez vous y prendre.
– En fait, c’était l’idée de Siegfried, avoua le garçon comme à contrecoeur. Mais nous l’avons mise en oeuvre tous les deux. Maintenant il ne reste plus de sa forêt que les troncs des ifs dépouillés, l’étang perpétuellement gelé au milieu et son corps immobile dans la neige.
– Et Fenrir ? s’inquiéta Fen qui trouvait peu attrayante l’idée que le cruel loup noir se trouve de nouveau en liberté.
– Ne t’angoisse pas pour Fenrir mon amie, la rassura l’aelfe. Ull n’est pas mort, juste endormi. La bête est toujours prisonnière de ses chaînes de soie et ne peut toujours pas quitter l’enceinte du bois d’ifs de l’ase.
– Tant mieux, soupira la louve. Tant mieux, me voilà soulagée. » Elle ferma ses yeux dorés quelques secondes. « Et comment se fait il que je me trouve ici alors que je devrais avoir été dévorée par Fenrir ? demanda-t-elle en soulevant de nouveau ses paupières avec difficulté.
– Je… hésita Siegfried. Je suis arrivé au bon moment dirons nous. Je l’ai pris par surprise et j’ai pu m’enfuir en t’emmenant.
– Svart nous a dit qu’il avait combattu Fenrir tellement vaillamment que le gros loup est devenu berserk, précisa Sylveig.
– Il a aussi vaincu Skadi, intervint Bård. Il est arrivé à chaque fois au bon moment. »
L’aelfe détourna modestement la tête et se mit de nouveau à feindre l’indifférence. Il devait être gêné, songea la louve. Etait ce un soupçon de rouge qui colorait ses joues ? Elle n’en était pas sûre. « Vous avez toutes mes félicitations, leur déclara la vane impressionnée par leurs exploits. Ce que vous avez fait… Bien peu de gens auraient pu l’accomplir.
– Nous avons pu y parvenir grâce aux présents de mère, fit sobrement remarquer Siegfried.
– Et aussi parce que tu m’a appris à me battre et que le forgeron des étoiles m’a donné une épée magique, ajouta le garçon avec enthousiasme. Et que Sylveig et Skade m’ont empêché de tomber sous le pouvoir de Ull. » Il réfléchit un moment. « En fait, tout le monde a participé, conclut il. Et moi qui croyait que j’étais devenu un héros. » Il soupira d’un air déconfit. Fen rit.
« Ah ! Voilà que la louve est réveillée ! se réjouit Beyla en entrant. Mais que faites vous tous donc à l’étouffer ainsi ? Zou ! Laissez lui de l’air ! Allez jouer dehors tiens. » En sautillant, Bård et les renardes sortirent profiter du printemps qui touchait déjà à sa fin. L’aelfe, en revanche, ne bougea pas d’un pouce. La dverg le considéra un moment, puis décida de ne pas faire de commentaire. Elle s’approcha à son tour de Fen et l’examina. « Il ne faut pas trop forcer, conseilla Beyla. Il va encore falloir beaucoup de repos. Beaucoup beaucoup. Vous avez frôlé la mort de très près.
– Oui, grimaça la vane. J’ai voulu garder l’attention de Fenrir pour que Bård puisse s’enfuir.
– Tu t’es sacrifiée pour lui, traduisit Siegfried. Pourquoi ?
– Tu me demandes encore pourquoi, soupira Fen. Tu lui as bien sauvé la mise toi aussi pourtant…
– Ce petit est un jeune garçon remarquable, intervint Beyla. J’ai eu peur un moment que ses deuils traumatisants n’en fassent un monstre, mais il a une forte volonté et nous l’avons entouré d’attention comme nous avons pu. Le résultat me parait plutôt bon. Pourquoi êtes vous aussi dur avec lui ? » L’aelfe ne répondit pas. « Il faut cesser de lui en vouloir pour des choses dont il n’est pas responsable, le morigéna la dverg. Et cesser également de reprocher à Fen de s’occuper de lui. Ce n’est pas parce qu’elle lui voue une profonde affection qu’elle vous laisse de côté. Vous n’êtes qu’un petit aelfe jaloux et…
– Sans compter que tu n’aurais jamais pu venir à bout de Ull si j’avais laissé mourir ta clef, coupa rapidement la vane d’une voix douce afin d’éviter que ne se braque le grand frère de Bård.
– Cela, au moins, est vrai. » Concéda platement Siegfried tandis que la femme du forgeron des étoiles levait les yeux au ciel.
« Il faudrait la laisser se reposer, conseilla Beyla à l’aelfe d’un ton quelque peu péremptoire. Elle doit récupérer ses forces.
– Pas tout de suite, lâcha Siegfried un peu brusquement. J’ai encore des choses à lui dire.
– Mmmh » La petite dverg le considéra de nouveau pensivement. Cette fois, l’aelfe la fixait droit dans les yeux. « Bon, acquiesça-t-elle finalement. Je vais vous laisser ensemble. Mais ne l’embête pas trop ! » Sur cette recommandation, elle rassembla une pile de linge qu’elle avait l’intention de laver. Après un dernier regard aux deux créatures qui restaient chez elle, elle s’en fut, non sans appeler les jeunes turbulents pour leur enjoindre de l’aider dans ses tâches ménagères. Visiblement soulagé de retrouver un semblant d’intimité, Siegfried s’assit délicatement sur le lit, auprès de la vane. Comme il restait silencieux, Fen prit la parole :
« Il va bien falloir que tu finisses par accepter ton petit frère, lui dit elle.
– Je n’y arrive pas, confessa l’aelfe qui avait laissé sa superbe de côté.
– J’ai l’impression qu’il t’admire, lui fit remarquer la louve. Il a envie d’attirer ton attention, c’est pour cela qu’il t’embête sans cesse.
– Il ne m’embête pas.
– Mon cher Siegfried, soupira Fen, tu es un homme plein de contradictions. Enfin. Est ce Bård qui te préoccupe ?
– Beaucoup de choses me préoccupent, déclara-t-il. Je sais que nous ne pouvions pas tuer Ull, mais le fait de le savoir toujours vivant me chagrine.
– Au moins, cela permet de garder Fenrir emprisonné.
– Oui, il est vrai que c’est un avantage non négligeable, approuva l’aelfe. Néanmoins, je ne pense pas que tous les autres ases vont vouloir le laisser dans cet état sans rien faire.
– Penses tu que quelqu’un va lui rendre son coeur ? s’enquit la louve.
– Il se pourrait.
– Je pense, moi, que tu t’inquiètes trop, lui dit elle. Ton pessimisme et tes rancoeurs t’empêchent de profiter de ta vie. Regarde, tu n’arrives même pas à profiter de ta victoire… Vous avez vaincu Ull ! Cela devrait donner lieu à une fête.
– Peut être, lui accorda Siegfried. Mais il faut bien que je prévoie quelque chose au cas où mes pressentiments se confirment, n’est ce pas ?
– Tu penses trop. » Balaya Fen. C’était une phrase qu’elle lui répétait depuis qu’ils étaient tous jeunes. Ils échangèrent un sourire complice. L’aelfe effleura le front de la vane de ses lèvres.
« Fen ! appela Bård avec entrain.
– Laisse la dormir un peu, voyons p’tit, le gourmanda Nurri qui était remonté de son atelier.
– Tout va bien, je suis réveillée à présent, apaisa la louve en se redressant.
– Où est Siegfried ? s’enquit l’adolescent.
– Il est parti pendant que tu lavais le linge avec Beyla, lui répondit la vane.
– Pourquoi ? demanda le garçon.
– Il est inquiet, alors il va vérifier si ses pressentiments sont fondés.
– Il est beaucoup trop sérieux, asséna Bård. Ca va le rendre malade à force. Et puis, il aurait pu me demander de venir avec lui ! Je suis tout à fait capable de l’aider !
– Je n’en doute pas, acquiesça la louve. Mais je te rappelle que tu as deux petites renardes à t’occuper. Pour le moment concentre toi sur cette tâche.
– Mais je peux faire des choses beaucoup plus compliquées que cela ! s’exclama-t-il.
– Parce que tu crois que c’est simple de s’occuper d’enfants ? Essaie donc, et tu verras bien. » Le ton de la louve était ironique. Elle subodorait que les mignonnes Sylveig et Skade allaient lui en faire voir de toutes les couleurs. A lui maintenant, de s’occuper d’orphelins.
Donc voilà, en gros ça c’est la fin, mais il me reste encore 7000 mots environ à écrire. Du coup je vais rajouter des passages. Voici le nouveau d’aujourd’hui :
Très rapidement, il aperçurent des fumées qui s’élevaient dans le ciel gris, qui menaçait de lâcher très bientôt une nouvelle rasade de neige. « Un village ? suggéra Bård.
– Il semblerait, confirma Fen.
– Y allons nous ? En leur posant des questions, nous pourrons peut être déterminer où se trouve Ull.
– Pourquoi pas. » La louve ne pensait pas qu’ils avaient vraiment besoin d’aller se renseigner auprès de ces gens. Elle songea que l’adolescent faisait une telle proposition car il ressentait le besoin de voir de nouveau de ses semblables, du moins des humains qui ne se montreraient pas hostiles. Il se dirigèrent donc dans la direction du petit village, dont les habitants devaient bien souffrir du froid avec Ull si proche. Lorsqu’ils s’approchèrent des petites maisons blotties les unes contre les autres dans la neige, ils consatèrent que seules quelques personne s’activaient au dehors, déblayant les monceaux de matière blanche devant leurs portes. La théorie de Fen selon laquelle Bård avait besoin de voir des gens parut se confirmer, car c’est lui qui prit les devant et aborda le premier homme emmitouflé qui se battait avec la neige.
« Bonjour ! lança-t-il avec enthousiasme.
– Un jour bon à toi aussi, répondit l’homme d’un ton un peu bourru. Et bien décidément, il semblerait que ce soit un jour à voyageur aujourd’hui !
– Ah bon, d’autres personnes sont elles passées par ici ? s’enquit curieusement le garçon.
– Pour ça oui, répondit l’homme avec véhémence en secouant ses boucle blond gris. Tout un groupe. Des chasseurs je dirais.
– Des chasseurs ? fit il mine d’être étonné. Leur prise a-t-elle été bonne ? Nous n’avons pas vu l’ombre d’un petit gibier…
– Je n’ai pas vu de viande mais si vous voulez mon avis, ils chassaient du plus gros, leur révéla l’homme emmitouflé sur le ton de la confidence.
– Je n’ai pas vu de gros gibier non plus, précisa l’adolescent.
– Oh, mais je parle de quelque chose d’encore plus gros, pouffa le villageois. En ce moment c’est la période de l’engouement à la capture des créatures magiques. Des gens paient cher pour ça.
– Voilà qui est intéressant, commenta Bård en ouvrant de grands yeux étonnés. Et où pourrions nous trouver ces chasseurs ?
– Vous voulez vous lancer dans la chasse aux vanes ? » S’enquit l’homme en jetant un regard en coin aux yeux dorés de Fen. Cette dernière resta stoïque et silencieuse. Elle avait décidé de laisser son petit d’homme gérer la situation. Elle n’interviendrait que si les choses tournaient mal, ce qui ne semblait pas devoir arriver. Ils ne se trouvaient qu’en présence de simples villageois.
« Oh oui, ça m’intéresserait tellement de rencontrer ces chasseurs ! s’exclama Bård avec toute la candeur du monde.
– Et bien, si telle est votre envie, ils ont pris la direction du nord, indiqua l’homme. Là où il fait le plus froid. Vous devriez les rattraper assez vite, ils ne sont pas passés il y a très longtemps.
– Merci beaucoup ! se réjouit l’adolescent. Vient tatie, nous allons rejoindre ces chasseurs, peut être ferons nous fortune ! » La vane hocha la tête. Le villageois loucha sur les deux épées à la ceinture de Fen. Ces deux voyageurs éveillaient sa curiosité. Malheureusement pour son côté commère, il n’eût pas le temps de s’enquérir plus avant sur eux, car le garçon était déjà parti en bondissant joyeusement, suivi par sa tante aux yeux dorés. Cette conversation ne s’était pas avérée très utile selon la louve, elle savait déjà où il fallait se diriger pour retrouver Ull, même si elle ne savait pas exactement où il se tenait. Mais cette histoire de chasseurs de créatures paraissait avoir intrigué le louveteau. Elle soupira. Elle sentait qu’il allait de nouveau vouloir se précipiter au devant de nouveaux ennuis.
Voilà. A partir de maintenant je vais juste poster des passages comme ça, sachant que je vais également rajouter des petites touches par ci par là, mais que je ne pourrai pas poster.