NaNoWriMo 2016 : Arkhaiologia Jour 18

Le train ne s’était pas encore arrêté que Simon sortit de sa maison pour sauter lestement sur le quai, afin de bien vérifier que la gare avait bien reçu son télégramme qu’il avait envoyé de Covempton à propos du stockage de son wagon-appartement. L’archéologue ne revint pas tout de suite, mais les deux jeunes gens perçurent des vibrations dans le sol de la voiture, puis celle-ci s’ébranla de nouveau, en arrière cette fois. Cela dura peu de temps : le wagon tourna et se retrouva rapidement rangé sur une voie de garage. L’archéologue fit de nouveau irruption, souriant comme à son habitude. « Tout va bien, leur assura-t-il. Ils garderont ma maisonnette au chaud pendant que nous partons en expédition. » Les deux jeunes gens acquiescèrent de concert. Ils passèrent la suite et la fin de leur soirée à préparer du matériel tout en discutant ensemble de choses et d’autres et, notamment, de ce qu’ils risquaient de trouver dans la bibliothèque. En vue de leur future journée de labeur, ils partirent tous trois se coucher très tôt.

 

Bien équipés, les trois explorateurs se rendirent à AllMobile, une petite société qui louait tout un tas de moyens de transport. Les alentours de cette ville étaient très touristiques, avec son lac aux eaux claires, ses ruines historiques et ses randonnées montagnardes. AllMobile était donc une petite affaire plutôt prospère. Simon jeta son dévolu sur ce que le loueur appelait pompeusement une mécamobile. Il régla et signa quelques papiers, puis les trois posèrent toutes leurs affaires dans le véhicule. Ils montèrent aussitôt en voiture et l’archéologue se mit vivement au volant. Ethelle put remarquer qu’il conduisait plutôt bien pour quelqu’un d’apparence aussi éparpillée. Il les mena d’abord acheter de quoi pique-niquer pendant l’expédition avant de se mettre véritablement en route.
(Insérer une péripétie incluant NM ?)

En quittant la ville, ils décapotèrent la voiture, pour profiter au mieux du voyage. Clay, à qui ils avaient laissé toute la banquette arrière, était penché vers l’extérieur pour mieux sentir l’air fouetter son visage. Il rappela à Ethelle les chiens de ses amis qui agissaient de même dès qu’ils montaient en voiture, enthousiasmés par le voyage et le vent dans leur truffe. Simon les emmena très loin dans la nature. Il n’y avait même plus de route et, pourtant, il continuait de rouler avec détermination au milieu de nulle part. Ils avaient quitté les hautes montagnes et l’endroit était vallonné, teinté des jaunes, oranges et rouges de l’automne. L’herbe était encore bien verte et des fleurs persistaient ça et là. La rouquine finit par se sentir fatiguée, enivrée par le grand air ; elle ferma les yeux et s’endormit paisiblement.

L’arrêt du véhicule la tira du sommeil. Elle bâilla et s’étira longuement. Ceci fait, la jeune femme inspecta les alentours de là où ils s’étaient garés. Ils se trouvaient dans une étrange clairière bordée de feuillus clairsemés d’un côté et du flanc d’une grande colline de l’autre. Simon avait garé la voiture au milieu de la clairière et était en train d’installer de nouveau le capot, probablement au cas où il y ait des intempéries ; il ne comptait certainement pas laisser la caution qu’il avait laissée à AllMobile. Clay avait commencé à décharger le véhicule mais, intrigué par l’endroit, avait arrêté pour faire le tour de la clairière, examinant tout avec attention. « Fait attention où tu marches, le prévint Simon. Vers la colline le terrain est de plus en plus instable. » Ethelle descendit à son tour et, malgré son manque d’habitude dans le domaine, songea à aider l’archéologue à sortir leurs affaires.

« Sortons tout, déclara Simon. Nous allons carrément monter notre camp dans la bibliothèque.
– Est-ce bien raisonnable ? S’inquiéta la jeune femme. Ne risquons-nous pas de nous retrouver ensevelis là-dessous si nous y dormons ?
– Oh non, il n’y a pas de souci à avoir, lui assura l’archéologue. Lors de ma dernière visite, j’ai repéré un endroit tout à fait stable et sain.
– Vous nous avez dit que vous aviez découvert l’entrée dans une faille qui s’était ouverte suite à un tremblement de terre, pointa la rouquine. Comment est-ce que l’endroit peut être stable ?
– Oh mais le tremblement de terre a eu lieu il y a bien longtemps de cela, la région n’a plus vraiment d’activité sismique ! » Comme toujours, Simon débordait d’enthousiasme. L’effet rassurant de ses propos était donc mitigé sur Ethelle. Elle se laissa tout de même convaincre. Les yeux de l’archéologue brillaient de millions d’étoiles à chaque fois qu’il mentionnait qu’ils allaient passer quelques jours entiers dans ce bâtiment antique. Et comme elle doutait que Clay se montre plus raisonnable, elle se résigna à les suivre dans leur douce folie exploratrice.

« Wow ! S’exclama d’ailleurs celui-ci. Euh ? Hem… Les gars ? Je crois que j’ai trouvé la faille ! » Il y eut un silence. « J’ai failli tomber dedans ! » Les informa-t-il ensuite. La rouquine leva les yeux au ciel. Elle craignait que l’enthousiasme débordant des deux homme qu’elle accompagnait ne leur fasse faire des bêtises. Légèrement inquiète et ayant l’impression d’être la seule personne raisonnable de l’équipe, la jeune femme se promit de les surveiller pour éviter qu’ils se blessent dans leur entreprise. Ce fut, entre autre, pour cette raison qu’elle observa avec intérêt Simon qui sortait le matériel pour les assurer pendant leur descente. Ils n’allaient pas avoir à escalader à proprement parler, mais la descente promettait d’être abrupte. Et cela risquait d’être d’autant plus dangereux qu’ils seraient chargés. Et encore, Derrington leur avait dit qu’il restreignait le poids au minimum, car ils auraient certainement des trésors archéologiques à ramener de leur voyage dans le passé.

Après les dernières recommandations de Simon – qui paraissaient étrangement sérieuses par rapport à ses habitudes légères – les trois explorateurs entreprirent de descendre dans les entrailles de la terre, avec précaution. L’archéologue ouvrait la marche en l’éclairant d’une lanterne, puisqu’il connaissait mieux le terrain, Ethelle suivait et Clay fermait la marche en portant le plus gros du matériel. A certains moments, le passage devenait très étroit, en plus d’être abrupt, ce qui ralentit encore leur progression. Le gros avantage du métier d’archéologue, se dit la rouquine, c’est qu’au moins ils n’étaient pas pressés : les vestiges n’iraient nulle part. C’était peut-être même pour cette raison que Simon parvenait actuellement à prendre son temps à marcher précautionneusement au lieu de sautiller vers sa bibliothèque chérie. Dans tous les cas, cette attitude mature rassurait Ethelle. Clay se montrait également prudent, ce qui la réconfortait d’autant plus.

La descente ne s’éternisa pas autant que la jeune femme le craignait, même si il y avait eu des passages très compliqués. Ils posèrent enfin le pied sur des marches de pierre qui montaient sur leur droite pour arriver devant des portes, originellement en verre, dont les débris d’une d’entre elles jonchaient le sol. L’archéologue avait l’air un peu gêné. Il se tint un bref instant devant eux, les mains se tordant d’embarras comme un enfant. La rouquine décida de profiter de la situation pour le taquiner. Cela ne lui ressemblait pas d’ordinaire, mais elle ne put s’en empêcher. « C’est vous qui avez cassé cette porte millénaire, n’est ce pas ? » S’enquit-elle. La jeune femme récolta un hochement de tête affirmatif et contrit. « Ne nous avez-vous pas dit que de détruire de telles pièces allait à l’encontre de tous vos principes archéologiques ?
– Oui, je sais, soupira-t-il. Mais je n’avais pas le choix ! Les armatures étaient trop vieilles pour ne pas se désagréger lorsque j’ai essayé d’ouvrir, tout a lâché d’un coup et la vitre est tombée d’un coup.
– Comment sont-elles sensées s’ouvrir ? » Demanda Clay qui observait curieusement les portes. La question parut rendre sa personnalité passionnée à Simon.

« Oh ! Elles sont sensées coulisser, expliqua-t-il joyeusement.
– Je suppose que le système de coulissage ne fonctionne plus, déplora l’ancien Faucheux. Et où se trouve la poignée ?
– Je me suis posé la même question ! Se réjouit l’archéologue.
– Et donc ? S’enquit Ethelle alors que l’explication se faisait attendre.
– Je ne sais pas, avoua Simon. Je n’ai pas réussi à déterminer comment cela fonctionnait. Ca ressemble à quelque chose qui aurait été activé de manière mécanique, ou quelque chose comme ça.
– Si c’est le cas, c’est ingénieux, commenta Clay. Tous les mécanismes doivent être cachés dans les murs.
– Je pense, oui, approuva l’archéologue. Il faudrait que j’amène des techniciens ici pour étudier la question. Je… Je n’ai pas l’habitude de ne pas comprendre les techniques de l’antiquité. Normalement ils sont sensés être moins avancés que nous sur le plan technologique. Mais eux… » Il se mâchouilla la lèvre inférieure.

« Eux je les soupçonne d’avoir été beaucoup mais alors, vraiment beaucoup plus avancés que nous.
– Cela semble vous perturber, nota Ethelle.
– Je suppose que oui, en un sens, réfléchit Simon. C’est comme si je m’aventurais en territoire totalement inconnu. Ce qui est particulièrement excitant ! Mais aussi, un peu effrayant je dois bien l’avouer.
– Qu’est-il écrit là au-dessus ? S’enquit Clay en désignant le fronton de la porte.
– Oh ! Ca, je le sais ! Se pavana l’archéologue. Leur alphabet est une version antérieure de plusieurs alphabets antiques que je connais (trouver des noms de langues antiques de différentes régions et s’étendre sur le sujet) et qui ont beaucoup de points communs. Je pense qu’ils sont tous issus de cet alphabet là. Les deux mots sont aussi assez ressemblants à ces langues en question.
– Cela ne nous dit pas la signification de ces deux mots, lui rappela la rouquine.
– Haha oui, excusez-moi mademoiselle, je me suis encore laissé emporter, se repentit Simon avec un sourire rayonnant. Ces deux mots veulent dire Bibliothèque Universitaire.
– Wow ! S’exclama Clay. Cela faisait donc partie d’une école ?
– Pas seulement, s’enthousiasma l’archéologue. De ce que j’ai compris, cet endroit faisait partie de tout un ensemble dédié à toutes sortes de recherches et d’érudition.
– Ca semble particulièrement important et intéressant, s’émerveilla le jeune homme.
– Oh oui, assurément, approuva vivement Simon. Et encore, je ne comprends pas toute leur langue ! C’est une forme vraiment ancienne par rapport à celles que je connais et je ne suis pas linguiste de formation en plus.
– S’agit-il d’une forme plus archaïque ? S’enquit Ethelle.
– Non, au contraire, soupira l’archéologue, elle est plus subtile et complexe. Surtout complexe. Comme je regrette de ne pas avoir été plus sérieux, j’aurais du passer cette formation de linguiste !
– Vous avez pourtant l’air de bien vous débrouiller, le rassura Clay appuyé par un hochement de tête de la jeune femme rousse.
– Merci, vous êtes tellement adorables tous les deux, s’attendrit Simon. Il n’empêche que j’aurais été plus efficace ici si j’avais été linguiste. Mais vous avez raison, après tout je connais toutes ces langues mortes comme si elles étaient mes langues maternelles. Je finirai bien par vaincre cette langue originelle ! »

Après cette petite discussion édifiante sur le palier de la bibliothèque, l’archéologue les fit entrer dans le bâtiment par la porte qu’il avait cassée auparavant. L’intérieur avait très peu bougé, pour quelque chose qui datait de plusieurs millénaires. Bien sûr, une épaisse couche de poussière et quelques débris recouvraient le tout, mais Ethelle estima qu’il n’y aurait pas besoin de beaucoup de rénovation pour rendre à l’édifice son état d’antan. Cela l’impressionna. Elle commençait à se laisser gagner par l’enthousiasme de ses deux compagnons d’exploration.

 

 

1910 mots pour aujourd’hui et retard rattrapé \o/

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