D’abord, un petit résumé du début du tome 2 qui est déjà commencé pour ne pas trop embrouiller :
Simon, Clay et Tina découvrent des enregistrements d’un doctorant de la civilisation antique, qu’ils arrivent à écouter grâce à un bricolage de Tina. Pour le professeur Simon Derrington, cela présage d’imminentes grandes découvertes. Pendant ce temps, son apprenti l’ancien Faucheux, Clay, se débat avec la même impression d’être surveillé qu’Ethelle.
Cette dernière a laissé ses compagnons pour enfin laver le nom des Morton et retrouver ses marques dans son monde de richesses. Mais elle commence à déchanter en constatant qu’Heather Merryweather, la mère de son hôte Nicolas, aime contrôler la vie de son entourage, y compris la sienne. La jeune femme prend l’habitude de s’isoler pour s’aérer l’esprit et, décidant de se rendre à Lancy pour ce faire, croise le chemin de Gregory, l’inquiétant majordome d’Arabella Finley, aussi connue sous le nom de la Veuve-Noire.
Elle manque de se faire étrangler par l’homme de main d’Arabella mais est sauvée par l’esprit qui habite son pendentif, une jeune fille aux yeux en amandes qui pratique des arts martiaux exotiques. Le NaNoWriMo commence au moment où l’étrange sauveuse d’Ethelle a mis Gregory à terre et se présente.
Je suis restée attachée autour de votre cou et celui de votre mère avant vous et celui de votre grand-mère encore avant elle. J’ai été consciente de ce qui m’entourait pendant toute la durée de mon enfermement, même si cela a parfois été difficile de ne pas m’endormir. J’avais l’impression que si je m’endormais, je ne me réveillerai jamais ! »
Elle marqua une légère pause, fronçant les sourcils. « Oh non… » Déplora-t-elle en regardant ses mains qui devenaient translucides. Le corps de [Bidulette] se changea en fumée et réintégra le camée d’Ethelle qui resta interdite pendant de longues secondes sous la pluie. Grégory venait-il de bouger ? Non, ce devait être une impression. Le doute se muant en panique, la jeune femme récupéra son parapluie et s’enfuit. Elle se précipita dans les grandes artères, qui lui paraissaient toujours bien modestes à côté des boulevards d’Eastlond, à la recherche d’une voiture qui pourrait la ramener jusqu’à la propriété des Merryweather.
Trempée et frissonnante, elle monta dans le premier fiacre qu’elle croisa. Enfin assise et s’estimant en sécurité, elle expira de soulagement et se mit à réfléchir. Comment le majordome d’Arabella l’avait-il retrouvée ? Pouvait-elle espérer que ce ne soit qu’une coïncidence ? Elle secoua la tête ; même s’il s’agissait d’une coïncidence, maintenant il savait qu’elle se trouvait à Lancy ce qui signifiait que mademoiselle Finley serait aussi bientôt au courant. Elle devait trouver un moyen de mettre Clay au courant puisque Grégory était à ses trousses.
Il y avait aussi la question de [Bidulette]. Ethelle caressa machinalement son pendentif, avant d’ôter prestement sa main. Elle craignait de provoquer une nouvelle apparition de l’étrange jeune femme – ou jeune fille, elle ne savait pas le déterminer – et n’avait pas l’esprit à se retrouver encore confrontée à l’esprit de son camée. Elle ôta le collier pour examiner le bijou de plus près. La femme gravée ne paraissait pas être originaire de l’extrême orient, mais il était difficile d’en être certain sur un si petit ouvrage, d’autant que les traits du visage étaient à peine esquissés.
Lorsque le fiacre la déposa à la grille de la propriété des Merryweather, Ethelle ressassait encore ses inquiétudes et se demandait si elle devait parler de Grégory avec Nicolas. La pluie s’arrêta lorsqu’elle parvint au manoir, où Henry lui ouvrit avec diligence, lui dépêchant une servante pour l’emmener s’essuyer et se changer. La jeune femme rousse avait gardé son collier en main et le remit soigneusement autour du cou après avoir revêtu une robe sèche. Après tout, le pouvoir de son pendentif lui avait sauvé la vie. Elle ne savait pas comment il fonctionnait, mais se sentait rassurée de le garder à portée de main.
Ethelle doutait que Grégory parvienne à s’infiltrer dans la demeure des Merryweather, sans compter qu’elle n’était pas certaine qu’il ait survécu à sa rencontre avec [Bidulette]. Elle se redressa inconsciemment à l’idée que le majordome de mademoiselle Finley ne pourrait peut-être pas prévenir sa maîtresse qu’il avait retrouvé Ethelle. Cette idée lui plaisait bien ; elle sourit par devers elle. Mademoiselle Morton sortit de sa chambre d’une humeur bien plus guillerette qu’elle n’y était entrée.
(changement de chapitre)
Le professeur Derrington se frottait les mains de satisfaction. Il était tellement émoustillé par ses découvertes qu’il n’en arrivait plus à travailler sur ses notes et parcourait la pièce alternant grands pas et petits sauts de joie. En plus des enregistrements du doctorant Valentin [Nomdefamille], il avait trouvé ceux de l’une de ses collègues, une certaine Béatrice [Autrenomdefamille]. Il était impatient de les écouter, mais il devait attendre que Clay reprenne son souffle ; le jeune homme était épuisé d’avoir pédalé pour fournir assez d’énergie afin que l’archéologue puisse prendre des notes sur l’enregistrement. Il avait donc décrété une pause à contrecœur et l’ancien Faucheux était retourné au rez-de-chaussé pour se reposer dans la pièce qui leur servait de camp. Tina, quant à elle, bricolait le cyclopède et sa dynamo.
Un grand cri les interrompit. Dans le silence de la bibliothèque, les sons portaient bien. « Clay… » Émit la jeune fille tout en s’emparant de la lanterne pour se précipiter au rez-de-chaussée, suivie de près par Simon. Ils découvrirent Clay qui se tenait dans l’encadrement de la porte. Il leur tournait le dos, faisant face à quelqu’un ou quelque chose qui se trouvait dans leur salle de campement en l’invectivant : « Qui es-tu ? Qu’est ce que tu fais là ? Ne t’approche surtout pas ! »
En s’approchant, Tina et le professeur Derrington purent jeter un œil sur l’objet de la colère de leur compagnon. Un homme de haute stature leur faisait face. Il était armé d’une lance de métal, dont il avait posé le bout au sol et à laquelle il se tenait nonchalamment. Il était tel l’intrus que Clay leur avait décrit lorsqu’il s’était évanoui en revenant dans la bibliothèque. Simon devait bien reconnaître son erreur : ils n’étaient pas seuls dans ce temple de l’antiquité. Avec pommettes saillantes, ses yeux en amandes et les plumes piquées dans sa longue chevelure noire, il évoquait au professeur Derrington le peuple nahua qui, venu de l’autre côté de l’océan, avait pris pied sur les terres ibériques et les avaient conquises bien des années auparavant.
L’homme n’était cependant pas vêtu de riches vêtements comme l’archéologue avait l’habitude de voir les ressortissants nahuas. Il ne portait que quelques petites peaux et végétaux, ne laissant d’ailleurs que peu de place à l’imagination. Simon se surprit à rougir. Son regard fut alors attiré par les yeux d’un vert hors du commun de l’intrus : ils étaient presque brillants dans la pénombre de la bibliothèque. Le professeur Derrington se demanda s’il ne se trouvait pas face à une créature magique et il cherchait dans ses connaissances pour déterminer laquelle.
« Qui es-tu ? » répéta Clay toujours aussi nerveux par la présence intruse. L’homme répondit dans une langue que le jeune homme ne comprit pas. Sachant que Tina ne parlait que l’angelnish, comme lui, l’ancien Faucheux se tourna vers Simon. « C’est fâcheux, avoua ce dernier. Je ne parle pas le nahuatl… Enfin, seulement quelques mots, mais je n’ai pas compris ce qu’il a dit. Tant pis, nous allons communiquer à l’ancienne. » Clay se demanda ce que signifiait communiquer à l’ancienne tandis que l’archéologue se plaçait face à l’inconnu et se désignait lui-même en répétant : « Simon ! » Après quelques secondes d’incompréhension où l’homme brisa le masque d’impassibilité de son visage pour afficher une mine perplexe, il finit par comprendre et plaça à son tour sa main libre sur sa poitrine en disant :
« Chaahk. »
Le professeur Derrington se tourna alors vers ses deux jeunes compagnons, la mine radieuse, pour leur dire : « Il s’appelle Chaahk !
– Ça va être long, commenta Tina d’un air désabusé.
– Qui il est et comment il est arrivé là ? s’enquit Clay. Qu’est ce qu’il veut ?
– Voilà beaucoup de questions, voyons voir si nous pouvons avoir une conversation avec notre invité. »
Avant que les deux anciens Faucheux aient pu protester, l’archéologue s’assit à côté du réchaud qui leur servait à cuisiner et invita l’inconnu à faire de même. Après un bref regard en direction des deux plus jeunes, le nahua aux yeux verts se laissa glisser en tailleur, faisant tournoyer sa lance pour l’installer en travers sur ses genoux. Pendant que Simon allumait le réchaud tout en s’emparant de sa bouilloire, il insista auprès de Clay et Tina pour qu’ils s’asseyent avec eux. Ils obtempérèrent après une brève hésitation. La lance les inquiétait, mais l’intrus ne paraissait pas avoir l’intention de s’en servir dans l’immédiat.
Tandis que l’eau chauffait dans la bouilloire, l’archéologue essaya de discuter avec Chaahk. Les débuts furent laborieux. Les seuls mots de nahuatl sur lequel ils se retrouvaient étaient les mots nahuatl et xocolatl, chocolat, ce qui n’allait pas leur être très utile pour tenir une véritable conversation. Heureusement, Simon était d’un naturel persistant et, à force d’essais et de gesticulations, les deux hommes finirent par réussir à communiquer un peu. « Si j’ai bien compris, il profitait du fait que nous n’étions pas là pour nous voler de la nourriture, expliqua l’archéologue à ses deux compagnons en affichant un sourire ravi.
– Pourquoi ça vous réjouit qu’il nous pique des trucs ? demanda Tina qui était souvent désarçonnée par les réactions du professeur Derrington. Il aurait pu demander en plus.
– Cela ne me réjouit pas qu’il vole dans nos affaires, c’est le fait de parvenir à discuter avec lui qui me rend heureux ! Je crois que cela fait longtemps qu’il réside dans cette bibliothèque, peut-être qu’il pourra nous aider dans nos travaux. »
Chaahk assistait à leur discussion sans mot dire, jusqu’à ce qu’il y ait un silence. Il en profita pour s’enquérir : « Belisama ?
– Belisama ? répéta l’archéologue un peu perdu. Comme la déesse Belisama ? » Le nahua ne comprit pas l’interrogation de Simon, mais l’avoir entendu répéter le nom à plusieurs reprises, il gratifia le professeur Derrington d’un regard plein d’espoir.
« C’est qui Belisama ? s’informa Tina qui était agacée de ne rien comprendre à la situation.
– C’est le nom d’une déesse celte, répondit l’archéologue qui réfléchissait en même temps. Mais je dois avoir mal compris : s’il est un nahua il ne peut pas me parler de cette Belisama-là.
– Celte, acquiesça soudainement Chaahk qui suivait attentivement leurs propos. Belisama, celte. Belisama ?
– Je… Euh… Mais les dieux… balbutia Simon. Les dieux sont un concept, à moins que…
– À moins que quoi ? demanda à son tour Clay qui espérait pouvoir comprendre.
– À moins que les dieux ne soient des créatures folkloriques comme les autres, répondit l’archéologue en tournant des yeux écarquillés vers son apprenti.
– C’est possible ça ? s’étonna le jeune homme.
– Bah, je vois pas pourquoi ça serait différent, commenta Tina en haussant les épaules.
– Bien sûr bien sûr, acquiesça vivement Simon. Mais si les dieux sont des créatures issues du folklore comme les autres, cela signifie que nous devons nous attendre à en rencontrer ! Imaginez, s’ils ont été qualifiés de dieux, c’est parce qu’ils étaient des êtes particulièrement puissants. Je ne sais pas comment les gouvernements vont gérer la cohabitation avec des dieux. C’est fabuleux ! Et effrayant aussi, un peu. »
Chaahk posa son coude sur sa cuisse et sa tête dans le creux de sa main. Il semblait avoir décidé de prendre son mal en patience le temps que quelqu’un daigne répondre à sa question. Cela n’arriva pas tout de suite, car la bouilloire se mit à siffler et Simon s’empressa de servir des tasses de thé à tout le monde. Le nahua repoussa sa chevelure en arrière d’un coup de tête avant de flairer le contenu de sa tasse où les feuilles infusaient. « Tcha ? Ti ? s’enquit-il.
– Du thé, précisa Simon.
– Thé, répéta Chaahk. Amaterasu, thé. Amaterasu ? »
Cette fois-ci, l’archéologue afficha une mine désemparée. Il ne comprenait pas de quoi parlait son invité. Voyant qu’il avait perturbé son interlocuteur, Chaahk fit un mouvement de main comme pour balayer ses propos et reprit : « Belisama ?
– Je ne sais pas. » avoua l’archéologue en haussant les épaules pour appuyer ses dires. Comment aurait-il pu savoir s’il était possible de rencontrer Belisama ? Il manqua de renverser son breuvage brûlant sur ses cuisses, mais le nahua acquiesça en signe qu’il avait compris. Simon continua à essayer de communiquer avec Chaahk, se disant qu’il savait peut-être des choses sur cette bibliothèque.
Ennuyée de ne rien comprendre à la conversation, Tina se leva pour ouvrir l’antique placard à provisions de la salle où ils campaient. Lorsqu’elle avait réalisé que ce distributeur de provisions était une machine, elle avait décidé qu’elle parviendrait à la remettre en marche. Malheureusement, comme pour tout le reste des installations, il semblait qu’il faille de l’électricité pour la faire vraiment fonctionner. Elle avait tout de même réussi à faire bouger certains mécanismes à la main, mais le temps avait fait son œuvre et elle avait besoin de nettoyer tout le système si elle espérait le voir fonctionner un jour.
Intrigué par ce qu’elle faisait, Chaahk finit par délaisser les tentatives de conversation avec Simon pour s’approcher de la machine. Comprenant ce qu’elle essayait de faire, l’homme s’approcha et inspecta le mécanisme à son tour. Puis il commença à triturer le système, tout en donnant des explications dans sa langue. Tina le regarda œuvrer et finit par le rejoindre dans son bricolage sans mot dire. Il la guida au début, puis elle termina sa réfection toute seule. Entre ces deux là, il ne semblait pas y avoir besoin de paroles.
Clay, qui sirotait paisiblement son thé, jeta un coup d’œil à Simon qui paraissait jaloux de leur connivence. De dépit, l’archéologue se plongea dans les notes qu’il avait prises pendant que son apprenti pédalait pour fournir de l’énergie. L’ancien Faucheux l’écouta marmonner dans un jargon mêlant l’angelnish et la langue antique et se lança lui-même dans une esquisse de Tina et Chaahk qui travaillaient ensemble sur la machine.
Lorsque le nahua laissa Tina bricoler toute seule, il retourna s’asseoir près du professeur Derrington. Là, il pencha la tête en l’écoutant parler. Comme Simon parlait vite et dans un mélange des deux langues, il fronça les sourcils ; Clay supposa qu’il essayait de comprendre des mots au vol. « Valentin ? s’enquit finalement l’homme à la longue chevelure noire piquée de plumes.
– Pardon ? » s’interrompit l’archéologue. Chaahk répéta avec hésitation quelques mots de langue antique que Simon venait de prononcer, en ajoutant le prénom du doctorant qui avait produit les enregistrements sur lesquels le professeur Derrington avait pris des notes. Le visage de ce dernier s’illumina. Si leur invité connaissait lui aussi ce langage perdu, ils allaient enfin pouvoir communiquer de manière plus efficace.
Clay ne connaissait pas suffisamment la langue pour suivre leur conversation, qui était par ailleurs hésitante des deux côtés. Simon, qui était particulièrement enthousiaste au début, finit par montrer une perplexité de plus en plus grande au fur et à mesure que Chaahk lui donnait des explications. L’ancien Faucheux se demandait ce que leur intrus pouvait bien lui raconter de si étonnant.
2358 petits mots, j’aurais voulu en faire plus, mais c’est toujours comme ça au démarrage !