« Il y a une chose qui me vient à l’esprit, déclara-t-elle. C’est que je ne suis pas seule : je fais partie d’un groupe. Ils peuvent m’aider, j’en suis sûre !
– Un groupe ? Quel groupe ? S’enquit Béatrice avec curiosité.
– Pas un grand groupe, précisa Déa. C’est plus… Je ne me rappelle pas. Un peu comme une famille je dirais.
– Mais pas ta famille ? » Vérifia Valentin qui cherchait désespérément ce qu’il pouvait noter à propos de tout ça. Il y avait eu bien peu de révélations et il ne pouvait s’empêcher de se sentir un peu déçu.
« Je ne crois pas… Enfin, peut-être, je ne sais pas. Mes souvenirs sont vraiment très confus, c’est énervant ! » La jeune femme aux yeux dorés pinça les lèvres en une moue boudeuse. « L’un d’entre eux est médecin, murmura-t-elle. Il pourra m’aider.
– Tu sais où il travaille ? Demanda Valentin.
– Ou un numéro de téléphone qu’on pourrait appeler ? Poursuivit Béatrice.
– Un numéro de téléphone… Répéta pensivement Déa. Je connais les termes, mais j’ai du mal à voir à quoi ils correspondent. »
Cette déclaration prit les deux amis de court. Ils échangèrent un regard : la condition de l’inconnue était-elle plus grave que ce qu’ils avaient cru de prime abord ? Valentin désigna l’appareil qu’il avait en main pour prendre des notes. « C’est ça, un téléphone, déclara-t-il. Est ce que ça te dit quelque chose ?
– Non, je n’ai jamais vu un objet comme ça. » Déa fit rapidement le tour de la pièce du regard avant de reprendre : « D’ailleurs, je n’ai jamais vu une maison comme celle-là non plus. Je ne connais pas l’utilité de la moitié des choses qui se trouvent ici…
– C’est bizarre. » Commenta Béatrice.
Les trois restèrent un instant silencieux. Un courant d’air nocturne les caressa tendrement. Le jeune homme songea à la petite fée et jeta un rapide coup d’œil autour de lui à sa recherche. Ne voyant nulle part la douce luminosité qui nimbait la petite créature, il en conclut qu’elle avait dû s’envoler par la fenêtre qu’il avait laissé ouverte. Il se leva pour aller la fermer, un peu triste que la fée soit partie et espérant qu’elle était heureuse de profiter de sa liberté. Il se tourna de nouveau vers les filles, qui le considéraient calmement. « Tu avais froid ? » S’enquit Béatrice. Il acquiesça machinalement et retourna s’asseoir.
« Tu n’avais pas froid, corrigea Déa. Tu pensais à une petite faerie. Une fée.
– Comment sais-tu cela ? S’étonna Valentin.
– Tu ne lui as pas donné de nom, continua l’inconnue, même si tu penses à elle sous le nom de Clochette. Tu ne l’as pas nommée ainsi car elle ne tinte pas, elle pousse des trilles plutôt. » Déa se tut un moment, puis sourit : « Il semblerait que je puisse lire vos pensées. Mais je vais arrêter, ce n’est pas très sympa de faire ça sans autorisation.
– Waw, c’est impressionnant, balbutia le jeune homme. Je ne m’attendais pas à ça ! Et, euh, merci d’arrêter, c’est perturbant. »
Béatrice exhala bruyamment et se redressa pour aller ouvrir le réfrigérateur de son ami. « Hé, Val ! L’appela-t-elle. Tu n’as rien de plus fort que du lait ? Plus une seule bière ni rien ?
– Et non, je n’ai plus rien, c’est pour ça que j’étais si content de venir manger chez toi.
– Manger, quelle bonne idée, intervint joyeusement Déa. Je suis affamée ! » Comme elle avait fait apparaître ses vêtements, elle créa un petit festin sur la table basse devant elle. La pièce s’embauma instantanément de riches odeurs culinaires.
« Je pense que je risque de m’habituer un peu trop rapidement à ce genre de possibilité. » Commenta Béatrice en avisant une chopine remplie d’un liquide qui ressemblait un peu à de la bière. « Qu’est ce que c’est ?
– De la cervoise. » Répondit Déa la bouche pleine. Elle-même s’était jetée sur les plats comme si elle n’avait pas mangé depuis des jours. « Faites-vous plaisir, hein. » Ajouta-t-elle à l’intention des deux autres. Repus, ils avisèrent plutôt les boissons et découvrirent des goûts épicés auxquels ils n’étaient pas habitués.