« Personne ne doit sortir et ceux qui sont dehors doivent se diriger vers l’abri le plus proche, résuma le jeune homme.
– Ce n’est pas une alerte toxique, renchérit Béatrice, mais il n’y a pas trop d’indications sur ce que c’est.
– Il faudra certainement attendre les infos pour savoir, soupira-t-il. De toutes façons… » Un barrissement assourdissant retentit, l’empêchant de terminer sa phrase.
« Quoi encore ? Lâcha Valentin avec nervosité.
– Pour une fois, je sais ce que c’est ! S’exclama joyeusement Déa. C’est un dragon. Un jeune je dirais.
– Un dragon ? S’étrangla Béatrice. Comment tu sais ça ? Ohlàlà, on avait pas encore vu de dragon… Il faut que je le voie !
– Tu veux aller voir un dragon ? S’ébahit son ami en roulant des yeux effarés. Tu es folle, c’est beaucoup trop dangereux !
– Oh non, ce n’est pas si dangereux si on sait comment s’y prendre, lui assura Déa. Et s’il est suffisamment jeune, il ne sait pas encore cracher.
– Comment sais-tu tout ça ? S’enquit Béatrice.
– Aucune idée. »
Sur ces mots, la femme aux yeux dorés se leva et, avisant que la porte-fenêtre de la cuisine donnait sur un balconnet, sortit à l’extérieur. Les deux amis se concertèrent brièvement du regard avant de la suivre. Une fois dehors, Déa inspira profondément l’air nocturne. « Je n’ai jamais vu une ville pareille, murmura-t-elle. Et l’odeur est bizarre. » Elle se racla la gorge, inspira une nouvelle fois et poussa un barrissement similaire à celui du dragon. Après quelques poignées de secondes, elle réitéra, mais sur un timbre légèrement différent. Le temps continua de s’écouler sans qu’il ne se passe rien. Une brise fraîche les effleura.
Les deux amis commençaient à se demander ce qu’ils attendaient lorsque de lourds battements claquèrent au dessus du petit balcon. Leurs yeux s’arrondirent en voyant un dragon de la longueur d’une petite voiture s’accrocher à la rambarde et faire face à Déa. Cette dernière, souriante, flatta la tête de l’animal dont les écailles projetaient des éclairs rouges à la lumière des lampadaires et de l’éclairage de l’appartement de Valentin. « Je peux le caresser ? S’enquit Béatrice avec envie. Je n’aurais jamais cru voir un véritable dragon un jour.
– Bien sûr, l’invita Déa. Il était un peu perdu et paniqué, mais il se sent mieux à présent. Il ne mordra pas. »
L’amie de Valentin leva doucement la main en direction du petit dragon. Celui-ci se tourna vers elle et lui adressa un sifflement de mise en garde. La femme aux yeux dorés rassura l’animal, qui consentit à se laisser effleurer par Béatrice. « Ses écailles sont douces et chaudes ! Commenta-t-elle joyeusement. Essaie ! » Lança-t-elle ensuite au jeune homme. Ce dernier ne se fit pas prier et s’approcha à son tour du petit dragon. Après avoir étudié tous les mythes liés aux dragons, il était enchanté d’en voir un et avait même du mal à y croire.