NaNoCamp Avril 2017 J+1 : Préquelles Arkhaiologia

L’animal cligna ses yeux rouges de plaisir sous les caresses.

« Ils ont déclenché l’alarme juste pour lui ? Se demanda tout haut Béatrice. Il ne paraît pas si dangereux en plus.
– Il n’est peut-être pas seul, supposa Valentin en grattouillant le cou de la créature. Je ne sais pas combien d’œufs pondent les dragons.
– Une douzaine, intervint Déa. Normalement peu d’entre eux parviennent à sortir du nid car la mère s’occupe de ne garder qu’un ou deux, parfois trois, parmi les plus aptes de sa portée. Les autres… Meurent.
– Cela voudrait dire qu’une dragonne adulte a pondu ses œufs dans le coin ? Reprit Béatrice.
– Si quelqu’un a repéré un dragon adulte en ville, je comprends mieux l’alarme. »

Ce disant, Valentin s’imaginait apprivoiser le dragonnet. « Je ne pense pas qu’il y ait de dragon adulte dans les environs, déclara Déa pensivement.
– Pourquoi ça ? S’étonna Béatrice. Un dragon adulte a bien dû pondre l’œuf de ce bébé, non ?
– Oui, acquiesça la femme aux yeux dorés. Mais je ne sens pas assez de magie pour qu’un dragon adulte puisse survivre. Il n’y en a probablement aucun. Et ça m’énerve de savoir ça sans savoir qui je suis ! »

Une volée de dragonnets passa au-dessus d’eux, poussant des cris dans la nuit qui les firent sursauter. Des drones les poursuivaient en bourdonnant. D’un commun accord, les deux amis enjoignirent à Déa de convaincre l’animal perché au balcon de rentrer à l’intérieur de l’appartement. Ni Béatrice, ni Valentin, ne tenaient à passer à côté d’un tel spécimen à étudier ; ils doutaient que les drones suivaient les dragonnets pour jouer avec eux. Ils ne savaient pas si c’était pour les abattre, mais ils préféraient ne pas prendre le risque de le perdre.

Déa attira la créature à l’intérieur avec un morceau de viande crue qu’elle venait de faire apparaître dans sa main et alla de nouveau s’installer sur le canapé. Le petit dragon se coula dans l’appartement à sa suite et la rejoignit, ouvrant la gueule avec espoir. La femme aux yeux dorés le récompensa avec la viande, qu’il avala goulûment. Les deux amis les rejoignirent aussitôt, après avoir fermé la baie vitrée. Tandis que Déa nourrissait le bébé, Béatrice prit Valentin à part.

« Qu’allons-nous faire d’eux ? Lui souffla-t-elle. Toi ou moi pourrions héberger Déa, mais le dragon ? Qu’en ferons-nous ? Vu sa taille il ne supportera pas de rester enfermé dans l’un de nos deux appartements. Et puis j’ose même pas imaginer la quantité de nourriture qu’il doit ingurgiter.
– Ton labo, je ne vois que cette solution.
– Ce n’est pas mon labo… Mais tu as peut-être raison. L’agrandissement est terminé et prêt à l’emploi. Je suppose que Massamba et Pommier pensaient plutôt y loger des banshees ou je ne sais quoi d’autre. Je ne pense pas qu’ils verront d’inconvénient à avoir un jeune dragon à observer. Je suis certaine qu’ils trouveront fascinant le fait que les dragons – comme les fées – possèdent trois paires de membres.
– Tant qu’ils ne le charcutent pas, ça me va.
– Tu sais que, maintenant, l’imagerie médicale a évolué et qu’on a plus à ouvrir les êtres vivants pour voir ce qu’il y a à l’intérieur, n’est ce pas ? » Le taquina Béatrice.

Valentin la chatouilla en guise de représailles, puis ils s’installèrent tous deux face à leurs hôtes. Le petit dragon s’était couché sur le canapé, sa tête dans le giron de l’étrange femme aux yeux dorés. « Vous êtes bien gentils de vous occuper de nous, les remercia Déa tout en couvant l’animal d’un regard attendri. Je ne suis pas sûre d’avoir compris toutes vos pensées, mais tout ce que j’ai perçu était positif à notre égard. Vous pensez vraiment que certaines personnes pourraient nous vouloir du mal ?
– Du mal, pas vraiment, la rassura Valentin. Mais je suis certain de nos intentions à nous, du moins.
– Par contre, compléta Béatrice, je doute que nous puissions laisser le dragon en liberté à l’heure qu’il est. Tout le monde va le considérer comme dangereux et je crains qu’il ne soit abattu si on le laisse dehors. »

Déa leur adressa un grand sourire : « Les dragons sont dangereux. Un dragon adulte peut détruire une cité à lui tout seul.
– Et comment fait-on pour empêcher ça ? S’enquit Valentin.
– S’en faire des amis, expliqua-t-elle en caressant le dragonnet. Ou avoir de puissants mages pour se protéger.
– Et tu ne sais toujours pas comment tu as connaissance de toutes ces choses ? Vérifia Béatrice. Parce qu’il semblerait que tu sois la seule personne au monde à savoir tout ça.
– Ce serait intéressant que tu nous dises d’où tu tiens toutes ces informations. » Renchérit le jeune homme.

« Vous êtes des érudits je vois. » Déa sourit de nouveau et Valentin eut la désagréable impression qu’elle lisait toujours dans leurs pensées. « Toujours en quête de savoir, poursuivit rêveusement la jeune femme aux yeux dorés, vous voulez tout comprendre… Oh, et oui, je continue de capter vos pensées, mais c’est plus fort que moi, je ne fais pas exprès. » Elle leva fièrement la tête :

« J’aimerais bien savoir, moi aussi. Je ferai ce que je peux pour vous aider.
– Tant mieux ! S’exclama Béatrice. Parce que j’ai une question.
– Oui ?
– Tout à l’heure, tu as dit qu’il n’y avait pas assez de magie pour un dragon adulte, commença la jeune femme. Et tu m’as clairement l’air d’être une magicienne. Tu peux déjà faire des choses complètement folles, comme te régénérer, ou lire nos pensées, faire apparaître des trucs, ou parler aux dragons… Ou que sais-je encore. Penses-tu que tu pourrais faire encore plus de choses s’il y avait assez de magie pour entretenir des dragons adultes ? »

Déa resta silencieuse, comme si elle réfléchissait. « Je ne suis pas vraiment une magicienne, déclara-t-elle enfin. Enfin, j’ai certaines capacités et elles utilisent de la magie. Mais magicienne ne me semble pas le terme approprié.
– D’accord, acquiesça Béatrice, nous réfléchirons au terme approprié plus tard dans ce cas.
– Pour répondre à ta question, reprit Déa, je suis certaine que si ce monde possédait plus de magie, je serai plus puissante. Peut-être même que je ne serais pas amnésique !
– Tu penses que ça a un lien ? S’enquit curieusement Valentin.
– Non, je ne sais pas du tout, pouffa la femme aux yeux dorés. J’ai plutôt l’impression de m’être cognée la tête. »

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