NaNoCamp Avril 2017 J+2 : Préquelles Arkhaiologia

Valentin ne pouvait s’empêcher de fixer le dragon. Il avait encore du mal à réaliser qu’il en avait un chez lui. Ses pensées s’éparpillaient et il se redressa soudainement. « J’ai une idée qui pourrait t’aider à retrouver la mémoire, déclara-t-il à Déa avant de venir s’asseoir sur le canapé près d’elle.
– Ton téléphone ? S’enquit-elle en le voyant le lui désigner.
– Internet plutôt, corrigea-t-il.
– Je ne suis pas certaine d’avoir vraiment compris le concept d’Internet, avoua Déa. Mais je n’avais pas l’impression qu’il s’agissait d’une médecine.
– Ce n’est pas le cas, regarde. »

Le jeune homme déploya l’écran holographique et commença à naviguer. « Tiens, voilà ce qui s’est passé la semaine dernière dans les environs – je suppose que tu es du coin – et là c’est le parc à côté duquel nous t’avons rencontrée.
– Rien de ces choses ne me dit quoi que ce soit, soupira la femme aux yeux dorés.
– Mmmh, passons aux personnages célèbres alors… » Le jeune homme fit défiler des personnalités politiques, sportives, e-sportives, artistiques et tout ce qui lui passait par la tête. Mais personne ne disait quoique ce soit à Déa. Ni les personnes connues, ni même les noms des villes.

« Je pense que le problème est plus complexe que ce qu’il y paraît, intervint finalement Béatrice qui se tortillait pensivement une mèche de cheveux. Elle t’a dit que le concept d’Internet ne lui était pas familier. Nous devons prendre en compte la possibilité qu’elle ne vienne pas d’ici.
– Mais d’où alors ? Lança Valentin. Et pourquoi est ce qu’elle ne se souvient pas d’être venue ici, ni d’aucune ville ni rien ? Même la carte du monde ne lui parle pas…
– Je ne sais pas.
– Tu penses qu’on devrait l’emmener aux urgences comme on aurait dû le faire tout à l’heure ? Suggéra le jeune homme.
– Et laisser un dragon tout seul chez toi ? Pointa Béatrice.
– Hmpf… »

Malgré son admiration pour ces animaux mythiques, Valentin n’était pas prêt à en laisser un tout seul chez lui. « Il faudrait passer à ton labo avant, déclara-t-il après quelques instants de silence. Nous installons le dragon là-bas et puis direction l’hôpital. Par contre, je me vois pas promener un dragon dans la rue jusqu’au campus.
– Je vais chercher ma voiture dans ce cas, proposa Béatrice.
– Parfait. » Conclut Valentin.

Comme la jeune femme fermait la porte en s’en allant pour aller chercher son véhicule, Déa plongea dans son regard doré dans les yeux de Valentin, qui se sentit impressionné sans savoir pourquoi. « Je ne comprends pas tout ce qu’il se passe, lui dit-elle. Mais vous paraissez bons et de bonne foi avec votre amie. Je vais donc vous faire confiance. » Le jeune homme eut l’inexplicable impression que l’étrange inconnue venait de lui confier une mission sacrée. Il se tassa un peu sous le regard saisissant de Déa. Cette impression de grandeur émanant d’elle disparut aussi rapidement qu’elle était apparue. Elle lui sourit. Il lui sourit en retour, un peu gêné.

Le petit dragon émit un grognement plaintif. En réponse, la femme aux yeux dorés se mit à le caresser. Enchanté, l’animal se tourna sur le dos, laissant libre cours à la main caressante sur son ventre rond de bébé dragon. « Montre-moi encore des images s’il te plait, demanda Déa. Tout me paraît inconnu, mais tellement fascinant ! » Valentin acquiesça et lui montra des images de la ville. La femme aux yeux dorés penchait la tête sur le côté, comme perplexe face à ce qu’il lui présentait sur son écran holographique. Elle contemplait le tout en silence, posant parfois une question.
Béatrice fut bientôt de retour. Entre temps le dragon s’était endormi. « On le réveille ? S’enquit Valentin.

– Ça risquerait de l’énerver je pense. » Déclara son amie. Le jeune homme réfléchit un instant, puis enroula l’animal dans une vieille couverture qui traînait dans un de ses placard – qui utilisait encore des couvertures ces jours-ci – et Déa et lui entreprirent de le soulever doucement, pour voir s’ils pouvaient le porter à deux. Il était remarquablement léger pour une bête de cette dimension. Pour éviter que sa queue ne traîne par terre, la femme aux yeux dorée la fit passer par dessus son épaule.

Alors qu’ils descendaient les escaliers en le transportant le plus délicatement possible, Valentin croisait mentalement les doigts pour ne pas croiser de voisins. Surtout la pénible du dessus qui adorait traverser son appartement de long en large en talons à partir de sept heures du matin. Il aurait trop envie de lui jeter le dragon dessus, mais il préférait ne pas attirer l’attention. Heureusement ses voisins semblaient tous préférer rester chez eux – certainement en partie à cause de l’alarme songea le jeune homme – et ils parvinrent à la voiture de Béatrice sans se faire remarquer.

Mesurant l’animal du regard, la jeune femme ouvrit le coffre de son véhicule, enleva la plage arrière et rabattit la banquette arrière. Valentin et Déa glissèrent doucement dans la voiture le dragon qui dormait comme le bébé qu’il était. La queue de l’animal participait beaucoup dans sa longueur. Elle était très grande et, heureusement, très souple. Ils purent la faire rentrer en l’enroulant. Sans cela, ils n’auraient jamais pu faire tenir la bête dans l’habitacle.

Déa grimpa d’autorité à l’arrière, sur la banquette rabattue, à côté du dragon endormi. Valentin s’apprêtait à lui dire que ce n’était pas prudent de monter ainsi sans ceinture, mais Béatrice le poussa vers le siège passager avec un regard explicite.

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