NaNoWriMo 2017 : À l’École de l’Autre Côté du Miroir, jour 3

Ils émergèrent dans une salle similaire à celle qu’ils venaient de quitter, sauf qu’elle était peuplée de chaises rembourrées et tapissées de velours vermeil. Sur ces chaises étaient assis des élèves un peu perdus. De grandes fenêtres à meneaux laissaient entrer le soleil à flot et les rayons éclairaient de lourdes tentures colorées, pendues le long des murs. L’air paraissait lourd à respirer pour Cédric, lourd et plein d’énergie. Un jeune mage aux cheveux crépus leur adressa un sourire crispé et leur indiqua d’aller s’asseoir.

Stéphanie lâcha brusquement son ami : les mains du garçon s’étaient mises à crépiter d’électricité statique. « Ne t’inquiète pas, ça va passer. » Intervint une voix douce. Valentine avait fait irruption à côté d’eux et leur adressait un sourire lumineux. Elle avait attaché son abondante chevelure blonde en queue de cheval, mais certains cheveux se relevaient pour flotter tous seuls. « L’air est différent ici, continua-t-elle.
– J’ai vu ça ! » Acquiesça Stéphanie en attrapant Valentine pour une brève et joyeuse embrassade.

Les trois allèrent ensuite s’assoir sur les chaises qui étaient, sans aucun doute, les chaises les plus confortables sur lesquelles ils avaient eu l’occasion de s’asseoir. En regardant autour de lui, Cédric aperçut Henry, quelques rangs plus loin. Le garçon brun avait les cheveux redressés en bataille à cause de l’électricité statique et il remontait nerveusement ses lunettes sur son nez en jetant des coups d’œil curieux autour de lui.

D’autres élèves arrivaient par le miroir derrière eux, mais quelques uns arrivaient par la porte. « Je crois que nous allons être plus que ce que je pensais, mentionna songeusement Stéphanie en suivant son regard. Je n’avais pas compris que des gens vivaient de ce côté-ci.
– Moi non plus, appuya Valentine. Regarde ceux-là. »

Elle désignait un petit groupe de personnes au teint diaphane et vêtus comme des nobles du moyen-âge, qui toisaient les arrivants du miroir avec un air dédaigneux. « Ne faites pas attention à eux, lança un garçon brun qui s’assit à côté de Cédric. Ils regardent tout le temps tout le monde de haut.
– Qui sont-ils ? S’enquit curieusement Stéphanie.
– Ils se font appeler les « Belles Gens », répondit le garçon. Mais ils sont toujours méchants avec tous ceux qui ne sont pas comme eux. C’est à dire nous et tous les autres du peuple des fés.
– Il y a d’autres fés qui vont étudier avec nous ? Demanda Cédric.
– Peut-être, mais à part les Belles Gens, ils sont rares à vouloir étudier la magie.
– Comment sais-tu tout ça ? S’étonna Stéphanie.
– J’habite de ce côté ! Expliqua fièrement le garçon brun. Je m’appelle Jérémy. »

Les trois se présentèrent à leur tour, mais un bruit de chute interrompit leur discussion. Ils se retournèrent vers le miroir. Une fillette brune, aux cheveux frisés et plus petite que la moyenne, avait trébuché sur le cadre en entrant. Le jeune mage qui faisait l’accueil l’aida à se relever et elle fila s’asseoir en baissant la tête pour éviter les regards moqueurs. Les sièges de velours vermeil étaient presque tous occupés à présent.

Les portes de la grande pièce s’ouvrirent toutes seules. La directrice du collège, madame Dumoulin, et le directeur de l’établissement, monsieur Morin, firent irruption dans la salle. Ils n’étaient plus vêtus d’un tailleur ni d’un costume, mais de vêtements similaires à ceux des Belles Gens. Ils étaient suivis de cinq autres adultes habillés de la même manière, deux femmes et trois hommes.

L’une des femmes, vêtue de brun, portait un chapeau improbable, à larges bords et sur lequel une maquette de paysage bucolique était fixée. Alors qu’elle passait près de lui, Cédric remarqua que la rivière semblait véritablement faite d’eau courante. Il ouvrit des yeux ronds en apercevant une volée d’oiseaux de la taille d’un demi grain de riz s’envoler d’un arbre pour aller se regrouper de l’autre côté du chapeau, dont le centre formait une montagne.

L’autre femme possédait un accoutrement beaucoup plus strict, uniformément gris. Ses cheveux étaient rassemblés en un chignon lisse d’où ne s’échappait pas la moindre mèche. L’un des hommes, quant à lui, paraissait plus âgé que ses collègues, avec ses cheveux et sa barbe poivre et sel qui tendaient fortement vers le sel. Il portait une tunique orange et des bottes dépareillées. En passant, il adressait un sourire jovial aux élèves.

Les deux autres hommes étaient plus discrets. L’un habillé de bleu et au regard océan tellement profond qu’il en était dérangeant et l’autre paré de blanc et à l’air rêveur. Ce dernier paraissait faire partie des Belles Gens ; il arborait le même teint diaphane et marchait d’un pas particulièrement léger.

Une fois les cinq adultes montés sur l’estrade qui faisait face à l’armée de chaises rembourrées, la directrice parcourut l’assemblée d’un regard acéré. « Tous les élèves du côté non magique sont arrivés. Michel, tu peux fermer le miroir. » Le jeune magicien obtempéra et activa un levier. Une porte à double battants apparut et claqua sur le miroir. « Les élèves de ce côté ci sont présents également, continua madame Dumoulin. Fort bien. Nous allons pouvoir commencer. »

Le directeur de l’établissement s’avança alors à son tour, tandis que sa collègue lui laissait la place. « Chers élèves, je vous souhaite la bienvenue au sein du collège de magie des Alouettes. J’espère que vous allez passer une excellente et studieuse année auprès de vos professeurs. Ils vous encadreront de leur mieux et vous partageront leur érudition ainsi que leur savoir faire. Pour la majorité d’entre vous, vous ne connaissez pas encore la vie de ce côté du miroir, c’est pourquoi les sorties hors du collège seront sévèrement encadrées pour cette première année. De plus, nous ne pouvons pas vous laisser sortir par le miroir entre midi et deux ; les élèves du monde sans magie seront donc tous demi-pensionnaires. Je compte sur vous pour vous conduire de manière exemplaire et faire la fierté du collège des Alouettes. Je rends maintenant la parole à votre directrice.
– Merci monsieur Morin. »

Madame Dumoulin reprit place devant les élèves et leur expliqua : « Le matin, les cours commenceront à huit heures. Vous serez donc priés d’arriver au plus tard dix minutes avant. Les élèves de ce côté entreront par la grande porte et les élèves du monde sans magie entreront par ce miroir derrière vous. Je suis désolée pour lesdits élèves du monde sans magie, mais ils devront attendre jusqu’à dix-huit heures pour pouvoir quitter l’enceinte du collège. Sinon ils attireraient trop l’attention. Vous pourrez mettre ce temps à profit pour faire vos devoirs, notamment ceux que vous n’aurez pas l’occasion de faire dans le monde sans magie. Qu’est ce qui vous fait rire là-bas ? »

Les gloussements provenant des Belles Gens se turent instantanément sous le regard dur de la directrice. Certains affichèrent même une mine déconfite. « Je compte sur les élèves originaires de ce côté pour aider leurs camarades à se faire au monde magique. » Continua-t-elle. Jérémy leva le pouce à l’intention de Cédric, Stéphanie et Valentine avec un sourire fier, l’air de dire qu’ils pouvaient compter sur lui. « Vous allez être répartis en cinq classes [changer ça au début, avec le changement du nombre d’élèves etc] qui correspondent chacune à l’un des cinq éléments de base de la magie. »

Madame Dumoulin leur indiqua les tentures qui symbolisaient chacune un des cinq éléments. « Nous aurons la classe de l’air, de l’eau, du feu, de la terre et du brouillard. » A la mention du brouillard, Cédric, Stéphanie et Valentine échangèrent un regard surpris. Ils n’avaient jamais entendu parler du brouillard comme élément. Ils se seraient plutôt attendus à l’électricité ou le métal par exemple. Ils n’eurent pas l’occasion de poser la question à Jérémy car la directrice continuait son discours.

« Concernant les fournitures scolaires, nous allons vous les fournir. À la fin de cette réunion, une fois que vous aurez été répartis dans vos classes et que vous aurez signé le règlement intérieur, nous vous ferons une petite visite de l’établissement. Puis vous vous rendrez à la réserve où l’on vous remettra ce dont vous aurez besoin pour commencer l’année. »

Madame Dumoulin continua de leur expliquer comment allait se dérouler leur scolarité, mais Cédric commença à décrocher. Voyant une ouverture, Jérémy lui lança en chuchotant : « Tu pourras me raconter comment c’est de l’autre côté ? Et moi je te dirai tout sur ici. » Le garçon blond acquiesça avec un sourire. « Comment vous faites sans magie ? Continua le brun à l’air jovial.
– On a plein d’outils pour nous aider, expliqua Cédric.
– Et… »

Jérémy s’était montré trop enthousiaste. « Dites donc, les deux là-bas, c’est moi qui parle, les reprit sévèrement la directrice. Cédric Berger et Jérémy Rivière, je vous tiens à l’œil. » Elle avait l’air particulièrement sérieuse et les deux garçons reconnurent là une personne avec qui il ne fallait pas plaisanter. Le fait qu’elle connaissait leurs noms ne leur paraissait pas de bon augure non plus.

Madame Dumoulin reprit ses explications en gardant son attention sur les bavards. Son regard acéré les quitta bientôt pour scruter le reste des élèves pendant qu’elle parlait. « Chaque classe aura son professeur principal, mais vous serez amenés à les voir dans certaines matières. Je vous présente donc madame Dupont, professeure principale de la classe de la Terre. » Déclara la directrice en désignant la femme au chapeau improbable.

« Madame Verone, professeure principale de la classe du Brouillard. » Continua-t-elle en présentant la femme en gris à la mine sévère. « Monsieur Haut-Castel, professeur principal de la classe du Feu. » Le vieil homme adressa un clin d’œil à l’assemblée. « Monsieur Tani, professeur principal de la classe de l’Eau. Et monsieur Limael, professeur principal de la classe de l’Air. Maintenant, nous allons procéder à la répartition des élèves dans les classes. Je vais vous appeler un à un et vous irez rejoindre le professeur que je vous indiquerai. Y a-t-il des questions ? »

Un silence tendu lui répondit. Tous les élèves se sentaient soudain envahis du trac de savoir à quel élément ils allaient être affectés. Cédric remarqua, avec une pointe de jalousie, que Stéphanie et Valentine se tenaient fermement la main l’une de l’autre, craignant sans doute d’être séparées. Le garçon blond non plus ne voulait pas être séparé de la seule amie qu’il connaissait dans cet étrange collège.

 

1707 petits mots pour aujourd’hui ; il y aura beaucoup de choses à arranger, mais l’univers commence à prendre forme dans ma tête. Et si vous vous demandez comment les enfants vont être répartis dans les différentes classes : je n’en sais rien du tout et c’est stressant !

NaNoWriMo 2017 : À l’École de l’Autre Côté du Miroir, jour 2

Cédric commençait à se sentir émoustillé à l’idée d’être un magicien. N’était-ce pas là le rêve de tout le monde ? Il avait été impressionné par la démonstration de monsieur Morin qui avait fait apparaître des flammes dans sa main et celle de madame Dumoulin qui avait ravivé une plante verte en berne dans un coin de la salle. Le garçon était impatient de pouvoir faire des tours aussi époustouflants. Il était d’ailleurs en train de se concentrer pour faire apparaître du feu dans le creux de sa paume mais, à sa grande déception, rien ne se produisit.

« Souvenez-vous, précisa le directeur, et là je m’adresse aux futurs collégiens, qu’il y a peu de chance que vous parveniez à pratiquer la magie de ce côté-ci du miroir avant au moins l’année prochaine.
– Pourquoi donc ? S’enquit madame Legrand d’un ton incrédule.
– Parce qu’il y a très peu de magie à utiliser de ce côté, expliqua patiemment monsieur Morin. Il est donc très difficile de la capter pour des débutants. Malheureusement, il y en a juste assez pour pouvoir provoquer des accidents si la magie n’est pas maîtrisée. »

La mère de la fillette blonde ne parut pas convaincue. Sa fille, sans doute excédée de faire ainsi remarquer, leva les yeux au ciel et chuchota à madame Legrand d’arrêter d’intervenir. Cédric se sentit compatissant envers sa future camarade. Pour le moment, son père n’avait rien dit, mais il semblait ne pas moins en penser. Il assistait silencieusement à la réunion, les bras croisés et un air sérieux sur son visage. Le garçon estima que monsieur Legrand attendait d’être rentré pour exposer son point de vue à sa femme et sa fille. Son propre père agissait parfois ainsi.

A la fin de la réunion, quelques parents restèrent à l’extérieur de la mairie pour discuter de ce qu’ils venaient d’apprendre. « Je ne suis toujours pas entièrement convaincu, déclara le père de Cédric.
– Je pense que tu devrais, lui dit la mère de Stéphanie. Il y a le logo du ministère de l’Education de partout sur ces papiers. Ca semble plutôt officiel !
– Oui, mais c’est un peu bizarre quand même, insista Jérôme Berger. La magie n’est pas réelle ! »
Cédric se désintéressa de la conversation : il était lui-même convaincu et vu que les papiers avaient l’air officiels, il se disait que ses parents finiraient par se rendre à l’évidence. Stéphanie paraissait être du même avis et entraîna son ami plus loin, à la rencontre de la fillette blonde qui s’était éloignée de ses parents qui discutaient avec animation. En les voyant arriver, elle leur adressa un sourire timide.

« Bonjour ! Lui souhaita Stéphanie. Quelle drôle de nouvelle, n’est ce pas ? Moi c’est Stéphanie et lui, c’est Cédric.
– Moi, c’est Valentine, se présenta la fillette blonde. Je crois que mes parents ne sont pas très contents que je sois une magicienne.
– Ce n’est pas comme si tu l’avais décidé, nota le garçon.
– De toutes façons, c’est ce que j’aurais décidé quand même, précisa Valentine en souriant. Ca a l’air intéressant d’être une magicienne !
– Je trouve aussi, s’exclama joyeusement Stéphanie. Je suis impatiente de commencer, mais il y a les vacances avant.
– Oui, acquiesça Cédric. Mais c’est quand même vachement chouette les vacances. »

Il était aussi impatient de partir voir l’océan que de devenir un collégien magicien. Les deux filles allaient aussi passer des vacances au bord de l’eau salée, mais pas au même endroit que lui. En revanche, ils découvrirent que Stéphanie et Valentine allaient se retrouver au même endroit, ce qui réjouit les concernées. Les trois enfants continuèrent de parler de leurs futures vacances, jusqu’à ce que leurs parents les appellent pour rentrer chez eux.

 

Les parents de Cédric restèrent silencieux et pensif pendant le trajet. Une fois arrivés chez eux, Céline et Carine les accueillirent joyeusement en demandant à quoi avait servi cette réunion. « Et bien, commença Anne Berger après avoir échangé un regard avec son mari, en fait Cédric ne va pas étudier au même collège que toi.
– Ah bon ? S’étonna Céline. Mais pourquoi ?
– Pourquoi ? Renchérit la petite Carine qui paraissait déçue de savoir qu’il était possible de ne pas fréquenter les mêmes écoles que son frère et sa sœur. »

Jérôme et Anne s’entre regardèrent encore, prirent une grande inspiration et expliquèrent à leurs filles que leur frère allait étudier dans une école spéciale. « Une école spéciale ? Répéta Céline. Pourquoi ?
– Il est pas assez intelligent pour aller dans une école normale ? Proposa Carine qui affichait une mine concernée du haut de ses sept ans.
– Si si, lui assura leur père. C’est juste qu’il a certaines capacités qui nécessitent une école particulière. »

Les deux sœurs hochèrent gravement la tête en signe d’acquiescement. Un peu gêné par le tour que prenait la conversation, Cédric intervint : « Mais c’est pas grave, hein ! Je vais faire de la magie, c’est super cool !
– Oooh, s’exclama la benjamine ravie. Moi aussi je veux faire de la magie !
– Euh, ce n’est pas vraiment quelque chose qu’on peut décider, balaya Anne. Nous verrons ça quand tu devras entrer au collège. »

Céline paraissait sceptique malgré les explications. Ne sachant comment réagir, elle resta silencieuse alors que Carine babillait et posait tout un tas de questions, dont certaines auxquelles ses parents et son frère eurent du mal à répondre. A un moment, Jérôme et Anne coupèrent la conversation, car la famille devait finir de préparer les bagages pour partir en vacances le lendemain matin.

[probable coupure de chapitre]

Les affaires de vacances venaient d’être rangées, l’océan n’était plus qu’un souvenir et Cédric était obnubilé par sa rentrée prochaine. Maintenant qu’elle était proche, il était de plus en plus curieux de savoir en quoi consistait la vie d’un collégien magicien. Quelque part au fond de lui, une petite voix inquiétante lui chuchotait que, si ça se trouve, ce n’était qu’une vaste blague.

Pour se rassurer, il demanda à ses parents s’il pouvait inviter Stéphanie à passer l’après-midi avec lui au parc public qui entourait la mairie. Ils acceptèrent, de même que ceux de son amie, à la grande joie des deux enfants. Le parc était proche des deux foyers et Cédric et Stéphanie s’y retrouvèrent quelques minutes plus tard.

« Il faut qu’on parle, décréta la fillette aux cheveux châtains.
– Je suis d’accord, approuva le garçon.
– J’en ai parlé à Valentine pendant qu’on était en vacances au même endroit et…
– Valentine ?
– Oui, tu sais, la fille blonde qui était à la réunion avec nous, celle avec la maman pénible, lui rappela Stéphanie.
– Ah, oui. Je me souviens !
– Et bien je lui parlais de Lucas qui, lui, va aller au collège des Alouette de ce côté. Et elle m’a demandé si on lui avait parlé du fait que toi et moi n’allions pas être avec lui.
– On a pas eu le temps, réalisa Cédric. Il ne sait pas que nous ne serons pas avec lui…
– Exactement. Sauf que je ne sais pas si nous devons lui en parler ou pas.
– Il risque de nous prendre pour des fous, c’est ce que la directrice a dit pendant la réunion. »

Les deux amis réfléchirent un instant à cette implication. Ni l’un ni l’autre n’avait très envie que Lucas les prenne pour des fous, mais ils n’avaient pas non plus envie de lui mentir. Le problème était épineux. « Il va voir que ni toi ni moi ne sommes là à la rentrée, déclara Stéphanie.
– Et il va nous en vouloir de ne pas lui avoir raconté, prophétisa sombrement Cédric. En tous cas, je pense que je nous en voudrais à sa place. »

Ils méditèrent encore un peu sur la question mais, ne sachant quelle décision prendre au sujet de Lucas, leur discussion dériva sur leur prochaine rentrée. La fillette s’inquiétait qu’ils n’aient pas reçu de liste des fournitures. Heureusement, Cédric avait la réponse : sa mère lui avait dit que le collège des Alouettes de l’autre côté du miroir leur fournirait tout ce dont ils auraient besoin. Ils passèrent le reste de leur conversation à essayer de deviner comment ils allaient vivre leur vie de collégiens magiciens.

 

Une semaine plus tard, c’était le grand jour. Anne et Jérôme Berger semblaient aussi nerveux que leurs fils. Pour eux aussi l’entrée au collège de magie était un saut dans l’inconnu. Jérôme avait pris sa matinée pour amener Cédric au collège. Le directeur Morin avait expliqué que l’entrée se trouvait au sein du collège des Alouettes de leur côté et cela était répété à plusieurs endroits sur les papiers d’information.

Leur chemin croisa celui de Stéphanie qui se rendait aussi au premier jour de rentrée accompagnée de son père. Les deux papas avaient décidé qu’ils passeraient un moment ensemble non loin du collège, au cas où il y ait un souci. Ils tâchèrent de ne pas le montrer à leurs enfants, mais ils n’étaient pas très à l’aise avec le concept de collège de magie.

Les futurs magiciens étaient les seuls à faire leur rentrée ce jour là. Une personne les accueillit à l’entrée du collège des Alouettes et leur indiqua un bâtiment dans lequel ils devaient se rendre. Après un instant d’hésitation, les deux pères suivirent curieusement leurs enfants au sein de la cour de l’établissement, jusqu’au bâtiment indiqué. La directrice Dumoulin les attendait dans une grande salle vide, dans laquelle trônait un immense miroir, encadré de moulures qui étaient sculptées de petits personnages et de feuilles entrelacés.

« Bonjour, leur dit-elle. Je suis désolée mais, à partir d’ici, seuls les élèves sont autorisés à continuer. » Un peu déçus, Jérôme et Marc firent leurs dernières recommandations. Madame Dumoulin attendit patiemment qu’ils aient terminé, puis indiqua le miroir aux deux enfants. « Veuillez entrer. Ne vous inquiétez pas, cela ne fait pas mal. »

Après un dernier regard en direction de leurs parents, Cédric et Stéphanie se dirigèrent en direction de l’objet qui était plus haut et plus large qu’une porte. Ils voyaient leurs reflets afficher une mine peu rassurée et s’efforcèrent de reprendre un peu contenance. Se prenant la main l’un de l’autre par réflexe, ils prirent une grande inspiration et passèrent de l’autre côté du miroir.

 

1713 petits mots pour aujourd’hui, je pense qu’il faut que j’agrandisse ma liste de prénoms et de noms de famille que je vais utiliser. Et j’ai déjà noté des trucs à rajouter dans mon carnet.

NaNoWriMo 2017 : À l’École de l’Autre Côté du Miroir, jour 1

Cédric, du haut de ses dix ans, se sentait grand. L’année prochaine il allait passer au collège et, comme il l’avait souvent entendu dire, c’était une étape importante dans la vie. Il ne lui restait que quelques semaines à vivre en tant que CM2 et il sentait bien qu’une fois qu’il aurait quitté l’école primaire, ce serait définitif et qu’il serait désormais considéré comme un « grand ».

Ce dernier point le rendait fier, mais l’inquiétait aussi un peu. Il craignait de prendre des décisions infantiles, ce qui ne manquerait pas de faire qu’on se moque de lui. Lorsqu’il en avait parlé à ses parents, ils l’avaient rassuré en lui disant que, justement, le passage au collège allait l’aider à savoir comment prendre des décisions de « grand ». Cédric avait accepté l’explication. Il était impatient de savoir comment les professeurs du collège allaient lui apprendre des choses si importantes.

Il savait déjà dans quel collège il allait se rendre : le collège des Alouettes [nom à confirmer] qui se trouvait à cinq minutes à pied de chez lui. Cet établissement se trouvant en face de son école primaire, il avait souvent vu des collégiens y entrer et sortir. Ils lui paraissaient impressionnants, ces collégiens, et il espérait produire la même sensation sur les petits primaires lorsqu’il se trouverait à leur place.

Cédric était pressé, mais il savait qu’il avait d’autres étapes avant de mériter le titre de collégien. Il y avait les vacances d’été, bien sûr, mais aussi une réunion à la mairie dès le début des vacances. Cette nouvelle avait eu l’air de surprendre les parents du garçon, qui n’avaient pas eu de convocation à la mairie pour Céline, la sœur aînée de Cédric. La mère avait conclu que les choses avaient dû changer. Après tout, Céline avait trois ans de plus que son frère et tout le monde savait qu’il y avait souvent des réformes dans l’Education Nationale.

Il y avait en revanche quelque chose à propos de laquelle le garçon ne s’inquiétait pas : il savait que la plus grande partie de ses camarades de CM2 allait se retrouver au collège des Alouettes. Il y avait donc de grandes chances d’être dans la même classe que certains d’entre eux. Il espérait y retrouver Lucas et Stéphanie, ses deux meilleurs copains, mais de savoir qu’il verrait des têtes familières dans tous les cas le rassurait.
Tout s’annonçait donc plutôt bien, jusqu’à la fameuse réunion des futurs collégiens à la mairie.

 

Il faisait chaud en ce début juillet, jour de la réunion à la mairie. Ses deux parents accompagnaient Cédric, après l’avoir vêtu comme pour un mariage et soigneusement coiffé ses cheveux blonds, pendant que Céline gardait Carine, la benjamine. Le garçon aimait bien la mairie de son quartier. Il avait toujours l’impression d’entrer dans un château lorsqu’il y mettait les pieds. Cette fois ne fut pas différente des autres et il se sentit particulièrement important lorsque ses parents le firent entrer dans la salle de réunion qui leur était dévolue.

La pièce lui paraissait immense, avec ses grandes fenêtres, son estrade, le vieux parquet poli et grinçant et les chaises en partie occupées d’adultes et d’enfants. « Oh, tiens, regarde Cédric : il y a Stéphanie là-bas, s’exclama sa mère en désignant une fillette aux cheveux châtains.
– Allons les rejoindre ! » Renchérit son père qui s’entendait bien avec Marc Couture, le père de Stéphanie.

Cédric se retrouva entre sa mère, qui s’était assise près de madame Couture, et son amie, tandis que les pères s’assirent de l’autre côté de la petite fille. « Tu ne trouves pas que c’est bizarre ? Chuchota Stéphanie au garçon une fois assurée que les parents ne les écoutaient pas.
– De quoi ? S’enquit le garçon toujours enchanté d’assister à une réunion à laquelle même Céline n’avait pas participé.
– Il n’y a pas les autres de la classe, lui expliqua son amie en roulant des yeux. Normalement il devrait y en avoir d’autres. »

Cédric parcourut l’assemblée du regard. Presque toutes les chaises étaient occupées, ce qui signifiait qu’il ne manquait plus grand monde. Et, effectivement, il n’y avait pas d’autres personne de leur classe, à part Henry. Cédric laissa échapper une grimace ; il ne l’aimait pas. Il ne le disait pas trop, parce qu’Henry avait le malheur d’être orphelin et cela paraissait assez mal vu de ne pas apprécier un orphelin. Il fallait au contraire se montrer compréhensif envers lui.

Mais Cédric n’arrivait pas à le trouver sympathique. Il se contentait donc de l’éviter, ne sachant trop comment il devait se comporter avec lui. Henry était un enfant brun à lunettes et plutôt discret. Il était accompagné d’une vieille tante acariâtre qui regardait tout le monde avec un air pincé. Malgré sa discrétion, le jeune Henry se retrouvait souvent au milieu des bêtises provoquées à l’école mais en était rarement puni, certainement parce qu’il n’avait plus de parents. Cela avait le don d’irriter Cédric, qui ne trouvait pas cette situation entièrement juste.

Comme s’il avait deviné que Cédric pensait à lui, Henry tourna la tête dans sa direction, provoquant un éclair avec le verre de ses lunettes, et lui adressa un sourire. Le garçon blond répondit machinalement, avant de reporter son attention sur Stéphanie qui attendait son verdict. « Peut-être que Lucas est en retard ? Suggéra Cédric.
– Peut-être, oui, mais il en manque beaucoup d’autres… »

Les deux amis n’eurent pas le temps de faire plus de suppositions. Un homme et une femme qui arboraient des airs importants venaient de faire irruption dans la salle. Pendant que l’homme fermait la porte, sa collègue était déjà sur l’estrade en train d’adresser un regard inquisiteur à l’assemblée devant elle.

« Bienvenue mesdames et messieurs, leur lança-t-elle sans préambule. Vous êtes ici parce que vos enfants vont entrer au collège. » Il y eut un murmure d’assentiment dans la salle, pendant que l’homme qui avait fermé la porte rejoignait l’estrade. « Je suis madame Dumoulin, la directrice du collège des Alouettes, de l’autre côté du miroir, et voici monsieur Morin, le directeur de l’établissement complet qui regroupe le collège et le lycée. »

« Mais ce n’était pas madame Lapierre la directrice du collège ? S’étonna en murmurant pour elle-même la mère de Cédric. Céline ne m’a pas dit qu’elle avait changé.
– En tous cas, les papiers du collège ont gardé le nom de madame Lapierre, précisa la mère de Stéphanie toute aussi interloquée.
– Certains d’entre vous sont peut-être surpris de nous voir en tant que directeur et directrice, lança madame Dumoulin comme si elle savait ce qu’il se passait dans les têtes de tout le monde. C’est parce que nous ne sommes pas directeurs du collège des Alouettes, mais du collège des Alouettes de l’autre côté du miroir. »

Un silence perplexe régna quelques secondes, pendant lesquelles les parents et enfants essayaient de comprendre ce qu’elle voulait dire par là. « Qu’est ce que cela veut dire de l’autre côté du miroir ? S’enquit sèchement la tante d’Henry.
– Cela signifie que notre établissement est le miroir du collège des Alouettes, intervint le directeur Morin d’une voix douce mais ferme. Il accueille des élèves dotés de capacités… particulières. »

Un brouhaha d’inquiétude s’éleva dans la salle. « En quoi nos enfants sont-ils particuliers ? Lança le père de Stéphanie d’une voix forte.
– Ils ont la possibilité de devenir des pratiquants de la magie, expliqua monsieur Morin. Cela a été détecté lors de leur test d’entrée au collège, c’est pourquoi nous avons organisé cette petite réunion : pour vous informer de l’entrée de vos enfants dans un collège dévolus aux magiciennes et magiciens. »

Un silence lourd se fit, pendant lequel les parents essayaient de déterminer s’il s’agissait d’une plaisanterie. Comme personne ne surgissait en criant « Caméra cachée ! » et que madame Dumoulin et monsieur Morin paraissaient particulièrement officiels, ils commencèrent à échanger des regards interrogateurs les uns avec les autres et à peser les propos qu’ils venaient d’entendre.

« Du coup, nos enfants ont des pouvoirs magiques ? Vérifia une maman.
– C’est tout à fait cela, confirma madame Dumoulin.
– Mais, c’est une blague ? Osa un papa.
– Pas le moins du monde, assura monsieur Morin.
– Hmpf et si, dans l’hypothèse où vous ne nous racontez pas de fariboles, commença la mère d’une fillette blonde au visage doux, nos enfants sont-ils obligés d’aller dans votre établissement ? »

Le directeur et la directrice échangèrent un regard entendu. « Ce n’est pas vraiment que vous êtes obligés, précisa madame Dumoulin. Mais vos enfants risquent gros si personne ne leur apprend à canaliser leurs pouvoirs magiques.
– Gros comment ? S’inquiéta le père de Cédric.
– Avez-vous déjà entendu parler de cas de combustion spontanées ? Demanda monsieur Morin. Parce que c’est le genre de chose qui peut arriver. »

Une vague d’inquiétude parcourut l’assemblée. Cédric surprit les regards de ses deux parents qui le fixaient d’un air pensif. Les parents de Stéphanie couvaient leur fille du même regard. Personne ne semblait vraiment savoir comment réagir. Le garçon et son amie s’entre regardèrent : ils avaient du mal à croire qu’ils étaient des magiciens. Cédric ne se souvenait pas d’avoir déjà fait de la magie.

« Hum, reprit la maman de la fillette douce et blonde, et au niveau des études, votre éducation offre quels débouchés ? Et est ce qu’il est possible d’avoir des équivalences avec des établissements normaux par la suite ? Ou alors, serait-il possible de faire un programme accéléré d’appropriation des pouvoirs magiques pendant l’été, pour reprendre un cycle normal dès la rentrée ?
– Non, balaya monsieur Morin. L’étude de la magie est un sujet vaste qui ne peut, en aucun cas, être maîtrisé pendant deux mois d’été.
– Mais ma fille est surdouée, vous savez, précisa la mère.
– Ce n’est quand même pas possible, insista le directeur. En revanche, nous sommes en lien direct avec l’Education Nationale et je peux vous assurer que des équivalences sont possibles pour des élèves qui voudraient par la suite faire des carrières non magiques. »

N’ayant plus rien à demander, la mère de la fillette blonde se tût. Cédric était prêt à parier qu’elle cherchait autre chose à dire. Pendant ce temps, dans la salle, le brouhaha enflait de nouveau. Les parents étaient tous en grande discussions entre eux au sujet de cette école de magie dont ils n’avaient jamais entendu parler et que c’était une honte que le gouvernement dissimule des informations pareilles.

Les directeurs rétablirent le silence et ils entreprirent d’expliquer comment se déroulait la scolarité des élèves magiciens. Cédric estima que cela ressemblait beaucoup à la vie de collégien telle que la lui avait décrite sa sœur Céline, sauf pour les matières. Celles-ci ne se nommaient pas histoire-géographie, français, mathématiques ou anglais, mais plutôt [équivalents à trouver en rapport avec la magie, et puis les langues vivantes et les langues mortes pour la magie etc, comme mathémagiques par exemple].

La mère de la fillette blonde se présenta finalement comme madame Legrand et elle posa des questions sur chacune des matières. Et ce, jusqu’à ce que madame Dumoulin lui dise qu’il n’était pas nécessaire des les interrompre sans cesse, puisqu’ils allaient distribuer un fascicule d’informations à l’issue de la réunion. Madame Legrand afficha la même tête que si elle avait croqué dans un citron, mais se tint silencieuse jusqu’à la fin de l’exposé.

Cédric tourna la tête vers Stéphanie qui se penchait vers lui. « Il y a trente quatre enfants en plus de nous, chuchota-t-elle. Nous allons être dans de toutes petites classes !
– Comment tu le sais ? S’étonna le garçon.
– Parce qu’ils ont dit que nous allons être répartis dans trois classes. Et nous sommes trente six, ce qui fait que nous serons des classes de douze. »

Son ami hocha la tête. Il ne savait pas pourquoi Stéphanie tenait autant à tout le temps savoir combien ils étaient et qui ils étaient. A chaque début d’année, elle était toujours la première à se souvenir des prénoms et noms de leurs camarades. Elle retenait même l’ordre de l’appel de début de classe. Lorsque Cédric lui avait demandé pourquoi elle faisait cela, elle avait haussé les épaules et lui avait répondu « On ne sait jamais ! » Il s’était alors demandé si elle le savait elle-même. Le garçon se posait encore la question alors qu’il la regardait scruter leurs futurs camarades avec attention.

Tandis que son amie s’absorbait dans une étude approfondie des autres enfants, Cédric se pencha vers sa mère pour lui chuchoter : « Maman ?
– Oui mon chéri ?
– C’est vrai que… Que je suis un magicien ?
– Et bien… Hésita madame Berger. Il s’avère que quelques petites choses étranges ont eu lieu quand tu étais petit.
– Ah bon ? S’étonna le garçon blond.
– Oui, disons que tu générais beaucoup d’électricité statique, surtout quand tu étais contrarié. »

 

2132 mots pour aujourd’hui ! Comme vous l’aurez remarqué, cette fois j’ai l’impression que je vais vraiment réussir à faire un roman jeunesse !