NaNoWriMo 2017 : À l’École de l’Autre Côté du Miroir, jour 12

Après les explications de Jérémy, un grand silence se fit. Matéo s’était rendormi, bercé par l’histoire. Stéphanie et Valentine étaient serrées l’une contre l’autre, enveloppées de l’édredon. Adossé sur la tête du lit, Cédric digérait les informations qui collaient beaucoup trop bien à son rêve pour ne pas le mettre mal à l’aise. Il leva les yeux sur ses amis qui le considéraient avec inquiétude et compassion.

« Je ne sais pas quoi faire, leur avoua-t-il.
– Nous non plus, confessa Stéphanie au nom des autres. Et je sais même pas si un adulte serait capable de nous aider dans cette histoire. Il en parlerait à d’autres adultes et ils feraient des réunions tous ensemble et ils t’enfermeraient probablement quelque part pour te protéger. »

Cédric savait que son amie n’avait pas une grande estime pour les adultes. Ce qui n’empêchait pas que ses propos sonnait vraiment justes à ses oreilles : cela ressemblait vraiment à ce que feraient des adultes. Pourtant il n’avait pas d’autre choix. Tout seul il ne pouvait rien contre une confrérie de quatre grands mages. Et puis pourquoi en avaient-ils après lui ? Il était peut-être un futur maître du brouillard, mais il ne savait même pas commander correctement à sa brume.

« Il va falloir réfléchir à un plan, déclara Jérémy avec combattivité.
– Et en attendant d’en trouver un, intervint Valentine de sa voix douce, je pense que nous devrions suivre les cours de défense magique avec Cédric.
– Pour quoi faire ? S’étonna Matéo qui s’était de nouveau réveillé.
– Pour pouvoir l’aider à se défendre contre cette Confrérie des Cinq, bien sûr, expliqua Stéphanie.
– Mais ce n’est pas une obligation si tu ne veux pas, hein, précisa Valentine.
– C’est une excellente idée ! » S’exclama Jérémy en sautant sur son lit pour arriver en station debout.

Ils furent interrompus dans leur élaboration de plan par le père de la famille Rivière qui les appelait : « Hé ho ! Là haut, je vous entends ! Vous pouvez venir prendre votre petit déjeuner ! » Trouvant que c’était une bonne idée, les cinq enfants se précipitèrent au rez de chaussée pour manger. [trouver des trucs à manger typiques]

Leur petit-déjeuner fut interrompu par la porte de la cuisine qui s’ouvrit brusquement sur l’extérieur. Une femme entra, accompagnée d’un loup gris clair et se défit de son ample manteau en soufflant. « Maman ! » S’exclamèrent Jérémy et ses sœurs en chœur, avant de se jeter au cou de madame Rivière, tandis que les amis de son fils lorgnaient sur le loup qui lui arrivait à la taille. Ses longs cheveux bruns étaient striés de quelques cheveux gris et, enchantée, elle rit aux éclats sous les assauts d’affection de ses quatre enfants.

« Heureusement que vous êtes là les enfants ! S’exclama-t-elle. Les Belles Gens sont tellement guindés que je me demande comment ils font pour ne pas mourir d’ennui.
– Tu arrives juste à temps, la félicita son mari. Le petit-déjeuner est servi ! » Il poussa sa progéniture du passage pour accéder à son tour à sa femme. La mère de Jérémy se fit ensuite présenter les amis de son fils et s’installa autour de la table pour manger avec tout le monde.

Après avoir englouti l’équivalent de deux petits-déjeuners en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, Isabelle Rivière soupira d’aise. « Je crois qu’avec toutes ces histoires, je vais devoir me rendre dans le monde sans magie la semaine prochaine. Les problèmes recommencent, j’en ai bien peur.
– La Confrérie des Cinq Eléments est vraiment de retour, tu penses ? S’enquit son mari.
– Oui, et toutes les hautes sphères en sont plus ou moins conscientes. » Elle flatta distraitement la tête de son loup, qui parut apprécier l’attention.

Cédric resta le nez dans son bol. Il avait l’impression de déranger tout le monde avec ses problèmes, alors qu’il n’en parlait même pas. En levant les yeux, il capta le regard de la mère de son ami qui le fixait d’un air pensif. Il fut soulagé lorsque Jérémy prit la parole. « Mais maman, ils veulent quoi la Confrérie des Cinq Eléments ? »

L’attention d’Isabelle Rivière passa de Cédric à son fils. « Comme tous les groupuscules du même acabit mon chéri. Ils veulent faire leur place dans ce monde et accumuler le plus de pouvoir possible.
– Mais ils n’étaient pas que quatre ? Continua innocemment Jérémy.
– Si, ils ont perdu leur maître du brouillard, confirma Isabelle. Ils en cherchent un autre pour compléter leur cercle élémentaire. Mais plusieurs royaumes se sont mis d’accord pour dissimuler Maîtresse Hildegarde, la dernière magicienne du brouillard. »

Elle jeta un discret coup d’œil en direction de Cédric. Stéphanie intervint à son tour : « Et à partir de quand on peut être considéré comme un maître du brouillard ?
– Il y a plusieurs façons d’être considéré en tant que tel, répondit la mère de Jérémy. Je me doute bien que vous vous inquiétez pour votre ami au catalyseur de brume, mais ne vous en faites pas : le collège est surveillé. Il n’y a pas que Cédric qui risque d’être approché par la Confrérie des Cinq Eléments.
– Et pourquoi ils veulent absolument avoir un maître du brouillard ? Continua Stéphanie.
– Pour plusieurs raisons. »

L’ambassadrice se redressa sur sa chaise et laissa échapper un rot qui fit pouffer ses enfants de rire. Comme si de rien n’était, elle expliqua : « Vous comprendrez très vite qu’avoir un cercle de mages ouvre de grandes possibilités. Certains des plus nombreux et puissants ont été capable de déplacer des montagnes. Littéralement. Bien sûr, les cercles de mages élémentaires se sont avérés les plus puissants, puisque leurs éléments sont au cœur même de la magie. Et il est généralement admis qu’un cercle de mages contenant des maîtres de tous les éléments est ce qu’il y a de plus efficace. Mais vous apprendrez toutes ces choses en cours de toutes façons ! »

Après la fin du petit-déjeuner, débarbouillage et habillage, les cinq collégiens se retrouvèrent à l’extérieur. Jérémy comptait leur faire visiter les alentours. Ils ne s’éloignèrent pas trop de la ferme. Il y avait déjà beaucoup de choses à voir et, de toutes façons, ils avaient beaucoup à discuter.
Cédric était un peu rassuré de constater une fois de plus que ses amis le soutenaient dans ses malheurs. La conversation avec la mère de Jérémy lui avait en revanche laissé des sentiments plus mitigés. D’un côté, il était fort aise de savoir que les risques à son propos étaient connus. D’un autre, il trouvait les adultes très naïfs s’ils pensaient vraiment qu’il n’était qu’une cible potentielle parmi d’autres.

Les discussions dérivèrent sur des sujets moins graves, comme certains professeurs qui les faisaient rire. Mademoiselle Dunoyer, notamment, était une star des expressions approximatives qu’ils trouvaient hilarantes. Elle était suivie de près par monsieur Curin-Cocon à l’enthousiasme inébranlable. Les soucis de Cédric s’estompèrent un peu en même temps que que la conversation changeait. A la fin de la journée, il riait autant que les autres, l’esprit léger.

Avec la fin de la journée arriva le terrible moment où chacun devait rentrer chez soi. Ils n’allaient pas pouvoir passer par le collège qui n’était pas accessible le week end. Le père de Jérémy les emmena donc, dans une charrette équipée de sièges rembourrés et tirée par des licornes, jusqu’à une ancienne fontaine qui datait de la période gallo-romaine. Monsieur Rivière leur raconta que certaines constructions antiques existaient dans les deux mondes et qu’elles servaient souvent de portails.

Ils le savaient déjà, puisque Jérémy leur avait expliqué pourquoi ils devaient donner rendez-vous à leurs parents à côté d’une fontaine gallo-romaine en partie en ruines. Seuls les parents de Valentine ne seraient pas présents ; ceux de Stéphanie avaient accepté de ramener la fillette blonde chez elle, sans savoir qu’ils couvraient ainsi la fausse excuse des deux filles.

 

Le reste du week end de Cédric se passa très tranquillement et dans une telle « normalité » qu’il en vint presque à se demander s’il s’était vraiment rendu chez Jérémy, ou si tout cela n’avait été qu’un rêve. Penser aux rêves lui rappela la Confrérie des Cinq Eléments et surtout, la morganez qui l’avait à la fois tellement fasciné et terrifié. Il repoussa donc ses idées noires et alla jouer à inventer des histoires avec ses sœurs.

Les jours suivants se déroulèrent sans que quoique ce soit de notable n’interfère dans la vie de Cédric. Ses amis l’ayant même rejoint pour les cours de défense magique, ne le laissant ainsi plus seul avec Henry, le garçon blond estimait que tout était pour le mieux. Il n’y avait que Matéo qui avait décliné de participer à ces cours supplémentaires, mais cela, les autres l’avaient pressenti. Le seul véritable point noir était que Cédric sentait toujours que quelque chose bloquait sa bonne maîtrise du brouillard.

La Toussaint arriva, avec son cortège d’halloween. La plupart des habitants du monde sans magie estimaient que toutes les histoires autour d’halloween – la Toussaint, ou Samhain selon les qualificatifs – n’étaient que superstitions. Cédric se sentait très fier de savoir qu’il n’en était rien. Le monde, le magique et le sans magie, était bel et bien plus près du royaume des esprits en cette nuit qui annonçait le début de la partie sombre de l’année.

La plupart des élèves du monde sans magie avaient frissonné à cette idée. Jérémy avait rassuré ses amis en leur expliquant que les esprits étaient très rarement dangereux. En général, ils se contentaient d’errer autour de l’endroit où la mort les avait pris et de quelques autres lieux qu’ils avaient bien connus de leur vivant ou qui avaient une signification particulière pour eux. Et, la plupart du temps, ils ne prêtaient aucune attention aux vivants.

Samhain – car il était encore appelé ainsi du côté magique du miroir – restait une affaire très sérieuse dans le monde magique. Comme il tombait un jour de semaine [à déterminer une fois qu’un calendrier aura été décidé], le jour en question devait être un jour de fête dans l’établissement. Chacune des classes de l’établissement avait un petit quelque chose en particulier à préparer pour aider, en vue des réjouissances.

La classe de Cédric devait élaborer

 

1699 mots pour aujourd’hui, ça fait peu pour un dimanche, mais le quota est rempli et l’honneur est sauf ! Et ça faisait longtemps que je ne m’étais pas arrêtée au milieu d’une phrase hahaha !

NaNoWriMo 2017 : À l’École de l’Autre Côté du Miroir, jour 5

Cédric trépigna intérieurement. Il n’avait pas très bien compris comment on décidait de son catalyseur et il était impatient de voir ce que le sien allait être. La magicienne fit signe à Matéo de s’approcher et lui donna une boîte en le prévenant de la tenir fermement. Le garçon obéit, elle se plaça face à lui et posa ses mains par dessus celles de Matéo. Ceci fait, elle lui dit de se concentrer sur ce qu’elle s’apprêtait à dire. Il hocha la tête pour indiquer qu’il avait compris et la magicienne se mit à psalmodier.

Une intense lumière immaculée s’échappa des ouvertures de la boîte et un violent souffle d’air enveloppa Matéo pendant quelques secondes. Lorsque la femme se tut, tout s’arrêta aussi brusquement que cela avait commencé. « Très bien, déclara la magicienne. Regardons à quoi ressemble ton catalyseur. » Elle ouvrit la boîte et fit signe au garçon de prendre le contenu. Il en sortit un objet qui ressemblait à une baguette magique et poussa un cri ravi.

« Vous avez vu ? J’ai une baguette magique ! S’écria-t-il.
– Il y a une recrudescence de la mode des baguettes magiques chez les élèves issus du monde sans magie ces dernières années, commenta la magicienne d’un ton neutre. Voyons voir quels vont être les catalyseurs de tes petits camarades. » Jérémy se posta fièrement devant elle. La femme lui donna la boîte et répéta l’opération.

Jérémy extirpa de la boîte une masse informe qui ressemblait à de la pâte à modeler, qui changeait de couleur et semblait essayer de changer de forme. Il jeta un coup d’œil incertain à la magicienne, comme s’il espérait qu’elle allait dire qu’il y avait eu une erreur. A la déception du garçon, elle se contenta d’afficher un sourire. « Un changeforme, voilà qui est original et qui marque autant ta polyvalence que ton indécision. » Commenta la magicienne. Jérémy ne savait pas s’il devait se réjouir.

Valentine eut un jeu de cartes ce qui était, selon la responsable des lieux, indicateur de son esprit complexe. La bonne femme leur précisa qu’en général, les magiciens n’obtenaient qu’une seule carte à jouer en guise de catalyseur ; les jeux complets étaient très rares. Stéphanie sortit ensuite une petite loutre de la boîte, ce qui provoqua l’attendrissement des autres, et la mention comme quoi la fillette était certainement très espiègle.

Cédric s’approcha enfin de la boîte et posa ses deux mains sur les côtés, comme il avait vu faire les autres. La magicienne réitéra l’incantation et souleva le couvercle. Seules quelques volutes de fumée en sortirent. « Ca n’a pas marché ? S’étonna le garçon.
– Si, répondit gravement la responsable des lieux en le gratifiant d’un étrange coup d’œil. Regarde mieux. »

En regardant autour de lui, Cédric constata que les volutes de fumée entouraient ses jambes. « Qu’est ce que c’est ? Demanda-t-il intrigué.
– Il semblerait que ton catalyseur de magie soit le brouillard lui-même, lui révéla la magicienne avec une pointe de déférence. Cela fait des dizaines d’années que cela n’était pas arrivé ! »

Ses camarades le contemplaient d’un air incertain, ne sachant ce qu’il fallait en conclure, sauf Jérémy qui avait carrément la bouche ouverte de stupéfaction. « Waaa ! Le brouillard comme catalyseur ! S’exclama-t-il. C’est tellement énorme ! Je suis trop jaloux, moi j’ai juste un bidule informe… » Il souleva son changeforme qui avait pris une teinte grise et essayait de faire des volutes. « C’est n’importe quoi. » Conclut-il en levant les yeux au ciel.

« Maintenant que vous êtes équipés, vous pouvez récupérer vos affaires et rejoindre madame Verone. » En disant ces mots, la magicienne leur désigna la porte. Les cinq camarades attrapèrent vivement leurs fournitures, les enfournèrent dans leurs sacs et, désormais bien équipés, ils sortirent de la longère.

Ils n’étaient pas les premiers à émerger dehors, où Cédric fut une nouvelle fois surpris par la lourdeur de l’air, ni les derniers. Les groupes de Belles Gens étaient déjà sortis et ils comparaient leurs catalyseurs. L’une – Birgit d’Othe – montrait fièrement son diadème qui consistait en un diamant sur son front, retenu par des lanières d’argent. Artus de Vertbois, lui, brandissait une épée flamboyante sous le regard désapprobateur de madame Verone, qui n’attendit pas longtemps avant de lui intimer de la ranger.

Les catalyseurs étaient très divers : la plupart étaient des objets et certains étaient des êtres vivants. Seul Cédric possédait un catalyseur élémentaire. Lorsque l’information se fraya un chemin parmi ceux qui étaient originaires du monde magique, même les Belles Gens vinrent entourer le garçon blond avec curiosité. « Quel est ton ancêtre affilié au Brouillard ? Lui demanda un certain Tiern.

– Mais voyons, comment veux-tu qu’il le sache ? Le rabroua Birgit. Il vient du monde sans magie et personne ne sait rien sur rien là-bas. »
A ce moment, le dernier groupe émergea de la longère, détournant brièvement l’attention des élèves de Cédric. Et, à son grand soulagement, madame Verone les appela à se mettre en rang pour retourner dans la salle de classe. Malgré la curiosité des élèves par rapport au garçon qui avait le brouillard lui-même comme catalyseur de magie, ils obéirent prestement.

En revenant à l’amphithéâtre, ils croisèrent la classe du Feu qui se rendait à son tour chercher ses fournitures scolaires. Une fois de nouveau installés dans la lumineuse salle de classe, les élèves ne purent s’empêcher de bavarder les uns avec les autres. A côté de Cédric, Valentine et Stéphanie avaient posé la loutre entre elles pour s’en occuper toutes les deux et étaient en train de lui chercher un nom.

Matéo et Jérémy s’étaient installés un rang devant. Matéo avait soigneusement posé sa baguette devant lui et l’admirait, les yeux brillant. Jérémy, quant à lui, s’était retourné vers Cédric. Il tenait son catalyseur informe à deux mains pour le lui montrer. « Franchement mon pote, qu’est ce que je vais faire de ça comme catalyseur ? » La pâte colorée essayait de tomber par terre mais son magicien glissait une main dessous à chaque fois pour l’empêcher de glisser au sol.

Cédric jeta un coup d’œil à la brume qui l’environnait paresseusement. Qu’allait-il faire, lui, avec son propre catalyseur ? Tout le monde avait l’air impressionné, mais il se sentait un peu déçu. En y réfléchissant, il ne savait pas ce qu’il aurait fait d’un jeu de cartes non plus. Pourtant, Valentine en paraissait satisfaite. Il décida de laisser une chance à son catalyseur brumeux.

Jérémy dut se retourner lorsque madame Verone demanda le silence. Elle leur distribua des agendas magiques et leur en expliqua le fonctionnement. Ils devaient écrire leur prénom et nom à l’intérieur pour que l’agenda se personnalise. Il contenait ainsi leur emploi du temps, une partie agenda proprement dite, un plan du collège, la liste des herbes courantes, celle des verbes irréguliers d’anglais et de magica, et une petite mappemonde du monde magique.

Leur professeur vit avec eux leur emploi du temps et leur montra comment leur agenda pouvait leur indiquer le lieu du prochain cours sur le plan du collège. Elle leur expliqua également qu’une fois que leurs devoirs notés seraient faits, il faudrait les cocher pour éviter les rappels de l’agenda. En recommandations, elle leur enjoignit aussi de bien amener leurs grimoires correspondant au cours.

Elle précisa enfin que, même si des plumes et de l’encre leur avait été fournis, les élèves originaires du monde sans magie pouvaient amener leurs stylos s’ils préféraient, mais que ces derniers ne se prêtaient pas aux sortilèges. Elle ajouta à ce propos que des casiers étaient prévus pour les élèves du monde non magique pour qu’ils puissent y ranger leurs fournitures afin de ne pas attirer l’attention. De plus, les fournitures magiques ne servaient presque plus à rien une fois passé le miroir.

« Notre réunion de pré-rentrée est donc terminée, déclara finalement madame Verone. Veuillez vous lever et vous mettre en rang, je vous raccompagne à la sortie. » Il y avait toujours autant de champignons qui détalaient sous leurs pas en se plaignant de leurs petites voix criardes. L’air était toujours aussi chargé d’énergie pour Cédric et il se demanda comment il allait pouvoir respirer en faisant du sport. Y avait-il du sport au programme d’ailleurs ? Il n’avait pas très bien fait attention aux noms des matières.

Le groupe des élèves du Brouillard s’arrêta aux portes du collèges. Là, les Belles Gens, Jérémy et quelques autres eurent l’autorisation de quitter l’établissement par le portail d’entrée. Cédric essaya de regarder l’extérieur du collège, mais il ne put apercevoir qu’une route pavée et quelques maisons en pierres avant que madame Verone les emmène jusqu’à la salle du miroir.

Elle les fit s’arrêter à l’extérieur, où se trouvaient les casiers, pour faire la répartition et qu’ils puissent ranger ce qui risquait de les encombrer dans le monde sans magie. Cédric vit que Valentine et Stéphanie gardaient un ou deux grimoires à emporter de l’autre côté et décida de faire de même. Il garda un livre intitulé La Biomagie en Première Année. Matéo, lui, ne garda rien, pas même sa baguette magique alors que tous les autres avaient conservé leurs catalyseurs.

Lorsqu’ils eurent terminé et que les élèves de la Terre firent irruption, madame Verone les fit entrer dans la salle du miroir. Les élèves de l’Air et de l’Eau se trouvaient déjà là et Michel, l’élève plus âgé chargé de la supervision du miroir pour la pré-rentrée, faisait déjà traverser les premiers arrivés. Le débit des élèves était très lent, ce que Michel semblait déplorer encore plus que lesdits élèves.

 

Quand Cédric émergea enfin de l’autre côté, il inspira un grand coup. Du côté sans magie, l’air était beaucoup moins chargé d’énergie, mais aussi beaucoup moins pur. Et il n’y avait plus de champignons râleurs non plus. Il fut interrompu dans ses pensées par un petit cri poussé par Stéphanie. « Qu’est ce qu’il y a ? S’inquiéta-t-il.
– Ma loutre ! » S’écria son amie au bord des larmes. Elle tendit ses mains dans lesquelles se trouvait une version en peluche de son catalyseur.

« Ne t’inquiète pas, la rassura Valentine. Elle ne peut pas être animée parce qu’il n’y a pas assez de magie ici.
– Oui, appuya Cédric. Regarde, on ne voit presque plus mon brouillard non plus ! » De fait, sous le soleil, le garçon ne distinguait plus du tout son filament de brume qui l’avait suivi presque toute la matinée. Il se demanda brièvement s’il n’aurait pas dû le laisser dans son casier comme Matéo l’avait fait avec sa baguette.

Ce dernier avait d’ailleurs disparu ; il avait déjà dû quitter l’enceinte du collège des Alouettes pour rentrer. Cédric et ses amies firent de même. En sortant, ils constatèrent que la mère de Valentine se trouvait là. Elle attrapa aussitôt sa fille pour se mettre à la questionner sur le contenu des cours à venir. Comme madame Legrand commençait à les interroger aussi, Stéphanie et Cédric battirent piteusement en retraite avec un regard d’excuse pour leur blonde amie, arguant qu’ils devaient rentrer chez eux.

Ce qu’ils firent.

En arrivant chez lui, le garçon aperçut tout de suite un mot de son père dans l’entrée : « J’ai du repartir au boulot plus tôt, il y a un tupperware pour toi au frigo. Ouvre un peu le couvercle et fais-le chauffer au micro-onde pendant deux minutes. Bisou mon magicien, papa. » Cédric laissa tomber toutes ses affaires sur place, enleva ses chaussures et se dirigea vers le réfrigérateur. Le petit mot lui avait fait prendre conscience qu’il avait une faim de loup.

Il mangea d’une traite et, rassasié, il récupéra ses affaires et fila avec dans sa chambre. Il devait être tranquille tout l’après-midi : ses parents travaillaient, sa petite sœur Carine était chez ses grands-parents et sa grande sœur Céline passait la journée chez une amie. Cela lui laissait tout le temps de digérer tranquillement la matinée qu’il venait de passer. Il s’assit sur son lit et extirpa La Biomagie en Première Année de son sac à dos ; il avait laissé son sac à bandoulière avec le symbole du brouillard dans son casier.

Le garçon ouvrit le livre au hasard et tomba sur divers schémas qui représentaient les flux d’énergie magique chez différents êtres vivants. Il feuilleta les pages et découvrit l’anatomie de la mandragore au chapitre des plantes et, plus intéressant encore, l’anatomie du centaure dans le chapitre des êtres sapiens. Cédric sourit. Le monde magique paraissait receler tout un tas de créatures intéressantes.

Il était plongé dans un chapitre de géomagie à propos de quelles roches se prêtaient le mieux à la construction de dolmens, lorsque l’interphone retentit. Le garçon décida de laisser couler, mais l’interphone persista. A la troisième sonnerie, Cédric consentit à se lever pour aller voir ce qu’il en était.

 

2115 petits mots pour aujourd’hui ! Quelle idée d’avoir décidé d’un catalyseur de magie personnalisé, hein ! Tsss.

NaNoWriMo 2017 : À l’École de l’Autre Côté du Miroir, jour 4

Les cinq professeurs principaux allèrent se placer au fond de la salle, prêts à récupérer leurs élèves. Pendant ce temps, madame Dumoulin sortit un long parchemin d’un range-parchemins qui pendait à sa ceinture en compagnie d’un trousseau de clefs imposant et dune sacoche en cuir. Elle le déroula, le parcourant de ses yeux qui semblaient tout remarquer. « Abraham Thomas ! » Appela-t-elle.

Il s’agissait de l’un de ceux qui venaient du monde sans magie. Il se leva, peu sûr de lui, maudissant certainement son nom de famille qui commençait par un a et l’exposait souvent à être le premier appelé par les professeurs. Un souffle de vent parcourut l’assemblée, prit une forme immaculée en tournoyant derrière le directeur et la directrice, puis matérialisa les même volutes blanches que sur la tenture qui symbolisait l’Air. « Tu feras partie de la classe de l’Air ; tu peux rejoindre monsieur Limael. » Lui indiqua madame Dumoulin.

Alors que le dénommé Thomas récupérait son sac à dos et se dirigeait vers le professeur désigné, Cédric remarqua que tous les professeurs tenaient verticalement leurs mains devant eux, l’une en face de l’autre, et qu’au centre tournoyait l’élément qui leur était attribué. Il ne prit pas le temps d’admirer les tours de magie car madame Dumoulin appelait l’élève suivant sur sa liste.

« Bars Morrigane ! » Un boudin d’eau serpenta sur l’estrade pour dessiner le symbole de la bannière de l’Eau et madame Dumoulin envoya l’élève issue des Belles Gens rejoindre monsieur Tani au regard déconcertant. Elle appela ensuite Bellamy Mathis, qui fut assigné à la classe du feu, de même que Benaceur Wissem qui était la petite fille qui avait trébuché en émergeant du miroir.

Le tour de Cédric – Berger – arriva rapidement et il se trouva être le premier à rejoindre la classe du Brouillard. Il était un peu déçu de se retrouver avec le professeur principal qui avait l’air le plus sévère. Madame Verone lui adressa un bref signe de tête alors qu’il rejoignait son rang. Le garçon lui adressa un sourire timide et assista avec intérêt à la suite de la répartition.

Après quelques attributions dans les cinq classes, le tour de Stéphanie – Couture – arriva bientôt. Au soulagement de Cédric, elle vint prendre place à ses côtés. Ils se topèrent dans les mains pour se féliciter, mais discrètement afin de ne pas s’attirer de regard réprobateur de leur professeure principale. « J’espère que Valentine sera avec nous, chuchota Stéphanie. Et Jérémy aussi, il a l’air gentil. »

Comme pour répondre à son souhait, le symbole brumeux s’éleva lorsque le nom de Valentine Legrand fut appelé. Les deux filles se collèrent aussitôt l’une à l’autre, provoquant un roulement d’yeux chez Cédric. Il se demandait ce qu’elles avaient bien pu faire pendant les vacances qu’elles avaient passé au même endroit qui les avaient rendues aussi fusionnelles.

Les rangs grossissaient à vue d’œil et, dans chacun, les Belles Gens paraissaient rechigner à se mêler aux autres. La tâche était malaisée pour eux, puisqu’ils étaient largement en sous-nombre par rapport à tous les humains des deux côtés du miroir. Cédric scrutait ces fés du coin de l’œil. Ceux qui s’étaient retrouvés dans la classe de l’Air paraissaient ravis et cherchaient l’approbation du professeur Limael. Ce dernier ne leur prêtait aucune attention et paraissait toujours perdu dans ses pensées, à la grande déception de ses élèves fés.

Le garçon blond sursauta en entendant appeler le nom de « Pichereau Henry ! » qui fut assigné à la classe du feu, au soulagement de Cédric. Quelques noms plus tard, madame Dumoulin clama : « Rivière Jérémy ! » L’élément de la Terre s’éleva derrière les directeurs. « Oh non ! » S’exclama Jérémy avant de porter ses mains à sa bouche, car il avait parlé tout haut sans s’en rendre compte. Il rougit, puis se rendit tout de même auprès de madame Dupont avec qui il parut entamer, en chuchotant, un débat animé.

La répartition des collégiens prit fin et les cinq éléments disparurent comme ils avaient apparu. Les deux directeurs leur souhaitèrent une dernière fois de passer une année studieuse puis les cinq professeurs principaux emmenèrent chacun leurs élèves dans une salle de classe, après les avoir mis en rang.

Les salles de classes en question se trouvaient dans un autre bâtiment situé à quelques mètres de là. En sortant à l’extérieur, Cédric fut de nouveau frappé par la lourdeur de l’air, chargé d’énergie. Il remarqua que Valentine avait même du mal à respirer. Le ciel paraissait plus bleu aussi et les feuilles plus vertes. En marchant, ils dérangèrent de gros champignons colorés, qui s’écartèrent de leurs pas en poussant des petits bruits aigus et offusqués.

En regardant autour de lui, le garçon constata que le collège était composé de plusieurs édifices ressemblant à des châteaux disséminés dans un immense parc. Il n’eut pas le temps de voir jusqu’où s’étendait le parc car le bâtiment où les menait madame Verone bloquait son champ de vision. Il avait juste pu apercevoir une rivière dans laquelle s’ébattaient des animaux qu’il n’avait pas réussi à identifier.

Les lourdes portes en chêne s’ouvrirent sur un geste pour laisser entrer les élèves de sixième du Brouillard, qui étaient suivis par ceux de la Terre. La sévère madame Verone les fit entrer dans une salle de classe. Cédric n’en avait jamais vu de pareille. Tout le côté donnant vers l’extérieur était percé d’immenses fenêtres à meneaux qui s’étiraient du sol au plafond, situé à six mètres au-dessus d’eux. En guise de bureaux, ils disposaient de longues tables vernies et disposées en petit amphithéâtre.

Ses amies Stéphanie et Valentine paraissaient enchantées du cadre, tandis que leur camarades Belles Gens affichaient un air blasé étudié. Tous les élèves s’éparpillèrent pour s’installer dans la salle. Ceux qui venaient du monde non magique avaient l’impression de se retrouver dans un cinéma lumineux. Avec des bureaux. Cédric se retrouva assis à la gauche de son amie brune, tandis que la blonde était installée à sa droite.

En bas de l’amphithéâtre trônait un immense bureau en pierre sculptée à la mode gallo-romaine, qui devançait un gigantesque tableau. « Un peu de silence s’il vous plaît. » Comme prévu, madame Vérone n’avait pas besoin de crier pour obtenir ce qu’elle demandait. Tous se turent aussitôt. « Bien, déclara la femme au chignon strict en hochant la tête d’un air approbateur. Comme vous l’aurez compris, je suis madame Verone, votre professeur principal. Je serai aussi votre professeur d’Histoire et Géographie. Quant à vous, vous faites… »

Elle fut interrompue par quelqu’un qui frappait à la porte. Pinçant les lèvres, elle alla ouvrir pour voir qui la dérangeait ainsi. En voyant madame Dupont, toujours surmontée de son chapeau bucolique, madame Verone la laissa entrer. Elle était accompagnée de Jérémy qui en profita pour faire de grands signes à Cédric et ses amies. Il s’arrêta immédiatement, contrit, en constatant que la professeure principale du Brouillard était en train de le fusiller du regard.

Les deux femmes s’éloignèrent pour échanger quelques mots à voix basse. Lorsqu’elles eurent terminé leur bref conciliabule, madame Verone s’éclaircit la voix. « Avant de commencer, nous avons là un élève qui souhaiterait faire un échange avec la classe de la Terre. Est ce que ça intéresserait quelqu’un ici ? » Un brouhaha s’éleva dans la salle. Finalement, une fille leva la main. « Je veux bien échanger ! »

Elle récupéra son sac, se leva pour descendre de sa place et suivit madame Dupont à l’extérieur. « Très bien, déclara madame Verone. Rivière, vous pouvez… » Elle fit un arrêt en constatant que Jérémy était déjà installé à côté de Cédric. « Aller vous asseoir, termina-t-elle tout de même. Avant cette interruption, je disais donc que vous faites à présent partie de la classe du Brouillard. »

Elle se tut, le temps de faire s’élever quelques volutes de brume. « Tous les ans, des élèves issus du monde non magique me demandent en quoi le brouillard fait partie des Eléments primordiaux de la magie. C’est très simple : c’est l’Elément dont sont issus les quatre autres. Vous verrez tout cela plus précisément en cours, ne vous inquiétez pas. Nous sommes la première classe à aller chercher les fournitures scolaires, donc je n’ai pas le temps de m’étendre sur le sujet. Mais nous avons le temps pour quelques questions, si vous en avez. »

Les élèves échangèrent des regards. Ceux du monde sans magie, notamment, se disaient qu’ils avaient tout un tas de questions à poser, mais ils ne savaient pas par où commencer. Un garçon plus grand que la moyenne, qui faisait partie de ceux présents à la réunion à la mairie, leva la main. « Rappelez-moi votre nom ? Lui enjoignit madame Verone.
– Matéo Grièche, répondit docilement le garçon.
– Très bien monsieur Grièche, quelle est votre question ?
– Je voulais savoir si nous allions avoir une baguette magique. »

La professeure d’Histoire-Géographie pinça brièvement les lèvres. « Peut-être, répondit-elle. Vous allez avoir un catalyseur pour votre magie, ça c’est sûr, mais tous les magiciens n’utilisent pas une baguette comme catalyseur. Je sais que certaines idées sur la magie ont la vie dure de l’autre côté du miroir et cela a tendance à influer sur votre façon de l’appréhender. Essayez d’oublier tout cela ! Votre catalyseur dépendra de vous et non de vos idées reçues. »

Matéo hocha la tête et se le tint pour dit. « D’autres questions ? Proposa madame Verone. Non ? Très bien, dans ce cas je vous invite à vous mettre en rang devant la porte et nous nous rendrons à la réserve pour aller chercher vos fournitures. » Les élèves obéirent immédiatement, et descendirent de l’amphithéâtre dans un joyeux tapage.

« Moi je voudrais un bourdon comme catalyseur, décréta Jérémy.
– Un bourdon comme l’insecte ? S’enquit Stéphanie.
– Non, comme le bâton d’archimage, expliqua fièrement le garçon enthousiaste. Ou alors, peut-être que ça serait mieux si j’avais un catalyseur discret, comme un bout de ficelle ou un dé. Mmmh, peut-être pas un dé, je risquerai de le perdre. Et puis la ficelle risquerait d’être jetée par inadvertance. Ohlàlà c’est trop dur de choisir ! »

Les trois autres échangèrent des regards perplexes. « C’est nous qui choisissons notre catalyseur ? Demanda Valentine.
– Non, lui apprit Jérémy. Mais ça fait des années que j’essaie d’imaginer ce que ça sera ! » Malgré que les trois originaires du monde sans magie avaient moult questions pour leur enthousiaste compagnons, ils durent se taire suite à une remarque sèche de madame Verone.

Elle leur fit quitter le bâtiment et traverser une partie du parc en direction d’une petite longère en contrebas. Ils dérangèrent d’autres gros champignons colorés, qui faisaient beaucoup rire Valentine et Stéphanie, et passèrent à côté de la rivière où de petits animaux étaient toujours en train de jouer. « Qu’est ce que c’est que ces machins là ? S’enquit Cédric.
– Ce sont des loutres ! S’exclama son amie brune avec un rire ravi.
– Laissez les loutres tranquilles et continuez. » Intervint madame Verone, car d’autres élèves s’approchaient des petits animaux pour essayer de les caresser.

En arrivant près de la longère, Cédric se demanda comment ils allaient tous pouvoir entrer à l’intérieur. Comme l’avait dit Stéphanie, ils étaient [insérer le nombre adéquat ici et le faire dire à Stéphanie à un moment] et cela paraissait être un bien grand nombre pour tenir dans une si petite réserve, estimait-il. « Tu penses qu’elle va tous nous faire entrer en même temps ? Demanda-t-il à Jérémy.
– Je ne sais pas, avoua celui-ci. Mais ne te fie pas à la taille du bâtiment ! Quand j’étais petit, la cantine avait l’air d’un placard vu de l’extérieur, mais c’était une vraie cantine où tous les élèves pouvaient manger en même temps. »

Le garçon brun du monde magique avait une bonne suggestion du point de vue de Cédric, mais madame Verone les prévint qu’ils ne pourraient y entrer que par groupe de cinq au maximum. Jérémy, Valentine, Stéphanie et Cédric furent rejoints par Matéo, qui avait voulu se regrouper avec un groupe de quatre Belles Gens mais n’avait pas été accepté. La professeure d’Histoire-Géographie envoya un premier groupe dans la longère.

Une fois que la porte se fut refermée sur eux, elle appela le groupe de Cédric. « Déjà ? Lâcha celui-ci sans se rendre compte qu’il avait parlé tout haut.
– Et oui, confirma madame Verone avec un imperceptible sourire en coin. Entrez donc. » Et elle leur ouvrit la porte pour les pousser à l’intérieur.

En entrant, ils ne virent pas de signe du groupe précédent. Ils n’eurent pas le temps de s’en étonner qu’une magicienne enveloppée leur souhaita la bienvenue, avec un sourire maternel, de derrière un comptoir en pierres surmonté d’une planche de bois polie. Etant donné la petitesse des fenêtres, il aurait dû faire sombre dans la pièce, mais des boules lumineuses flottaient partout, éclairant le tout d’une douce luminosité.

Et, finalement, l’intérieur était aussi beaucoup plus spacieux que ce qu’il semblait de l’extérieur, comme l’avait suggéré Jérémy. Plus spacieux et particulièrement encombré de tout un tas d’objets divers et variés qui allaient du gigantesque chaudron d’apparat à la plume de colibri en passant par tout ce qui était imaginable. Les quatre enfants issus du monde sans magie étaient ébahis.

« Je suppose que vous êtes là pour vos fournitures scolaires, leur dit la responsable des lieux en leur lançant un regard amusé.
– Oui, acquiesça Cédric pendant les autres confirmaient d’un hochement de tête. Où sont les autres ?
– Les autres ? Répéta la bonne femme. Oh, oui, ils doivent être dans les autres étages de la réserve. Nous disposons de cinq étages ! [à vérifier plus tard] Mais ne tardons pas, nous avons beaucoup de choses à voir ensemble. »

Elle alla fourrager dans un coin de la pièce et leur amena cinq petits chaudrons en marmonnant pour elle-même « … de vingt centimètres pour les devoirs… Et puis les petites louches en cuivre qui vont avec… Un assortiment d’herbes et de composants pour débutant chacun, et le produit d’entretien aussi… » Elle leur amena également des petites balances et de minuscules couteaux d’argent « Uniquement pour les préparations magiques, attention ! Ce ne sont pas de simples couteaux, alors prenez garde ! »

Une fois assurée qu’ils avaient compris sa mise en garde, elle leur donna aussi de petites lots de fioles « Attention, c’est fragile, ne les sortez pas de leur compartiment sauf si un professeur vous le demande ! » Ce qu’elle leur répéta en leur donnant de petites boules de cristal. La magicienne continua avec une collection de grimoires pleins de connaissances et de parchemins vierges, des plumes pour écrire avec leurs encriers et tellement d’autres objets que les enfants impressionnés se demandaient comment ils allaient pouvoir transporter tout ce fourbi.

Comme pour répondre à leur question informulée, la responsable des lieux leur apporta de grandes besaces en cuir à porter en bandoulière. Un grand symbole du Brouillard ornait les rabats des sacs. « Tout le monde les utilise maintenant, mais ces sacs sont des bijoux de magie ! Vous pouvez mettre trois fois le volume apparent à l’intérieur et ils ne pèseront pas plus lourd, leur expliqua-t-elle. En revanche, votre chaudron risque d’être trop encombrant. Il vaut mieux le fixer à l’extérieur. » Joignant le geste à la parole, elle leur montra comment fixer la anse du chaudron à la lanière du sac.

« Maintenant, le plus important pour votre vie de magiciens ! Les catalyseurs de magie ! »

 

2553 mots pour aujourd’hui. Ça fait peu pour un week end, mais c’était long de déterminer des noms !

NaNoWriMo 2017 : À l’École de l’Autre Côté du Miroir, jour 3

Ils émergèrent dans une salle similaire à celle qu’ils venaient de quitter, sauf qu’elle était peuplée de chaises rembourrées et tapissées de velours vermeil. Sur ces chaises étaient assis des élèves un peu perdus. De grandes fenêtres à meneaux laissaient entrer le soleil à flot et les rayons éclairaient de lourdes tentures colorées, pendues le long des murs. L’air paraissait lourd à respirer pour Cédric, lourd et plein d’énergie. Un jeune mage aux cheveux crépus leur adressa un sourire crispé et leur indiqua d’aller s’asseoir.

Stéphanie lâcha brusquement son ami : les mains du garçon s’étaient mises à crépiter d’électricité statique. « Ne t’inquiète pas, ça va passer. » Intervint une voix douce. Valentine avait fait irruption à côté d’eux et leur adressait un sourire lumineux. Elle avait attaché son abondante chevelure blonde en queue de cheval, mais certains cheveux se relevaient pour flotter tous seuls. « L’air est différent ici, continua-t-elle.
– J’ai vu ça ! » Acquiesça Stéphanie en attrapant Valentine pour une brève et joyeuse embrassade.

Les trois allèrent ensuite s’assoir sur les chaises qui étaient, sans aucun doute, les chaises les plus confortables sur lesquelles ils avaient eu l’occasion de s’asseoir. En regardant autour de lui, Cédric aperçut Henry, quelques rangs plus loin. Le garçon brun avait les cheveux redressés en bataille à cause de l’électricité statique et il remontait nerveusement ses lunettes sur son nez en jetant des coups d’œil curieux autour de lui.

D’autres élèves arrivaient par le miroir derrière eux, mais quelques uns arrivaient par la porte. « Je crois que nous allons être plus que ce que je pensais, mentionna songeusement Stéphanie en suivant son regard. Je n’avais pas compris que des gens vivaient de ce côté-ci.
– Moi non plus, appuya Valentine. Regarde ceux-là. »

Elle désignait un petit groupe de personnes au teint diaphane et vêtus comme des nobles du moyen-âge, qui toisaient les arrivants du miroir avec un air dédaigneux. « Ne faites pas attention à eux, lança un garçon brun qui s’assit à côté de Cédric. Ils regardent tout le temps tout le monde de haut.
– Qui sont-ils ? S’enquit curieusement Stéphanie.
– Ils se font appeler les « Belles Gens », répondit le garçon. Mais ils sont toujours méchants avec tous ceux qui ne sont pas comme eux. C’est à dire nous et tous les autres du peuple des fés.
– Il y a d’autres fés qui vont étudier avec nous ? Demanda Cédric.
– Peut-être, mais à part les Belles Gens, ils sont rares à vouloir étudier la magie.
– Comment sais-tu tout ça ? S’étonna Stéphanie.
– J’habite de ce côté ! Expliqua fièrement le garçon brun. Je m’appelle Jérémy. »

Les trois se présentèrent à leur tour, mais un bruit de chute interrompit leur discussion. Ils se retournèrent vers le miroir. Une fillette brune, aux cheveux frisés et plus petite que la moyenne, avait trébuché sur le cadre en entrant. Le jeune mage qui faisait l’accueil l’aida à se relever et elle fila s’asseoir en baissant la tête pour éviter les regards moqueurs. Les sièges de velours vermeil étaient presque tous occupés à présent.

Les portes de la grande pièce s’ouvrirent toutes seules. La directrice du collège, madame Dumoulin, et le directeur de l’établissement, monsieur Morin, firent irruption dans la salle. Ils n’étaient plus vêtus d’un tailleur ni d’un costume, mais de vêtements similaires à ceux des Belles Gens. Ils étaient suivis de cinq autres adultes habillés de la même manière, deux femmes et trois hommes.

L’une des femmes, vêtue de brun, portait un chapeau improbable, à larges bords et sur lequel une maquette de paysage bucolique était fixée. Alors qu’elle passait près de lui, Cédric remarqua que la rivière semblait véritablement faite d’eau courante. Il ouvrit des yeux ronds en apercevant une volée d’oiseaux de la taille d’un demi grain de riz s’envoler d’un arbre pour aller se regrouper de l’autre côté du chapeau, dont le centre formait une montagne.

L’autre femme possédait un accoutrement beaucoup plus strict, uniformément gris. Ses cheveux étaient rassemblés en un chignon lisse d’où ne s’échappait pas la moindre mèche. L’un des hommes, quant à lui, paraissait plus âgé que ses collègues, avec ses cheveux et sa barbe poivre et sel qui tendaient fortement vers le sel. Il portait une tunique orange et des bottes dépareillées. En passant, il adressait un sourire jovial aux élèves.

Les deux autres hommes étaient plus discrets. L’un habillé de bleu et au regard océan tellement profond qu’il en était dérangeant et l’autre paré de blanc et à l’air rêveur. Ce dernier paraissait faire partie des Belles Gens ; il arborait le même teint diaphane et marchait d’un pas particulièrement léger.

Une fois les cinq adultes montés sur l’estrade qui faisait face à l’armée de chaises rembourrées, la directrice parcourut l’assemblée d’un regard acéré. « Tous les élèves du côté non magique sont arrivés. Michel, tu peux fermer le miroir. » Le jeune magicien obtempéra et activa un levier. Une porte à double battants apparut et claqua sur le miroir. « Les élèves de ce côté ci sont présents également, continua madame Dumoulin. Fort bien. Nous allons pouvoir commencer. »

Le directeur de l’établissement s’avança alors à son tour, tandis que sa collègue lui laissait la place. « Chers élèves, je vous souhaite la bienvenue au sein du collège de magie des Alouettes. J’espère que vous allez passer une excellente et studieuse année auprès de vos professeurs. Ils vous encadreront de leur mieux et vous partageront leur érudition ainsi que leur savoir faire. Pour la majorité d’entre vous, vous ne connaissez pas encore la vie de ce côté du miroir, c’est pourquoi les sorties hors du collège seront sévèrement encadrées pour cette première année. De plus, nous ne pouvons pas vous laisser sortir par le miroir entre midi et deux ; les élèves du monde sans magie seront donc tous demi-pensionnaires. Je compte sur vous pour vous conduire de manière exemplaire et faire la fierté du collège des Alouettes. Je rends maintenant la parole à votre directrice.
– Merci monsieur Morin. »

Madame Dumoulin reprit place devant les élèves et leur expliqua : « Le matin, les cours commenceront à huit heures. Vous serez donc priés d’arriver au plus tard dix minutes avant. Les élèves de ce côté entreront par la grande porte et les élèves du monde sans magie entreront par ce miroir derrière vous. Je suis désolée pour lesdits élèves du monde sans magie, mais ils devront attendre jusqu’à dix-huit heures pour pouvoir quitter l’enceinte du collège. Sinon ils attireraient trop l’attention. Vous pourrez mettre ce temps à profit pour faire vos devoirs, notamment ceux que vous n’aurez pas l’occasion de faire dans le monde sans magie. Qu’est ce qui vous fait rire là-bas ? »

Les gloussements provenant des Belles Gens se turent instantanément sous le regard dur de la directrice. Certains affichèrent même une mine déconfite. « Je compte sur les élèves originaires de ce côté pour aider leurs camarades à se faire au monde magique. » Continua-t-elle. Jérémy leva le pouce à l’intention de Cédric, Stéphanie et Valentine avec un sourire fier, l’air de dire qu’ils pouvaient compter sur lui. « Vous allez être répartis en cinq classes [changer ça au début, avec le changement du nombre d’élèves etc] qui correspondent chacune à l’un des cinq éléments de base de la magie. »

Madame Dumoulin leur indiqua les tentures qui symbolisaient chacune un des cinq éléments. « Nous aurons la classe de l’air, de l’eau, du feu, de la terre et du brouillard. » A la mention du brouillard, Cédric, Stéphanie et Valentine échangèrent un regard surpris. Ils n’avaient jamais entendu parler du brouillard comme élément. Ils se seraient plutôt attendus à l’électricité ou le métal par exemple. Ils n’eurent pas l’occasion de poser la question à Jérémy car la directrice continuait son discours.

« Concernant les fournitures scolaires, nous allons vous les fournir. À la fin de cette réunion, une fois que vous aurez été répartis dans vos classes et que vous aurez signé le règlement intérieur, nous vous ferons une petite visite de l’établissement. Puis vous vous rendrez à la réserve où l’on vous remettra ce dont vous aurez besoin pour commencer l’année. »

Madame Dumoulin continua de leur expliquer comment allait se dérouler leur scolarité, mais Cédric commença à décrocher. Voyant une ouverture, Jérémy lui lança en chuchotant : « Tu pourras me raconter comment c’est de l’autre côté ? Et moi je te dirai tout sur ici. » Le garçon blond acquiesça avec un sourire. « Comment vous faites sans magie ? Continua le brun à l’air jovial.
– On a plein d’outils pour nous aider, expliqua Cédric.
– Et… »

Jérémy s’était montré trop enthousiaste. « Dites donc, les deux là-bas, c’est moi qui parle, les reprit sévèrement la directrice. Cédric Berger et Jérémy Rivière, je vous tiens à l’œil. » Elle avait l’air particulièrement sérieuse et les deux garçons reconnurent là une personne avec qui il ne fallait pas plaisanter. Le fait qu’elle connaissait leurs noms ne leur paraissait pas de bon augure non plus.

Madame Dumoulin reprit ses explications en gardant son attention sur les bavards. Son regard acéré les quitta bientôt pour scruter le reste des élèves pendant qu’elle parlait. « Chaque classe aura son professeur principal, mais vous serez amenés à les voir dans certaines matières. Je vous présente donc madame Dupont, professeure principale de la classe de la Terre. » Déclara la directrice en désignant la femme au chapeau improbable.

« Madame Verone, professeure principale de la classe du Brouillard. » Continua-t-elle en présentant la femme en gris à la mine sévère. « Monsieur Haut-Castel, professeur principal de la classe du Feu. » Le vieil homme adressa un clin d’œil à l’assemblée. « Monsieur Tani, professeur principal de la classe de l’Eau. Et monsieur Limael, professeur principal de la classe de l’Air. Maintenant, nous allons procéder à la répartition des élèves dans les classes. Je vais vous appeler un à un et vous irez rejoindre le professeur que je vous indiquerai. Y a-t-il des questions ? »

Un silence tendu lui répondit. Tous les élèves se sentaient soudain envahis du trac de savoir à quel élément ils allaient être affectés. Cédric remarqua, avec une pointe de jalousie, que Stéphanie et Valentine se tenaient fermement la main l’une de l’autre, craignant sans doute d’être séparées. Le garçon blond non plus ne voulait pas être séparé de la seule amie qu’il connaissait dans cet étrange collège.

 

1707 petits mots pour aujourd’hui ; il y aura beaucoup de choses à arranger, mais l’univers commence à prendre forme dans ma tête. Et si vous vous demandez comment les enfants vont être répartis dans les différentes classes : je n’en sais rien du tout et c’est stressant !

NaNoWriMo 2017 : À l’École de l’Autre Côté du Miroir, jour 2

Cédric commençait à se sentir émoustillé à l’idée d’être un magicien. N’était-ce pas là le rêve de tout le monde ? Il avait été impressionné par la démonstration de monsieur Morin qui avait fait apparaître des flammes dans sa main et celle de madame Dumoulin qui avait ravivé une plante verte en berne dans un coin de la salle. Le garçon était impatient de pouvoir faire des tours aussi époustouflants. Il était d’ailleurs en train de se concentrer pour faire apparaître du feu dans le creux de sa paume mais, à sa grande déception, rien ne se produisit.

« Souvenez-vous, précisa le directeur, et là je m’adresse aux futurs collégiens, qu’il y a peu de chance que vous parveniez à pratiquer la magie de ce côté-ci du miroir avant au moins l’année prochaine.
– Pourquoi donc ? S’enquit madame Legrand d’un ton incrédule.
– Parce qu’il y a très peu de magie à utiliser de ce côté, expliqua patiemment monsieur Morin. Il est donc très difficile de la capter pour des débutants. Malheureusement, il y en a juste assez pour pouvoir provoquer des accidents si la magie n’est pas maîtrisée. »

La mère de la fillette blonde ne parut pas convaincue. Sa fille, sans doute excédée de faire ainsi remarquer, leva les yeux au ciel et chuchota à madame Legrand d’arrêter d’intervenir. Cédric se sentit compatissant envers sa future camarade. Pour le moment, son père n’avait rien dit, mais il semblait ne pas moins en penser. Il assistait silencieusement à la réunion, les bras croisés et un air sérieux sur son visage. Le garçon estima que monsieur Legrand attendait d’être rentré pour exposer son point de vue à sa femme et sa fille. Son propre père agissait parfois ainsi.

A la fin de la réunion, quelques parents restèrent à l’extérieur de la mairie pour discuter de ce qu’ils venaient d’apprendre. « Je ne suis toujours pas entièrement convaincu, déclara le père de Cédric.
– Je pense que tu devrais, lui dit la mère de Stéphanie. Il y a le logo du ministère de l’Education de partout sur ces papiers. Ca semble plutôt officiel !
– Oui, mais c’est un peu bizarre quand même, insista Jérôme Berger. La magie n’est pas réelle ! »
Cédric se désintéressa de la conversation : il était lui-même convaincu et vu que les papiers avaient l’air officiels, il se disait que ses parents finiraient par se rendre à l’évidence. Stéphanie paraissait être du même avis et entraîna son ami plus loin, à la rencontre de la fillette blonde qui s’était éloignée de ses parents qui discutaient avec animation. En les voyant arriver, elle leur adressa un sourire timide.

« Bonjour ! Lui souhaita Stéphanie. Quelle drôle de nouvelle, n’est ce pas ? Moi c’est Stéphanie et lui, c’est Cédric.
– Moi, c’est Valentine, se présenta la fillette blonde. Je crois que mes parents ne sont pas très contents que je sois une magicienne.
– Ce n’est pas comme si tu l’avais décidé, nota le garçon.
– De toutes façons, c’est ce que j’aurais décidé quand même, précisa Valentine en souriant. Ca a l’air intéressant d’être une magicienne !
– Je trouve aussi, s’exclama joyeusement Stéphanie. Je suis impatiente de commencer, mais il y a les vacances avant.
– Oui, acquiesça Cédric. Mais c’est quand même vachement chouette les vacances. »

Il était aussi impatient de partir voir l’océan que de devenir un collégien magicien. Les deux filles allaient aussi passer des vacances au bord de l’eau salée, mais pas au même endroit que lui. En revanche, ils découvrirent que Stéphanie et Valentine allaient se retrouver au même endroit, ce qui réjouit les concernées. Les trois enfants continuèrent de parler de leurs futures vacances, jusqu’à ce que leurs parents les appellent pour rentrer chez eux.

 

Les parents de Cédric restèrent silencieux et pensif pendant le trajet. Une fois arrivés chez eux, Céline et Carine les accueillirent joyeusement en demandant à quoi avait servi cette réunion. « Et bien, commença Anne Berger après avoir échangé un regard avec son mari, en fait Cédric ne va pas étudier au même collège que toi.
– Ah bon ? S’étonna Céline. Mais pourquoi ?
– Pourquoi ? Renchérit la petite Carine qui paraissait déçue de savoir qu’il était possible de ne pas fréquenter les mêmes écoles que son frère et sa sœur. »

Jérôme et Anne s’entre regardèrent encore, prirent une grande inspiration et expliquèrent à leurs filles que leur frère allait étudier dans une école spéciale. « Une école spéciale ? Répéta Céline. Pourquoi ?
– Il est pas assez intelligent pour aller dans une école normale ? Proposa Carine qui affichait une mine concernée du haut de ses sept ans.
– Si si, lui assura leur père. C’est juste qu’il a certaines capacités qui nécessitent une école particulière. »

Les deux sœurs hochèrent gravement la tête en signe d’acquiescement. Un peu gêné par le tour que prenait la conversation, Cédric intervint : « Mais c’est pas grave, hein ! Je vais faire de la magie, c’est super cool !
– Oooh, s’exclama la benjamine ravie. Moi aussi je veux faire de la magie !
– Euh, ce n’est pas vraiment quelque chose qu’on peut décider, balaya Anne. Nous verrons ça quand tu devras entrer au collège. »

Céline paraissait sceptique malgré les explications. Ne sachant comment réagir, elle resta silencieuse alors que Carine babillait et posait tout un tas de questions, dont certaines auxquelles ses parents et son frère eurent du mal à répondre. A un moment, Jérôme et Anne coupèrent la conversation, car la famille devait finir de préparer les bagages pour partir en vacances le lendemain matin.

[probable coupure de chapitre]

Les affaires de vacances venaient d’être rangées, l’océan n’était plus qu’un souvenir et Cédric était obnubilé par sa rentrée prochaine. Maintenant qu’elle était proche, il était de plus en plus curieux de savoir en quoi consistait la vie d’un collégien magicien. Quelque part au fond de lui, une petite voix inquiétante lui chuchotait que, si ça se trouve, ce n’était qu’une vaste blague.

Pour se rassurer, il demanda à ses parents s’il pouvait inviter Stéphanie à passer l’après-midi avec lui au parc public qui entourait la mairie. Ils acceptèrent, de même que ceux de son amie, à la grande joie des deux enfants. Le parc était proche des deux foyers et Cédric et Stéphanie s’y retrouvèrent quelques minutes plus tard.

« Il faut qu’on parle, décréta la fillette aux cheveux châtains.
– Je suis d’accord, approuva le garçon.
– J’en ai parlé à Valentine pendant qu’on était en vacances au même endroit et…
– Valentine ?
– Oui, tu sais, la fille blonde qui était à la réunion avec nous, celle avec la maman pénible, lui rappela Stéphanie.
– Ah, oui. Je me souviens !
– Et bien je lui parlais de Lucas qui, lui, va aller au collège des Alouette de ce côté. Et elle m’a demandé si on lui avait parlé du fait que toi et moi n’allions pas être avec lui.
– On a pas eu le temps, réalisa Cédric. Il ne sait pas que nous ne serons pas avec lui…
– Exactement. Sauf que je ne sais pas si nous devons lui en parler ou pas.
– Il risque de nous prendre pour des fous, c’est ce que la directrice a dit pendant la réunion. »

Les deux amis réfléchirent un instant à cette implication. Ni l’un ni l’autre n’avait très envie que Lucas les prenne pour des fous, mais ils n’avaient pas non plus envie de lui mentir. Le problème était épineux. « Il va voir que ni toi ni moi ne sommes là à la rentrée, déclara Stéphanie.
– Et il va nous en vouloir de ne pas lui avoir raconté, prophétisa sombrement Cédric. En tous cas, je pense que je nous en voudrais à sa place. »

Ils méditèrent encore un peu sur la question mais, ne sachant quelle décision prendre au sujet de Lucas, leur discussion dériva sur leur prochaine rentrée. La fillette s’inquiétait qu’ils n’aient pas reçu de liste des fournitures. Heureusement, Cédric avait la réponse : sa mère lui avait dit que le collège des Alouettes de l’autre côté du miroir leur fournirait tout ce dont ils auraient besoin. Ils passèrent le reste de leur conversation à essayer de deviner comment ils allaient vivre leur vie de collégiens magiciens.

 

Une semaine plus tard, c’était le grand jour. Anne et Jérôme Berger semblaient aussi nerveux que leurs fils. Pour eux aussi l’entrée au collège de magie était un saut dans l’inconnu. Jérôme avait pris sa matinée pour amener Cédric au collège. Le directeur Morin avait expliqué que l’entrée se trouvait au sein du collège des Alouettes de leur côté et cela était répété à plusieurs endroits sur les papiers d’information.

Leur chemin croisa celui de Stéphanie qui se rendait aussi au premier jour de rentrée accompagnée de son père. Les deux papas avaient décidé qu’ils passeraient un moment ensemble non loin du collège, au cas où il y ait un souci. Ils tâchèrent de ne pas le montrer à leurs enfants, mais ils n’étaient pas très à l’aise avec le concept de collège de magie.

Les futurs magiciens étaient les seuls à faire leur rentrée ce jour là. Une personne les accueillit à l’entrée du collège des Alouettes et leur indiqua un bâtiment dans lequel ils devaient se rendre. Après un instant d’hésitation, les deux pères suivirent curieusement leurs enfants au sein de la cour de l’établissement, jusqu’au bâtiment indiqué. La directrice Dumoulin les attendait dans une grande salle vide, dans laquelle trônait un immense miroir, encadré de moulures qui étaient sculptées de petits personnages et de feuilles entrelacés.

« Bonjour, leur dit-elle. Je suis désolée mais, à partir d’ici, seuls les élèves sont autorisés à continuer. » Un peu déçus, Jérôme et Marc firent leurs dernières recommandations. Madame Dumoulin attendit patiemment qu’ils aient terminé, puis indiqua le miroir aux deux enfants. « Veuillez entrer. Ne vous inquiétez pas, cela ne fait pas mal. »

Après un dernier regard en direction de leurs parents, Cédric et Stéphanie se dirigèrent en direction de l’objet qui était plus haut et plus large qu’une porte. Ils voyaient leurs reflets afficher une mine peu rassurée et s’efforcèrent de reprendre un peu contenance. Se prenant la main l’un de l’autre par réflexe, ils prirent une grande inspiration et passèrent de l’autre côté du miroir.

 

1713 petits mots pour aujourd’hui, je pense qu’il faut que j’agrandisse ma liste de prénoms et de noms de famille que je vais utiliser. Et j’ai déjà noté des trucs à rajouter dans mon carnet.