NaNoWriMo 2017 : À l’École de l’Autre Côté du Miroir, jour 18

En début d’après-midi, Cédric se rendit dans le parc de l’établissement tout seul. Jérémy et Valentine s’étaient rendus au CDI pour chercher précisément comment fonctionnait le sortilège de localisation, mais lui n’avait pas la tête aux recherches. Il s’attarda un moment près des loutres pour les regarder batifoler dans l’eau hivernale. Après quelques instants, il se demanda comment elles faisaient pour ne pas avoir froid. [à changer si l’action se fait décaler]

« Tu as l’air bien morose. » Constata une voix. Il s’agissait de la lycéenne blonde avec qui Cédric avait tissé des liens depuis halloween. Elle s’assit auprès de lui et reprit : « Qu’est ce qui te tracasse ? » Le garçon soupira et changea de position, ce qui fit fuir les gros champignons colorés qui étaient venus se regrouper autour de lui, rassurés par son immobilité. « Allez, raconte-moi et ça ira mieux après, tu verras. » Argumenta-t-elle avec un ton enjôleur.

Cédric chercha ses mots un bref instant, puis lui expliqua : « J’ai une amie à moi qui s’est faite agresser hier. Et j’étais là, mais je n’ai rien pu faire…
– Oh, c’est terrible ça, compatit la lycéenne blonde. Et toi ça va ? Tu n’as rien ?
– Ca va, ça va. Mais je suis plutôt en colère contre les gens qui ont fait ça.
– Ils vous ont dit pourquoi ils avaient fait ça ?
– Ils veulent changer le monde, quelque chose comme ça… Eluda Cédric. Mais ce n’est pas une raison pour agresser les enfants. »

Le garçon se renfrogna de nouveau et s’emmura dans son silence. La jeune fille à côté de lui paraissait ne pas savoir quoi dire. Elle jeta quelques petits cailloux pour taquiner les loutres, restant elle aussi silencieuse. Puis elle reprit la parole : « Tu sais, des fois les gens peuvent faire des choses qui paraissent terribles, mais pour que tout aille mieux après.
– Ils ont clairement dépassé la limite ! » S’emporta Cédric qui s’inquiétait beaucoup pour son amie de toujours.

Il trouvait la phrase de la lycéenne bizarre. Cela l’irritait, et il se sentait déjà très énervé. « Je préfèrerais qu’on change de sujet, bougonna-t-il.
– D’accord, si tu veux, acquiesça la jeune fille en haussant les épaules. De quoi tu as envie de parler ?
– Je ne sais pas trop… Comment tu t’appelles déjà ? Tu ne me l’as jamais dit.
– Liselle. Je m’appelle Liselle.
– C’est joli comme prénom. » Commenta Cédric.

Le garçon s’apprêtait à dire qu’il n’avait jamais entendu personne s’appeler ainsi. Sauf qu’il avait déjà entendu ce prénom et il réfléchissait à où. « Merci, lança Liselle. C’est gentil. Tu es un garçon gentil, c’est pour ça que tu t’inquiètes autant pour ton amie qui a été enlevée.
– Mmhmm. » Emit Cédric.
Il se figea. Lui avait-il dit que Stéphanie avait été enlevée ? Il était persuadé d’avoir dit qu’elle avait été agressée. Il essaya de se souvenir de la conversation. « Je n’ai pas dit qu’elle avait été enlevée, précisa-t-il.
– Ah ? Oh, et bien j’ai du mal comprendre, se justifia Liselle. Et si on marchait ? Je vais finir par devenir un vrai glaçon.
– D’accord. »

Ils se levèrent tous les deux et commencèrent à marcher ensemble, remontant doucement le parc en direction de l’entrée du collège. Cédric ne pouvait pas s’empêcher d’avoir des doutes à propos de Liselle. Il savait que Stéphanie n’aurait pas laissé passer ce genre de détail et il s’efforçait à faire de même. C’est alors qu’il se souvint où il avait entendu ce prénom de Liselle. Il s’immobilisa soudainement en réalisant que Liselle était la personne à qui s’était adressé le maître du feu de la Confrérie des Cinq Eléments lors de son rêve. Cédric se souvint que Liselle avait été félicitée d’avoir révélé que Hildegarde était toujours en vie.

« Quel est ton catalyseur au fait ? S’enquit le garçon d’un ton qu’il espérait détaché. Je ne l’ai jamais vu.
– C’est normal, répondit la jeune fille en souriant. Il est invisible.
– Ah bon ?
– Oui, j’ai un catalyseur de l’air. »

Cédric ressentit une pression tout autour de lui. Il voulut parler, mais aucun son ne sortit de sa bouche. « J’ai l’impression que tu ne me fais plus confiance, déplora la lycéenne. Mais ce n’est pas grave, tu viens de me donner l’opportunité de t’emmener aux autres. » Le garçon constata qu’ils se trouvaient juste à côté de la sortie et que, à cette heure où personne n’était sensé sortir, il ne se trouvait pas âme qui vive. Il essaya de se débattre, mais l’air autour de lui le pressait trop fort : le garçon pouvait à peine respirer.

« Si ça peut te rassurer, lui mentionna Liselle en s’employant à déverrouiller la porte de l’établissement, dès que je t’aurai ramené chez nous, nous relâcherons ton amie. Elle était juste un garantie, au cas où je n’arrive pas à trouver un moment où tu serais suffisamment longtemps tout seul. C’était tellement difficile de t’isoler discrètement ! D’ailleurs, je suppose que si ton amie n’avait pas été enlevée, je n’aurais pas eu l’occasion de t’emmener jusqu’ici. Elle ne te laissait jamais longtemps hors de sa vue comme… Comme une maman loutre en fait. »

Pendant que Liselle monologuait, Cédric avait réussi à catalyser suffisamment de magie pour que sa brume imprime une pression inverse sur l’air pour le repousser. Ses cours de défense magique n’avaient pas été vains. Au même moment, un rectangle se mit à briller sur sa poitrine : il s’agissait que la carte que Valentine lui avait attribuée. Lorsqu’il put enfin mieux respirer, ce fut plus facile pour lui de se concentrer pour se dégager de sa prison d’air.

« Tranche. » Murmura-t-il à la carte en se concentrant sur sa prison d’air. Comme il ne la voyait pas, il n’était pas certain que cela fonctionnerait, mais la carte fila là où il lui avait dit, tranchant de haut en bas. Liselle tourna brusquement son attention vers lui. Elle avait ouvert la porte et perçu le déchirement de son sortilège. La lycéenne se mit aussitôt en position pour attaquer Cédric.

Il avait catalysé suffisamment de magie pour se défendre un moment. Liselle était plus puissante et expérimentée que lui, mais il n’avait pas à tenir très longtemps. La carte de Valentine était toujours là, voletant autour de lui, servant parfois de bouclier. Et, surtout, elle avait prévenu sa maîtresse. Jérémy et elle arriveraient bientôt, il en était certain. Il avait juste à faire de son mieux en attendant. A trois, ils s’en sortiraient face à une lycéenne, songeait-il. Le fait qu’elle faisait partie d’un groupe de magiciens d’élite ne l’effleura pas.

La surprise de voir le garçon s’échapper de sa prison d’air aida beaucoup Cédric. Il profita que Liselle soit décontenancée pour catalyser un fouet d’eau qui se jeta aussitôt sur la jeune fille, s’enroulant autour de son poignet. Elle tendit son index de l’autre main sur l’eau, coupant le fouet en deux, et riposta aussitôt en envoyant une puissante rafale qui poussa le collégien en arrière, le faisant chuter sur les fesses un peu plus loin. Il poussa un grognement en tombant.

Liselle ne s’arrêta pas là et voulut capturer de nouveau sa proie dans une prison d’air. Cédric lui jeta une boule de terre en plein dans le visage, l’empêchant de l’enfermer une nouvelle fois. Monsieur Apowain avait toujours dit que garder les choses simples permettait de catalyser la magie plus rapidement pendant un affrontement. Il tentait d’appliquer ces conseils de son mieux.

Il alternait des attaques et des défenses des cinq éléments le plus rapidement qu’il pouvait. Catalyser la magie devenait de plus en plus difficile pour lui, contrairement à Liselle. Elle n’avait pas sa magie bridée, elle. Ce combat commençait à énerver la jeune fille : elle n’aimait pas être mise en difficulté par un simple collégien. Elle mettait de plus en plus de puissance dans ses attaques et prenait de moins en moins de gants. Cédric était à présent perclus d’entailles et d’estafilades ; Liselle savait comment rendre l’air tranchant.

Une sorte de griffon de la taille d’un gros chien se jeta soudain sur la lycéenne. Ils roulèrent tous deux à terre. Des cartes se plantèrent tout autour d’elle, la recouvrant d’un filet dont chacun des nœuds était l’une des cartes. Le griffon se changea en liane qui bâillonna et ligota la jeune fille.

« C’est qui cette folle qui t’attaque ? Lança Jérémy.
– C’est celle de l’air, de la Confrérie des Cinq Eléments ! » S’écria Cédric en réponse. Valentine se précipita alors vers la maîtresse de l’air à terre et, sortant une fiole de sa sacoche de ceinture, elle fit glisser le contenu dans la bouche de Liselle. La liane laissa un trou à cet effet. La lycéenne poussa des grognements en guise de désapprobation et perdit connaissance.

Jérémy s’approcha ensuite de Cédric. Inquiet de le voir tout égratigné, il lui demanda : « Ca va ? On a mis du temps à arriver, désolé…
– Oh ça va, lui assura son ami blond en grimaçant de douleur. Tu n’as pas à être désolé, vous êtes arrivés à pic !
– Ouf ! Même sans Stéphanie, on a réussi à l’immobiliser, se réjouit Valentine. Bravo Jérémy, c’était fort de jouer son rôle et le tien à la fois !
– Merci, s’illumina le garçon. Combien de temps la potion de sommeil fera-t-elle effet ?
– Quarante huit heures, répondit la fillette.
– J’en parlerai à Hildegarde ce soir, déclara Cédric, en même temps que je lui dirai où se trouve Stéphanie.
– C’est très bien tout ça, intervint Jérémy, mais qu’est ce qu’on va faire d’elle ? On ne peut pas la laisser là… »
Les trois amis réfléchirent un instant à la question. « Il y a une estrade dans la salle du miroir. Peut-être qu’on pourrait la cacher dessous, suggéra Cédric.
– Je n’ai pas de meilleure idée, avoua son ami brun.
– En plus, il ne faut pas traîner, appuya Valentine. Emmenons la là-bas avant que quelqu’un n’arrive. »

Ils transportèrent la maîtresse de l’air inconsciente jusqu’à la salle du miroir. A cette heure là, il était fermé par les grosses doubles portes et personne ne se trouvait là. Ils examinèrent l’estrade. Il n’y avait pas d’ouverture et elle était impossible à soulever mais, sur le mur à côté s’ouvrait une porte. Ils découvrirent ainsi un placard où ils furent soulagés d’abandonner leur dangereux fardeau.

La cloche sonna et les trois amis sursautèrent. « On va être en retard ! » S’exclama Valentine. Ils se précipitèrent en courant dans la direction de leur salle de cours. Le professeur [vérifier si j’ai déjà parlé d’un cours en particulier à ce moment de cette journée] lança un regard interrogateur à Cédric en le voyant tout égratigné et entaillé. Le garçon balbutia qu’il était tombé dans des ronces, en espérant que l’excuse suffirait.

« Il faut regarder où vous mettez les pieds, jeune homme, lui conseilla le professeur avec un demi-sourire. Allez donc vous asseoir. » Le garçon obéit, toujours accompagné de Jérémy et Valentine. Cette fois-ci, Matéo les rejoignit en leur demandant à quel point Stéphanie était malade et quand elle reviendrait. Valentine lui répondit la même chose qu’ils avaient dit à tous les professeurs, en précisant qu’elle n’en savait pas plus. Matéo hocha la tête et s’enquit des blessures de Cédric, mais le professeur l’interrompit en lui demandant d’arrêter de dissiper ses camarades.

L’heure de cours parut s’étirer encore et encore. Le trio était tellement impatient de se rendre chez Jérémy que chaque minute semblait en durer dix. Cédric pensa, en son for intérieur, que si Stéphanie avait été là, l’attente aurait été encore pire. Lorsque l’on demandait à la fillette à la loutre combien de temps il restait avant la fin du cours, elle répondait souvent quelque chose comme « Dix minutes. » Et, deux secondes plus tard, une fois que l’ami s’était réjoui, elle ajoutait : « Plus cinq. » Le pire étant quand elle ajoutait « Plus vingt. » Cédric avait toujours envie de l’étrangler lorsqu’elle faisait cette blague.

L’heure de cours arriva à son terme, et le cours suivant parut s’éterniser tout autant. Les trois amis faillirent crier de soulagement. Ils rangèrent leurs affaires en quatrième vitesse, et foncèrent vers la porte du collège. Le chemin jusqu’à la maison de Jérémy passa rapidement ; son père était venu le chercher en charrette car une meute de loups avait élu domicile dans la région et le trajet n’était plus sûr. En revanche ils restèrent silencieux. Ils n’avaient pas envie de parler de la Confrérie des Cinq Eléments en présence de monsieur Rivière et, comme ils n’arrivaient pas à penser à quoi que ce soit d’autre, ils se laissèrent aller à contempler le paysage qui défilait sous leurs yeux.

 

2115 mots pour aujourd’hui et j’ai l’impression que la fin risque d’arriver un peu trop vite par rapport au nombre de mots qu’il me reste à écrire… On verra.

NaNoWriMo 2017 : À l’École de l’Autre Côté du Miroir, jour 17

Il n’avait pas envie de parler de ses affaires à ses parents. Plus justement, il ne savait pas comment leur expliquer son histoire sans qu’ils fassent tout un foin sur le fait qu’il aurait dû leur en parler depuis le début. Et encore, ce serait le cas s’ils acceptaient de le croire. Il ne savait pas quelle réaction l’embêterait le moins. Dans le doute, il s’efforça à faire bonne figure pendant le repas du soir, et téléphona à Valentine dès qu’il put pour lui raconter ce qu’il venait de se passer.

La fillette blonde était très inquiète. « Je m’en veux de ne pas réussir à catalyser mieux la magie chez nous, se morigéna-t-elle.
– Tu n’as pas à t’en vouloir, la rassura Cédric. Moi j’étais là et je n’ai rien pu faire.
– Oui, mais je vous ai attribué des cartes pour vous protéger. Sauf qu’ici, elles ne fonctionnent pas bien… Si ça avait été le cas, elles vous auraient aidés et j’aurais été prévenue.
– Rien que le fait d’avoir pensé à ça est très fort, tu sais. » Lui assura le garçon.

Les deux restèrent silencieux un moment. Puis Valentine reprit : « La carte de Stéphanie est toujours sur elle.
– Mmmh ?
– Ce qui veut dire que si elle est emmenée dans le monde magique, expliqua la fillette blonde, je peux la retrouver une fois que nous serons là-bas aussi.
– Oh, ça veut dire qu’on ne serait pas obligés d’attendre de leurs nouvelles pour la retrouver, continua Cédric. Il faudrait que j’en parle à Hildegarde aussi.
– Ah oui, ce serait une bonne idée ça, approuva Valentine. Il nous faudra aussi du temps pour nous préparer une fois qu’on saura où elle est. Il faudra être très prudents.
– Je suppose que ce serait mieux qu’on se prépare dans le monde magique.
– Oui… »

Ils réfléchirent un bref instant, avant de s’exclamer en chœur : « Jérémy ! » Les deux sourirent, un peu requinqués. Le fait que leur ami leur ait proposé de venir chez lui tombait à pic. Lorsque Cédric s’inquiéta que les parents de Valentine acceptent aussi rapidement une invitation. Même une fausse invitation chez Stéphanie. La fillette blonde resta quelques instants sans répondre, puis assura son ami de ne pas s’inquiéter à ce propos. Elle avait un plan pour une situation d’urgence. Avec le peu de magie dont elle disposait de ce côté, cela allait lui demander de l’énergie, mais elle assura Cédric que ses parents ne remarqueraient même pas son absence.

« Et les parents de Stéphanie ? S’exclama soudainement l’apprenti maître du brouillard.
– Je vais les appeler pour qu’ils pensent qu’elle est chez moi ce soir et j’en profiterait pour leur dire que nous allons chez Jérémy ce week end.
– Tu penses que ça va marcher ?
– Je réussirai à les convaincre, lui assura Valentine. Je te dirai demain comment ça se sera passé. »

Lorsqu’ils raccrochèrent, le garçon alla demander à ses parents l’autorisation d’aller chez Jérémy le lendemain soir. Cédric et Valentine comptaient lui demander le jour même s’ils pouvaient venir. Ils avaient tablé sur le fait que la situation était trop grave pour qu’il refuse et qu’il trouverait une solution pour que ses parents acceptent de les recevoir. Toute cette situation était angoissante et l’apprenti magicien du brouillard mit beaucoup de temps à s’endormir cette nuit là.

 

Le vendredi matin, Cédric rassembla ses affaires en toute hâte et courut jusqu’au collège. Il espérait pouvoir parler à Jérémy avant que les cours ne commencent. Il l’attrapa une seconde à peine avant que Valentine ne traverse le miroir. Cette dernière avait des cernes sous les yeux : elle avait dû avoir autant de mal à trouver le sommeil que l’apprenti maître du brouillard. Bien sûr, le garçon brun fut estomaqué par ce que lui raconta Cédric. Et, évidemment, il fut partant pour inviter ses deux amis chez lui le soir même. Il ne put cependant pas cacher son inquiétude :

« Ohlàlà mais c’est terrible ! Ca a du être effrayant en plus… Il ne faudrait pas en parler à madame Verone ?
– Je compte surtout en parler à Hildegarde, expliqua Cédric.
– Ah oui, c’est une bonne idée, elle saura quoi faire. Mais c’est quand même très dangereux ce que tu… nous nous apprêtons à faire ! Ce sont des magiciens d’exception, et ils ont mis en échec tout un tas de mages super forts.
– Oui, mais ils ont capturé Stéphanie. » Valentine avait parlé de sa voix douce, mais les deux garçons perçurent toute sa détermination.

Jérémy acquiesça. S’ils prenaient la Confrérie des Cinq Eléments par surprise et ce, avec l’aide d’Hildegarde, ils avaient peut-être une chance. Pour contacter la maîtresse du brouillard, ils décidèrent de profiter de la récréation du matin. Les heures de cours pour arriver jusque là leur parurent interminables. Jérémy se fit reprendre plusieurs fois pour cause de bavardage avec les deux autres qui affichaient une mine morose.

La sonnerie qui signalait la récréation finit tout de même par retentir et les trois compagnons se précipitèrent dans le parc pour trouver un endroit au calme. Une fois installés, Jérémy et Valentine firent écran pendant que Cédric cherchait à entrer en contact avec la vieille maîtresse du brouillard. Il y parvint rapidement. Cette fois-ci, Hildegarde se trouvait dans une bibliothèque. « C’est rare que tu viennes me chercher de toi-même, commenta-t-elle en posant son livre.
– Quelque chose est arrivé. » Expliqua Cédric.

Il raconta ensuite, encore une fois, les évènements qui s’étaient produits la veille, puis son plan pour aller sauver son amie. La vieille femme le considéra d’un air grave. « Ainsi donc ils ont fini par venir te chercher, commenta-t-elle.
– Pourquoi me veulent-ils moi spécifiquement alors que je leur ai dit que ça ne m’intéressait pas ?
– Comme je te l’ai déjà dit, la magie catalysée par un maître du brouillard est très puissante, surtout additionnés des autres éléments. De plus, ils n’ont pas besoin de ton accord pour te soutirer ta magie.
– Et bah c’est nul, ronchonna le garçon inquiet.
– Ca, c’est le moins qu’on puisse dire. »

Hildegarde considéra pensivement le collégien désemparé. « Et donc, tu comptes aller libérer ton amie tout seul, sans en parler à qui que ce soit ?
– Pas tout seul, je comptais y aller avec Jérémy et Valentine. Et puis je vous en parle à vous !
– Oui, enfin, je ne suis qu’une vieille femme, je ne sais pas si je pourrai être d’un grand secours.
– J’ai peur que si j’en parle à d’autres adultes, ils voudront passer du temps à considérer plein d’options et qu’ensuite ce soit trop tard.
– Ca, je peux comprendre. » Acquiesça Hildegarde.

Elle réfléchit quelques instants, pendant que Cédric attendait sa décision en se mordillant la lèvre inférieure. Il espérait beaucoup qu’elle les aiderait. Au début, il avait dû rassembler tout son courage pour lui exposer ses plans : il avait craint qu’elle ne se moque de lui. La vieille femme n’était pas de celles qui se moquaient des plus jeunes qu’elle – sinon elle n’en finirait pas – mais considérait que les idées d’une génération qui ne réfléchissait pas à sa manière étaient toujours intéressantes à étudier. Et ce, même si les plus jeunes en question manquaient d’expérience.

« Ton amie, est-elle sûre de pouvoir localiser l’endroit où se trouve ta camarade qui a été enlevée ? S’enquit Hildegarde qui trouvait ces enfants malins.
– Oui, elle sait déjà la direction grâce à sa carte qui est sur Stéphanie. Et elle a dit qu’avec un sortilège adéquat, elle peut indiquer l’endroit sur une carte. On pensait faire ça ce soir, dans la chambre de Jérémy, pour ne pas attirer l’attention.
– Très bien, approuva la maîtresse du brouillard. Voici comment nous allons procéder : vous allez continuer de suivre vos cours comme si de rien n’était. Après l’agression d’hier, je crains que quelqu’un te surveille au collège. Continuez de ne parler de cette histoire à personne. Moi, je vais rassembler des mages de ma connaissance et nous attendrons que tu me communiques l’emplacement où se trouve ton amie capturée. Une fois que nous connaîtrons l’endroit où se cache la Confrérie des Cinq Eléments, nous interviendrons. En revanche, vous trois resterez bien sagement en sécurité chez ton ami qui vous héberge. Il est inutile de courir le risque que Maleflamme te capture à ton tour. Ca serait une très mauvaise chose pour le monde magique. »

Elle plongea son regard droit dans les yeux de Cédric et reprit fermement : « C’est bien compris mon garçon ? Tu as déjà fait beaucoup, inutile que tu ailles jouer au héros.
– Mais je veux aller sauver Stéphanie ! S’écria-t-il. On se connaît depuis tous petits !
– Elle sera sauvée, le rassura Hildegarde. Je m’en chargerai moi-même. Et tes amis et toi avez déjà fait beaucoup pour la secourir. A ce propos, tu penseras à féliciter la demoiselle avec ses cartes. Elle est très futée. »

Après encore un peu d’argumentation, Cédric finit par dire à la maîtresse du brouillard qu’il acceptait le changement de plan. Il ouvrit les yeux dans le parc. « Alors ? S’enquirent Jérémy et Valentine en chœur.
– Elle est d’accord pour nous aider à sauver Stéphanie… » Commença le garçon blond. Il ne put continuer tout de suite, car ses deux amis se réjouirent bruyamment. Ils se rembrunirent lorsqu’il leur expliqua qu’Hildegarde n’avait pas accepté qu’ils viennent à la rescousse et qu’elle préférait que des adultes s’en chargent.

« Ca paraît logique, finit par déclarer Jérémy. Les adultes ne veulent jamais que les enfants fassent des trucs dangereux.
– C’est vrai, acquiesça Valentine en faisant la moue. Mais j’aurais préféré qu’on y aille nous-mêmes.
– Moi aussi, appuya Cédric. Enfin bon, déjà les choses avancent. Si ça se trouve, on retrouvera Stéphanie dès ce soir !
– Ca serait génial ! » Se réjouit la fillette blonde.

Les trois amis s’employèrent ensuite à suivre leur journée de cours comme si tout était normal. Bien sûr, depuis le matin les professeurs leur demandaient s’ils savaient pourquoi Stéphanie n’était pas en cours. Ils répondirent qu’elle était malade, en se disant qu’il faudrait qu’ils disent à leur amie qu’elle devrait justifier son absence. Pour le moment, ces considérations étaient le cadet de leurs soucis.

 

1711 petits mots pour aujourd’hui !

NaNoWriMo 2017 : À l’École de l’Autre Côté du Miroir, jour 16

A force de s’entraîner à catalyser de faibles quantités de magie, Cédric était devenu capable de faire de toutes petites choses en utilisant les infimes parcelles magiques disponibles chez lui. Il arrivait à faire rougeoyer les mèches des bougies de noël comme de toutes petites braises notamment. Ce n’était pas grand chose, ni très impressionnant de son point de vue, mais cela suffisait à faire applaudir Céline et Carine. Elles étaient très fières d’avoir un frère magicien, même si elles auraient bien voulu être des magiciennes elles-mêmes.

« Bah, tant pis, déclara un jour Céline l’aînée. Pour moi c’est trop tard puisque je n’ai jamais été convoquée. Mais on ne sait jamais : peut-être que Carine ira aussi l’école de l’autre côté du miroir.
– Oooh ! Ce serait super ! S’enthousiasma la benjamine de la fratrie. J’ai très envie de faire des tours de magie moi aussi.
– Ne te fais pas trop d’illusions, temporisa Céline. On ne sait pas si ça va arriver hein ! »

Même si Cédric était ravi de ses vacances de Noël en famille, pratiquer la magie lui manquait. Faire rougeoyer des mèches et lire un livre à propos de magie pratique qu’il avait emprunté au CDI ne lui suffisait pas. Les cadeaux qu’il reçut lui détournèrent l’esprit pendant quelques jours. L’un d’entre eux, cependant, laissa le garçon perplexe. Ses parents lui avaient offert une boîte de prestidigitation. Il se demandait ce qui avait pu leur passer par la tête : il savait faire de la vraie magie, alors pourquoi lui avaient-ils acheté cette boîte pour faire de la fausse magie ?

La question ne le tarauda pas très longtemps. Il oublia la boîte dès que les cours reprirent, début janvier. Les retrouvailles avec Jérémy, Valentine et Stéphanie furent chaleureuses. Cédric se réjouit de retrouver les bâtiments aux allures de châteaux, le parc et même les champignons qui piaillaient lorsqu’ils s’écartaient du chemin. Il était un peu moins convaincu à propos de certains professeurs comme madame Dunoyer ou monsieur Curin-Cocon. Heureusement la présence de ses trois amis parvenait à compenser tous les inconvénients.

Les cours de défense magique et ceux de maîtrise de la catalyse reprirent aussi. Monsieur Apowain laissait presque transparaître son enthousiasme de les retrouver. Sa propension à dissimuler ses sentiments s’effritait un peu en la présence d’élèves aussi motivés. Il aurait été un peu déçu de savoir qu’ils n’étaient pas motivés seulement par le désir d’apprendre, mais surtout de défendre et soutenir Cédric. Ce dernier commençait d’ailleurs à se demander s’il était bien nécessaire de continuer de suivre ces cours. La menace paraissait désormais tellement lointaine et il trouvait qu’il maîtrisait suffisamment bien la catalyse de petites quantités de magie à présent.

Alors qu’il avait décidé qu’il en parlerait à ses amis après le présent cours de magie pratique, en fermant les yeux, il se retrouva auprès de la vieille Hildegarde. Cela avait été plusieurs fois le cas depuis le salon et les fauteuils au coin du feu. Le décor avait changé à chaque fois. Cette fois-ci ils se tenaient au sommet d’une petite montagne enneigée. La maîtresse du brouillard était emmitouflée de brume rougeoyante.

« Ca a l’air pratique ! S’exclama Cédric en voyant cela.
– Très, confirma la vieille femme.
– Comment vous faites ça ?
– Et bien, le brouillard étant à l’origine des quatre autres éléments, il suffit d’un peu d’imagination pour pouvoir en faire à peu près ce que l’on veut.
– Je devrais y penser plus souvent… Mais j’ai du mal à considérer ma brume comme du feu ou de la terre, avoua le garçon. A vrai dire, même l’air et l’eau… »

Hildegarde acquiesça. Elle savait que la jeunesse n’était pas toujours aussi imaginative que ce que les adultes se plaisaient à le croire. « Je te conseille d’y travailler, lui suggéra-t-elle. Cela te sera utile. Surtout que je n’arrive plus à avoir de nouvelles de nos amis de la Confrérie des Cinq Eléments.
– Oh et euh… C’est plutôt pas mal d’être tranquille, non ?
– Hmpf, lâcha la maîtresse du brouillard. Le fait qu’ils fassent des efforts pour se dissimuler m’inquiète au contraire. Je préfère les garder à l’œil. »

Une vague d’inquiétude parcourut Cédric. Quelques minutes plus tôt il se pensait en sécurité, prêt à abandonner les cours de défense magique pour lesquels il perdait de l’intérêt. A présent, toute sa sérénité s’était envolée. « Ils vont venir me chercher ? S’inquiéta-t-il.
– Peut-être, ou alors ils vont peut-être venir me chercher moi, ou les deux, qui sait ?
– Ce n’est pas très rassurant, commenta le garçon sur un ton légèrement accusateur.
– C’est également mon avis. » La vieille femme se tourna vers lui, plantant ses yeux gris dans ceux du garçon. « Reste sur tes gardes, veux-tu ? »

Cédric acquiesça et ouvrit les yeux dans le gymnase. Ses trois amis, qui avaient pris l’habitude de le voir ainsi inconscient lorsqu’il discutait avec Hildegarde et s’employaient à distraire l’attention de monsieur Apowain. « Ca va ? S’enquit Valentine en voyant la mine déconfite de son camarade.
– Moyen, confessa celui-ci.
– Ca ne s’est pas bien passé ? Reprit la fillette blonde.
– Oh, si, c’est juste qu’elle s’inquiète à propos de la confrérie. »

Valentine fit une moue qui signifiait qu’elle s’en inquiétait elle aussi. Lorsqu’ils en parlèrent aux deux autres à la sortie, tous affichèrent des mines graves. « De toutes façons, on ne peut rien faire de plus que ce que nous faisons déjà, déclara Stéphanie avec un soupir d’impuissance. Je sais bien qu’eux doivent s’entraîner depuis des années et qu’ils sont plus forts que nous, mais on fait de notre mieux. Il faudra bien que cela suffise. »

Les trois autres approuvèrent silencieusement, n’ayant rien de plus à ajouter. « Ca vous dirait de revenir à la maison un de ces jours ? » Lança Jérémy pour alléger l’atmosphère. Il était aussi embêté que les autres de ne rien pouvoir faire à propos de ces informations inquiétantes, mais sa solution pour rendre le sourire à tout le monde fonctionna à merveille. Les trois issus du monde non magique étaient ravis à l’idée de passer de nouveaux moments à la ferme de leur ami.

En faisant le chemin ensemble pour rentrer chez eux le soir même, Cédric et Stéphanie parlaient joyeusement de leur futur séjour à la maison des Rivière. Ils se demandaient si le père de Jérémy pourrait leur apprendre à monter des griffons ou des licornes, lorsque la fillette poussa de nouveau son ami sur le côté. « Comment as-tu su ? S’enquit une voix douce.
– J’ai l’ouïe fine, répondit Stéphanie. Et l’odorat aussi, et vous sentez le poisson. »

La femme qui émergea entre deux voitures, semblant apparaître de nulle part, avait un sourire plaqué sur la figure, mais ses yeux étaient durs. Cédric se dit qu’elle n’avait pas du apprécier la remarque de son amie. Puis, il la reconnut. Il s’agissait de la morganez de la Confrérie des Cinq Eléments. Elle portait une robe bleu océan qui se mariait avec les bleus qui irisaient sa peau. « Voyons les enfants, vous devriez rester polis, leur dit-elle sur un ton menaçant.
– Qui êtes vous d’abord ? Rétorqua le garçon.
– Et que faites-vous de ce côté ? » Enchaîna Stéphanie.

La fée de l’eau croisa les bras et tourna la tête sur le côté, regardant au loin, comme si elle réfléchissait à ce qu’elle allait dire. Comme elle faisait ainsi, Cédric put clairement voir ses branchies externes mêlées à ses cheveux et qui avaient quelque chose qui fascinait le garçon. La femme se tourna de nouveau vers eux, les bras toujours croisés, et déclara : « Je suis simplement venue faire connaissance avec le nouveau maître du brouillard. »

Les deux collégiens s’entre regardèrent, l’air peu convaincus. « Et… C’est tout ? S’enquit Stéphanie.
– C’est tout, confirma la morganez. Après, bien évidemment, s’il veut venir avec moi à l’issue de la discussion, il sera le bienvenu.
– Comment vous avez su que je serai là ? Demanda Cédric d’un ton suspicieux.
– Nous savons beaucoup de choses, éluda la maîtresse de l’eau. Tellement de choses ! Nous savons que tu es dans la classe de cette bonne vieille Paulina Verone, que tu t’es déjà aventuré dans le monde magique, des informations comme ça. »

Stéphanie lança un œil alarmé à son compagnon. Comment pouvaient-ils savoir tant de choses ? C’était effrayant. « Alors, qu’est ce que vous êtes venus me dire ? Lança Cédric d’un ton qu’il espérait bravache.
– Je viens te proposer de rendre le monde magique meilleur, énonça simplement la fée de l’eau.
– Meilleur ? S’étonna le garçon. Il a pourtant l’air pas mal…
– Tu n’as quasiment vu que le collège, jeune homme. A l’extérieur, tout n’est pas aussi idyllique. »

Pendant qu’il discutait avec la membre de la Confrérie des Cinq Eléments, Cédric constata que son amie restait plantée à côté de lui, silencieuse. Il savait qu’elle était en train de se concentrer pour rassembler de l’énergie magique. La morganez continuait : « Figure-toi qu’à l’extérieur, le monde entier répond encore à divers régime féodaux dépassés.
– Je sais, on apprend ça en histoire, lança le garçon.
– Du coup, tu sais que [blablabla, argumentation sur les injustices que ça amène, élaboration du conseil des cinq mages pour décider des trucs, etc etc]

– Je n’ai pas l’intention de venir avec vous, déclara Cédric. Pas la moindre. Je trouve que c’est dangereux et je ne suis pas sûr que ça soit pour une bonne cause. Alors laissez-moi vivre ma vie tranquillement et trouvez-vous un autre maître du brouillard. »

Le garçon n’avait certainement jamais prononcé d’aussi long discours. Il en était assez fier, mais la morganez l’effrayait. Toute la physionomie de la fée de l’eau s’était durcie. « Mon garçon, je crains fort que tu n’aies pas le choix. » Ce disant, la femme arrondit ses bras, l’un au dessus de sa tête et l’autre au niveau du ventre, pour faire apparaître un long serpentin d’eau qui jaillit en direction de Cédric.

La morganez poussa un cri et l’eau fut déviée. Stéphanie veillait et avait réussi à accumuler suffisamment de magie pour animer sa loutre et l’envoyer à l’attaque. L’animal avait mordu leur agresseuse à la cheville, déstabilisant sa concentration. « Sales gosses ! S’emporta-t-elle. Vous ne vous en tirerez pas aussi facilement. » Elle produisit de nouveaux serpents d’eau, tandis qu’un fouet aqueux repoussait la loutre qui couina de douleur.

Cédric commença à catalyser la magie à son tour et parvint à produire un bref bouclier devant lui, qui dévia un serpent. L’autre, en revanche, s’enroula autour de Stéphanie qui poussa un petit cri de surprise. Sa loutre revint vers elle, tentant d’attaquer les liens aquatiques, mais ceux-ci l’engloutirent rapidement avec sa maîtresse. « Lâche la ! S’exclama le garçon.
– Pas avant que tu viennes avec moi, répartit la magicienne de l’eau qui commençait à avoir du mal à catalyser autant d’énergie.
– Jamais ! Cria Cédric comme si hurler pouvait donner plus de force à ses propos.
– Tu seras obligé ! » Lui lança la morganez avec un sourire mauvais.

Ce disant, elle fit un mouvement rotatif avec sa main, faisant disparaître Stéphanie, sa loutre et elle-même à la vue du garçon. « NON ! S’écria-t-il.
– Pour la retrouver, il te faudra nous rejoindre. Nous reviendrons. » Résonna en s’éloignant la voix de la fée de l’eau. Cédric tenta de suivre la voix. Puis la voix de Stéphanie qui criait de tout son saoul, jusqu’à ce qu’elle soit réduite au silence. A partir de là, le garçon n’avait plus aucune indication pour les suivre.

Il eut l’idée de la fontaine antique d’où ils étaient rentrés du monde magique après leur séjour chez Jérémy, mais les voix ne s’étaient pas dirigées dans cette direction. Tout son être s’affaissa. Il se sentit brutalement empli de culpabilité. Qu’allait-il arriver à Stéphanie ? Dans combien de temps les membres de la Confrérie des Cinq Eléments allaient-ils revenir ? Il faudrait qu’il les empêche de s’en prendre à ses autres amis.

Ne sachant quoi faire d’autre, il rentra chez lui.

 

2001 mots pour aujourd’hui ! Et puis il se passe des trucs dis-donc O_O

NaNoWriMo 2017 : À l’École de l’Autre Côté du Miroir, jour 15

Encore une fois, ses camarades le fixaient attentivement. « Ouf ! Heureusement que tu te réveilles, on était sur le point de s’inquiéter, lui lança Jérémy avec un soulagement bien visible.
– Il t’est encore arrivé quelque chose ? S’enquit Stéphanie tout bas.
– Oui, je vous raconterai tout à l’heure. » Eluda Cédric en constatant qu’Henry leur jetait des regards intéressés et que monsieur Apowain les surveillait de loin.En sortant du cours de défense magique, une fois qu’ils eurent faussé compagnie à Henry, Cédric résuma son entrevue avec Hildegarde à ses amis, même si elle lui avait dit de garder le secret. Il faisait totalement confiance à ses trois camarades : ils s’étaient montrés prompts à le soutenir depuis le début, avant même de savoir qu’il avait des problèmes plus complexes que ce qu’il paraissait au début.

« Waaa ! C’est vraiment chouette que tu aies rencontré Hildegarde ! S’exclama Jérémy à l’issue de l’histoire. C’est une véritable héroïne dans le monde magique !
– Je ne sais pas si on peut vraiment dire que je l’ai rencontrée, précisa Cédric.
– En tous cas, déclara Stéphanie, je trouve ça super rassurant tout ce qu’elle t’a raconté.
– Oui, ça veut dire que tu as une alliée puissante face à la Confrérie des Cinq Eléments et que tu n’as pas de problème avec ton catalyseur, approuva Valentine. Ce sont de bonnes nouvelles ! »

La collégienne blonde avait parlé juste, trouvait Cédric. Il se sentait effectivement moins perdu après cette fructueuse discussion qu’il avait eu avec Hildegarde. La seule chose qui le questionnait encore, c’était comment il allait pouvoir maîtriser parfaitement les faibles flux d’énergie magique auxquels il avait accès. Comme ils étaient là, il s’en ouvrit à ses amis.

« Facile, répondit Stéphanie. Valentine sait très bien catalyser la magie avec finesse. Monsieur Apowain a dit qu’elle ne gaspillait presque rien et que c’était impressionnant à son âge. » L’apprentie-magicienne blonde baissa les yeux et rougit sous le compliment. « Du coup, continua la brune, je pense que tu devrais t’entraîner avec Valentine pour apprendre à faire beaucoup de choses avec peu de magie. Tu serais d’accord, ‘tine ? » L’interpellée acquiesça. « Parfait ! Ca te va Ced ?
– Très bien oui, merci Valentine !
– Moi, ce que je pense, intervint Jérémy, c’est qu’on devrait tous s’entraîner à ne pas gaspiller la magie. Je suis certain que ça nous servira plus tard ! »

Les trois autres approuvèrent bruyamment. Le petit groupe fusionnel décida d’un commun accord de s’entraîner avec Valentine pour gaspiller le moins de magie possible. Jérémy et Stéphanie étaient notamment connus pour ne pas être avares de la quantité de magie utilisée, ce qui avait tendance à les fatiguer rapidement. De plus ils commençait à atteindre leurs limites et s’économiser les aiderait à lancer des sortilèges plus puissants. Tous profiteraient d’un tel entraînement.

Pour ce faire, ils déterminèrent un autre créneau en semaine où ils se rendraient dans le gymnase pour apprendre à économiser la magie utilisée. En les voyant arriver à un autre horaire que pour les cours de défense magique, monsieur Apowain ne cacha pas son étonnement. Et, lorsqu’ils lui expliquèrent qu’ils venaient là pour s’entraîner à ne pas gaspiller la magie qu’ils utilisaient, le professeur parut abasourdi.

« Je n’ai jamais rencontré d’élèves si jeunes qui venaient me voir pour une telle chose, surtout en ayant déjà un cours supplémentaire dans la semaine. » Leur avoua-t-il tout en se disant qu’ils devaient être bien matures pour leur âge. Impressionné par ces enfants – humains en plus, même pas issu d’un peuple fé – monsieur Apowain décida de se placer vis à vis d’eux en tant que mentor.

Ce qu’il leur déclara pompeusement en prenant un air théâtral. Les quatre enfants s’entre regardèrent, intrigués. Ils étaient ravis d’avoir impressionné un professeur, mais inquiet qu’il décide de s’intéresser de près à leurs affaires. Après un bref conciliabule à ce propos pendant que monsieur Apowain dispensait des conseils à un lycéen, ils décidèrent que ce n’était pas une mauvaise chose d’avoir l’estime d’un professeur qui pouvait leur apprendre des choses utiles. Il suffirait juste de se contenter de passer pour des élèves assidus et de ne pas révéler les secrets de Cédric.

A partir du moment où il savait qu’il n’était pas nul et où il s’était donné l’objectif de maîtriser la magie économique, Cédric connaissait un regain de motivation. Avec les conseils de Valentine et de monsieur Apowain, il fit des progrès notables. Au moment des vacances de noël, il parvenait à lancer des sortilèges plus gourmands en magie que tout ce qu’il avait réussi jusque là. Ses professeurs notèrent l’amélioration et il eut même les félicitations du conseil de classe.

L’esprit du garçon s’était allégé et il ne pensait même plus à la Confrérie des Cinq Eléments. Pour lui, le fait qu’ils le cherchaient était devenu quelque chose de lointain et brumeux, un peu comme de l’ordre du conte. En revanche, il avait recroisé plusieurs fois la mystérieuse lycéenne qui l’avait pris à part pendant sa visite du château hanté à halloween. Il ne savait toujours pas son prénom – il oubliait de lui demander à chaque fois – mais il appréciait les courtes conversations qu’il avait avec elle. Pourtant ils parlaient souvent de sujets comme le temps ou la quantité de devoirs à faire, qui n’avaient pas grand intérêt en soi.

Le garçon était satisfait de constater que ces rencontres tombaient à pic, les rares fois où il était seul. Cédric n’avait pas très envie de parler de la jeune fille à ses amis. Pour une raison qu’il n’arrivait pas à s’expliquer, il craignait qu’ils ne se moquent de lui et l’idée ne lui plaisait pas. Rien que d’y penser, il rougissait. De temps à autre, il essayait de se retrouver tout seul juste pour voir si la lycéenne allait apparaître. Ce plan ne fonctionnait pas très bien.

A l’entrée des vacances de Noël, tout allait pour le mieux pour Cédric. Il était presque triste des vacances, car il ne verrait pas ses amis. Ce sentiment fut très rapidement remplacé par l’excitation de l’approche du réveillon de noël. Ses soeurs et lui étaient ravis de passer leurs journées ensembles. Ils ne se quittèrent pas des vacances, jouant ensemble ou faisant des activités chacun de leur côté mais dans la même pièce.

 

1050 petits mots pour aujourd’hui. Je me rattraperai demain !

NaNoWriMo 2017 : À l’École de l’Autre Côté du Miroir, jour 13 et 14

La classe de Cédric devait élaborer des guirlandes en forme de serpents, d’araignées et de ce qu’ils voudraient qui serait dans le thème d’halloween. Cela leur permettait d’affiner leur dextérité magique, puisque madame Verone leur avait donné comme défi de se sortir de leur tâche en utilisant la magie. Selon elle, il n’y avait pas de sotte raison de s’entraîner à la magie et que c’était ainsi que l’on devenait un grand magicien.

Tous les élèves étaient enchantés par l’idée d’une journée festive au sein du collège. La conversation à propos d’halloween était dans toutes les bouches. Cette ambiance électrique avait fait oublier à Cédric et à ses amis tous les problèmes à propos de la Confrérie des Cinq Eléments. Le garçon blond ne pensait même plus au fait qu’il avait du mal à gérer son catalyseur ; il pensait qu’il s’était habitué à ses difficultés et il faisait avec.

Le matin d’halloween, tous les élèves du collège se réveillèrent plus tôt que d’habitude sous l’excitation. La quantité de collégiens qui arriva en avance était aussi bien plus élevée que d’habitude. Jérémy était tellement emballé qu’il n’arrêtait pas de prendre ses amis dans ses bras pour n’importe quelle raison. Les professeurs principaux, qui avaient rassemblé leur classe pour leur donner les dernières recommandations pour que le collège n’ait pas l’air d’un véritable chantier à la fin des réjouissances, n’arrivaient pas à juguler l’enthousiasme de leurs élèves.

Seule madame Verone parvenait à faire garder un semblant de calme à ses élèves. Elle leur fit même répéter les consignes qu’elle leur donnait pour être certaine qu’ils l’avaient entendue. Bien entendu, elle était consciente que la plus grande partie de ce qu’elle leur faisait répéter serait oubliée aussitôt qu’ils auraient quitté le petit amphithéâtre pour aller participer aux festivités.

Dès qu’elle les autorisa à partir faire la fête, ce fut un véritable raz de marée d’élèves qui roula vers la sortie. « Par quoi on commence ? Demanda vivement Jérémy qui avait un immense sourire plaqué sur la figure depuis le début de la matinée.
– Le château hanté ? » Suggéra Cédric. Il était très curieux de voir ce que les lycéens avaient fait pour faire de tout un bâtiment un musée de l’horreur.

Ses amis approuvèrent la proposition. Sauf que lorsqu’ils arrivèrent devant l’édifice, celui qui ressemblait à un donjon de château fort, il leur parut que tous les autres collégiens avaient eu la même idée. Ils grouillaient tout autour du bâtiment en produisant un impressionnant brouhaha. Il paraissait impossible de traverser cette intense marée pour entrer sur le moment.

Les quatre amis – car Matéo avait suivi un autre groupe de personnes en sortant de la salle – décidèrent de profiter des dizaines de stands en plein air. Ils étaient éparpillés de partout dans le parc de l’établissement, au grand dam des gros champignons colorés qui ne savaient plus où s’enfuir. Les loutres qui habitaient la rivière serpentant dans le parc s’étaient cachées dans leurs terriers pour l’occasion, dérangées par le monde ambiant et festivement bruyant. La seule loutre en vue était celle de Stéphanie.

Les stands étaient de petites maisons colorées et la plupart étaient tenus par des parents d’élèves. Certains avaient eux-mêmes participé à approvisionner les stands : pour samhain, tout le monde mettait la main à la pâte. Cédric se disait que ce serait vraiment chouette que cette fête soit aussi mise en valeur dans le monde sans magie. Il avait appris en histoire que c’était le cas dans l’antiquité, puis que tout s’était perdu lorsque les portails entre les deux mondes avaient été fermés. Dans le monde sans magie, les esprits ne pouvaient pas prendre corps. Ou très peu, en de très rares occasions.

Les quatre amis inspectèrent avec minutie tout ce que les petites maisons colorées avaient à offrir. Il y avait beaucoup de petits-fours et de pâtisseries maison aux formes et aux couleurs effrayantes. Jérémy se faisait un plaisir d’expliquer à ses trois compagnons ce que contenaient les gâteaux et sablés qu’il reconnaissait. Dans le doute, ils goûtèrent le plus de choses possibles. Ils appliquèrent le même sort aux boissons et autres nourritures à disposition.

Les stands qui ne proposaient pas de nourriture ou boisson affichaient une quantité de faux reptiles, insectes ou arachnides effrayants, des masques divers à porter pour faire peur à ses amis, des livres de conseils à propos des esprits, et toute une quantité d’autres choses dans le thème de samhain. [à continuer] Et, bien sûr, il y avait les petites maisons qui proposaient des jeux. Des pêches à la ligne où il fallait attraper des araignées, des jeux d’adresse, des courses de champignons et beaucoup d’autres choses.

Toutes ces distractions promettaient de bien remplir leur journée festive. En plus de cela, de la musique jouait de partout. Qu’elle soit juste une reproduction magique ou produite par de véritables musiciens, les notes emplissaient l’atmosphère du parc et de tous les édifices du collège. Il y avait même une piste de danse dans le réfectoire, où les quatre amis s’essayèrent à quelques pas, avant d’arrêter, embarrassés de se donner en spectacle. Là, la musique était entraînante. En revanche, elle était particulièrement lugubre dans le château hanté, où ils purent entrer tranquillement en milieu d’après-midi.

Le quatuor frissonna plus d’une fois dans l’édifice rendu le plus effrayant possible par les lycéens. Le parquet était grinçant à souhait et leurs facétieux aînés avaient parsemé des surprises dans le moindre recoin. Les quatre amis firent de leur mieux pour se montrer courageux et dissimuler leurs sursauts. Ils poussèrent tout de même plusieurs cris de surprise chacun, avant de rire à chaque fois d’un air gêné de s’être laissé prendre.
Valentine et Stéphanie profitèrent de l’occasion pour ne pas se lâcher de la visite, bras dessus, bras dessous. La loutre restait tapie entre les jambes de sa magicienne, qu’elle suivait comme son ombre. Elles furent parfois rejointes par l’un ou l’autre des garçons, et parfois même par les deux.

Ils firent une pause, où Cédric se retrouva tout seul pendant que les autres étaient aux toilettes. Il ne s’éloigna pas trop ; il ne voulait pas avoir peur sans compagnie. Une ombre se dressa face à lui, sans faire grincer le parquet. Il s’agissait d’une personne plutôt grande – certainement un lycéen – et portant un des masques grotesques que l’on pouvait trouver dans les stands du parc. Le lycéen masqué lui fit signe de le suivre. Curieux de savoir ce que lui voulait un plus grand que lui, Cédric le suivit.

Il se doutait que c’était une mauvaise idée et qu’il allait certainement se retrouver dans un piège où il allait hurler de terreur, pour la plus grande joie de ses aînés. Mais quelque chose le fascinait dans la présence qu’il suivait. Le lycéen ouvrit une porte et fit signe à Cédric d’entrer dans la pièce. Il obéit, plissant les yeux en prévision de la surprise effrayante qui allait arriver.

Rien ne se produisit. La salle n’était même pas décorée ; elle servait certainement aux organisateurs qui veillaient au bon déroulement des farces et attrapes, ou à ceux qui devaient se changer pour arborer des costumes tous plus grotesques les uns que les autres. Cédric se retourna vers la personne, laquelle venait de refermer la porte derrière eux. « Qu’est ce qu’il y a ? » S’enquit le garçon, intrigué par une telle attitude.

Le lycéen ôta lentement son masque. Il s’agissait d’une jeune fille fine aux longs cheveux blonds, très pâles. « Bonjour, lui souhaita-t-elle d’une voix harmonieuse. Tu es Cédric Berger, n’est ce pas ?
– Oui, c’est bien moi, confirma le garçon. Pourquoi… ?
– Et bien, tu es une vraie célébrité, nota la jeune femme en s’appuyant contre un mur. Et il est difficile de te parler en tête à tête. »

Cédric lui jeta un regard perplexe. « Ah bon ? Lâcha-t-il.
– Ah bon pour la célébrité ou pour le tête à tête ?
– Les deux.
– Oh, émit la lycéenne avec un sourire moqueur. Pour la célébrité, tout le monde connaît l’existence du nouveau maître du brouillard. Un catalyseur de brume n’était pas apparu depuis la vieille Hildegarde, alors tu penses bien que la nouvelle s’est répandue comme une trainée de poudre. »

Le garçon se sentit terriblement embarrassé. Apparemment, il était devenu célèbre au yeux du monde magique, alors qu’il ne savait même pas maîtriser son catalyseur du brouillard. Il se demanda dans combien de temps tout le monde allait être au courant qu’il n’était qu’un mage de bas étage. Il se renfrogna, mais la jeune fille ne fit pas mine de l’avoir remarqué. Elle continua :

« Quant au tête à tête, il faut avouer que tu es toujours bien entouré. Tu as peur de te faire attaquer ?
– Oh euh… Non ! Pourquoi est ce que je craindrais une chose pareille ?
– Je ne sais pas, l’aura des maîtres du brouillard est si mystérieuse et puissante que je suppose que ça amène des jalousies.
– Ah, oui, pour le moment j’ai surtout eu des regards et des moqueries. » Expliqua Cédric avec amertume.

Il se demandait à présent si la lycéenne blonde avait quelque chose en particulier à lui dire et pourquoi elle préférait discuter avec lui seulement. Peut-être était-elle timide ? Pourtant, il avait du mal à considérer qu’elle puisse être timide face à un collégien fraîchement arrivé comme lui. D’autant qu’elle ne paraissait pas intimidée le moins du monde pendant qu’elle devisait ainsi avec lui.

Un cri retentit. Cédric crut qu’il s’agissait de quelqu’un qui s’était fait surprendre, mais il reconnut ensuite la voix de Jérémy. Il l’appelait. « Bon, je crois que notre conversation s’arrête ici, déclara la jeune fille en remettant son masque. Si jamais tu veux discuter de nouveau, n’hésite pas ! » Elle sortit brusquement pour surprendre les trois amis de Cédric et, son méfait commis, elle s’en fut d’un pas aérien.

« Wouah, on peut dire que j’ai failli avoir une crise cardiaque sur ce coup là ! S’exclama Jérémy.
– Je pense que c’était l’effet recherché, pointa Valentine d’un ton moqueur.
– Tu es là ! Se réjouit Stéphanie en voyant Cédric sortir de la pièce. Qu’est ce que tu faisais là-dedans ?
– Je discutais avec le monstre là, expliqua l’interpellé. Elle est plutôt sympa !
– Moi je l’ai trouvée plutôt effrayante, persista Jérémy. Elle a jailli juste devant moi !
– Certainement pour te faire peur, d’ailleurs, le taquina Stéphanie.
– Et elle voulait quoi ? S’enquit le garçon brun en faisant semblant d’ignorer la remarque.
– Apparemment je suis célèbre.
– Ah, et elle voulait un autographe ? Demanda Stéphanie.
– Euh, même pas. »

Cédric aussi se demandait ce que la lycéenne, dont il ne savait même pas le prénom, avait recherché en discutant ainsi avec lui. Il avait trouvé l’échange plutôt étrange et pas vraiment édifiant. Le garçon était plutôt content qu’une fille plus grande que sa soeur aînée ait daigné lui accorder de l’attention cependant. Il en concevait même une certaine fierté et il espérait qu’elle n’apprendrait jamais qu’il avait des difficultés avec son catalyseur de brume.

Comme ils avaient visité entièrement le château hanté, les quatre collégiens décidèrent de retourner voir les petites maisons colorées où ils comptaient se servir un goûter bien mérité après tant d’émotions. Sur le chemin, ils s’amusèrent à poursuivre les gros champignons colorés qui n’avaient pas trouvé d’endroit à l’écart pour se préserver de la foule festive.

Après avoir couru et mangé, ils s’installèrent un peu à l’écart pour se reposer un peu. Ils passèrent la suite de l’après-midi à discuter entre eux, tout en regardant les festivités de loin. Leur quiétude fut interrompue par un bruit de course qui se rapprochait. Un garçon des Belles Gens jaillit d’un buisson et trébucha sur une racine, s’étalant devant eux de tout son long. Il leur jeta à peine un regard. Visiblement inquiet, il se releva rapidement et poursuivit sa fuite.

Sous les regards perplexes des quatre amis, Henry jaillit à son tour. Voyant le fuyard dans son champ de vision, il tendit le bras dans sa direction, ordonnant à son feu de se jeter sur lui. « Mais qu’est ce que tu fais ?! S’horrifia Stéphanie. Tu vas le blesser !
– T’occupes, lui répondit Henry dont le feu se reflétait dans ses lunettes. Il est dangereux, il complote avec la Confrérie des Cinq Eléments.
– A son âge ! S’exclama Jérémy. Mais tu dis n’importe quoi !
– Pfff, vous ne pouvez pas comprendre. »

Sur ces propos dédaigneux, Henry reprit sa poursuite, tandis que Cédric se disait qu’il avait décidément bien raison à propos de l’orphelin. « Ah ben ça alors… Commenta Jérémy. Je sais que les Belles Gens sont pédants et tout, mais pas de là à les accuser comme ça et à les poursuivre à coup de boules de feu… C’est super violent quand même !
– Vous croyez qu’on devrait prévenir quelqu’un ? Suggéra Valentine d’un ton inquiet. Il ne cherche quand même pas à le tuer, si ?
– Dans tous les cas, je pense qu’on devrait essayer de l’arrêter. » Déclara Cédric en se levant.

Les trois autres approuvèrent et s’élancèrent à la poursuite des deux garçons, même s’ils avaient un retard conséquent et que Valentine et Cédric avaient du mal à respirer correctement l’air chargé d’énergie du monde magique. Ils n’eurent pas à courir longtemps. Henry et le garçon blond issu des Belles Gens avaient été interceptés par monsieur Haut Castel, qui était le professeur principal de la classe du feu, classe dans laquelle se trouvait Henry. Monsieur Haut Castel ne paraissait pas en colère. Il se tenait droit dans ses bottes dépareillées et avait séparé les deux collégiens.

Le professeur principal de la classe du feu accueillit les quatre amis de son sourire avenant et déclara : « Allons allons, voilà que toute cette agitation attire du monde. Vous pouvez circuler, les enfants, je m’occupe de ces deux-là.
– Mais vous ne comprenez pas, persista Henry à l’intention de monsieur Haut Castel. Il fallait absolument que je l’arrête, il est en relation avec des mages dangereux…
– Les élèves ne doivent pas agresser leurs camarades, ni faire la justice eux-mêmes, le gourmanda gentiment le professeur. Surtout sur de simples présomptions. Allez, venez, je vous emmène voir madame Dumoulin. »

Cédric estimait que monsieur Haut Castel prenait cette altercation un peu trop à la légère. Peut-être n’avait-il pas vu qu’Henry avait essayer de brûler vif son camarade, ou alors il était sensible à sa condition d’orphelin. L’histoire que Cédric avait si souvent vue se déroulait de nouveau. Stéphanie lui prit le bras pour lui faire signe qu’ils devaient s’en aller. Le garçon haussa les épaules et s’éloigna avec ses amis.

« N’y pense plus, lui conseilla Stéphanie qui connaissait aussi Henry de l’année d’avant. Tu sais bien qu’il aime se rendre intéressant.
– Moui mais je trouve qu’il pousse le bouchon de plus en plus loin, grommela Cédric.
– Ne t’embête pas avec lui, intervint Valentine. Après tout, il ne nous concerne pas.
– Je suis d’accord avec Cédric ! S’écria Jérémy. Il est gonflé ce…
– Henry, lui souffla Stéphanie.
– Il est gonflé ce Henry ! Reprit le garçon brun. Il se permet beaucoup de choses je trouve. Et en plus, je trouve que ça nous concerne un peu quelque part, parce qu’il a parlé de la Confrérie des Cinq Eléments. Et cette confrérie concerne Cédric de près quand même ! »

Nul ne pouvait nier que les propos de Jérémy faisaient sens. Cédric approuvait aussi, mais il craignait que cela n’implique d’aller demander à Henry ce qu’il savait. Déjà, parce qu’il n’avait pas envie de lui parler, mais aussi parce qu’il ne voulait pas que Henry pense qu’il avait lui-même une histoire en rapport avec la Confrérie des Cinq Eléments. « Il faudrait peut-être parler avec ce Henry finalement, suggéra Valentine. Il a peut-être des choses intéressantes à nous raconter sur ces mages qui recherchent Cédric. »

Celui-ci soupira ; voilà exactement le type de proposition qu’il redoutait. « Il faudrait que ça soit quelqu’un d’autre que Cédric qui aille lui en parler par contre, proposa ensuite Stéphanie. Je pense que c’est mieux de le garder à l’écart pour qu’Henry n’ait pas envie de fouiner de son côté.
– Qui alors ? S’enquit Jérémy.
– Pourquoi pas toi ? Suggéra Stéphanie avec un grand sourire. Après tout, tu es le plus bavard d’entre nous ! »

Le garçon brun parut livrer une lutte intérieure pour déterminer si c’était une moquerie ou un compliment. Il afficha finalement un grand sourire : « J’accepte la mission de confiance, décréta-t-il sur un ton réjoui. Mais pas aujourd’hui ! Parce qu’aujourd’hui, on fait la fête !
– Et aussi parce qu’aujourd’hui, Henry a été emmené chez Dumoulin, précisa Stéphanie.
– Mais arrête de te moquer de moi ! » Ronchonna Jérémy, comme s’il était vexé. En réalité, il arborait un grand sourire.

Une fois leur plan d’action mis au point, ils décidèrent d’un commun accord de recommencer à profiter des réjouissances. La nuit tombait vite en fin d’après-midi et un feu d’artifice devait avoir lieu à cette occasion. Les enfants avaient eu le droit de rester un peu plus longtemps que l’heure de la fermeture habituelle du collège pour cette occasion. Ils ne furent pas déçus : le feu d’artifice s’avéra grandiose. Pendant une heure, des scènes colorées sur le thème de samhain se succédèrent dans le ciel nocturne.

En rentrant chez lui ce soir là, Cédric se sentait un magicien heureux et il avait de joyeux souvenirs plein la tête. Ces souvenirs lui donnèrent du baume au cœur pour la suite. En effet, les semaines qui suivirent furent parsemées de moult contrôles et autres interrogations. Et, autant il s’en sortait à peu près sur le plan théorique, autant il avait toujours du mal à briller sur le plan pratique.

Pourtant il s’entraînait souvent pendant les heures d’étude et il était devenu très motivé pour les cours de défense magique depuis que ses amis l’avaient rejoint. Ce fut d’ailleurs à ces occasions que Jérémy tenta un rapprochement avec Henry pour le questionner sur ce qu’il savait à propos de la Confrérie des Cinq Eléments. C’est ainsi qu’ils apprirent que ce regroupement de mages était à l’origine de la mort de ses parents. Henry ne savait pas lequel des cinq l’avait rendu orphelin, en raison de quoi il leur vouait à tous une haine tenace. Et, Cédric devait bien l’avouer, c’était compréhensible.

En dehors de cela et de ce que le groupe d’amis savait déjà, Henry n’avait pas beaucoup de nouvelles informations à propos de cette confrérie. Il continuait d’accuser Guilhelm des Bouleaux, le garçon très blond qu’il avait poursuivi le jour de la fête de samhain, d’avoir des accointances avec la confrérie. En réalité, il s’agissait plutôt de la famille des Bouleaux dans son ensemble, mais Guilhelm défendait les points de vue de sa famille, comme cela arrive souvent.

Stéphanie et Jérémy avaient tenté d’argumenter qu’ils n’estimaient pas que c’était une raison suffisante pour agresser ce pauvre Guilhelm, tout antipathique soit-il. En son for intérieur, Cédric les approuvait. Henry n’était pas de cet avis et préférait considérer qu’il était de son devoir de trouver toutes les preuves incriminantes possibles à l’encontre de Guilhelm et de ses parents. Et ce, même s’il devait enfreindre des règlements scolaires pour ça et même si ce qu’il faisait pouvait passer pour du harcèlement. Pour Henry, la clef vers la Confrérie des Cinq Eléments passait par les des Bouleaux et la fin justifiait les moyens.

Alors que les esprits s’échauffaient, Cédric calma ses deux amis outrés avec le soutien de Valentine. Pour eux, il ne servait à rien d’essayer de raisonner Henry et, surtout, cela ne valait pas la peine de se disputer. Surtout que monsieur Apowain s’apprêtait à intervenir. Son regard désapprobateur était une mise en garde suffisante et suffit à calmer les élèves sur le point d’en venir aux poings. Après cela, Henry se montra moins chaleureux à leur égard. Surtout à l’égard de Jérémy et Stéphanie qui le trouvaient trop violent.

 

L’automne avançait inexorablement et les premiers froids glaciaux firent leur arrivée peu de temps après samhain. C’est dans cette ambiance froide, accroupi et concentré dans le gymnase peu chauffé, que Cédric bascula au sein même de son esprit. En fermant les yeux, il se retrouva dans une pièce où tout semblait constitué de volutes. La vieille femme qui lui avait parlé la première fois était assise sur un fauteuil, devant un feu de cheminée crépitant. Elle fit apparaître un deuxième fauteuil identique au sien et invita le garçon à s’y asseoir.

« Nous sommes dans un coin de ton esprit que j’ai aménagé pour l’occasion, lui expliqua-t-elle. J’avais l’impression que tu grelottais de froid, du coup je me suis dit que cela te ferait plaisir d’être dans un salon douillet et au chaud.
– Merci.
– Je suis désolée de ne pas être revenue plus tôt, mais j’avais quelques soucis, poursuivit la vieille femme.
– Je comprends, lui assura Cédric. Je suppose que vous êtes Hildegarde, c’est ça ?
– Oui c’est moi, quel petit perspicace !
– Et vous avez des problèmes avec la Confrérie des Cinq Eléments ?
– Exactement, acquiesça Hildegarde avec un regard admiratif. Je vois que tu as déjà démêlé pas mal de choses, mon garçon. »

Cédric sourit sous les compliments. Ce n’était pas toujours facile à dire avec les vieilles femmes, mais celle-là lui avait paru sincère. « Bon. Puisque tu sais déjà tout, reprit Hildegarde, as-tu des questions ?
– Oui, j’ai des questions à propos de mon catalyseur de brume, en profita le garçon.
– Ah ? Tiens donc.
– Oui, j’ai beaucoup de mal à le maîtriser pour catalyser des grands volumes de magie, expliqua Cédric. Et comme vous êtes une maîtresse du brouillard… accomplie, je voudrais savoir si vous aviez des conseils. »

La vieille femme pouffa de rire. « Accomplie, voilà un terme flatteur pour mon expérience ! Se réjouit-elle. Oui, j’ai des conseils pour toi.
– Oh ! Lesquels ?
– Tout d’abord, avant de pouvoir catalyser de gros volumes de magie, il faut que tu apprennes à catalyser parfaitement le peu que tu arrives à rassembler, expliqua Hildegarde sur un ton docte. Et quand je dis parfaitement, ce n’est pas un vain mot ! Il faudra que tu maîtrises la moindre étincelle magique pour la façonner selon ta volonté avant d’avoir accès au plein potentiel de ton pouvoir.
– Comment ça, au plein potentiel de mon pouvoir ? Je n’ai pas tout ?
– Oh non malheureux, pouffa la vieille femme. Les volumes de magie que peut catalyser un maître du brouillard qui possède un catalyseur de la brume sont titanesques ! Et c’est impossible à gérer pour un jeune magicien non-initié. C’est pourquoi j’ai bloqué en partie ta capacité à absorber la magie.
– Quoi ? S’étonna Cédric. Mais pourquoi ?
– Je viens de te le dire, s’amusa Hildegarde. Tu aurais subi un trop plein de magie et qui sait ce qui aurait pu t’arriver. »

Le garçon mit un moment à digérer l’information. Suite à quoi, il s’enquit : « Je ne suis pas nul alors ?
– Hahaha ! Bien sûr que non ! S’esclaffa la vieille femme. Tu n’es pas nul, juste bridé. Je lâcherai les vannes lorsque tu sauras parfaitement maîtriser le peu que tu arrives à catalyser. Et puis… » Elle s’arrêta un instant, pensive.

« Cela donnera aussi à la Confrérie des Cinq Eléments un peu plus de fil à retordre pour te retrouver. Je te conseille de mettre ce temps à profit pour devenir le meilleur.
– Mais pourquoi ils en ont après moi ? Demanda Cédric.
– Parce que tu es un maître du brouillard. Ils vont certainement essayer de te rallier à leur cause. Et, s’ils n’y parviennent pas, juste te capturer et se servir de toi comme catalyseur leur suffira. Ils ont besoin de grosses sommes d’énergie élémentaire pour certains sortilèges qu’ils ont envie d’utiliser. »

Le garçon resta un moment à digérer ces nouvelles informations. « Oh ! Je pense que nous devons mettre fin à notre discussion : ton professeur et tes camarades risquent de s’inquiéter pour toi sinon.
– Ah, d’accord, balbutia Cédric.
– En parlant de notre conversation, tu devrais éviter d’en parler. Mieux vaut que cela reste un secret entre nous. »

L’apprenti-magicien acquiesça et il ouvrit les yeux dans le gymnase.

 

4058 glorieux mots pour les deux jours !

NaNoWriMo 2017 : À l’École de l’Autre Côté du Miroir, jour 12

Après les explications de Jérémy, un grand silence se fit. Matéo s’était rendormi, bercé par l’histoire. Stéphanie et Valentine étaient serrées l’une contre l’autre, enveloppées de l’édredon. Adossé sur la tête du lit, Cédric digérait les informations qui collaient beaucoup trop bien à son rêve pour ne pas le mettre mal à l’aise. Il leva les yeux sur ses amis qui le considéraient avec inquiétude et compassion.

« Je ne sais pas quoi faire, leur avoua-t-il.
– Nous non plus, confessa Stéphanie au nom des autres. Et je sais même pas si un adulte serait capable de nous aider dans cette histoire. Il en parlerait à d’autres adultes et ils feraient des réunions tous ensemble et ils t’enfermeraient probablement quelque part pour te protéger. »

Cédric savait que son amie n’avait pas une grande estime pour les adultes. Ce qui n’empêchait pas que ses propos sonnait vraiment justes à ses oreilles : cela ressemblait vraiment à ce que feraient des adultes. Pourtant il n’avait pas d’autre choix. Tout seul il ne pouvait rien contre une confrérie de quatre grands mages. Et puis pourquoi en avaient-ils après lui ? Il était peut-être un futur maître du brouillard, mais il ne savait même pas commander correctement à sa brume.

« Il va falloir réfléchir à un plan, déclara Jérémy avec combattivité.
– Et en attendant d’en trouver un, intervint Valentine de sa voix douce, je pense que nous devrions suivre les cours de défense magique avec Cédric.
– Pour quoi faire ? S’étonna Matéo qui s’était de nouveau réveillé.
– Pour pouvoir l’aider à se défendre contre cette Confrérie des Cinq, bien sûr, expliqua Stéphanie.
– Mais ce n’est pas une obligation si tu ne veux pas, hein, précisa Valentine.
– C’est une excellente idée ! » S’exclama Jérémy en sautant sur son lit pour arriver en station debout.

Ils furent interrompus dans leur élaboration de plan par le père de la famille Rivière qui les appelait : « Hé ho ! Là haut, je vous entends ! Vous pouvez venir prendre votre petit déjeuner ! » Trouvant que c’était une bonne idée, les cinq enfants se précipitèrent au rez de chaussée pour manger. [trouver des trucs à manger typiques]

Leur petit-déjeuner fut interrompu par la porte de la cuisine qui s’ouvrit brusquement sur l’extérieur. Une femme entra, accompagnée d’un loup gris clair et se défit de son ample manteau en soufflant. « Maman ! » S’exclamèrent Jérémy et ses sœurs en chœur, avant de se jeter au cou de madame Rivière, tandis que les amis de son fils lorgnaient sur le loup qui lui arrivait à la taille. Ses longs cheveux bruns étaient striés de quelques cheveux gris et, enchantée, elle rit aux éclats sous les assauts d’affection de ses quatre enfants.

« Heureusement que vous êtes là les enfants ! S’exclama-t-elle. Les Belles Gens sont tellement guindés que je me demande comment ils font pour ne pas mourir d’ennui.
– Tu arrives juste à temps, la félicita son mari. Le petit-déjeuner est servi ! » Il poussa sa progéniture du passage pour accéder à son tour à sa femme. La mère de Jérémy se fit ensuite présenter les amis de son fils et s’installa autour de la table pour manger avec tout le monde.

Après avoir englouti l’équivalent de deux petits-déjeuners en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, Isabelle Rivière soupira d’aise. « Je crois qu’avec toutes ces histoires, je vais devoir me rendre dans le monde sans magie la semaine prochaine. Les problèmes recommencent, j’en ai bien peur.
– La Confrérie des Cinq Eléments est vraiment de retour, tu penses ? S’enquit son mari.
– Oui, et toutes les hautes sphères en sont plus ou moins conscientes. » Elle flatta distraitement la tête de son loup, qui parut apprécier l’attention.

Cédric resta le nez dans son bol. Il avait l’impression de déranger tout le monde avec ses problèmes, alors qu’il n’en parlait même pas. En levant les yeux, il capta le regard de la mère de son ami qui le fixait d’un air pensif. Il fut soulagé lorsque Jérémy prit la parole. « Mais maman, ils veulent quoi la Confrérie des Cinq Eléments ? »

L’attention d’Isabelle Rivière passa de Cédric à son fils. « Comme tous les groupuscules du même acabit mon chéri. Ils veulent faire leur place dans ce monde et accumuler le plus de pouvoir possible.
– Mais ils n’étaient pas que quatre ? Continua innocemment Jérémy.
– Si, ils ont perdu leur maître du brouillard, confirma Isabelle. Ils en cherchent un autre pour compléter leur cercle élémentaire. Mais plusieurs royaumes se sont mis d’accord pour dissimuler Maîtresse Hildegarde, la dernière magicienne du brouillard. »

Elle jeta un discret coup d’œil en direction de Cédric. Stéphanie intervint à son tour : « Et à partir de quand on peut être considéré comme un maître du brouillard ?
– Il y a plusieurs façons d’être considéré en tant que tel, répondit la mère de Jérémy. Je me doute bien que vous vous inquiétez pour votre ami au catalyseur de brume, mais ne vous en faites pas : le collège est surveillé. Il n’y a pas que Cédric qui risque d’être approché par la Confrérie des Cinq Eléments.
– Et pourquoi ils veulent absolument avoir un maître du brouillard ? Continua Stéphanie.
– Pour plusieurs raisons. »

L’ambassadrice se redressa sur sa chaise et laissa échapper un rot qui fit pouffer ses enfants de rire. Comme si de rien n’était, elle expliqua : « Vous comprendrez très vite qu’avoir un cercle de mages ouvre de grandes possibilités. Certains des plus nombreux et puissants ont été capable de déplacer des montagnes. Littéralement. Bien sûr, les cercles de mages élémentaires se sont avérés les plus puissants, puisque leurs éléments sont au cœur même de la magie. Et il est généralement admis qu’un cercle de mages contenant des maîtres de tous les éléments est ce qu’il y a de plus efficace. Mais vous apprendrez toutes ces choses en cours de toutes façons ! »

Après la fin du petit-déjeuner, débarbouillage et habillage, les cinq collégiens se retrouvèrent à l’extérieur. Jérémy comptait leur faire visiter les alentours. Ils ne s’éloignèrent pas trop de la ferme. Il y avait déjà beaucoup de choses à voir et, de toutes façons, ils avaient beaucoup à discuter.
Cédric était un peu rassuré de constater une fois de plus que ses amis le soutenaient dans ses malheurs. La conversation avec la mère de Jérémy lui avait en revanche laissé des sentiments plus mitigés. D’un côté, il était fort aise de savoir que les risques à son propos étaient connus. D’un autre, il trouvait les adultes très naïfs s’ils pensaient vraiment qu’il n’était qu’une cible potentielle parmi d’autres.

Les discussions dérivèrent sur des sujets moins graves, comme certains professeurs qui les faisaient rire. Mademoiselle Dunoyer, notamment, était une star des expressions approximatives qu’ils trouvaient hilarantes. Elle était suivie de près par monsieur Curin-Cocon à l’enthousiasme inébranlable. Les soucis de Cédric s’estompèrent un peu en même temps que que la conversation changeait. A la fin de la journée, il riait autant que les autres, l’esprit léger.

Avec la fin de la journée arriva le terrible moment où chacun devait rentrer chez soi. Ils n’allaient pas pouvoir passer par le collège qui n’était pas accessible le week end. Le père de Jérémy les emmena donc, dans une charrette équipée de sièges rembourrés et tirée par des licornes, jusqu’à une ancienne fontaine qui datait de la période gallo-romaine. Monsieur Rivière leur raconta que certaines constructions antiques existaient dans les deux mondes et qu’elles servaient souvent de portails.

Ils le savaient déjà, puisque Jérémy leur avait expliqué pourquoi ils devaient donner rendez-vous à leurs parents à côté d’une fontaine gallo-romaine en partie en ruines. Seuls les parents de Valentine ne seraient pas présents ; ceux de Stéphanie avaient accepté de ramener la fillette blonde chez elle, sans savoir qu’ils couvraient ainsi la fausse excuse des deux filles.

 

Le reste du week end de Cédric se passa très tranquillement et dans une telle « normalité » qu’il en vint presque à se demander s’il s’était vraiment rendu chez Jérémy, ou si tout cela n’avait été qu’un rêve. Penser aux rêves lui rappela la Confrérie des Cinq Eléments et surtout, la morganez qui l’avait à la fois tellement fasciné et terrifié. Il repoussa donc ses idées noires et alla jouer à inventer des histoires avec ses sœurs.

Les jours suivants se déroulèrent sans que quoique ce soit de notable n’interfère dans la vie de Cédric. Ses amis l’ayant même rejoint pour les cours de défense magique, ne le laissant ainsi plus seul avec Henry, le garçon blond estimait que tout était pour le mieux. Il n’y avait que Matéo qui avait décliné de participer à ces cours supplémentaires, mais cela, les autres l’avaient pressenti. Le seul véritable point noir était que Cédric sentait toujours que quelque chose bloquait sa bonne maîtrise du brouillard.

La Toussaint arriva, avec son cortège d’halloween. La plupart des habitants du monde sans magie estimaient que toutes les histoires autour d’halloween – la Toussaint, ou Samhain selon les qualificatifs – n’étaient que superstitions. Cédric se sentait très fier de savoir qu’il n’en était rien. Le monde, le magique et le sans magie, était bel et bien plus près du royaume des esprits en cette nuit qui annonçait le début de la partie sombre de l’année.

La plupart des élèves du monde sans magie avaient frissonné à cette idée. Jérémy avait rassuré ses amis en leur expliquant que les esprits étaient très rarement dangereux. En général, ils se contentaient d’errer autour de l’endroit où la mort les avait pris et de quelques autres lieux qu’ils avaient bien connus de leur vivant ou qui avaient une signification particulière pour eux. Et, la plupart du temps, ils ne prêtaient aucune attention aux vivants.

Samhain – car il était encore appelé ainsi du côté magique du miroir – restait une affaire très sérieuse dans le monde magique. Comme il tombait un jour de semaine [à déterminer une fois qu’un calendrier aura été décidé], le jour en question devait être un jour de fête dans l’établissement. Chacune des classes de l’établissement avait un petit quelque chose en particulier à préparer pour aider, en vue des réjouissances.

La classe de Cédric devait élaborer

 

1699 mots pour aujourd’hui, ça fait peu pour un dimanche, mais le quota est rempli et l’honneur est sauf ! Et ça faisait longtemps que je ne m’étais pas arrêtée au milieu d’une phrase hahaha !

NaNoWriMo 2017 : À l’École de l’Autre Côté du Miroir, jour 11

L’invitation prit finalement effet deux semaines plus tard. Les parents de Valentine avaient mis du temps à accepter. Pourtant, la fillette blonde leur avait dit qu’elle irait dormir chez Stéphanie. Suite à quoi, la fillette brune avait été invitée à manger chez la famille Legrand pour qu’ils puissent vérifier si Stéphanie était suffisamment raisonnable. Cette dernière était une habituée de l’exercice et savait se comporter en petite fille modèle. Cela suffit à convaincre les parents de Valentine.

Le fameux vendredi soir arriva. Cédric en était particulièrement content, car ses progrès pour maîtriser sa brume étaient toujours infimes, la vieille dame qui avait dit qu’elle l’aiderait ne s’était pas manifestée depuis et Henry était meilleur pour gérer le feu que lui le brouillard pendant les cours de défenses magiques. La soirée entre amis était un moment sur lequel il misait beaucoup pour le mettre en joie.

Matéo allait aussi être dans la partie. En effet, lorsqu’il avait entendu dire que Jérémy avait proposé à Valentine, Stéphanie et Cédric de venir chez lui, il avait assuré qu’il serait là aussi. Pris de court, Jérémy n’avait pas su lui avouer qu’il n’était pas invité et les choses restèrent en l’état, dans un semi malaise permanent. C’est pourquoi, en ce vendredi pluvieux, après leur dernière heure de cours d’Expression, cinq collégiens sortirent de l’établissement côté magique et se dirigèrent joyeusement vers la maison de Jérémy.

Les quatre issus de monde non magique regardaient partout autour d’eux avec curiosité. Comme au sein du collège, il y avait de gros champignons colorés un peu partout, qui s’enfuyaient en ronchonnant de leurs voix aiguë. Et plus ils s’éloignaient de l’école, plus ils s’éloignaient de la petite ville qui l’entourait et plus il y avait de champignons colorés. De grandes plaines en partie boisées entouraient l’endroit à perte de vue.

« C’est marrant, commenta à ce propos Cédric. Je pensais que la ville de ce côté ci devait être aussi grosse que la nôtre.
– Ah bon ? Vôtre ville est plus grosse ? S’émerveilla Jérémy.
– Oui, beaucoup plus j’ai l’impression, confirma Stéphanie. Et puis il y a des voitures chez nous.
– Oh, ça nous aussi. » Lui assura le garçon brun en lui désignant une calèche.

« Hihi non ! S’esclaffa la fillette à la loutre. Je parle de voitures qui roulent toutes seules, sans chevaux !
– Qui roulent toutes seules ? S’étonna Jérémy. Mais je croyais qu’il n’y avait pas beaucoup de magie chez vous…
– Justement, comme nous ne pouvons pas utiliser la magie chez nous, nous avons dû trouver d’autres astuces pour nous simplifier la vie, intervint Valentine de sa voix douce.
– Comme les stylos billes ? Waaa ! Ca a l’air tellement génial votre monde ! J’ai super hâte que vous m’y invitiez… »

Sur leur lancée, ils continuèrent de parler à Jérémy des appareils que l’on pouvait trouver dans le monde sans magie. Leur conversation leur donna l’impression qu’ils n’avaient pas eu à marcher vingt minutes jusqu’à arriver en vue d’une petite ferme [est ce qu’on ne pourrait pas trouver quelque chose d’un peu plus original ?]. Ils avaient même traversé un bois qui, bien que peu étendu, paraissait très ancien avec ses gros arbres, les troncs moussus à terre et une odeur très prenante de humus. Dans la petite forêt, l’air paraissait encore plus froid que dans la plaine, alors même que les arbres faisaient barrage à la bise automnale.

« Bienvenue ! » Les accueillit joyeusement monsieur Rivière, le père de Jérémy. Cet homme semblait aussi jovial que son fils et portait un fouet à sa ceinture. Il les invita à l’intérieur, dans une cuisine proprette et encombrée, où il leur proposa du vin chaud aux épices pour se réchauffer, accompagné de tourte aux pommes. Les quatre enfants du monde non magique étaient impressionné qu’un adulte leur propose ainsi du vin, ce qui fit rire le père de Jérémy. Il leur expliqua que le vin cuit n’était presque plus alcoolisé, mais leur proposa du lait chaud au miel s’ils préféraient.

Le lait chaud au miel, ils avaient déjà tous eu l’occasion de goûter. Ils demandèrent donc tous du vin chaud. En plus, cela leur donnait l’impression de se sentir plus adultes qu’ils n’étaient. Quant aux tourtes aux pommes, elles furent englouties en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Jérémy se rengorgea en les informant fièrement qu’il avait participé à leur confection. Il rougit de plaisir lorsque tous ses compagnons le félicitèrent d’avoir réussi d’aussi bonnes pâtisseries.

Une fois le goûter terminé, auquel avaient participé les trois sœurs de Jérémy, les Rivière firent visiter leur ferme aux quatre enfants du monde sans magie. Monsieur Rivière était éleveur et dresseur de bêtes de monte et de trait. [finalement je crois que ça sera bien une ferme, mais une grosse] La catégorie regroupait autant les poneys et les sangliers, que les griffons, en passant par les licornes et bien d’autres créatures différentes. Valentine resta en admiration devant les licornes, tandis que Stéphanie et Cédric lorgnaient sur les chevaux ailés et que Matéo bavait devant un griffon.

« Mais qui utilise des sangliers ou ces grosses chèvres ? S’enquit Cédric avec curiosité.
– Des personnes de petites races, lui expliqua fièrement un Jérémy ravi de faire partager son savoir. Comme les korrigans par exemple.
– Les sangliers sont rarement des montures, précisa son père. Plutôt des animaux de trait. Même si j’ai connu un satyre qui m’en avait commandé un à monter. »

Les enfants du monde sans magie étaient très impressionnés par les animaux de la ferme Rivière. Lorsqu’ils s’enquirent de savoir où se trouvait la mère de Jérémy, ce dernier leur expliqua qu’elle était en voyage d’affaires et qu’elle ne rentrerait pas avant le lendemain. Elle était diplomate entre la ville où se trouvait le collège et dont ils dépendaient et un royaume voisin de Belles Gens. Le garçon brun précisa que la plupart des élèves des Belles Gens qui étaient scolarisés avec eux venaient de ce royaume, nommé le royaume du Lac.

Après la visite de la ferme, la nuit était déjà entièrement tombée. Un filet de brume recouvrait les champs et les prés et on pouvait entendre les loups hurler au loin. « Il y a des loups ici ? Demanda Stéphanie avec de grands yeux écarquillés d’admiration autant que de frayeur.
– Oui, des loups, des ours, des lynx, des gloutons… Plein d’animaux dangereux, lui répondit Jérémy. Mais papa a mis des protections en place pour protéger ses bêtes. Au sein de la ferme, nous ne craignons rien. »

Ses amis furent rassurés de l’entendre. Aucun d’entre eux n’avait jamais entendu des loups hurler la nuit et cela s’avérait être une expérience effrayante. Ils se serrèrent les uns contre les autres sur le canapé du confortable salon des Rivière. Le père s’affairait dans la cuisine ; les enfants voyaient parfois le fouet se promener tout seul comme un serpent flottant pour aller chercher des ustensiles ou des ingrédients. Ils lui avaient proposé leur aide, mais il les avait envoyé discuter ou jouer ensemble dans le salon en leur disant qu’il ne les voulait pas dans ses pattes.

Jérémy leur proposa de s’entraîner à allumer un feu dans la cheminée, pour se réchauffer. En cette soirée d’automne – ils étaient alors en octobre – le froid était déjà bien pénétrant dans le monde magique. Les enfants avaient appris un sortilège pour allumer un feu dans une cuisine en cours de magie pratique et ils s’y essayèrent tous. La formule était simple et tous parvinrent à faire partir le feu.

Cédric était fasciné de voir que les catalyseurs produisaient tous un effet différent avec le même sortilège. En effet, un rayon avait jailli de la baguette de Matéo pour enflammer la petit bois, tandis que pour Stéphanie c’était sa loutre qui avait craché du feu dans l’âtre. Valentine avait jeté une de ses cartes dans la cheminée, dans laquelle elle explosa, avant de revenir, fumante, dans la main de la fillette blonde.

Mollasson était entré dans la cheminée où se changea en feu et, une fois que les flammes crépitaient hautes et claires dans la cheminée, il sortit sous sa forme mollassonne. Cédric, quant à lui, avait envoyé son brouillard dans la cheminée et les volutes brumeuses devinrent des volutes de fumée, jusqu’à ce que le feu parte. Ils s’applaudissaient à chaque fois, même s’il ne s’agissait pas d’un grand exploit. Ils étaient enthousiastes et se sentaient bien tous ensemble.

Ils mangèrent le repas du soir autour d’une immense table, dont la taille changeait selon le nombre de personnes qui s’y asseyait. Entre la famille Rivière et les invités, ils étaient tout de même huit autour de la table. Une table particulièrement bruyante, qui plus est, avec autant d’enfants autour, tous aussi excités que des puces. De plus, elle était tellement chargée de victuailles que les quatre invités avaient l’impression de se retrouver à un banquet. Ils en étaient enchantés.

Après manger, les huit paires de mains aidèrent le père de Jérémy à débarrasser les reliefs du repas. Avec autant de mains, ce fut très rapide et monsieur Rivière eut rapidement l’occasion d’aller faire une dernière fois le tour de ses animaux. Les enfants issus du monde sans magie se rendirent tous dans la chambre de Jérémy.

Ils jouèrent à des jeux magiques comme [trouver des exemples et les expliquer].

Et, une fois en pyjama, et fatigués, ils discutèrent encore pendant au moins une heure, avant de sombrer dans le sommeil. Cédric se trouvait dans le lit de Jérémy avec ce dernier, tandis que Matéo était suspendu dans un hamac qui traversait la pièce. Valentine et Stéphanie, quant à elles, se serraient l’une contre l’autre avec la loutre entre elles pour contrer le froid, installées sur un grand matelas au sol.

Alors qu’ils dormaient tous profondément, Cédric s’agita dans son sommeil. Et sa brume, autour de lui, commença à se répandre dans la pièce. Il rêva qu’il était un adulte, assis dans un grand fauteuil blanc devant un feu au centre d’une pièce. Autour de l’âtre se trouvaient quatre autres fauteuils, dont trois étaient occupés.

L’un, le bleu qui se situait juste à sa droite, par une jeune femme au regard doux qui paraissait avoir les cheveux trempés. Le suivant qui était gris se trouvait vide. Ensuite, un fauteuil rouge était occupé par un homme roux flamboyant. Puis, à sa gauche, le fauteuil marron était occupé par un être de petite taille – un nain reconnut Cédric – qui avait des tâches de terre sur le visage.

Pour une raison qui échappait au garçon, l’homme roux lui semblait familier. Celui-ci se leva et s’adressa à ses compagnons. « Je suis heureux de vous revoir ici, déclara-t-il. Je n’ai pas encore réussi à joindre de nouveau notre futur compagnon pour le convaincre de nous rejoindre. Quelque chose me bloque. Cela me fait du mal de l’avouer, mais je pense que Liselle avait raison lorsqu’elle affirmait que la vieille Hildegarde n’était toujours pas décédée. »

Cédric se sentit incliner la tête, comme s’il était Liselle et qu’il acceptait la reconnaissance du propos. Il était très perturbé : cette voix de l’homme roux, il était certain de l’avoir déjà entendue. Celui-ci reprit. « Elle doit cependant être bien affaiblie, cette vieille peau. Ce n’est qu’une question de temps avant que les barrières qu’elle a dû mettre en place ne me laissent passer.
– Nous devrions peut-être essayer de la retrouver dans ce cas. » Suggéra la jeune femme qui dégoulinait d’eau.

Elle avait une façon de parler très fluide et Cédric, en la regardant mieux, réalisa qu’elle n’était certainement pas humaine. Et elle ne faisait pas partie des Belles Gens non plus : elle ne possédait pas leur lumineuse prestance. Ses canines étaient plus longues que ne le seraient des canines humaine, ses yeux étaient entièrement bleus sans iris et des branchies externes parsemaient ses cheveux dans la zone derrière les oreilles et du cou. Sa peau était d’un léger bleu irisé. Une morganez, une fée de l’eau, voilà ce que le garçon avait à côté de lui. Les Belles Gens, eux, étaient des fés des forêts.

Cédric se sentait mal à l’aise. Il avait conscience d’être dans un rêve, mais il ne savait pas comment se réveiller. Et tout paraissait tellement réel ! La réunion continuait d’ailleurs sur un débat pour savoir si c’était vraiment utile de pourchasser Hildegarde ou s’il valait mieux trouver d’autres moyens de mettre la main sur le jeune maître du brouillard. Cela mit le garçon encore plus mal à l’aise.

C’est alors qu’il se souvint d’où il avait entendu la voix de l’homme roux. C’était lui la deuxième personne qui était venue lui parler pendant qu’il s’entraînait en cours de magie pratique, quand il avait rempli la salle de brume. Ainsi cet homme le recherchait ? Pourquoi avait-il besoin d’un jeune garçon comme lui ? Surtout qu’il lui avait dit qu’il était dangereux. Cédric déglutit intérieurement. Peut-être qu’il le recherchait justement parce qu’il était dangereux…

Finalement, il se réveilla en sursaut. Il ne savait pas s’il avait réussi à ouvrir les yeux de son propre chef ou si on l’avait aidé. Constatant qu’il avait laissé son brouillard s’étendre de partout, il s’efforça de se calmer. Cédric n’avait jamais fait un tel rêve et ses filaments de brume ne s’étaient jamais éparpillés ainsi en dehors du monde magique. Il fit l’hypothèse que tout cela avait un lien. Pourtant, c’était dans le monde sans magie qu’il avait été agressé. Peut-être que cela n’avait rien à voir ?

Redressé dans le lit, il se prit la tête entre les mains. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait et il trouvait toute cette situation très angoissante. Sentant que des sanglots arrivaient, il s’efforça de ne pas les laisser s’échapper, pour ne pas réveiller les autres. Il ne voulait pas qu’ils le voient ainsi pleurer comme un bébé après un mauvais rêve. Etait-ce vraiment un mauvais rêve ? Le souvenir n’en était pas flou et diffus, mais terriblement clair et net. C’était bizarre et inquiétant.

Cédric se recoucha, se demandant comment il allait retrouver le sommeil. Alors qu’il s’enfonçait dans la torpeur de l’assoupissement, un soudain poids sur son ventre le réveilla en sursaut. « Pfff… Mollasson, pousse-toi… » Marmonna-t-il tout bas. Le catalyseur de magie de Jérémy s’était installé sur lui et ne paraissait pas vouloir le quitter. Le garçon blond soupira et abandonna le duel contre Mollasson.
Il se tourna sur le côté et en quelques secondes, il était de nouveau endormi.

 

Au réveil, le samedi matin, tout le monde semblait avoir eu une nuit peuplée de rêves divers et variés. Et, comme tous ses amis racontaient leurs rêves, Cédric rapporta le sien également. Il se disait qu’il aurait l’air moins bizarre s’il le racontait au milieu de tous les autres rêves. Mais il se trompait : ses amis ne se laissèrent pas avoir par son ton badin. Plus il avançait dans sa narration, plus leurs mines se faisaient graves et inquiètes.

« Ca fait peur ton rêve quand même, déclara Jérémy tout de go.
– Super peur même, appuya Stéphanie. Je n’en reviens pas que tu ne te sois pas réveillé en hurlant cette nuit !
– J’ai bien failli… Avoua Cédric.
– Ca rentre dans les incidents à raconter à madame Verone, ça, non ? Supposa Valentine. Cette histoire a l’air très grave.
– Oui, il faudrait peut-être mieux en parler, intervint Matéo.
– Je n’ai pas envie d’en parler à Verone, soupira l’apprenti maître du brouillard.
– Oui, c’est vrai que peut-être il vaudrait mieux ne pas en parler. » Acquiesça de nouveau Matéo.

Les quatre autres lui jetèrent des regards perplexes ; ce n’était pas la première fois que le garçon modulait son avis en fonction de celui de la dernière personne qui avait parlé. Sauf que ce n’était pas très utile. Jérémy secoua la tête et reprit le sujet initial, en déclarant sombrement que ce que leur avait décrit Cédric lui faisait penser à des faits divers qui avaient eu lieu dans le monde magique.

Son père lui avait raconté que, l’année de sa naissance, un groupe de magiciens, qui avaient pris le nom de la Confrérie des Cinq Éléments, avaient tenté de renverser un royaume voisin. Un royaume de korrigans nommé Ker-Marec. La rumeur disait que ce n’était qu’une étape de leur plan, mais aucune preuve n’avait jamais pu être apportée à ça. Ce groupe de magiciens était formé de personnes extrêmement brillantes dans leur domaine. Leur domaine étant pour chacun l’un des cinq éléments.

Leur chef était un maître du feu répondant au nom de Maleflamme. Il était perclus de bonnes intentions mais était doté d’un très mauvais caractère. Il s’emportait souvent et ses colères étaient explosives. Il était d’autant plus doué en maîtrise du feu que son catalyseur n’étaient autres que les flammes, comme pour Henry, le garçon que Cédric n’appréciait pas.

Les autres maîtres avaient tous des affinités pour un élément en particulier, mais ne possédaient pas forcément un catalyseur de l’élément en question. C’était le cas pour leur maître du brouillard qui se nommait Ancelin de Blancherive : il maîtrisait les volutes de brume à la perfection, mais son catalyseur n’était pas le brouillard lui-même, contrairement à Cédric. C’était peut-être ce qui avait causé sa perte.

En effet, Ancelin était le seul membre de la Confrérie des Cinq Éléments qui avait été retrouvé. Mais il avait été retrouvé mort, après un terrible combat contre une des plus grandes magiciennes de son temps : Hildegarde Puisatier, qui était, elle, une maîtresse du brouillard qui possédait le catalyseur de la brume. Le fait qu’ils n’avaient d’Ancelin qu’un cadavre, ne permit pas de lui extorquer des informations pour mettre la main sur les autres.

Après cette bataille, plus personne n’entendit parler des autres membres de la Confrérie des Cinq Éléments. Mais certaines rumeurs se colportent parfois sur une action ou une mystérieuse personne qui pourraient être liées à eux. Les parents de Jérémy étaient persuadés qu’un jour ou l’autre ils ressortiraient de l’ombre et que, ce jour là, il faudrait se tenir sur ses gardes. Plus longtemps cette confrérie de mages se préparait, plus ils seraient à craindre.

 

3023 mots pour aujourd’hui, youpiii \o/ Et en plus les personnages consentent enfin à m’expliquer des trucs sur l’intrigue, c’est pas trop tôt !

NaNoWriMo 2017 : À l’École de l’Autre Côté du Miroir, jour 10

À peine les enfants furent-ils sortis de la salle que madame Verone pinça les lèvres. Voilà qui était fâcheux, songea-t-elle en son for intérieur. Maleflamme avait déjà trouvé le nouveau maître du Brouillard. Il n’avait pas perdu de temps… La professeure d’Histoire-Géographie secoua la tête. Elle devait aller voir les directeurs, l’établissement risquait d’être le témoin d’évènements dangereux si Maleflamme arrivait jusque là.

Sans compter que si ce dernier suivait le jeune Cédric Berger jusqu’au monde sans magie, il risquerait d’y causer beaucoup d’incidents. Jusqu’ici le monde sans magie avait été à l’abri des fourberies de Maleflamme car rien ne l’y intéressait. Tout en réfléchissant à des solutions pour préserver l’école et l’élève Berger de l’influence du mage, madame Verone se dépêcha de se rendre dans le bureau de madame Dumoulin, la directrice du collège. Des décisions devaient être prises.

 

Après leur dernière heure de cours, les élèves du monde sans magie accompagnés de Jérémy se retrouvèrent en salle d’étude. Tout en faisant leurs devoirs, Valentine, Stéphanie et Jérémy aidèrent Cédric à rattraper les quelques exercices qu’il n’avait pas pu faire la veille. Comme le temps d’étude était bien plus long que ce qu’il y avait besoin pour faire leurs devoirs, ils passèrent un long moment à discuter.

En même temps qu’ils discutaient, Cédric s’entraînait à donner des formes à son petit brouillard. C’était particulièrement laborieux, alors que les autres parvenaient à faire faire pratiquement ce qu’ils voulaient à leurs propres catalyseurs. Valentine faisait flotter ses cartes autour d’elle sans le moindre effort conscient, la loutre de Stéphanie lui obéissait au doigt et à l’œil et le Mollasson de Jérémy prenait des formes plus reconnaissables et durables d’heure en heure.

L’apprenti-mage blond avait l’impression que quelque chose l’empêchait de faire comme les autres. A la fin de la journée, il arrivait à peu près à diriger des volutes de brume dans les directions qu’il voulait ou à leur donner des formes approximatives, mais ce n’était pas très concluant. Et, surtout, l’exercice le fatiguait énormément. Toutes ces choses ne laissaient pas de l’irriter.

Il ruminait toujours sur le chemin pour rentrer chez lui. C’est pourquoi il fut surpris lorsque Stéphanie le poussa sur le côté, le faisant se cogner contre un mur. A la place de là où se trouvait Cédric une seconde auparavant, des flammes étaient brièvement apparues. Son amie était déjà en train de fouiller le crépuscule du regard en cas d’une autre agression. Elle tenait fermement sa loutre en peluche dans une main et Cédric était persuadé d’avoir vu l’animal bouger.

« J’ai entendu quelqu’un partir en courant, l’informa Stéphanie. Je pense que c’est bon maintenant.
– Tu as vu qui c’était ?
– Pas du tout, déplora la fillette brune. J’ai juste vu une gerbe de feu s’abattre sur nous, alors je t’ai poussé.
– Euh, merci, au fait. » Cédric réalisait qu’il l’avait échappée belle et que le magicien qui l’avait attaqué devait être puissant pour pouvoir utiliser la magie dans le monde sans magie.

Les deux enfants restèrent un instant silencieux. Puis, frissonnant dans les ombres de la nuit tombante, ils rentrèrent chez eux en courant. Ne sachant pas comment expliquer ce qui venait de lui arriver à ses parents – que pourraient-ils faire face à un magicien ? – le garçon blond s’efforça de faire bonne figure. Il quitta tout de même rapidement la table pour se réfugier dans sa chambre et réfléchir à ce qui venait de se produire.

Il était effrayé. Quelqu’un lui voulait du mal. Le garçon aurait à peine été brûlé par les quelques flammes qui s’étaient jetées sur lui, mais le fait de ne pas savoir qui ni pourquoi l’angoissait. Et puis le fait que cela s’était produit sur le chemin du collège lui donnait une angoisse supplémentaire. Cédric savait qu’il n’allait plus pouvoir aller en cours sans surveiller ses arrières.

Une heure plus tard, sa mère frappa à la porte de sa chambre. « Ric, c’est ta copine Stéphanie, elle veut te parler. » Lui dit-elle en lui tendant le téléphone de la maison. « Par contre attention, tu ne te couches pas après vingt deux heures. » Il s’illumina. Avec Stéphanie, il pourrait s’entendre pour ne pas se rendre au collège tout seul désormais. Il se disait qu’elle remarquerait les détails que lui ne verrait pas.

« Allo, tu vas bien ? S’enquit Stéphanie avec sollicitude.
– Oui, ça peut aller, répondit Cédric. Et toi ? Tu as failli être brûlée aussi…
– Moi ça va, lui assura son amie. En plus, on en a discuté avec Valentine et nous pensons toutes les deux que c’était toi la cible.
– Ah bon ? Pourquoi ça ? »

C’était l’avis du garçon également, mais il n’arrivait pas à trouver de bonnes raisons sur pourquoi quelqu’un attaquerait ainsi un simple collégien. « Tu n’es pas un simple collégiens, lui déclara sombrement Stéphanie. Tu es un magicien qui a un catalyseur du brouillard et c’est très rare.
– Et du coup on m’en veut pour ça ?
– Je ne pense pas qu’on t’en veuille personnellement, tu vois. Mais en cours d’histoire, madame Verone nous a expliqué que, de tout temps, il y avait eu des dissensions entre les différents catalyseurs des éléments. »

Cédric réfléchit quelques instants à la question. « Moui, lâcha-t-il. Je ne sais pas, ça ressemble surtout à des histoires entre adultes ça. Moi je ne fais pas partie d’un groupe politique ou quoi.
– Pas encore, répartit Stéphanie. Ce que je voulais dire, c’est que des gens de ces groupes risquent de te trouver dangereux et que d’autres risquent de te vouloir dans leurs rangs.
– Ohlàlà, tu penses que cette histoire est si compliquée que ça ?
– Je n’en sais rien. C’est juste une… hum, une hypothèse pour le moment. »

Le garçon poussa un long soupir. « Bon, pour le moment il n’y a aucun moyen de savoir ce qu’il se passe, déclara-t-il.
– C’est vrai, avoua son amie à l’autre bout du fil.
– Du coup, en attendant, ce que je te propose c’est qu’on aille au collège ensemble. Juste au cas où, je pense qu’on serait mieux à deux.
– D’accord, approuva Stéphanie qui n’avait pas le cœur à lui rappeler qu’ils étaient déjà tous les deux lorsqu’ils s’étaient fait agresser. On a qu’à dire qu’on se retrouve à moins le quart au bout de ta rue ?
– Ok, on aura qu’à faire ça. »

Ils discutèrent ensuite de sujets plus réjouissants. Comme le fait que madame Dunoyer avait des expressions bizarres et que monsieur Curin-Cocon était tellement enthousiaste que c’en était déroutant. Après quelques minutes de badinage, les deux amis finirent par raccroché et Cédric avait presque oublié ses angoisses et idées noires. Il s’endormit comme un bébé sans même prendre le temps de ranger le téléphone.

 

Plusieurs jours passèrent sans aucun incident. Cédric et Stéphanie racontèrent leur aventure à Valentine et Jérémy. La question fut soulevée de savoir s’il fallait en discuter avec madame Verone. Après tout, elle avait bien spécifié qu’il fallait venir lui parler si quelque chose sortait de l’ordinaire. Mais Cédric ne se sentait pas à l’aise à l’idée de parler avec leur professeure principale. Il lui avait fallu tout son courage et ses amis la dernière fois et cela n’avait pas donné grand chose.

Comme ses amis paraissaient quand même très inquiets par la situation, il leur assura qu’il irait voir madame Verone si un autre incident survenait. Les trois autres parurent se contenter de cette promesse, mais Cédric remarqua bien qu’ils ne le quittaient encore moins d’une semelle. Jérémy ne lui laissait pas un instant de répit et il voyait souvent une carte de Valentine le suivre lorsqu’il s’éloignait d’eux. Cette carte servait à surveiller qu’il ne lui arrivait rien de mal.

Le garçon blond était à la fois touché et un peu irrité par leur attitude. Il s’efforçait de ne pas laisser paraître son irritation car il était soulagé de ne pas se retrouver tout seul. Néanmoins il crut bien qu’il allait s’énerver contre eux lorsque madame Verone le convoqua à la fin d’un cours pour l’informer que, désormais, il suivrait une heure de cours de défense magique par semaine. Il fallut bien dix minutes ses amis pour le convaincre qu’ils n’avaient rien dit à personne.

Cédric n’osa pas retourner voir leur professeure principale pour lui demander pourquoi une telle chose avait été décidée et s’il avait le droit de refuser d’y participer. C’est pourquoi il se retrouva devant le gymnase, hésitant à y entrer. Il était environné d’un troupeau de champignons colorés qui se tenaient prêts à fuir au moindre mouvement suspect du garçon.

Une main se posa sur son épaule, le faisant sursauter. « Encore toi ? S’enquit Michel le lycéen.
– Oh euh… Balbutia Cédric un peu honteux d’avoir sursauté. Oui, je dois prendre un cours de défense magique.
– D’accord, et bien viens, ne reste pas planté là. »

L’apprenti-magicien du brouillard suivit son aîné dans la salle. Monsieur Apowain n’était pas en vue. En revanche, Cédric aperçut Henry, son ancien camarade de CM2 pour qui il éprouvait une certaine antipathie. Il se renfrogna d’autant plus lorsque Henry lui adressa un signe de main. Il répondit pour ne pas paraître impoli envers le garçon qui avait perdu ses parents. Comme il avait déjà été puni en école élémentaire pour ne pas avoir montré suffisamment de sollicitude envers ce pauvre petit orphelin, il se méfiait de son attitude envers lui.

Cédric en vint à se réjouir de voir monsieur Apowain arriver. Son soulagement fut de courte durée lorsque le professeur de magie pratique les informa qu’ils allaient être camarades pendant le cours de défense magique. « Et les autres aussi ? Ne put s’empêcher de demander Cédric en désignant les quelques autres élèves qui se trouvaient dans le gymnase.
– Non, l’informa platement monsieur Apowain. Eux sont là pour d’autres raisons. Les cours de défense magiques ne s’appliquent qu’à vous pour le moment. »

Le professeur se plaça face à eux et sortit le petit pendule de sa sacoche de ceinture. Il le tint devant lui jusqu’à ce qu’il crépite de magie et le lâcha. Le pendule resta suspendu en l’air. « Je vous l’ai sûrement déjà dit lors de l’un de mes cours, déclara monsieur Apowain, mais au delà des sortilèges divers que vous pourrez apprendre pendant votre scolarité, votre catalyseur sera votre meilleur allié. Il vous permettra de faire des choses uniques et à votre manière. »

Henry et Cédric acquiescèrent de concert. Ils l’avaient déjà entendu dire ce petit discours. Cette affirmation était d’ailleurs une des choses auxquelles le garçon blond pensait lorsqu’il essayait désespérément de maîtriser sa brume sans y arriver. Monsieur Apowain leur fit une démonstration de certaines choses qu’il pouvait faire avec son pendule. Comme c’était un catalyseur qui fonctionnait sur l’esprit, le professeur leur expliqua qu’il possédait certaines spécificités qu’ils ne pourraient pas reproduire avec leurs éléments. « Nos éléments ? » Répéta intérieurement Cédric.

C’est alors qu’il remarqua qu’Henry possédait quelques flammèches qui léchaient ses pieds. Leurs regards se croisèrent, mais Cédric détourna rapidement le sien. Monsieur Apowain fit mine de ne rien remarquer et leur expliqua quelques petites choses qu’ils pouvaient réaliser avec des éléments qui pouvaient leur servir de défense. Ils passèrent ensuite le reste de la séance à essayer de produire des boucliers élémentaires. Le garçon de la brume voyait tout à fait l’intérêt de se protéger avec le feu, comme le faisait Henry, mais ne comprenait pas en quoi un bouclier de brouillard pouvait l’aider.

Lorsqu’il posa la question au professeur à la fin du cours, une fois que Henry était parti, monsieur Apowain lui jeta un regard vif. « Mais voyons, Berger, le brouillard est à l’origine des quatre autres éléments. Il peut faire tout ce que font les autres. De plus… J’ai un peu menti tout à l’heure.
– Menti ? Ah bon ?
– Oui, le brouillard peut aussi produire des illusions, comme mon pendule. »

Sur ces paroles, le professeur lui tourna le dos et s’en fut, sans laisser le temps au garçon de poser d’autres questions. Cédric le trouvait vraiment bizarre avec ses manières des Belles Gens. Il leva les yeux au ciel, ne sachant pas s’il devait considérer les propos de monsieur Apowain comme encourageants. Puis il quitta le gymnase pour rejoindre ses amis pendant la dernière demi-heure d’étude qu’il restait. Evidemment, c’est seulement à ce moment là qu’il remarqua qu’une carte de Valentine était coincée dans sa poche.

A l’étude, ses amis l’accueillirent chaleureusement. La carte de Valentine rejoignit sa maîtresse et Jérémy tint absolument à lui montrer sa dernière prouesse en terme de maîtrise de catalyseur magique. Il parvenait désormais à changer son Mollasson en une réplique presque parfaite de la loutre de Stéphanie. La loutre voyait d’un mauvais œil cette rivale lutrine et cajolait sa maîtresse en défiant Mollasson du regard.

En voyant leur ami blond, se laisser tomber sur sa chaise en soupirant, les trois s’inquiétèrent. Il leur raconta alors Henry et, après avoir expliqué à Jérémy et Valentine qui était ce Henry, comment il avait toujours du mal à gérer son brouillard, qu’il ne savait pas si c’était utile pour se défendre et que monsieur Apowain n’était pas assez clair dans ses explications à son goût. Il s’interrompit en voyant Jérémy lui tendre un paquet de bonbons. « Tu as l’air tellement déprimé que je suis prêt à partager avec toi ce trésor sucré que vous m’avez offert ce matin. » Expliqua gravement le garçon brun.

Cédric ne put s’empêcher de sourire, prit un bonbon et remercia chaleureusement son ami. La discussion ne s’éternisa pas beaucoup plus. La demi-heure était passée vite et il était déjà temps de rentrer. Avant qu’ils ne passent le miroir, Jérémy leur proposa de les inviter chez lui le prochain vendredi soir. L’idée leur parut excellente et ils promirent de demander la permission. Cette nouvelle remonta le moral de Cédric à bloc.

 

2306 mots pour aujourd’hui. Et euh… voilà ^^

NaNoWriMo 2017 : À l’École de l’Autre Côté du Miroir, jour 9

Le lendemain, à la première heure de cours, les trois issus du monde non magique montrèrent à Jérémy des fournitures issues de chez eux. Le garçon brun fut enchanté par les stylos billes. Il en avait déjà entendu parler mais, comme il y avait peu d’échanges commerciaux, il n’avait jamais eu l’occasion d’en voir et encore moins d’en essayer. Ravi de cette découverte, il les utilisa pour prendre ses cours toute la journée et il leur trouva toutes les meilleures qualités du monde.

Ils avaient deux heures de magie pratique ce jour là. Leur emploi du temps indiquait beaucoup de cours de magie pratique, dont une grande partie allait être remplacée dans les semaines qui venaient par des cours de langues. Monsieur Apowain leur avait expliqué qu’ils allaient avoir besoin d’acquérir une certaine maîtrise de leur catalyseurs pour la plupart des cours. C’était pour cette raison que l’accent était mis sur la magie pratique pendant les premières semaines.

Pour ceux qui étaient en avance dans la maîtrise de leur catalyseur, le professeur leur indiqua quelques petits sortilèges de base sur lesquels s’entraîner. Valentine s’acquitta de l’exercice avec brio. De tous les exercices, en fait, sous les applaudissements de Stéphanie et les regards envieux d’autres élèves. Y compris celui de Cédric qui avait du mal à dompter sa brume.

Accroupi par terre, il essayait de retrouver l’état de la veille qui lui avait permis de discuter avec une maîtresse du brouillard. Elle lui avait dit qu’elle l’aiderait, il ne l’avait pas oublié ! Pourquoi ne l’aidait-elle pas ? Le garçon fixait ses volutes de brume avec tellement d’intensité que ses yeux se remplissaient de larmes. Têtu, il persista. Au bout de quelques secondes, il eut l’impression de distinguer un modèle qui se répétait dans les mouvements brumeux.

Il se concentra là-dessus.

Tout, autour de lui disparut. Il n’y avait plus ni gymnase ni élèves. Un homme se tenait cependant face à lui. Comme pour la vieille femme de la veille, son apparence, toute en niveaux de gris, semblait constituée de brouillard. « Bonjour, jeune homme, le salua l’homme en souriant.
– Bonjour, répondit Cédric. Qui êtes vous ? Un maître du brouillard ?
– Pas vraiment, déclara l’inconnu. Ils sont très rares, sais-tu ?
– Je l’ai entendu dire. »

Le garçon se sentait un peu sur la défensive. Il se méfiait des gens qu’ils ne connaissait pas. « Vois-tu, reprit l’homme, les maîtres du brouillard sont très dangereux.
– Ah bon ?
– Oui. Ils sont très puissants, ce qui en fait des cibles faciles pour l’orgueil. Et l’orgueil, ma foi, peut mener à de grandes catastrophes lorsqu’il s’empare de puissants mages.
– Cela ne me concerne pas vraiment, commenta l’apprenti-magicien. Je n’arrive même pas à maîtriser mon catalyseur. Je ne dois pas être bien puissant.
– Qui sait ? »

L’inconnu ouvrit la bouche pour continuer à parler, lorsqu’une voix retentit fortement et résonna dans tout l’être de Cédric. « LAISSE-LE ! » Tonna la voix. L’homme disparut dans un nuage de fumée crépitante, laissant derrière lui une faible odeur de brûlé. Le garçon n’était plus entouré que de néant. Il devait se réveiller. Ne sachant comment faire, il commença à paniquer.

C’est alors qu’il distingua des voix lointaines. Il n’était pas seul ! Le garçon se concentra sur ces voix. Il eut l’impression qu’elles appelaient son prénom. Quand il essaya de répondre, il ne produisit aucun son, mais les voix se faisaient plus fortes. « Cédric ! » Il reconnut Stéphanie mais ne parvint pas à lui répondre. « Cédric ! » L’apprenti-magicien perçut l’inquiétude dans l’intonation de son amie.

Il ouvrit brusquement les paupières. Toujours assis en tailleur, il était entouré de ses amis qui le fixaient avec anxiété. En revanche il ne voyait pas le reste du gymnase ; une brume épaisse les environnait. Monsieur Apowain apparut face à lui, le brouillard rendant ses mouvements encore plus mystérieux qu’à l’ordinaire. Le professeur se pencha vers lui et ses amis s’écartèrent un peu.

« Que t’est-il arrivé, Berger ?
– Je… J’ai eu peur, je crois.
– Vous croyez, nota monsieur Apowain avec un brin de moquerie. En tous cas, tout va bien, vous pouvez reprendre contenance. » Il fallut quelques secondes à Cédric pour comprendre que le professeur lui disait en fait d’abaisser le brouillard ambiant.

Il ne savait pas comment faire, mais il commença par inspirer profondément pour calmer les battements de son cœur. A son grand soulagement, la brume s’effilocha peu à peu. Comme répondant au soulagement du garçon, le brouillard redevint rapidement quelques petites volutes autour de lui. Le son ambiant reprit un volume normal, comme si la brume l’avait étouffé jusque là et Cédric réalisa que le gymnase résonnait d’un intense brouhaha.

Tous ses camarades le fixaient. Certains avec curiosité, d’autres avec révérence et quelques uns avec frayeur. Seuls ses trois amis avaient un air qui mêlait l’inquiétude sur son état au soulagement de le voir de nouveau conscient. Le garçon se sentit gêné. Jérémy lui tendit la main pour l’aider à se relever. Cédric accepta avec un sourire reconnaissant.

« Je pense qu’après tant d’émotions, tu peux t’octroyer une petite pause. » Lui enjoignit monsieur Apowain avec une pointe de sollicitude. Le garçon blond acquiesça et alla s’asseoir dans un coin, sur un gros tapis, où il en profita pour rassembler et trier ses idées. « Les autres, continuez ! » Lança le professeur au reste de la classe qui avait cessé toute activité depuis l’apparition du brouillard.

En sortant du cours, Jérémy, Stéphanie et Valentine racontèrent à Cédric ce qu’il s’était passé pendant qu’il était inconscient. « D’un coup tes yeux sont devenus tous blancs, expliqua Stéphanie en frissonnant à ce souvenir.
– Et là, le brouillard a envahi le gymnase tout d’un coup ! Renchérit Jérémy avec passion. C’était impressionnant ! Et ça faisait un peu peur aussi.
– Oui, appuya Valentine en faisant mine de poursuivre un champignon coloré qui s’enfuit en ronchonnant de sa voix aiguë. Ce n’était pas juste du brouillard : il crépitait de magie.
– Ça avait l’air dangereux et tu ne répondais pas, alors on s’est inquiétés… » Conclut Stéphanie en serrant sa loutre contre elle.

Cédric, touché par la sollicitude de ses amis auxquels s’était greffé un Matéo curieux, leur raconta ce qu’il avait vécu. Comme il était l’heure du déjeuner, il put aussi rapporter son expérience de la veille. « Ohlàlà c’est du lourd ton histoire, commenta Jérémy d’un air grave pendant que les plateaux-repas flottaient jusqu’à eux.
– Et tu ne sais pas qui sont ces gens que tu as vu… euh… dans ta tête ? S’enquit curieusement Stéphanie qui ne savait pas comment qualifier le néant que leur avait décrit Cédric.
– Non, je n’ai pas pensé à le leur demander, avoua celui-ci.
– Je n’y aurais pas pensé non plus, le rassura Valentine. Personne n’y aurait pensé, c’est tellement fou tout ce qu’il t’est arrivé !
– Il faudrait peut-être en parler à un professeur, non ? » Intervint Matéo.

Le silence se fit autour de la table pendant que les quatre autres réfléchissaient aux implications de la suggestion. Cédric n’était pas certain de vouloir en parler à des adultes. Les adultes avaient parfois de drôles de réactions lorsqu’un enfant leur racontait quelque chose qui sortait un tant soit peu de l’ordinaire. Or, ce qu’il avait vécu sortait carrément de l’ordinaire et c’était Jérémy, un apprenti-magicien originaire du monde magique, qui le lui avait confirmé.

D’un autre côté, un professeur saurait certainement quoi faire pour l’aider. Il n’en était pas entièrement certain, puisque d’après la magicienne qui lui avait donné ses fournitures scolaires, cela faisait des dizaines d’années que personne n’avait vu un maître du brouillard. La question était compliquée. Cédric se demandait s’il préfèrerait en parler à madame Verone ou à monsieur Apowain.

« Ou alors, tu ne leur en parles pas, c’est une solution aussi, ajouta Matéo. Tu fais comme tu le sens, je ne sais pas ce qui est le mieux : les deux solutions ont leurs avantages et leurs inconvénients. » Stéphanie et Valentine s’entre-regardèrent d’un air également perplexe face à cette déclaration.

« Parle-en plutôt à Verone, c’est notre prof principale, suggéra Jérémy qui avait un avis plus tranché sur la question. Apowain est pas mal pour un gars qui vient des Belles Gens, mais j’ai quand même plus de mal à lui faire confiance.
– Hmpf, lâcha Cédric. Je ne sais pas si Verone se montrera compréhensive à mon sujet. Elle est vraiment sévère !
– On peut venir avec toi si tu veux, lui proposa Stéphanie.
– En plus on l’a en cours cet après-midi, continua Valentine. Ce sera l’occasion, non ? »

Cédric hocha lentement la tête. Ca serait effectivement plus facile s’il était soutenu par ses amis. « Bon, d’accord, on fera ça à la fin de son cours… Et je veux bien que vous veniez avec moi. » Les autres acquiescèrent gravement, comme s’il venait de leur confier une mission de la plus haute importance.

Avant le cours de madame Verone, ils découvrirent celui de Biomagie [ou un autre, à vérifier] enseigné par monsieur Curin-Cocon. Ce professeur était d’un enthousiasme débordant, qu’il essayait de transmettre à ses élèves sans relâche. Il faisait des remarques au moindre élèves qui ne lui semblait pas suffisamment joyeux et sautillait de partout dans la salle de classe, accompagné de son catalyseur qui avait la forme d’une boîte de laquelle jaillissait régulièrement une tête de clown à ressorts.

Après ce cours nerveusement éprouvant pour les non habitués – autrement dit, toute la classe – et le cours rapide de madame Verone qui était intéressante mais exigeante, Cédric et ses amis se postèrent au lourd bureau de marbre gravé. Matéo était resté avec eux pour l’occasion. Leur professeure principale les gratifia d’un regard interrogateur, un sourcil levé.

« Que puis-je pour vous ?
– En fait, j’ai un problème, commença Cédric qui ne savait pas par quel bout introduire ses questionnements.
– Vous avez loupé une partie du cours en discutant avec votre ami Jérémy ? S’enquit madame Verone.
– Non non, répondit très vite le garçon blond en rougissant. C’est à cause de mon catalyseur de brouillard.
– Ah, tiens donc. » L’enseignante d’Histoire-Géographie parut aussitôt intéressée.

« En fait, j’ai eu du mal à le faire réagir au début, et après je me suis retrouvé dans le noir avec une vieille femme en brume qui me parlait. Et aujourd’hui ça m’a fait la même chose, sauf que c’est un homme qui est venu me parler et qu’il s’est fait chasser. Quand j’ai ouvert les yeux, j’avais rempli le gymnase de brouillard. » Le résumé du garçon étant maladroit et peu compréhensible, madame Verone lui posa quelques questions pour clarifier la situation.

« Mmmh, commenta-t-elle une fois qu’elle eut compris de quoi il retournait. Effectivement, ce n’est pas commun cette histoire, mais il semble souvent arriver ce genre de choses aux possesseurs de catalyseurs élémentaires. Pas au point de ce qu’il t’est arrivé par contre… » Elle avait l’air pensive et mâchouillait machinalement sa lèvre inférieure pendant qu’elle réfléchissait à la situation.

Cédric s’inquiétait un peu de la voir arborer un air aussi grave. « Je vais avoir des problèmes ? Demanda-t-il.
– Oh non non, rassure-toi, ce n’est pas grave, lui assura madame Verone. Je pense qu’il faut surtout que tu apprennes à maîtriser correctement ton catalyseur de magie. Les catalyseurs élémentaires demandent beaucoup de travail ! Il faut que j’en parle à certains de mes collègues : ils auront plus d’informations à ce sujet. Si le besoin s’en fait ressentir, je demanderai à l’un ou l’autre d’entre eux de te guider dans cet apprentissage. N’hésite pas à revenir me voir si la situation ne s’améliore pas, d’accord ? »

Le garçon blond acquiesça, rassuré par les propos de madame Verone. Ses amis aussi avaient l’air rassurés. Ils s’en furent tous les cinq terminer la récréation avant leur dernier cours de la journée, mathémagiques, et l’étude du soir. Cette fois, Cédric ne comptait pas se rendre au gymnase. Il avait des devoirs à rattraper et, surtout, ils préférait rester avec ses amis. Comme Jérémy qui passait l’étude avec eux alors que, vivant dans le monde magique, il pourrait rentrer chez lui.

 

2014 mots pour aujourd’hui ! Ça aurait pu être plus, mais j’ai bloqué presque toute la journée sans savoir quelle allait être l’étape suivante. Maintenant je pense que c’est débloqué.

NaNoWriMo 2017 : À l’École de l’Autre Côté du Miroir, jour 8

Elle le mesura du regard, puis leva un sourcil inquisiteur. Voyant que l’élève lui semblait sérieux, elle acquiesça et passa sa main sur un petit miroir adjacent en marmonnant « Gymnase de Magie Pratique ». La surface argentée se brouilla pendant quelques secondes, puis l’image de monsieur Apowain apparut. « Bonsoir professeur, le salua la surveillante. J’ai là un élève qui voudrait s’entraîner avec son catalyseur.
– Vous pouvez me l’envoyer madame Chaudronnier. »

L’image disparut du miroir. La surveillante tourna de nouveau son attention sur le garçon et s’enquit : « Tu sauras trouver ton chemin ou faut-il que je demande à un élève plus âgé de t’accompagner ?
– Ca ira, merci, lui assura Cédric.
– Va vite dans ce cas. »

L’apprenti-magicien obtempéra, après un signe de main à ses amis qui étaient en train de sortir de quoi faire les quelques devoirs qu’ils avaient eu dans la journée. Son sac au symbole de brume en bandoulière et ses volutes de brouillard aux pieds, Cédric sortit de la salle d’étude et s’aventura dans le parc en direction du gymnase. En chemin il essaya d’attraper un champignon piailleur violet, puis un vert et un orange, mais ils filaient trop vite. Il afficha une mine déçue.

Monsieur Apowain l’attendait sur le pas de la double porte du gymnase et lui fit signe d’entrer. « Je savais que tu voudrais essayer de nouveau, déclara le professeur. Je vais te laisser te concentrer tout seul et je viendrai t’aider tout à l’heure. » Quelques autres élèves s’exerçaient dans la salle, y compris le dénommé Michel qui avait accueilli les collégiens lors de leur pré-rentrée. Le lycéen était très concentré, un chaudron étincelant flottant devant lui, et il en faisait jaillir différents liquides qu’il mélangeait dans les airs avant de les faire retourner dans son chaudron.

Cédric était très impressionné mais il essaya de faire abstraction de ce qu’il venait de voir. Il s’assit en tailleur sur un tapis et fixa son regard sur ses petites volutes de brume. Tout ce qui l’entourait se retrouva englouti dans les ténèbres. Il ne restait plus que le garçon et ses volutes indolentes. Elles prirent la forme d’un visage, celui d’une vieille femme.

« Tu es donc un mage de la brume, constata le visage. Enchantée.
– Qui êtes vous ? S’enquit Cédric.
– Une maîtresse du brouillard, comme toi.
– Je ne suis le maître de rien du tout, ronchonna le garçon. Le brouillard ne veut pas catalyser la magie pour moi.
– Hihihi ! Ces jeunes sont toujours pressés. Le brouillard n’est pas un simple catalyseur. C’est la base de toute la magie et donc quelque chose de très brut et très ancien !
– Comment faut-il faire alors ?
– Je t’aiderai à trouver la voie. »

Cédric ouvrit les yeux. C’était une sensation très étrange car il croyait les avoir gardés ouverts. Il laissa échapper une grimace, sa brume continuait de virevolter paresseusement comme si de rien n’était. Le garçon considéra néanmoins sa vision comme un encouragement. Il tenta de faire le vide dans son esprit pour se concentrer le plus fort possible sur son petit brouillard. Derrière lui, monsieur Apowain rangeait un petit pendule dans sa sacoche de ceinture.

Lorsque l’heure fut arrivée de quitter le monde magique pour rentrer chez lui, Cédric arrivait à diriger les filaments de brume pour en faire une petite boule. Le professeur le félicita de son assiduité et lui conseilla de ne pas négliger ses devoirs au profil de l’apprivoisement de son catalyseur. Le garçon blond acquiesça poliment et s’en fut rapidement pour retrouver ses amis qui allaient quitter la salle d’étude.

« Ca s’est bien passé ? Lui demanda Stéphanie avec sollicitude en voyant qu’il n’arrivait pas en sautant de joie.
– J’ai réussi à la faire bouger un peu, la rassura Cédric. Mais pas beaucoup plus !
– C’est un bon début alors ! » Se réjouit son amie brune. Ils se dirigèrent tous ensemble vers la sortie et le miroir, après avoir fait une pause aux casiers. Alors que les trois originaires du monde sans magie s’apprêtaient à dire au revoir à Jérémy, celui-ci leur adressa un regard mouillé et leur déclara :

« Un de ces jours, je vous inviterai à rester à la maison et on passera de supers moments ! Je vous montrerai le monde magique, ça va vous plaire ça je pense.
– Tu sais que tu vas nous revoir demain matin ? Le taquina Valentine.
– Oui, mais vous partez tous les trois sans moi et je me sens exclu du coup…
– Boah, tu sais, on se sépare presque tout de suite, le rassura Cédric. Mais si tu veux, je pourrai aussi t’inviter un de ces jours.
– Oh, c’est vrai ? S’illumina Jérémy. Tu me ferais visiter le monde sans magie et tout ? Il paraît que vous avez plein d’objets pour remplacer la magie.
– Oui, je pense que ça peut se faire ! »

Ainsi requinqué, le garçon brun consentit à leur dire au revoir et s’en fut de son côté. « Allez, on se dépêche, leur lança laconiquement le surveillant du moment. On se dépêche et on fait attention à ceux qui passent en sens inverse… » [rajouter avant une mention pour les gens du monde magique qui vont étudier dans le monde non magique] Lorsque leur tour arriva, les trois amis attendirent que le groupe en sens inverse émerge du miroir pour y entrer à leur tour. Comme les autres fois, Cédric et Stéphanie laissèrent Valentine à la sortie du collège des Alouettes et firent une partie du trajet ensemble.

Stéphanie déplorait toujours que sa loutre ne soit plus qu’un objet inanimé de ce côté. Cédric la rassura en lui disant que lorsqu’elle maîtriserait mieux la magie, elle parviendrait certainement à garder son animal sous sa forme de chair et de sang malgré le faible taux de magie ambiante. Son amie hocha affirmativement la tête, mais restait pensive. « Et puis au moins, continua le garçon, toi tu le vois ton catalyseur ici !
– C’est vrai, désolée. »

Il avait raison : on devinait à peine la moindre brume autour des pieds de Cédric. Et encore, Stéphanie se demandait si elle ne l’imaginait pas parce qu’elle était au courant qu’il devait y avoir du brouillard. Pendant qu’ils discutaient, la fillette brune devenait distraite et regardait régulièrement derrière eux. « Qu’est ce qu’il y a ? S’enquit son ami.
– Je ne sais pas, hésita Stéphanie. J’ai l’impression qu’il y a quelqu’un, mais je ne vois personne…
– Je n’ai vu personne non plus.
– J’ai l’impression d’entendre quelqu’un… »

Cédric tendit l’oreille. Il savait que son amie avait l’ouïe particulièrement fine et si elle disait qu’elle avait entendu quelqu’un, il y avait de grandes chances pour que ça soit vrai. Ils s’arrêtèrent pour fouiller le crépuscule du regard. Au bout d’une minute, ne voyant rien et Stéphanie indiquant qu’elle n’entendait plus rien, ils reprirent leur trajet. En marchant plus vite cette fois.

Une fois rentré dans la sécurité de chez lui, Cédric oublia totalement l’incident. Et, comme il n’avait pas pu faire ses devoirs dans son entêtement à maîtriser son catalyseur, il décida de regarder au moins les leçons qu’il avait à voir. Il se garderait les exercices pour l’étude du lendemain s’il n’avait pas le courage de s’en occuper.

Il n’avait pas encore besoin de magie pour les devoirs : les professeurs leurs avaient dit qu’ils attendaient que les élèves aient acquis suffisamment de bases en terme de catalyse de magie. Les apprentis-magiciens du monde non magique pouvaient encore faire leurs devoirs chez eux. Pas que ça réjouissait particulièrement Cédric, mais il se disait qu’il pourrait encore utiliser du temps d’étude pour apprendre à maitriser sa brume sans être encore pénalisé.

 

1284 mots pour aujourd’hui, en espérant que ça redeviendra plus productif dès demain !