NaNoWriMo 2018 : Arkhaiologia Tome 2, jour 14

Bon, c’est très court aujourd’hui, mais je le mets quand même :

(changement de chapitre)

Après s’être faite violence pour continuer à faire perdre du temps à Arabella sans mentionner l’attaché-case de son père posé sur le bureau, Ethelle n’y tint plus. Espérant que Clay et les autres avaient eu le temps de s’en aller, elle se dirigea à grands pas vers son bien et s’en saisit. « Comment avez-vous obtenu ceci ? demanda-t-elle en faisant de grands efforts pour rester calme.
– Je l’ai emprunté, répondit la Veuve-Noire.
– A qui ?
– J’ai ma petite idée, mais rien de certain. Après tout, je ne l’ai emprunté que par procuration.
– Comment ça par procuration ?
– C’est une de mes araignées qui me l’a apporté, expliqua Arabella avec un sourire mauvais. Je dois dire que le secret que cette serviette renferme m’a bien rendu service. Je pensais que je ne remercierai jamais assez Clay pour cette trouvaille ! Du moins, jusqu’à ce qu’il devienne un déserteur. »

Ethelle s’apprêta à s’emporter, mais se retint de justesse. Pour ce qu’elle en savait, Arabella lui mentait juste pour la mettre en colère. Cela était d’une efficacité redoutable ; la jeune femme rousse luttait de toutes ses forces contre le raz-de-marée d’énervement qui menaçait de la submerger. Elle ferait mieux d’en discuter avec Clay, même si elle lui en voulait déjà. Son regard se posant sur l’attaché-case de son père, elle s’en empara. « Je vais récupérer ceci, décréta-t-elle. Après tout, j’en suis la légitime héritière.
– Je ne vous laisserai pas m’enlever ce bien qui m’appartient à présent, vociféra mademoiselle Finley.
– Et comment comptez-vous m’en empêcher ? la railla Ethelle. Gregory a disparu, vous n’avez plus de recours.
– Je ne me montrerais pas si sûre si j’étais vous, espèce de petite insolente !
– Nous verrons bien dans ce cas. » conclut dédaigneusement mademoiselle Morton.

 

301 mots pour aujourd’hui. Quand ça veut pas, ça veut pas.

NaNoWriMo 2018 : Arkhaiologia Tome 2, jour 13

Les trois agresseurs restant se précipitèrent sur l’étrange nouvelle-venue pour venger l’affront fait à leur compagnon. Aussi vive que l’éclair, l’écorchée se tourna vers le plus proche et lui administra un magistral coup de poing qui l’envoya instantanément rouler quelques mètres plus loin, inconscient. Valentin vit avec horreur les deux derniers arriver jusqu’à leur sauveuse hors du commun, couteaux tirés. Mais celle-ci leur faisait déjà face, la paume levée dans leur direction. Un éclair en jaillit qui heurta les deux derniers assaillants. Ils s’immobilisèrent un bref instant avant de tourner de l’œil. L’écorchée resta un moment sans bouger, avant d’attraper sa tête des deux mains en gémissant et de mettre un genou à terre.

La voyant en détresse, les deux amis quittèrent leur torpeur pour lui prêter assistance. Ils voulurent la soutenir, mais ils craignaient l’un et l’autre de lui faire mal s’ils touchaient ses plaies ouvertes. Valentin eut l’impression que leur sauveuse semblait moins blessée que lorsqu’elle était intervenue. Pendant que Béatrice ôtait sa propre veste pour en recouvrir l’étrange inconnue, le jeune homme essaya d’initier le dialogue : « Merci d’être intervenue, mais… Vous n’avez pas l’air bien ; mon amie et moi allons vous emmener à l’hôpital, d’accord ? » La blessée paraissait avoir perdu toute sa vitalité et avait désormais du mal à focaliser son regard doré sur un point précis. Elle laissa échapper des mots incompréhensibles, ce qui parut lui demander beaucoup d’énergie.

« Regarde ! Lança Béatrice à l’intention de son ami. On dirait qu’elle se régénère, non ? » Valentin regarda l’écorchée plus attentivement. Effectivement, ses plaies se refermaient peu à peu. « Je pense que ce n’est pas une très bonne idée de traîner ici, ajouta la jeune femme en jetant un coup d’œil appuyé aux quatre malfrats qui gisaient au sol. Emmenons-la vite. »

Ils la soutinrent tous les deux du mieux qu’ils purent, en prenant garde de ne pas lui faire mal à cause des écorchures. Elle les suivit machinalement, mais sa coordination motrice laissait parfois à désirer et elle trébuchait souvent. À chaque fois, le jeune homme lui demandait si elle allait bien et, à chaque fois, elle se contentait de lui répondre avec un sourire absent. Valentin se demandait si elle comprenait ce qu’il lui disait. Après avoir dépassé quelques pâtés de maison, Béatrice reprit : « On ne va peut-être pas avoir besoin de l’amener jusqu’aux urgences finalement. »

L’inconnue était presque entièrement guérie, mais paraissait toujours apathique. Elle secouait doucement la tête d’un côté et de l’autre, comme si elle essayait de se souvenir de quelque chose. Son étrange regard doré restait tout de même absent. « Je ne sais pas, hésita Valentin. Elle est presque guérie, mais elle n’a quand même pas l’air bien du tout…
– Ça, c’est vrai, convint Béatrice. Elle a l’air beaucoup plus perdue que lorsqu’elle est arrivée pour tabasser ces quatre là. Elle est peut-être en état de choc… vivement qu’on arrive. »

Quelques minutes plus tard, ils parvinrent au service des urgences de l’hôpital le plus proche. Pendant que Valentin expliquait ce qui l’amenait aux infirmières de garde, son amie installa leur sauveuse sur une chaise de la salle d’attente attenante. Quelques personnes patientaient déjà et leur jetèrent des regards curieux. « Est ce qu’on aurait pas quelque chose pour te couvrir ? » s’enquit Béatrice pour elle-même. En attendant que Valentin les rejoigne, elle s’assit en face de l’ancienne blessée pour lui demander :

« Ça va mieux ? » Son interlocutrice la fixa droit dans les yeux, sans répondre, mais sans se départir de son sourire. Elle se fit la réflexion que cette étrange inconnue n’avait pas l’air particulièrement gênée par sa nudité. De plus, elle paraissait avoir un peu récupéré ses esprits ; ses yeux étaient moins vides et inspectaient la pièce autour d’elle.

« J’espère que ça ira… » Valentin revenait avec une blouse d’hôpital. Il la déposa près de leur sauveuse, qui pencha la tête d’un air intrigué. « C’est pour toi, précisa le jeune homme. En attendant qu’on trouve mieux. » L’inconnue répondit avec un sourire, puis inspecta les habits apportés par le jeune homme. Ce faisant, la veste que lui avait prêté Béatrice glissa de ses épaules. Elle inspecta alors sa propre nudité, comme si elle découvrait seulement maintenant son manque d’apprêts. Elle pouffa de rire et prononça quelques phrases de manière volubile.

« Je suis désolé, s’excusa Valentin. Je ne comprends pas ce que vous dites.
– Moi non plus, renchérit Béatrice. Et je ne vois même pas de quelle langue il peut s’agir. Mais elle a l’air d’aller mieux ! »

L’inconnue lui sourit de nouveau et hocha affirmativement la tête. Elle se leva, la veste tombant totalement, et parut se concentrer tout en faisant un petit geste fluide. D’étranges vêtements (à décrire évidemment) firent leur apparition, couvrant le corps de la femme aux yeux dorés. Les deux thésards ne se montrèrent pas particulièrement surpris. Après tout, elle n’avait même pas de peau lorsqu’ils l’avaient rencontrée et maintenant elle allait très bien. De plus, les créatures magiques étaient le cœur de leur travail à l’un comme à l’autre : ils étaient habitués aux choses sortant de l’ordinaire. Il existait encore des personnes qui ne voulaient pas croire à la magie, malgré toutes les créatures étranges qui apparaissaient aux quatre coins du monde, mais tel n’était pas leur cas.

« Voilà qui est mieux ! se réjouit l’inconnue qui parlait avec la précaution de ceux qui n’étaient pas entièrement à l’aise avec la langue.
– Ce n’est peut-être pas très discret, commenta Béatrice par devers elle.
– Mais vous parlez notre langue ? s’étonna Valentin.
– Maintenant oui, confirma l’étrangère. Je ne connaissais pas cette langue, mais j’ai l’impression de l’avoir apprise plutôt vite !
– Vite ? Ça fait combien de temps que tu es ici ? s’enquit curieusement Béatrice.
– Oh, je m’étais réveillée depuis quelques minutes lorsque je vous ai rencontrés. »

La nouvelle venue intriguait beaucoup les deux amis. Ils avaient très envie de lui poser plein de questions et de l’étudier en détail, mais étant donné son état mental, ils décidèrent d’un accord tacite d’y aller en douceur. La femme aux yeux dorés s’assit de nouveau sur sa chaise et fronça les sourcils, comme si elle avait des difficultés à réfléchir.

« J’ai du mal à recoller les morceaux, avoua-t-elle. Mon cerveau est un peu embrumé…
– Tu dois être chamboulée par ce qui t’est arrivé, supposa Valentin. Quand nous t’avons vue, tu étais à moitié écorchée.
– Écorchée ? répéta l’étrangère.
– Oui, c’est sûr, tu vas beaucoup mieux maintenant, balbutia le jeune homme. Enfin bref… Comment tu t’appelles ?
– Déa, je crois. En tous cas, ça me dit quelque chose de m’entendre appeler ainsi. » Elle se racla la gorge. « J’ai soif. » Elle avait l’air étonnée.

Béatrice se leva et alla lui chercher un verre à une fontaine à eau, puis vint s’asseoir sur une chaise à côté de Déa, tandis que Valentin s’installait face à elles. « Je n’arrive pas à me souvenir, souffla la femme aux yeux dorés d’un air contrarié.
– De quoi ? demanda Béatrice.
– De rien, c’est bien le problème.
– Peut-être qu’on pourrait essayer de te poser quelques questions, suggéra Valentin à l’ancienne écorchée. Ça pourrait peut-être suffire à te rafraîchir la mémoire sur certaines choses. Après tout, ça a fonctionné pour ton prénom.
– Moui, lâcha Déa d’un air peu convaincu. D’accord, essayons.
– Chouette ! se réjouit Béatrice. Je commence ! »

Elle se frotta les mains et plongea ses yeux noisettes dans ceux de Déa. « Alors, commença l’amie de Valentin, d’où viens-tu ?
– De… Je ne sais pas, réalisa l’étrangère. De partout et de nulle part j’ai l’impression.
– Mmmh, commenta brièvement Béatrice. Et quelle était cette langue que tu parlais tout à l’heure ? Elle ne me rappelle rien que je connais.
– Vu le nombre de langues que tu connais, ce n’est pas étonnant. » la taquina son ami.

Tandis que Béatrice ripostait en jetant un paquet de mouchoirs en direction de la tête de Valentin, Déa prononça pensivement quelques mots dans la langue en question. Elle secoua la tête et déclara : « Je n’ai pas l’impression qu’il existe un mot dans votre langue pour la mienne… C’est bizarre, je ne comprends pas. »

Valentin ne saisissait pas ce que voulait dire la femme aux yeux dorés. Les pensées se bousculaient dans sa tête. Les yeux dorés étaient-ils une manifestation des capacités surnaturelles de Déa ? Cette couleur n’existait pas naturellement, si ? L’amnésie de Déa était-elle temporaire ? Qu’avait-il pu lui arriver pour qu’elle soit apparue ainsi écorchée ? Quand pourrait-il le savoir ? Fallait-il l’emmener à la police après son passage à l’hôpital ? Tout se brouillait dans sa tête. Pendant ce temps, Béatrice avait continué de questionner la magicienne. Malheureusement, la femme aux yeux dorés n’avait pas grand chose à leur apprendre ; le peu dont elle se souvenait était confus.

Ils furent interrompus par une infirmière qui venait annoncer la prise en charge de Déa par un médecin. Valentin et Béatrice assurèrent à leur nouvelle amie qu’ils l’attendraient. « Elle est vraiment étonnante, déclara Béatrice une fois qu’ils se retrouvèrent entre eux.
– Je suis bien d’accord, approuva Valentin. J’ai parfois l’impression qu’elle lit dans mes pensées, mais je ne sais pas si c’est juste une impression ou pas.
– J’ai eu la même impression. À chaque fois qu’elle a l’air de chercher un mot, j’ai comme une présence qui s’insinue dans mon esprit.
– Tu penses qu’elle est télépathe ?
– Tout est possible… » éluda Béatrice.

Une sirène retentit à l’extérieur. Les deux amis échangèrent un regard incertain. Leur réflexe suivant fut d’attraper leurs téléphones à la recherche d’informations. « Personne ne doit sortir et ceux qui sont dehors doivent se diriger vers l’abri le plus proche, résuma le jeune homme.
– Ce n’est pas une alerte toxique, renchérit Béatrice, mais il n’y a pas trop d’indications sur ce que c’est.
– Il faudra certainement attendre les infos pour savoir, soupira-t-il. De toutes façons… » Un barrissement assourdissant retentit, l’empêchant de terminer sa phrase.

« Quoi encore ? lâcha Valentin avec nervosité.
– Ah, ça y est, je sais ce que c’est ! s’exclama son amie. C’est un dragon. »

 

1724 mots pour aujourd’hui. Le NaNo de l’année dernière était le plus brouillon de mes NaNos et celui-là est le plus étrange dans sa façon de s’écrire x) La séance d’aujourd’hui n’était que découpage et réécriture de trucs que j’avais déjà écrit dans un test précédent pour ce tome là. Je suis vraiment une NaNoRebelle pour cette année on dirait.

NaNoWriMo 2018 : Arkhaiologia Tome 2, jour 12

– Je ne l’ai pas caché délibérément, se justifia Ethelle. Tant de choses se sont passées depuis que j’ai quitté Eastlond qu’Arabella Finley m’était totalement sortie de l’esprit. Elle ne m’est revenue en tête que lorsque je l’ai vue à la soirée.
– Et pourquoi ne pas m’en avoir parlé alors ?
– Parce que… et bien je ne tenais pas à vous importuner avec mes mésententes vis à vis de mademoiselle Finley. »

Ethelle espérait que cette excuse suffirait, car elle n’avait aucune idée de quelle réponse plus satisfaisante elle aurait pu fournir. Nicolas ne paraissait pas ravi, mais il fit l’effort de repousser sa mauvaise humeur et offrit un sourire à la jeune femme rousse. Il s’approcha, s’agenouilla près d’elle et prit sa main entre les deux siennes. Ceci fait, il lui déclara d’une voix douce : « Dorénavant, n’hésitez plus à me faire part de vos soucis. Je ferai de mon mieux pour vous soutenir. »

La jeune femme lui adressa un gracieux sourire et le remercia chaleureusement. L’héritier des Merryweather retourna à sa place initiale et soupira. « Bien sûr, maintenant nous avons juste à attendre qu’elle décide de s’en retourner chez elle.
– Elle n’a pas vraiment de chez-elle, précisa Ethelle. Elle a établi son repaire dans un aéronef abandonné.
– Vraiment ? s’étonna Nicolas. Voilà qui est curieux. J’espère qu’elle ne décidera pas de rester ici en tant qu’invitée permanente.
– Il se peut que si, intervint Clay. Elle doit attendre des nouvelles de son majordome, l’homme que vous dites avoir arrêté avec votre pistolet et que Tina a… euh, et bien tué.
– Je suppose que ce majordome en question a dû lui envoyer un message de Lancy, ajouta Simon qui n’avait pas encore donné son avis. Sinon, elle ne serait pas ici.
– Elle a dit qu’elle avait été conviée par Heather Merryweather, précisa Ethelle.
– Ce qui n’est pas incompatible ! » dit le professeur Derrington avec un clin d’oeil.

Suite à cette conversation, Nicolas envoya Henry vérifier si Arabella Finley se trouvait toujours dans le manoir. En attendant le retour du majordome, Simon prit l’initiative de narrer leur rencontre avec Tina, leurs aventures dans la bibliothèque et l’incroyable rencontre de Chaahk, ponctué par les remarques de Clay. Ethelle eut du mal à le croire lorsque l’archéologue le lui présenta comme un dieu ancien qui s’était réveillé d’un long sommeil dans la bibliothèque ensevelie et millénaire. Elle plongea son regard dans les yeux vert éclatants de l’homme et cela suffit pour la convaincre sur le moment.

Contrairement au professeur Derrington, Chaahk n’était pas bavard. Ethelle subodorait que ce n’était pas juste parce qu’il ne connaissait pas la langue. Il paraissait plutôt du genre à parler avec parcimonie. De plus, elle ne croyait pas du tout Simon lorsqu’il expliquait que Chaahk ne connaissait pas leur langue : le dieu paraissait écouter attentivement toute leur conversation. En constatant qu’elle le fixait, il lui adressa un bref signe de tête. Tandis que Simon s’appesantissait concernant le dieu, Tina prit le relais de Clay pour ponctuer le récit de l’archéologue.

Ils n’avaient pas encore terminé de détailler les faits et gestes de Chaahk – qui s’était modestement tourné vers la fenêtre en faisant mine de contempler le paysage – lorsqu’Henry revint, pour les informer platement qu’Arabella Finley séjournait toujours dans le manoir et qu’il ne semblait y avoir aucun préparatif annonçant son départ prochain. Clay et Tina s’entre regardèrent, inquiets. Ethelle partageait leur inquiétude. Même si Gregory n’était plus, la Veuve-Noire devait avoir d’autres tours d’araignée dans son sac.

« Pour ma part, elle sait déjà que je suis là, déclara la jeune femme rousse. Vous, en revanche, vous devriez tâcher de vous éclipser. Vous n’auriez jamais dû venir ici, c’est trop dangereux et votre travail à la bibliothèque est trop important : les créatures magiques pullulent à présent et causent de nombreux accidents.
– Clay s’inquiétait pour toi, expliqua Tina. Alors il voulait absolument vérifier que tu allais bien. C’est lui qui nous a tous traînés jusqu’ici. »

Tous les regards se tournèrent vers l’ancien Faucheux, qui rosit légèrement. « Peu importe, balaya-t-il vivement. Maintenant que nous sommes là et que nous avons vu que tout allait bien, nous pouvons réfléchir à un moyen de partir d’ici.
– Ce n’est pas très difficile, déclara Ethelle. Je vais aller discuter avec elle, pour vous laisser le temps de filer.
– Tu… balbutia Clay. Vous ne repartez pas avec nous ?
– Non, j’ai réussi à glaner quelques éléments qui pourraient expliquer la mort de mon père. Je ne peux pas m’arrêter en si bon chemin et partir.
– Vraiment ? s’enthousiasma Simon. Je suis heureux de savoir que vous avancez dans la résolution de cette terrible affaire. J’espère que vous en verrez bientôt le dénouement ! »

Ethelle le remercia avec chaleur. « Bien, je vais aller converser avec notre amie l’araignée. J’ai été très heureuse de vous revoir, même si ce fut bref. Monsieur Chaahk, j’ai été heureuse de vous rencontrer. » L’homme aux longs cheveux noirs s’inclina et la gratifia de l’un de ses rares sourires. Après les derniers au-revoirs, mademoiselle quitta le petit salon pour trouver Arabella Finley.

Henry l’escorta et l’annonça, avant de la laisser seule en présence de la Veuve-Noire. Cette dernière avait encore revêtu une longue robe noire qui soulignait la filiformité (trouver le vrai mot) de son corps. Un petit collet blanc renforçait la rigidité de son aspect général. A la lumière du jour, Ethelle pouvait remarquer que le teint d’Arabella était très pâle, presque maladif. Elle supposa que c’était dû au manque de lumière de sa vie dans la nacelle de l’aérostat inachevé.

« Je suis surprise de vous voir ici, lâcha l’héritière de Jeremiah Finley.
– Au moins autant que je l’étais en vous voyant arriver à la réception organisée par Heather Merryweather, j’imagine, rétorqua Ethelle. J’exige de savoir pourquoi vous êtes venue !
– Parce que j’ai appris qu’il s’agissait d’une réunion des personnes qui estimaient que la chute de l’entreprise de mon oncle n’était pas dûe à votre père. Je suis donc venue voir par moi-même ce qu’ils en pensaient.
– Je suppose que vous leur avez fait part de votre théorie impliquant des dragons, poursuivit mademoiselle Morton.
– Tout à fait et ils y ont été très réceptifs, contrairement à ce que vous semblez croire. Je vous trouve bien dédaigneuse. Peut-être êtes-vous de mauvaise humeur ? Serait-il arrivé quelque chose à votre ami Clay ?
– Qui ? Votre sbire qui a déserté ? Comment le saurais-je ? Vous me paraissez avoir des soucis avec votre toile, madame la Veuve-Noire. Auriez-vous perdu un élément crucial de votre organisation ?
– Que savez-vous à propos de Grégory ? » siffla Arabella en plissant les yeux.

Ethelle sourit intérieurement : en réussissant à irriter la Veuve-Noire, elle aurait plus de facilité à diriger la conversation. « A vous voir ainsi en colère, j’en déduis que j’ai raison, triompha la jeune femme rousse. Après avoir commis un crime aussi grave qu’une tentative d’assassinat, il a peut-être été condamné à la peine capitale. Cela expliquerait que vous n’ayez pas de ses nouvelles… Comment allez-vous donc faire sans son précieux soutien ? Je me le demande.
– Petite insolente ! cracha Arabella. Comment osez-vous me provoquer ainsi ? Vous êtes aussi retorse que votre père et vous finirez comme lui !
– Tuée par une banshee si je me souviens bien de vos dires ? railla Ethelle.
– Vous n’êtes qu’une idiote : la banshee n’annonçait que sa mort. »

Alors que la Veuve-Noire continuait son explication sur les fonctions d’une banshee, la jeune femme rousse regardait autour d’elle. Mademoiselle Finley n’avait pas apporté beaucoup de bagages. Une fillette d’une dizaine d’années était recroquevillée dans un coin, terrorisée par la dispute. Sur le petit bureau trônait un attaché-case en cuir fatigué. L’objet attira le regard d’Ethelle tant il lui semblait familier.

Et, pour cause, les lettres C.M. étaient gravées en grand sur le rabat.

 

(changement de chapitre)

 

Béatrice vient de me proposer une soirée pizzas. En voilà une bonne idée ! C’est une perspective beaucoup plus réjouissante que le lait entamé du frigo et la conserve. Je ne savais pas trop quoi faire de ma râleuse de fée en partant. J’ai réalisé que c’était une vraie râleuse tout à l’heure, quand elle s’est mise coup sur coup à ronchonner quand j’ai arrêté de lui gratouiller la tête et lorsque Béatrice est apparue sur l’hologramme téléphonique.
Je l’ai laissée hors de sa cage, en espérant qu’elle ne mette pas trop le bazar. J’ai aussi laissé la fenêtre ouverte. Je me dis que c’est mieux qu’elle choisisse si elle préfère rester avec moi ou s’envoler pour retrouver les autres fées. Je verrai bien si elle est toujours là quand je rentrerai…

“INTERRUPTION : MESSAGE URGENT CENTRALE D’APPARTEMENT :
Les capteurs ont détecté une fenêtre ouverte pendant votre absence. Voulez-vous que la Centrale se charge de la fermer ?

NON

Préférence enregistrée. La Centrale vous posera de nouveau la question en cas d’intempéries.”

Il fait plutôt doux ce soir d’ailleurs. Je proposerai peut-être à Béatrice de faire une promenade après la pizza.

 

Le plus grand parc de la ville se trouvait au bout de la rue où habitait Béatrice. Leur discussion se fit plus légère au fur et à mesure de leur promenade. Ils furent très déçus lorsque les drones du parc se mirent à informer les visiteurs qu’ils devaient se diriger vers les sorties les plus proches, car le parc allait fermer pour la nuit. Les jeunes gens obéirent et sortirent de l’enceinte. Malheureusement, ils étaient sortis loin de chez eux. Ils entreprirent donc de rentrer par la ville. La nuit était noire à présent, mais l’éclairage citadin avait pris le relais.

Valentin et Béatrice se sentaient légèrement euphoriques après leur bol d’air et leurs plaisanteries. Marchant dans la rue bras dessus, bras dessous, ils rivalisaient de mots d’esprit peu recherchés qui les faisaient glousser. Occupés qu’ils étaient, les jeunes gens ne remarquèrent pas les deux individus louches qui se plaçaient derrière eux, tandis que deux autres venaient à leur rencontre.

« Alors le p’tit couple, il passe une bonne soirée ? S’enquit l’un des quatre.
– Bonsoir… Émit Valentin en prenant conscience du danger.
– Si vous voulez continuer de passer une bonne soirée, reprit le malfrat, il va falloir nous donner tout ce que vous avez qui a d’la valeur.
– Rien que de vous avoir rencontrés nous fait passer une mauvaise soirée, alors bon… » Ne pût s’empêcher de lâcher Béatrice.

L’un de ceux qui se tenait derrière plaqua brutalement la jeune femme contre le mur de l’immeuble voisin. « Quesstadi ? » S’emporta-t-il, une main autour du cou de sa proie qui émit un geignement tant surpris qu’étouffé. « Fais gaffe à c’que tu dis ! La prévint-il d’un ton énervé.
– Calmons-nous, tenta de tempérer Valentin.
– C’est un nerveux, expliqua doucereusement le premier malfrat qui paraissait être la tête pensante du groupe. Alors dépêchez-vous de nous donner tout c’que vous avez avant qu’il s’énerve. »

Alors que le jeune homme, ne voyant pas trop quoi faire d’autre et craignant pour son amie, s’apprêtait à obtempérer, l’atmosphère changea subitement. Une fine brise nocturne les effleura tous, suivie d’un infime instant de calme intense. Puis l’agresseur de Béatrice se retrouva violemment attiré en arrière et propulsé sur un poteau qui lui coupa le souffle. La jeune femme faisait désormais face à sa sauveuse, entièrement nue et à moitié écorchée. De la lymphe et du sang s’écoulaient des plaies. Béatrice aurait voulu crier face à cette vision d’horreur, mais rien ne sortit de sa bouche.

 

1927 mots pour aujourd’hui, mais je l’avoue : j’ai trichouillé en rajoutant un petit bout de texte que j’avais déjà écrit avant.

Audiobook : Le Cœur de l’Hiver, Partie 2 Chapitre 11

Glorieuses salutations !

Voici le chapitre 11 de la deuxième partie du Cœur de l’Hiver :

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NaNoWriMo 2018 : Arkhaiologia Tome 2, jour 11

Avec l’agitation, personne d’autre ne l’avait vue non plus. L’esprit du pendentif fit un clin d’œil à Ethelle avant de retourner se cacher dans le camée.

Izel se retrouva près d’elle et lui enjoignit à s’écarter du lac. Ils remontèrent au manoir et croisèrent Nicolas Merryweather qui en descendait. Il était pâle et armé de son pistolet. « Ethelle, ma chère, je suis soulagé de vous voir saine et sauve.
– Je suis resté à ses côtés pour la protéger, mentionna Izel avec hauteur.
– Oh, euh et bien je vous en suis reconnaissant, le remercia Nicolas tandis que le rouge lui montait aux joues. Cela m’a permis de récupérer mon arme pour les faire fuir. »

Les gendarmes détachés à la protection du domaine Merryweather au cas où Gregory se montrerait avaient, eux aussi, tiré en direction des êtres lacustres pour les faire fuir. Ils étaient à présent regroupés sur la petite plage du lac, tenant une conversation animée. Ethelle supposa qu’avec des apparitions surnaturelles de plus en plus nombreuses, les gens d’armes ne devaient plus savoir où donner de la tête. L’un d’entre eux, quitta le petit groupe et, arrivant à la hauteur de Nicolas, l’informa qu’il devait quitter la surveillance du domaine pour aller informer son supérieur des évènements. Sans attendre de réponse, il inclina brièvement la tête et s’en fut.

« Vous devriez conserver votre arme avec vous, conseilla Izel à l’héritier Merryweather avec un demi-sourire.
– J’y songe, répondit Nicolas avec agacement. Venez, Ethelle, rentrons. » La jeune femme acquiesça et saisit le bras qu’il lui tendait. Ils rentrèrent paisiblement, accompagné par le nahua qui irritait le maître des lieux.

 

Le jour suivant, de nombreux convives avaient déjà quitté le manoir pour regagner leur maisonnée. Les gendarmes s’étaient retirés du domaine, leur supérieur ayant décidé que des affaires plus pressantes les appelaient. Il regnait une ambiance qu’Ethelle trouvait morne. Les membres de la famille [Machintruc], qui préparaient à leur tour leur départ, lui demandèrent de les retrouver dans leurs appartements.

Lorsque la jeune femme pénétra dans le petit salon des [Machintruc], Miztli se précipita vers elle avec joie. « Viens, papa et maman veulent te parler ! » Elle s’empara ensuite de la main d’Ethelle pour l’entraîner vers le fauteuil près de la cheminée où se tenait Xochitl. Entendant sa fille parler à Ethelle, Cuauhtli les rejoignit. Madame [Machintruc] adressa un aimable sourire à mademoiselle Morton et l’invita à s’assoir sur le fauteuil en face d’elle.

« Nous avons été très heureux de faire votre connaissance, commença Xochitl.
– Moi de même, lui assura Ethelle avec chaleur.
– J’en suis ravie. Nous vous avons demandé de venir car nous avons quelque chose à vous proposer.
– Vraiment ?
– Oui, intervint Cuauhtli. Nous en avons beaucoup discuté et nous pensons que c’est une très bonne idée.
– Nous voulions vous proposer de partir avec nous, précisa Xochitl.
– Avec vous ? s’étonna Ethelle prise de court.
– Oui, confirma Xochitl. Cuauhtli connaissait bien votre père, qu’il tenait en haute estime, et vous nous avez fait une excellente impression. C’est pourquoi nous comptions vous proposer de vous accueillir chez nous à Nueva Tenochtitlan (ou Yancuic Tenochtitlan ? Quelle quantité d’espagnol a été finalement conservée et est utilisée ? Quid du portugais ? Et puis d’abord où ça se trouve ?) où vous pourriez repartir du bon pied dans une ville riche et foisonnante. De là, vous pourrez tout de même retourner à Eastlond si vous en ressentez l’envie.
– C’est vraiment généreux de votre part comme proposition. » déclara Ethelle qui ne savait pas si elle avait envie d’aller vivre si loin dans le sud.

De fait, elle ne savait pas non plus si elle avait envie de faire partie de cette famille. Ils s’étaient certes montrés toujours agréables et attentionnés à son égard, mais elle ne les connaissait que très peu. Aurait-elle de mauvaises surprises plus tard ? D’un autre côté, l’autre solution qu’elle avait était de continuer de vivre au crochet de la famille Merryweather. Heather était pénible et envahissante, mais au moins la jeune femme savait à quoi s’attendre. Et puis, en restant à Lancy, elle restait à la portée de la bibliothèque antique de Simon Derrington. Ethelle ne savait pas si elle aurait l’occasion d’y retourner, mais elle préférait ne pas trop s’en éloigner.

« Les enfants nous ont assuré qu’ils apprécieraient beaucoup vous avoir comme compagne, précisa Cuauhtli. De plus, dans quelques mois (réfléchir à combien de temps exactement), Izel sera en âge de prendre une épouse. Nous pourrions vous marier et vous bénéficierez ainsi du prestige de la famille [Machintruc], cela vous aidera certainement dans vos affaires.
– Oh, mais je ne comptais pas profiter d’autant de générosité ! » s’exclama Ethelle.

Décidément, pourquoi y avait-il tant de monde qui considérait que le mariage était la solution à tout ? La jeune femme repensa à ce que lui avait dit Cuauhtli au sujet de son père, qui avait un soi-disant secret autout de sa réussite en affaires. La famille [Machintruc] lui faisait-elle miroiter un avenir radieux avec elle juste pour pouvoir mettre la main sur ce fameux secret ? Elle s’en voulut de penser cela de personnes qui s’étaient montrées avenantes et aimables avec elle depuis le début. Izel s’était même porté à son secours à plusieurs reprises.

« Nous aurions dû vous en parler avant, déplora Xochitl. Vous n’avez que peu de temps pour vous décider.
– Il est vrai que c’est difficile pour moi de prendre une décision si importante dans un laps de temps si court, confirma Ethelle.
– Écoutez, temporisa Cuauhtli, si cela vous convient mieux, vous pouvez partir avec nous en considérant que vous prenez des vacances et, si la vie avec nous ne vous convient pas, vous pourrez certainement revenir ici auprès de la famille Merryweather. »

Présentée ainsi, l’offre était plutôt tentante. Ethelle n’avait jamais eu l’occasion de se rendre dans l’Empire de Nueva Azteca et elle était curieuse de visiter Nueva Tenochtitlan. Alors qu’Ethelle s’apprêtait à dire qu’elle s’en voudrait de les mettre en retard, quelqu’un frappa à la porte. Henry, le majordome des Merryweather, entra dans la pièce, s’inclina et déclara : « Mademoiselle Morton est requise dans le salon de réception de madame Merryweather. Si vous voulez bien me suivre.
– Pour quelle raison est-elle convoquée ? s’enquit Xochitl sur un timbre un peu irrité.
– Monsieur Merryweather la mande car ses amis sont revenus d’un périple archéologique.
– Un périple archéologique ? s’étonna Cuauhtli. Cela ne peut-il pas attendre ? Nous sommes au milieu d’une conversation importante.
– Prenez votre temps, déclara calmement Henry. Je patienterai de l’autre côté de la porte. »

Ce qu’il fit. Le coeur d’Ethelle battait la chamade ; elle était impatiente de retrouver Simon et Clay et très heureuse de savoir qu’ils n’avaient pas eu à faire à Gregory. Elle nota de leur en parler au cas où. La jeune femme repoussa ses pensées dans sa tête pour s’occuper de ne pas froisser la famille [Machintruc]. « Je suis navrée, leur dit-elle, et aussi profondément flattée par votre proposition, mais je ne vais pas pouvoir vous accompagner dès aujourd’hui. Le devoir m’appelle, mais peut-être pourrai-je me mettre en route d’ici quelques jours, si votre invitation tient toujours bien entendu.
– Bien sûr, lui assura Xochitl. Nous sommes un peu déçus de ne pas pouvoir profiter de votre présence dès maintenant, mais nous vous accueillerons avec joie lorsque vous serez prête à venir chez nous. »

Ethelle sourit. Elle avait réussi à garder la porte ouverte tout en déclinant l’invitation, ce dont elle était soulagée ; elle aurait ainsi le temps d’y réfléchir à tête reposée. En les remerciant une nouvelle fois, elle prit poliment congé, pour suivre Henry qui l’attendait, stoïque, dans le couloir. Tandis qu’elle lui emboîtait le pas, une inquiétude survint : Arabella Finley avait-elle déjà quitté le manoir ? Il serait très fâcheux qu’elle croise Clay dans un couloir. Qui sait comment elle réagirait en le voyant ?

Lorsqu’Henry lui ouvrit la porte du salon, Ethelle fut soulagée de ne pas y trouver la Veuve-Noire, mais aussi de constater que Clay et Simon étaient indemnes de toute blessure qui aurait pu signifier une rencontre avec Gregory. En plus de Nicolas qui devisait avec le professeur Derrington, la jeune femme rousse fut surprise de voir Tina, mais aussi un grand homme aux yeux verts étincelants et à la longue chevelure noire qu’elle ne connaissait pas.

Avant qu’elle n’ait eu le temps de dire quoi que ce soit, Clay avait franchi les quelques pas qui les séparaient pour l’étreindre brièvement. Il la lâcha avant qu’elle puisse s’offusquer et lui adressa un franc sourire en lui disant : « Je suis content de voir que tu… vous allez bien !
– Je… moi aussi, avoua Ethelle. Je suis heureuse de vous voir et surprise, aussi.
– Nous n’avons pas eu l’occasion d’envoyer un message. » s’excusa Simon en venant l’étreindre à son tour.

Tina ne vint pas l’étreindre – l’inverse aurait profondément surpris mademoiselle Morton – et se contenta de la fixer d’un air insolent en croisant les bras. L’homme aux étranges yeux verts la fixait également, l’air impassible. Il était vêtu d’un costume neuf, qu’Ethelle soupçonnait l’archéologue d’avoir fait tailler à ses frais peu de temps auparavant. L’inconnu ne semblait pas encore tout à fait à l’aise avec ces vêtements typiquement angelnish.

« Que faites-vous là ? s’enquit la jeune femme rousse. Je pensais que vous ne reviendriez pas avant encore plusieurs jours.
– Il s’est passé des choses dans la bibliothèque, expliqua vivement Clay tandis que l’archéologue les poussait à s’installer sur le canapé ou les fauteuils.
– Quelles choses ? demanda Ethelle en s’asseyant à côté de l’ancien Faucheux sur le canapé.
– Gregory nous a attaqués, tu sais, le majordome de la Veuve-Noire. »

Dans son impatience, le jeune homme en oubliait de la vouvoyer. « Je me souviens bien de lui, renchérit Ethelle. Il a voulu me tuer lors d’un dîner…
– Il a… ? Ohlàlà… J’avais raison de m’inquiéter. » Clay se passa nerveusement la main dans les cheveux, avant de reprendre : « Je suis content que tu sois saine et sauve.
– J’ai arrêté cet homme grâce à mon pistolet, précisa Nicolas dont les joues étaient une fois de plus colorées de rouge. Puis il a été emmené par les gendarmes.
– Et puis il s’est enfui, continua Ethelle. C’est à ce moment là qu’il a dû se lancer à votre poursuite.
– Comment a-t-il fait pour nous retrouver ? demanda Tina. C’est toi qui lui a balancé Clay ? »

Le ton de la jeune fille blonde, dirigé à l’intention de mademoiselle Morton, était accusateur. « Je n’ai rien dit, démentit Ethelle.
– Chaahk et moi pensons que cet homme, Grégory, étant un loup-garou, avait des capacités de pistage surhumaines, intervint le professeur Derrington avec une pointe de fierté. Nous avons émit l’hypothèse qu’il a suivi Clay à la trace depuis Lancy.
– Un loup-garou ? balbutia Nicolas.
– En y repensant, c’est vrai qu’il avait une tête bizarre lorsqu’il m’a attaquée, réfléchit Ethelle. Comme s’il était déformé… et avec plus de poils aussi.
– Un loup-garou, répéta Simon, ou lycanthrope. J’en suis sûr et certain ! D’ailleurs, sa force était impressionnante. Nous avons eu beaucoup de chance de nous en sortir ; nous n’en serions pas là si Tina n’avait eu la présence d’esprit d’utiliser l’argent dévolu à mes photographeurs pour vaincre la bête. »

La blondinette jeta un regard triomphant à Ethelle. Cette dernière, bien qu’impressionnée par l’exploit de Tina, n’en laissa rien paraître. Elle se sentait soulagée de savoir que Gregory avait été vaincu. En revanche, même sans son majordome, la Veuve-Noire devait avoir des moyens de leur porter préjudice. Sans compter que la disparition de son homme de main la mettrait certainement dans une colère noire. Et ce n’était pas quelque chose à laquelle Ethelle avait envie d’assister.

« Il faut que je vous dise, déclara-t-elle à ses compagnons, qu’Arabella Finley se trouve ici. (est-ce que Simon est au courant pour Arabella/Veuve-Noire ? Si non, à préciser avant et vérifier aussi à propos de Nicolas) Il ne faut pas qu’elle aperçoive Clay ou Tina.
– Arabella Finley ? répéta Nicolas. Mais pourquoi cela ? Que ne m’avez-vous pas dit ? »

2033 mots pour aujourd’hui. Je continue de rogner sur mon retard, pas aussi vite que je le voudrais, mais je rogne !

NaNoWriMo 2018 : Arkhaiologia Tome 2, jour 10

Elle jeta un nouveau coup d’œil à l’assemblée. Tout en hochant la tête à l’intention de l’adolescent, elle se prépara à affronter de nouvelles discussions à propos de son père et se composa un nouveau sourire. Ceci fait, elle se tourna vers Izel pour vérifier si elle faisait suffisamment bonne figure. Il donna son approbation. Ethelle lui sourit et se lança dans un nouveau bain de foule.

Elle redoubla d’attentions envers ses interlocuteurs et s’efforça de leur donner une image positive d’elle-même, espérant en donner une meilleure que celle d’Arabella. Elle avait l’avantage de paraître moins sèche et excentrique que l’héritière de Jeremiah Finley, mais cela ne suffirait pas à ranger les convives de son côté si jamais un conflit d’intérêt venait à se déclarer entre elles. Ethelle fit de son mieux pour faire miroiter le mystérieux secret de son père qui avait fait la richesse de MecanInc, AerosTech et RotorCorp.

A ce propos, la jeune femme rousse était déçue de constater qu’elle n’apprenait pas grand chose concernant le décès de Charles Morton. Toutes les personnes présentes paraissaient certaines qu’il n’y était pour rien dans la chute des trois entreprises florissantes, mais personne ne sut lui expliquer pourquoi ni n’avait d’idée précise sur le mobile du crime. Certains appuyaient même la thèse du suicide. En discutant avec les convives, Ethelle était tout de même parvenue à la certitude que son père avait dû être assassiné pour son secret. Cela lui semblait évident.

(rajouter des trucs peut-être ? Et présenter quelques personnes présentes ? Pas beaucoup de Eastlondiens je suppose. Est ce qu’on dit Eastlondiens déjà ? Je ne sais plus)

Ethelle avait décidé qu’elle ne quitterait pas la salle la première. Arabella devait avoir pris la même décision, car elle ne montrait aucun signe de vouloir prendre congé. Mademoiselle Morton devait admettre qu’elle était impressionnée par l’endurance de la Veuve-Noire qui sortait tout juste d’un long voyage. Tout en devisant avec d’anciens amis de son père qui avaient quitté Eastlond quand elle était encore petite, Ethelle surveillait mademoiselle Finley du coin de l’œil. Cette dernière faisait mine d’ignorer la jeune femme rousse, mais Ethelle pensait que ce n’était qu’une impression et qu’elle la surveillait tout autant.

Les invités de madame Merryweather, fatigués, finirent par quitter la salle de réception d’eux-mêmes. Lorsqu’il ne resta plus suffisamment de personnes à charmer, la Veuve-Noire se retira à son tour. Ethelle n’attendit que quelques minutes pour suivre son exemple. Elle avait la tête pleine d’informations sur les convives de la soirée et d’alcool dont elle avait un peu abusé.

Elle gravissait l’escalier principal, pressée de retrouver sa chambre, lorsqu’elle s’aperçut qu’Arabella Finley l’attendait au balcon intérieur, qui faisait office de palier. « Nous nous retrouvons enfin. » susurra la Veuve-Noire et la jeune femme perçut son camée palpiter de nouveau sur sa gorge. Ethelle regarda tout autour d’elle, paniquée, à la recherche de quelqu’un qui pourrait lui servir de prétexte pour ne pas se retrouver seule en présence de cette femme qui l’effrayait. Mais elles étaient seules. Mademoiselle Morton n’avait d’autre choix que de lui faire face.

« En effet, déclara Ethelle. Je dois avouer que je suis surprise de vous voir ici.
– J’ai reçu un message de mon majordome, qui m’expliquait qu’une réunion vous impliquant allait se tenir ici. J’ai donc contacté madame Merryweather, qui m’a aimablement conviée en tant qu’héritière de Jeremiah Finley. En revanche, je n’ai pas eu de nouvelles de Gregory depuis. Auriez-vous eu de ses nouvelles ?
– Si l’on veut, répondit la jeune femme en tentant de garder son calme. Il a essayé de m’assassiner, avant d’être arrêté et emprisonné.
– Voilà qui est fâcheux. » commenta la Veuve-Noire en fronçant ses fins sourcils.

Certaine que son interlocutrice ne trouvait pas fâcheux le fait que son majordome ait tenté de la tuer, Ethelle ne releva pas. Elle se demandait si Arabella l’avait attendue parce qu’elle tenait à lui dire – ou peut-être à lui faire subir – quelque chose en particulier, ou cela avait juste été une coïncidence de la croiser. Dans le doute, et parce que mademoiselle Finley semblait plongée dans ses pensées, la jeune femme amorça un mouvement pour s’en aller.

« Vous avez disparu en même temps qu’une de mes petites araignées, l’interrompit finalement Arabella. Où est Clay ? Et Tina ? Elle a déserté plus tard, mais je me suis laissée dire qu’elle vous avait peut-être rejoints.
– Tina ? s’étonna sincèrement Ethelle avant d’avoir la présence d’esprit de rajouter : Clay ? Qui sont-ils ? Je ne fraie pas avec les araignées.
– Je ne vous crois pas. Mais peu importe ; Gregory ne restera pas emprisonné bien longtemps. Si c’est trop dangereux pour lui de revenir ici, il se lancera à la poursuite de Tina et Clay.
– Grand bien lui fasse. Maintenant, si vous me le permettez, je vais aller me coucher. »

Arabella ne prit pas la peine de lui répondre, à son grand soulagement. Ethelle s’en alla dignement jusqu’à sa chambre. Après avoir fermé la porte, elle toucha légèrement son pendentif. Il produisit de la chaleur et [Bidulette] apparut. (vérifier où on en est du tutoiement/vouvoiement)
« J’ai cru que j’allais devoir sortir plusieurs fois aujourd’hui, déclara la jeune fille du camée. Tu avais l’air souvent inquiète et le collier me poussait à sortir ! Mais comme tu m’as ordonné de ne pas bouger tant qu’il y avait du monde, j’ai fait de mon mieux pour résister.
– Merci, je préférais t’avoir avec moi, mais j’avoue que j’aurais été bien en peine d’expliquer ton apparition soudaine.
– Oh, bientôt ça ne posera plus de problème, balaya [Bidulette] en faisant des étirements au milieu de la pièce. Tout le monde va finir par s’habituer, ils ne s’étonneront pas de voir quelqu’un jaillir de ton collier.
– Je ne sais pas. Simon et Clay sont retournés à la bibliothèque pour trouver des moyens de pallier à la résurgence du surnaturel. Peut-être qu’ils trouveront une solution avant que tout le monde s’habitue et que notre système en place ne s’effondre avant l’arrivée d’un dragon ou de je ne sais quoi.
– Moi, ça m’arrangerait qu’ils ne trouvent pas : j’aime bien sortir du pendentif pour marcher dans le monde et interagir avec d’autres personnes que moi-même. »

Ethelle ne répondit pas. Elle avait rapidement considéré [Bidulette] comme faisant partie de son entourage et n’avait même pas pensé qu’une solution pour pallier à la magie pourrait avoir une influence sur sa petite protectrice, alors que c’était l’évidence même. « Pourquoi m’as-tu demandé de sortir ? s’enquit [Bidulette].
– J’avais besoin de parler un peu.
– Parlons dans ce cas ! »

L’esprit du pendentif bondit sur le lit où elle atterrit déjà en tailleur. Ethelle s’assit à côté d’elle. « Je suis inquiète pour Clay et Simon, avoua la jeune femme rousse.
– À cause de ce majordome-loup qui a essayé de te tuer ?
– Oui, je crains qu’il se soit lancé à leur poursuite, ne pouvant pas m’atteindre ici.
– Ce que je comprends, acquiesça [Bidulette]. Il est très fort, alors même qu’il n’a pas encore la force d’un vrai loup-garou. Il aurait mangé le garçon qui s’est dressé face à lui, mais il avait à faire à une trop forte partie avec moi. Je ne peux pas encore rester dehors longtemps, mais je maîtrise parfaitement les arts martiaux qui m’ont été enseignés.
– Mais mes amis n’ont personne pour les protéger.
– Je te proposerai bien d’aller les aider, malheureusement je suis beaucoup trop liée au collier. Et puis je préfère rester avec toi ! Mais ne t’inquiète pas trop : le majordome-loup est peut-être juste parti chasser parce qu’il avait faim.
– Cela fait tout de même plusieurs jours qu’il a disparu, précisa Ethelle peu convaincue.
– Quand une bête comme ça a faim, elle a très très faim. En plus, une fois qu’elle a bien mangé, elle peut se priver de nourriture pendant plusieurs jours ensuite, donc c’est tout à fait possible. »

L’explication ne suffit pas à rassurer complètement la jeune femme rousse. Elle en venait à espérer que le majordome se cachait quelque part dans le parc du domaine Merryweather. Il y avait en effet un point sur lequel elle était d’accord avec [Bidulette] : c’était que la jeune fille pouvait tenir tête à l’effrayant Gregory. La présence de l’esprit de son camée la rassurait. Elle s’en voulait à présent de s’être laissée aller à la panique ; tant que [Bidulette] était là, elle ne risquait rien. Elle bâilla.

« Je vais me coucher maintenant. » déclara Ethelle en se levant pour commencer à défaire sa robe. Il s’agissait cette fois d’une robe qu’elle avait commandé elle-même et elle l’avait demandée facile à mettre et à enlever seule. La couturière avait paru étonnée par une telle demande, mais s’était exécutée sans commentaire. [Bidulette] ne bougea pas, la fixant toujours tandis qu’elle revêtait sa robe de nuit. « Pourquoi es-tu toujours là ? s’enquit Ethelle.
– Ces habits que tu as me fascinent, j’aime bien te regarder les changer.
– Ah, et bien je n’en changerai plus avant demain, tu peux t’en aller. »

La jeune fille rousse se coucha dans son lit, sous l’édredon moelleux. Complètement épuisée, elle ignora [Bidulette] et s’endormit aussitôt la tête posée sur l’oreiller. L’esprit du pendentif s’allongea face à elle et la regarda dormir un moment. « Oh non… » souffla-t-elle avant de se transformer en fumée et de rejoindre le camée délicatement posé sur la table de nuit.

 

Le lendemain, Ethelle eut la désagréable surprise de constater qu’Arabella s’installait face à elle pour le petit déjeuner. La jeune femme se dit qu’elle aurait mieux fait de prendre son repas au lit. Elle espéra que la Veuve-Noire ne comptait pas la suivre à la trace toute la journée, car cela allait rapidement lui mettre les nerfs en pelote. Ethelle plissa les yeux ; peut-être était-ce là ce que cherchait à faire Arabella. Souriant de nouveau, elle s’occupa de ses voisins de table – Nicolas et Xochitl – et ignora totalement mademoiselle Finley.

Ethelle passa ensuite le reste de sa journée à récupérer les adresses des convives qui avaient promis de la soutenir dans la réhabilitation du nom des Morton et à récolter les promesses d’aide. Elle savait que tous ne répondraient pas à l’appel si elle leur demandait, mais une partie d’entre eux suffirait à l’épauler. La jeune femme devait à présent se constituer un dossier de défense, ce qui s’annonçait difficile vu le peu de témoignages fiables qu’elle avait pu réunir au sujet de Charles Morton. Elle se disait qu’elle aurait peut-être dû essayer de rassembler les éléments avant d’essayer de rallier les gens à elle, mais il était à présent un peu tard pour recommencer ; les choses étaient lancées.

Pendant tout ce temps, elle faisait de son mieux pour rester hors de portée d’Arabella Finley. Ce faisant, elle réalisa qu’elle ne voyait pas beaucoup Nicolas ces derniers temps. Lui aussi avait beaucoup à faire en tant qu’hôte. En revanche, où qu’elle se trouve, elle remarquait qu’Izel n’était jamais loin. Pourtant, à chaque fois qu’elle tournait le regard vers lui, il faisait mine de ne pas faire attention à elle.

C’est alors qu’un grand bruit retentit, suivi de hurlements de terreur. Cette fois, ce n’était pas un saladier brisé. Des créatures sorties du lac de Lancy avaient brisé une barque amarrée et se dirigeaient à présent vers le bout de jardins où se trouvaient les invités. Tout le monde se mit à courir dans l’autre sens. Ils n’avaient pas besoin de se presser, constata Ethelle, car les êtres sortis de l’eau n’avaient pas de pattes arrières. L’avant ressemblait à celui d’un humain déformé et l’arrière presque à une queue de poisson. Ils poussaient des borborygmes et ne cessèrent leur avancée que lorsque des coups de feu retentirent.

L’un d’entre eux s’effondra en criant de douleur, touché par une balle. Les autres paniquèrent et fuirent en l’emmenant le plus rapidement qu’ils pouvaient dans la sécurité des eaux lacustres. « Tout va bien. » commenta [Bidulette]. Ethelle ne l’avait même pas vue apparaître tant elle avait été hypnotisée par le spectacle des habitants du lac.

 

2016 mots pour aujourd’hui. J’espère rogner encore plus de retard demain !

NaNoWriMo 2018 : Arkhaiologia Tome 2, jour 9

(changement de chapitre je crois)

« Comment ça « il a disparu » ? s’emporta Nicolas. Un simple majordome emprisonné ne peut pas disparaître aussi facilement !
– Et bien, il n’a pas exactement disparu, précisa un gendarme gêné après avoir échangé un regard avec son collègue qui l’avait accompagné. Il… Et bien il s’est enfui.
– Enfui ?
– Oui, confirma le deuxième. Il a fait un énorme trou dans le mur de la prison.
– Comment est-ce possible ? s’étonna le jeune Merryweather.
– Il semblerait qu’il ait juste défoncé la pierre à mains nues, reprit le premier gendarme.
– Comment peut-il avoir eu assez de force pour ça ? »

Nicolas ne revenait pas de sa surprise et Ethelle, qui pourtant avait subi la force de Gregory, était toute aussi impressionnée. Et inquiète, aussi. Un nouvel éclat de voix de la part de son hôte la fit sursauter. « Plusieurs jours ? Mais pourquoi ne me prévenez-vous que maintenant ? Avez-vous la moindre idée de ce qui aurait pu arriver pendant ces quelques jours ? Quand je pense que nous étions confiants, alors qu’un monstre rôde peut-être sur mon domaine. »

Ethelle n’avait jamais vu Nicolas aussi en colère. En ce moment il n’avait plus rien du jeune homme mesuré qu’elle avait rencontré. Il congédia les deux gendarmes, après qu’ils lui eurent expliqué qu’ils avaient mis en place une surveillance du manoir, au cas où Gregory revienne terminer ses noirs desseins. Merryweather se tourna vers la jeune femme rousse, le visage reflétant son inquiétude. « Je ne laisserai pas cet homme vous faire du mal. Désormais, vous ne resterez plus seule, c’est trop dangereux.
– Je ne suis déjà pratiquement jamais seule, protesta Ethelle. Et puis, j’ai déjà une protection personnelle.
– La jeune fille du pendentif ?
– Tout à fait. Elle s’est montrée efficace aux deux occasions qu’elle a eues de rencontrer cet homme.
– Mais elle est toute menue et vous ne l’avez pas revue depuis : comment savoir si elle se manifestera au prochain danger ?
– J’ai confiance, lui assura Ethelle. Maintenant, nous devrions retourner nous occuper des invités : ils doivent se demander où nous sommes passés. Cela risque de jaser. »

Nicolas Merryweather ne paraissait pas convaincu par l’argument du pendentif, mais il se rangea à la suggestion de retourner divertir les invités. Présentant son bras à la jeune femme, qu’elle saisit avec légèreté, ils retournèrent dans la salle de réception du manoir. Ils furent accueillis par une ambiance colorée et de la musique qui les enveloppa aussitôt avec des rires et des discussions. La salle foisonnait de monde qui avait revêtu leurs toilettes les plus tapageuses et qui avaient décidé de profiter de leur soirée.

Tous parurent enchantés de retrouver Ethelle et elle fut très rapidement accaparée par ces personnes qui voulaient lui parler de son père. Elle les gratifiait tous de son plus gracieux sourire, qu’elle parvenait de nouveau à afficher après la pause bienvenue octroyée par les gendarmes. Ils avaient certes été annonciateurs de mauvaises nouvelles, mais s’aérer la tête de tous ces gens qui venaient lui remémorer son père disparu s’était avéré une véritable aubaine et lui avait rendu un peu d’énergie.

Mademoiselle Morton se laissa emporter dans le tourbillon des mondanités. Elle trouvait l’ambiance trop festive pour engager des conversations utiles. De toutes façons, elle ne se sentait pas le courage de ne faire que parler de Charles Morton toute la soirée. Les moments de discussions légères étaient les bienvenues entre deux discussions sérieuses sur les affaires de son père.

Bien que parfois ennuyeuses et déprimantes pour la jeune femme, ces conversations n’en recelaient pas moins de nombreuses informations. Ethelle découvrait une facette de Charles Morton qu’elle ne connaissait pas du tout, ce qu’elle regrettait à présent. Cuauhtli n’était pas le seul à lui assurer que son père était doué en affaires. L’impression semblait générale et pas seulement parce que les convives se montraient polis.

Elle apprit qu’il n’était pas qu’un simple collaborateur des entreprises MecanInc, AérosTech et RotorCorp. Il était chargé d’affaires dans chacune d’elles en plus de son poste de conseiller municipal et au Parlement (vérifier tout ça). Au vu de toutes ces activité, il n’était pas étonnant que la jeune femme n’ait eu que peu de temps à passer avec lui. Tout le monde lui parlait d’un secret que détenait Charles Morton et la plupart des invités paraissaient convaincu qu’elle en avait hérité. Ne sachant trop comment réagir à cette confiance qu’ils plaçaient en elle, Ethelle ne les détrompa pas. Elle temporisa seulement en précisant qu’elle n’avait pas encore bien compris toutes les ficelles du secret.

Les parents de la famille [Machintruc] la présentaient à tout le monde, la mine fière comme si elle était leur fille. Leur véritable fille, Miztli, ne faisait pas grand cas du foisonnement d’intérêt autour d’Ethelle. Elle préférait courir et jouer avec les autres enfants qui avaient à peu près son âge. En plus de temps, elle se retrouva avec la robe déchirée en plusieurs endroits, riante et essoufflée. Izel non plus ne s’intéressait pas aux histoires de Charles Morton. Négligeamment adossé à une colonne, il contemplait la foule d’un air blasé. Ethelle ne parvenait pas à savoir ce qu’il pensait d’elle. Miztli l’aimait bien, elle en était certaine, leurs parents la couvaient comme si elle faisait partie de la famille, mais Izel maîtrisait trop bien l’attitude nonchalente des adolescents.

Un fracas interrompit les musiciens. Ethelle, tendue, était prête à s’enfuir lorsqu’elle réalisa qu’il s’agissait juste d’un saladier qui s’était écrasé au sol après avoir été maladroitement poussé par quelqu’un. La jeune femme expira. Elle croyait qu’elle avait enfoui ses inquiétudes au fond de son esprit, mais le premier bruit venu les avait libérées. Ethelle s’efforça de calmer les battements de son coeur ; elle avait eu l’impression de voir son camée briller et la dernière chose dont elle avait besoin était une apparition impromptue de [Bidulette].

Avant que les conversations reprennent après cette bruyante interruption, la porte de la salle de bal s’ouvrit. Ethelle sentit son coeur battre la chamade de plus belle. L’invitée en retard n’était autre qu’Arabella Finley. Toujours filiforme et vêtue d’une robe noire près du corps, elle affichait une mine contrariée, qui s’éclaira d’un sourire mauvais lorsqu’elle repéra la jeune femme rousse au milieu d’un attroupement.

Ethelle se raccrocha à cette idée : au milieu de tant de monde, la Veuve-Noire ne pouvait lui faire de mal. Mademoiselle Morton devrait aviser pour les jours suivants. Elle se méfiait d’Arabella. Sans compter que si elle se trouvait ici, Gregory ne devait pas se trouver bien loin. Elle chercha Nicolas du regard pour le prier de se méfier de mademoiselle Finley, mais le jeune homme était déjà en train de l’accueillir avec empressement et sourires. Il lui apportait un verre pour contrer les effets du voyage qu’elle venait d’effectuer et qui avait été, confirma-t-elle, particulièrement éprouvant. Les trains n’avaient eu que des retards et leur confort s’était avéré moins que relatif.

Ethelle remarqua bien vite que l’héritière de Jeremiah Finley recevait presque autant d’attentions qu’elle. Cela blessa son ego, mais surtout, cela l’inquiéta. Ces gens étaient destinés à être ses alliés, pas ceux de la Veuve-Noire. Mademoiselle Morton savait bien qu’elles étaient censées être du même côté et elle se demanda comment Arabella comptait agir envers elle. Cependant elle ne pouvait pas s’empêcher d’avoir l’impression que la Veuve-Noire était en train de tisser une toile mortelle autour d’elle.

« Comment se fait-il que mademoiselle Finley se trouve ici ? s’enquit Ethelle auprès de Nicolas qui s’était éloignée de la dernière arrivée.
– Oh, et bien je suppose que tout le monde la croyait folle quand elle disait que la ruine de l’entreprise de son oncle était liée à des dragons. Mais maintenant que tout le monde commence à avoir été témoin d’évènements surnaturels au point que même les journaux en parlent… et bien elle est devenue une sorte de génie incompris.
– C’est sûr que cela a dû lui demander beaucoup de courage de défendre ses théories surnaturelles. » nota Ethelle en buvant nerveusement une gorgée de son verre, plein d’un alcool pétillant. Le jeune Merryweather lui adressa un sourire lumineux, heureux de constater qu’ils se comprenaient. Mademoiselle Morton ne le détrompa pas non plus. Elle estimait que cela lui demanderait trop d’énergie pour un probable piètre résultat.

La jeune femme s’éloigna un peu, se postant près du buffet. Son estomac n’avait pas envie de nourriture, mais elle avait envie de boire. Elle percevait son camée pulser contre sa gorge et décida de l’ignorer. « Vous buvez trop, commenta une voix jeune alors qu’elle venait d’avaler un deuxième verre et commençait à en ressentir les effets.
– Pardon ? s’offusqua-t-elle en se tournant vers son interlocuteur.
– Vous allez vous endormir sous la table si vous continuez ainsi, la prévint Izel qui s’était approché d’elle.
– Non non, s’exclama-t-elle. Je ne dois pas m’endormir ici, c’est beaucoup trop dangereux. »

Joignant le geste à la parole, elle délaissa son verre sur la table où il fut prestement débarrassé par une servante zélée. « Pourquoi est-ce dangereux ? s’enquit Izel faisant ainsi preuve d’un semblant d’intéret.
– Parce qu’Arabella ne m’aime pas.
– Boah, plein de gens n’en aiment pas d’autres, je ne vois pas en quoi ce serait dangereux.
– Vous ne comprenez pas, se plaignit Ethelle.
– J’ai bien peur que non.
– Ce n’est rien, balaya la jeune femme. Je pense que je devrais me retirer.
– Déjà ? s’étonna Izel de façon un peu moqueuse. Ne craignez-vous pas que les invités se sentent blessés par votre absence ? »

Il avait raison. Ethelle ne pouvait pas abandonner tous ces gens que madame Merryweather avait conviés spécialement pour la rencontrer. Elle se tourna pour contempler l’assemblée, se tordant les mains. Le ballet tourbillonnant des gens qui venaient lui parler de son père faisaient à présent de même autour d’Arabella. Au milieu de toutes ces attentions, elle affichait une mine triomphante, s’efforçant de se montrer sympathique. Mademoiselle Morton se sentit dégoûtée par la situation. « Tant pis, lâcha-t-elle à son jeune interlocuteur. Je vais quand même me coucher.
– Non ! s’exclama-t-il. Ne faites pas cela, elle va gagner sinon.
– Gagner ?
– Mais oui, elle n’aura rien besoin de faire pour s’attirer les faveurs de tous ces gens si vous vous en allez. »

Elle devait reconnaître qu’une fois de plus, Izel faisait preuve d’une sagesse assez incroyable pour un adolescent de – quoi – seize ans ?

 

1741 mots pour aujourd’hui, j’ai du mal à atteindre le quota minimum, mais j’y arrive ! J’espère que je réussirai à récupérer mon retard ce week end 🙂

NaNoWriMo 2018 : Arkhaiologia Tome 2, jour 7 et 8

Lorsque Clay ressortit du camp avec leurs affaires, Tina s’empressa de venir l’aider. Suivis de l’archéologue qui traînait, répugnant à quitter sa chère bibliothèque, ils gravirent la faille qui menait à l’air libre. Alors qu’ils chargeaient la mécamobile, les trois angelnish perçurent un tremblement du sol sous leurs pieds. Ils tournèrent la tête en direction de Chaahk, quelques mètres plus loin. A leur grande surprise, la terre paraissait se mouvoir de sa propre volonté, absorbant le corps de Gregory sous le regard grave du dieu. « Qu’est ce qu’il fait ? s’étonna Tina.
– Il l’enterre, je suppose, répondit Simon qui paraissait fasciné par la scène. Je vais en profiter pour lui demander s’il veut venir avec nous. »

Clay amorça un mouvement pour demander si se promener avec un homme à moitié nu ne risquait pas d’attirer l’attention une fois qu’ils seraient à Lancy. Il s’arrêta, voyant bien que c’était inutile : Simon était déjà près de Chaahk pour lui proposer de voyager avec eux. L’ancien Faucheux était certain que l’archéologue lui faisait miroiter des découvertes passionnantes en se fondant dans une ville typiquement actuelle.

Le dieu écouta attentivement le professeur Derrington, puis prononça quelques mots ponctués d’un signe de tête en direction de la bibliothèque. Cela parut faire réfléchir Simon qui se gratta le cuir chevelu d’un air pensif. Puis il se tourna de nouveau vers Chaahk pour lui répondre en haussant les épaules. Le dieu pencha la tête sur le côté et parut faire une proposition à l’archéologue qui accepta aussitôt.

Un nouveau tremblement de terre fit sursauter Clay et Tina. « Regarde ! » s’exclama la blondinette en désignant la colline qui recouvrait la bibliothèque. La terre autour de la faille paraissait avoir pris vie et bouchait l’entrée par laquelle ils passaient pour pénétrer dans l’antique bâtiment. « Il a vraiment des pouvoirs impressionnants, commenta Tina.
– Ca, c’est sûr, approuva Clay.
– Imaginer qu’il y a des gens aussi puissants qui se promènent dans le monde, ça m’inquiète un peu.
– Je te comprends, je dois dire que ça me met aussi mal à l’aise. Surtout en sachant qu’il se sent tout faible…
– Je ne veux même pas essayer d’imaginer quand il se sent fort. » acquiesça Tina.

Les deux anciens Faucheux regardèrent Chaahk et Simon revenir vers eux, avec un brin d’appréhension. Ils espéraient que le dieu ne se ferait pas remarquer en ville et que rien ne l’obligerait à utiliser ses pouvoirs. En montant en voiture, Clay tenta de se rassurer en se disant que Chaahk paraissait être une personne raisonnable et qu’il ne se mettrait pas de lui-même dans une situation gênante. En fait, il paraissait surtout observer ce qu’il se passait autour de lui. Peut-être était-ce pour ne pas agir de manière imprudente. D’ailleurs, le jeune homme le trouvait bien calme face à sa situation : le dieu avait été endormi pendant des centaines et des centaines d’années, s’était réveillé dans un lieu en ruine, et ne paraissait pas en faire grand cas.

Tandis que la mécamobile atteignait une ébauche de chemin de terre, Clay essaya de se mettre à la place de Chaahk. Quand ce dernier avait ouvert les yeux dans la bibliothèque, il avait dû se sentir perdu. S’était-il seulement réveillé avec les idées claires ? En tous cas, l’ancien Faucheux savait qu’il aurait paniqué en se retrouvant seul dans un lieu connu devenu une ruine peuplée de fantômes. Il frissonna. En plus d’avoir des pouvoirs merveilleux et un physique sans défaut, Chaahk paraissait aussi intelligent et avoir un moral d’acier. C’était donc cela d’être un dieu ? On incarnait la perfection ? Le jeune homme se sentait un peu jaloux de tant de qualités. A côté de Chaahk, il avait l’impression d’être insignifiant et il n’aimait pas cette sensation. D’un autre côté, les dieux étant restés dans les mémoires tellement de centaines d’années après avoir disparu, ce n’était pas étonnant qu’ils soient des êtres exceptionnels.

Il fut interrompu dans le flot de ses pensées par Tina qui demanda en désignant Chaahk d’un petit mouvement de menton : « Dites, m’sieur Derrington, vous ne pensez pas qu’il faudrait l’habiller un peu plus pour aller en ville ?
– Oh si si, confirma Simon. J’y ai songé, mais je ne pense pas que nous trouverons de tailleur convenable entre ici et Lancy.
– Mais il a pas besoin d’un tailleur convenable, juste de pas être tout nu ! protesta la jeune fille.
– Rho, mais il n’est pas techniquement nu… » Temporisa l’archéologue.

Tina leva les yeux au ciel et se cala de nouveau au fond de son siège, à côté de Clay ; ils étaient à l’arrière, séparés par un sac qui ne tenait pas dans le coffre avec le reste des bagages. Ils n’avaient pas pris le temps d’enlever le matériel de remplacement qu’ils stockaient dans le véhicule pendant qu’ils travaillaient dans la bibliothèque, la mécamobile était donc un peu chargée.

Chaahk ne disait rien. Il contemplait le paysage qui défilait à l’extérieur, l’air impassible. Cet air presque toujours impénétrable rendait Clay nerveux. Il aimait bien avoir des indications sur ce que pensaient les personnes face à lui. Simon engagea la conversation avec son silencieux passager en langue antique. Le dieu répondait brièvement aux questions du professeur Derrington. « Qu’est ce qu’il dit ? s’enquit Tina qui n’aimait pas ne pas comprendre.
– Je lui ai demandé ce qu’il pensait de nos petites merveilles de technologie que sont les mécamobiles, répondit plaisamment l’archéologue. Et il m’a expliqué que la civilisation antique que nous étudions avait des moyens de transport encore plus performants. Et aussi qu’il était prêt à m’expliquer comment tout cela fonctionnait à l’époque, mais qu’il doutait que j’ai le bagage de… mmmh… d’ingénierie nécessaire pour bien comprendre. »

L’archéologue avait essayé de garder un ton détaché en prononçant la dernière phrase, mais Clay sentait bien qu’il s’était senti un peu piqué par la remarque. Au moins, Simon était facile à lire, lui. L’ancien Faucheux s’était très vite senti en confiance en présence du professeur Derrington. Il savait que Tina aussi. Même Ethelle, qu’il sentait plus circonspecte, lui avait rapidement accordé sa confiance. Simon était ainsi : il attirait la sympathie. Clay sourit par devers lui en se disant que la plupart des gens devaient le trouver sympathique jusqu’au moment où il leur faisait subir son enthousiasme sans limite.

L’ancien Faucheux était en train d’organiser ses idées pour savoir comment les raconter à Ethelle quand il la retrouverait, lorsqu’il s’assoupit. Il commença par rêver qu’il était à un mariage. Il se sentait un peu gêné de voir qu’il avait été convié à une réception de la haute, mais Tina était avec lui, ce qui le rassurait. C’est alors qu’il vit Ethelle, qui lui parut resplendissante avec ses cheveux roux qui contrastaient avec sa robe blanche. Il comprit que c’était elle qui l’avait invité à son mariage. Avec un grand sourire, il lui fit un signe de la main, auquel elle répondit chaleureusement.

Juste avant de remarquer qu’elle ne le regardait pas directement. Nicolas Merryweather le dépassa allègrement et il comprit que c’était au jeune homme blond qu’Ethelle faisait signe et non à lui. Nicolas était également vêtu de blanc et les deux jeunes mariés s’étreignirent avec tendresse. Alors que de les voir ainsi serrait le cœur de Clay, une ombre enfla derrière les tourtereaux. Avec horreur, l’ancien Faucheux réalisa qu’il s’agissait d’une araignée géante, noire et rouge avec les chélicères frémissantes, qui s’apprêtait à dévorer le couple.

Clay voulait les prévenir, surtout Ethelle, mais il n’arrivait pas à bouger et aucun son ne sortait de sa bouche. La gorge nouée, il détourna les yeux et son regard tomba sur Tina qui était armée de son arbalète chargée d’un carreau d’argent. Avec espoir, il la regarda tirer en direction de l’araignée. Le premier carreau fit mouche, le monstre recula d’un pas, agitant ses chélicères de douleur, et la blondinette chargea aussitôt son arme avec un nouveau projectile. Le deuxième carreau fila vers Ethelle et Clay cria silencieusement d’horreur.

Une fois parvenu juste devant le front de la jeune femme rousse, le projectile s’arrêta, de même que toute la scène du rêve de Clay. Au milieu de la scène suspendue, une femme s’avança vers l’ancien Faucheux. Elle fronçait les sourcils, comme si elle était déçue de ce qu’elle voyait et commença à parler dans une langue que le jeune homme ne comprenait pas. Comme il ne répondait pas, elle secoua la tête en levant les yeux au ciel, avant de le toucher brièvement. Clay sentit disparaître la boule qui lui nouait la gorge. « Je ne comprends pas… » Parvint-il à dire. La femme soupira et claqua des doigts.

Le jeune homme se sentit projeté jusqu’à une nouvelle scène, toujours en compagnie de la femme qui avait apparemment le pouvoir de diriger les rêves. S’y tenaient plusieurs personnes, dans une grande salle blanche remplie de cages peuplés de créatures diverses. Il se rendit compte qu’il s’agissait d’animaux qu’il ne connaissait pas et, apercevant une banshee, il supposa que les autres devaient aussi être des créatures magiques.

Parmi les personnes présentes, il reconnut la femme qui était intervenue dans son cauchemar et Chaahk. Tous discutaient de manière animée, puis la scène se suspendit comme l’avait fait son rêve. La maîtresse des rêves désigna Chaahk. « Oui, je le connais. » déclara Clay qui ne savait pas quoi dire d’autre. Visiblement, la femme ne le comprenait pas plus qu’il ne la comprenait. Elle ouvrit la bouche.

Mais le jeune homme se réveilla dans la mécamobile. « Qu’est ce qui t’arrive ? lui lança Tina. T’as envie de vomir ? T’es tout pâle.
– Pas loin, grommela Clay. J’ai fait un de ces cauchemars ! Et après une femme est venue arrêter mon rêve. Je crois qu’elle voulait parler à Chaahk. » Entendant son prénom, le dieu se tourna vers la banquette arrière. Simon lui traduisit les propos de Clay. Le visage de Chaahk s’éclaira et il déclara avec soulagement :

« Yingana.
– C’est le nom de la femme de mon rêve ? vérifia le jeune homme.
– Oui, répondit Chaahk après la traduction du professeur Derrington. Amie, dieu.
– Je suis bien content qu’elle soit intervenue en tous cas, reprit Clay. Ce rêve prenait un tour qui m’a rendu malade.
– Raconte ! lui enjoignit Tina.
– Je préfère pas. C’était suffisamment horrible comme ça. » Clay n’avait pas envie de raconter à sa cadette qu’il l’avait vue presque tuer Ethelle.

Le reste du trajet se déroula calmement. Simon fredonnait par intermittence, les deux anciens Faucheux contemplaient l’extérieur et Chaahk s’était endormi. Clay se dit qu’il devait essayer de retrouver la dénommée Yingana dans ses rêves. Il se sentait content pour le dieu et espérait qu’il arriverait à joindre sa semblable. En revanche, il préférait ne pas penser aux pouvoirs cumulés de deux dieux, surtout une fois qu’ils auraient retrouvé leurs forces.

 

1805 mots pour ces deux jours, dont le quota pour aujourd’hui ! Utiliser Siegfried aide donc vraiment ^^

NaNoWriMo 2018 : Arkhaiologia Tome 2, jour 6

Le jeune homme vit briller des crocs juste avant que la masse soit précipitée contre le mur. En voyant que Chaahk avait le bras tendu, il comprit que le dieu avait utilisé ses pouvoirs pour se débarrasser du monstre. Aussitôt après, Chaahk jeta puissamment sa lance en direction de leur assaillant, le clouant au mur antique.

« Nooon ! s’écria Simon. Il ne faut pas abîmer ces ruines, elles so… » Il fut interrompu par un hurlement de rage du monstre, qui arracha furieusement la lance et la jeta sur le côté. À présent que Clay le voyait mieux, ses yeux s’arrondirent : l’être qui leur faisait face ressemblait à un loup aussi grand qu’un humain et revêtu d’un ensemble comme en portaient les majordomes. Ses yeux étincelaient de colère et sa gueule était entrouverte sur des crocs dégoulinants d’écume.

« Comment se fait-il qu’il ne soit pas mort ? s’étonna le professeur Derrington d’une voix blanche. J’ai vu la lance le traverser ! » Personne ne répondit. La bête avait dû être blessée ; Clay voyait du sang sous l’endroit où il avait été transpercé, mais cela paraissait n’avoir eu que peu d’impact. En s’avançant tranquillement en direction du monstre, Chaahk tendit le bras et la lance vint voler jusqu’à sa main. Le loup, qui se tenait sur les deux pattes arrières, se jeta sur le dieu. Ce dernier pointa sa main dans sa direction et la bête se retrouva immobilisée. Elle ne s’avoua pas vaincue et se débattit contre le pouvoir de Chaahk.

Clay, qui s’était un peu détendu en voyant que le nahua maîtrisait la situation, fut assailli par une nouvelle vague de panique en voyant le monstre parvenir à avancer de nouveau dans leur direction. Le dieu se crispa dans son effort pour le stopper, mais ne parvint pas à l’arrêter totalement. Le jeune homme espérait que leur agresseur se fatiguerait avant Chaahk, mais le souvenir l’explication de Simon selon laquelle le dieu était encore très faible le glaça. Le nahua, d’ordinaire si impassible, commençait à grimacer sous l’effort ; il tenait sa lance prête pour le seconder.

« C’est un loup-garou, s’étrangla Simon. J’en suis sûr ! Ces bêtes sont immortelles, nous sommes faits… » Chaahk, qui luttait férocement contre la force de son opposant, prononça quelques mots en langue antique. Le visage de l’archéologue s’éclaira : « De l’argent vous dites ? Mais où trouver de l’argent ici ? »

C’est alors que Tina s’enfuit. « Hé ! Reviens ! » lui lança Clay. Sur un grognement enragé, la bête parvint à faire un bond en avant. Le jeune homme détourna son attention de la blondinette et avisa l’antique balai avec lequel il avait nettoyé la pièce du camp bien des semaines auparavant. Imitant Chaahk, il délaissa son couteau pour s’emparer du balai comme une arme à allonge et le pointa sur le loup-garou en soutien. Il ne se sentait pas si courageux face aux crocs saillants de l’énorme monstre velu, mais il pensait que fuir ne ferait que retarder l’inévitable.

Clay se sentit quitter le sol. Il flottait à peine au-dessus, mais ses pieds ne touchaient plus la poussière millénaire. « Que… ? » lança-t-il avant de se retrouver deux mètres plus loin, à côté de Simon qui avait visiblement subi le même sort. Chaahk relâcha d’un coup la pression qu’il exerçait sur le loup-garou. Déstabilisé, celui-ci trébucha en avant et le dieu l’embrocha de nouveau sur le sol avec sa lance de métal, appuyant dessus de tout son poids pour bloquer le monstre qui se débattait de plus belle.

Ignorant la lance qui le transperçait, le loup-garou se redressa, essayant de mordre le dieu. Ce dernier l’évitait habilement, le repoussant à terre par magie tout en le maintenant avec son arme profondément enfoncée dans le sol. « C’est admirable, se réjouit le professeur Derrington qui était très pâle. Mais nous n’allons pas pouvoir rester dans cette situation indéfiniment. Nous devons trouver de l’argent pour le mettre hors d’état de nuire. » Clay acquiesça, se releva et aida l’archéologue à faire de même malgré ses jambes tremblantes. Il réfléchissait à toute allure à ce qui pouvait être en argent dans cette bibliothèque antique.

Un bruit sec retentit. Le loup-garou hurla à la mort. Quelques instants plus tard, le bruit claqua de nouveau et le monstre se tut presque aussitôt, un trait planté dans le crâne. Sous les yeux ébahis du professeur Derrington et de son apprenti, la bête prit forme humaine. Clay réalisa avec horreur qu’il connaissait l’homme sous la peau du loup-garou. Il s’agissait de Gregory, le majordome de la Veuve-Noire. Cette fois, il paraissait bel et bien mort. En redressant la tête, il aperçut Tina, le regard hanté comme si elle était effrayée de ce qu’elle venait de faire. Les mains de la jeune fille tremblaient en portant une arbalète de fortune. Elle tenait un dernier carreau entre les dents, qui dégoulinait d’une substance argentée.

 

Il était une fois, un petit Siegfried qui avait besoin d’être connecté à un nouveau clavier. Le clavier bluetooth fonctionne ! Mais cela va-t-il être efficace ? Nous le saurons prochainement.

 

Elle ouvrit un peu la mâchoire, laissant tomber le carreau au sol. « Je… ça a marché ? demanda-t-elle.
– Mort, confirma Chaahk.
– Tu nous as sauvé la vie, la remercia Clay, impressionné par sa cadette qui abaissa son arme bricolée. Comment as-tu fait ?
– Je me suis souvenue qu’il y avait de l’argent dans le matériel du photographeur. Et après j’avais juste besoin d’une façon de le lui jeter dessus.
– Très impressionnant ! la félicita Simon. Tu es tellement vive, je suis certain que tu réussiras à remettre en marche toutes les machines de cette bibliothèque. »

La blondinette rosit de plaisir sous le compliment. Elle se figea presque aussitôt, reconnaissant à son tour Gregory. « Clay, il nous a retrouvés, comment allons-nous faire ?
– Il n’y a pas grand chose à faire, l’apaisa le jeune homme. Il est mort, il ne pourra pas nous dénoncer à la Veuve-Noire.
– Mais et si il l’a déjà fait avant de nous attaquer ?
– Il n’aurait pas pu le faire ici, intervint l’archéologue. L’endroit le plus proche d’où il aurait pu envoyer un message est à plusieurs kilomètres de là.
– Et la rousse ? questionna Tina derechef.
– Ethelle ? » s’enquit Clay.

Elle acquiesça. L’ancien Faucheux n’avait pas pensé à ça et l’idée que Gregory ait pu faire du mal à mademoiselle Morton le heurta. Paniqué, il jeta un regard de détresse à Simon. « Je suis certain qu’elle va bien, tenta de le rassurer le professeur Derrington. Elle est en sécurité sur la propriété des Merryweather, qui pourrait la trouver là-bas ? » Ces propos parurent sensés à Clay, dont l’inquiétude se calma un peu. Avant de reprendre de plus belle, à l’idée insidieuse que si le majordome les avait retrouvés dans cet endroit perdu, c’était qu’il avait forcément forcé Ethelle à lui révéler où ils étaient cachés.

Pendant ce temps, Chaahk avait récupéré sa lance et s’occupait de traîner le cadavre de Gregory vers l’extérieur de la bibliothèque. Entre deux vagues d’inquiétude, Clay se demanda s’il comptait ramener le corps jusqu’à la surface et si oui, comment il avait l’intention de s’y prendre. La faille qui reliait l’entrée de la bibliothèque à la clairière était peu pratique d’accès, étroite et ardue. Le jeune homme amorça un mouvement pour aider le dieu, lorsqu’il se souvint de sa capacité à faire bouger les choses par la simple force de son esprit. Chaahk se débrouillerait certainement mieux sans l’avoir dans les pattes.

« Nous devons retourner à Lancy, décréta Clay.
– Mais nous avons encore des provisions, protesta le professeur Derrington.
– Nous devons nous assurer qu’Ethelle va bien.
– Je suis certain qu’elle se porte comme un charme, lui assura Simon. Le jeune Merryweather paraît être une personne fiable et attentionnée, je suis certain qu’il s’occupe très bien d’elle. »

Comment avouer à l’archéologue que ce qu’il venait de dire ne faisait que renforcer la détermination de l’ancien Faucheux à la rejoindre ? « Elle me manque aussi, reprit Simon sur un ton plus doux en constatant le trouble de son apprenti. Nous pouvons faire un aller-retour pour nous assurer que tout va bien. Mais si tout va bien, je peux t’assurer que tu vas pédaler pendant plusieurs jours sans t’arrêter à notre retour !
– Promis. »

Simon plaisantait, mais Clay était sérieux ; il était prêt à tout pour retourner à Lancy le plus rapidement possible. Il partit aussitôt préparer le voyage, pendant que l’archéologue demandait des précisions à Tina sur la façon dont elle avait conçu son arbalète. Pendant que Clay rassemblait des affaires, il entendit la blondinette expliquer que cela faisait plusieurs jours qu’elle la construisait. Elle avait initialement eu cette idée pour aider Chaahk à chasser, mais elle ne pensait pas l’utiliser sur un aussi gros gibier que le loup-garou.

 

1471 petits mots pour aujourd’hui. C’est pas le quota du jour, mais vu le temps que j’ai consacré à vraiment écrire aujourd’hui, c’est plutôt pas mal.

NaNoWriMo 2018 : Arkhaiologia Tome 2, jour 5

Clay avait rarement eu l’occasion de voir Tina intimidée. Les deux seules personnes qui avaient réussi un tel exploit, à sa connaissance, étaient Arabella et Gregory.

« Nous devrions peut-être aller prendre l’air, nous aussi. » commenta Simon d’un ton pensif. L’ancien Faucheux avait l’impression que tout le monde voulait passer le plus de temps possible en compagnie de Chaahk. Le jeune homme devait bien admettre que leur invité suscitait facilement l’admiration. L’aura de mystère qui l’entourait, ses yeux perçants, sa chevelure parfaite, le corps bien dessiné à peine dissimulé, la sérénité qu’il dégageait, la démarche féline et l’intelligence aiguë dont il faisait preuve, étaient toutes autant de choses qui forçaient le respect.

Clay aurait voulu en discuter avec Ethelle. Il pensait qu’elle ne se laisserait pas aveugler par l’impression de perfection qui émanait du dieu. Elle trouverait certainement une remarque cinglante à faire à son propos. La jeune femme rousse lui manquait ; il s’était déjà surpris à plusieurs reprise à faire des esquisses de son visage, ce qu’elle aurait certainement trouvé mièvre. Malgré la propension d’Ethelle à porter des jugements sur tout, elle avait aussi su se montrer prévenante et compréhensive face à sa peur des fantômes. Elle était beaucoup plus gentille qu’elle ne le paraissait de prime abord !

Clay suivit néanmoins Simon à la suite de Tina et Chaahk. L’archéologue avait raison : respirer un peu d’air pur leur ferait du bien après tant de temps passé à respirer l’atmosphère poussiéreuse de la bibliothèque. Ils les rattrapèrent et profitèrent du soleil de fin d’automne (je crois, à un moment il va falloir que je fasse une vraie timeline), encore bien présent dans l’après-midi. La petite blonde n’eut pas besoin de solliciter l’aide du nahua ; il se dirigea de lui-même vers le planeur qui attisa sa curiosité.

« Je pense que nous allons devoir réfléchir à trouver les bureaux de ces professeurs dont parle la dénommée Béatrice, songea tout haut le professeur Derrington. Ils doivent receler des informations précieuses eux aussi.
– Peut-être même qu’ils conservaient leurs notes à l’écrit, espéra Clay.
– Oh non, je ne me lasse pas d’écouter ces souvenirs vocaux.
– Je me doute, mais ils sont épuisants pour moi !
– Allons allons, tu es jeune et solide, tu t’en sors très bien. » Le félicita l’archéologue.

Clay eut la brève impression que Chaahk écoutait leur conversation, ce qu’il trouvait idiot puisque le dieu ne connaissait pas leur langue. Il ne pouvait pas l’avoir apprise en si peu de temps, si ? De plus le nahua paraissait aussi suivre les explications ponctuées de gestes de Tina. L’ancien Faucheux n’eut pas l’occasion de se poser la question plus avant, car Simon commençait un résumé de ce qu’il avait appris en écoutant Béatrice et que ça intéressait beaucoup le jeune homme. Le professeur Derrington continua jusqu’à ce que le soleil se couche, les privant de sa faible chaleur automnale, et que leurs estomacs commencent à gargouiller.

Ils retournèrent se réfugier dans l’atmosphère antique de la bibliothèque pour préparer leur dîner. Chaahk avait attrapé deux lapins, un peu plus tôt, qu’il avait dépecés et qu’ils n’avaient plus qu’à faire cuire. Ses trois compagnons se réjouissaient d’avance de ce gibier qui allait agrémenter leur ordinaire. Ils s’installèrent autour du réchaud qui leur servaient de point de repère et commencèrent leurs préparatifs.

Le nahua se redressa soudain, surprenant les trois angelnish (<- terme à employer un peu plus). Il posa sa main sur le sol, les yeux mi-clos, comme s'il écoutait la terre lui parler. "Quelqu'un, dit-il en ouvrant les yeux. Pas ami." Les pensées se bousculèrent dans l'esprit de Clay : comment avait-il appris leur langue, comment savait-il que le nouvel intrus n'était pas un ami et que devait-il faire face à la menace ? Comme Tina, il s'empara d'un vieux couteau qu'il avait gardé du temps où ils faisaient partie des Faucheux. Simon fouilla dans ses affaires pour en extirper un pistolet qui avait, de toute évidence, très peu servi. Chaahk, s'emparant de sa lance en métal, leur adressa un signe de tête de connivence. Il se leva et s'aventura avec circonspection dans le grand hall. Clay et Tina l'encadraient, jetant des coups d'œil autour d'eux et le professeur Derrington les suivait en chargeant son arme à feu d'une main inexperte.

Clay avait beau fouiller la salle du regard, il ne vit rien de suspect. En revanche il se sentait observé, comme avant leur rencontre avec le dieu. Il sursauta quand une forme se laissa tomber sur Tina.

 

754 glorieux mots pour ce soir x) on va dire que la reprise a été dure